Maroc : le crime d’Imlil marque un tournant dans les modi operandi des terroristes
Dans le cas du crime d’Imlil dont trois suspects ont arrêtés, jeudi matin 20 décembre 2018 à Marrakech, à l'issue d’une cavale de trois jours, l’explosif a laissé la place à l’arme blanche, plus facile à camoufler et à manier et surtout provoquant plus de terreur que l’explosif ; dans ce sens que la vue d’un corps décapité ensanglanté horrifie plus que de minuscules lambeaux d’un corps déchiqueté par une bombe.
La frontière entre un acte terroriste et un crime de droit commun et si ténue qu’un acte d’agression banal à l’arme blanche que tout dit qu’il est motivé par le vol* ou par d’autres facteurs comme la folie peut muter rapidement en un acte terroriste si un témoin affirme avoir entendu l’auteur du crime crier « Allah Akbar » avant de commettre son forfait. La piste terroriste est également privilégiée si les enquêteurs trouvent des indices « compromettants » ou « accablants »-, c’est selon- sur l’agresseur, dans son domicile ou dans son entourage. Ces preuves peuvent être une simple copie du Coran, un support informatique avec des images ou des voix en lien avec un site ou une organisation extrémiste. Laquelle peut être soit une secte locale ou une nébuleuse mondiale de type Al Qaeda ou Daech etc. L’adage populaire marocain dit « les causes sont multiples mais la mort est unique ». Un autre dit « Les pleurs après la mort c’est peine perdue ». Cela signifie que quelles que soient les causes d’une mort celles-ci se valent toutes ; car ni les pleurs ni le fait d’en connaître la cause ne ramèneront le défunt en vie. Mais depuis ces 20 dernières années avec l’avènement d’El Qaeda et quelque années plus tard de ses filiales et franchisées un peu partout dans le monde musulman, ces deux adages sont devenus anachroniques plus que jamais, pour ne pas dire carrément caducs, du moins en ce qui concerne les cas de morts violentes criminelles. Jadis, quand on ne donnait pas la mort par accident, on tuait pour défendre son honneur, sa famille, sa patrie, ses valeurs… Depuis le milieu de la décennie des années 90, on tue pour communiquer ! La mort est ainsi devenue un moyen d’expression pour les groupes qui dirigent les exécutants comme pour les loups solitaires. Bannis des mass media classiques que ça soit d’Etat ou du privé, au nom de la sacro-sainte loi du « politiquement correct », traqués sur les réseaux sociaux, éjectés du débat politique aussi bien au parlement qu’au sein du gouvernement, des individus ou des groupuscules souvent désargentés en marge de la société à cause de la vision qu’ils ont du « vivre ensemble » se réfugient dans les bras de la Mort qui devient et leur mère et leur porte-parole. Ils savent qu’en égorgeant un(e) touriste ils feront la Une de toute la presse mondiale tandis que les images du petit douar perdu scène de crime que des milliers de dollars échouent à faire passer pour une dizaine de secondes dans les publi-reportages des chaînes occidentales passent et repassent en boucle gratuitement et sans payer le moindre sou. La mort est devenue une force de vente à la portée de n’importe quel énergumène ou pauvre type pouvant marcher sur deux pattes et manier un couteau de cuisine. Ce bannissement de l’espace public, accaparé par les bobos et la bienpensance et qui débouche sur la radicalisation d’une partie des bannis qui ne supporte pas d’être mise sur le banc de la société pour ses idées « alter-vivre-ensemble » n’est pas l’apanage des pays musulmans. Les pays occidentaux où il y des musulmans sont assujettis aux mêmes restrictions vivent le même problème. Dans les zones périphériques des villes de France, Hollande, Belgique, Espagne, Angleterre, Allemagne, Italie même phénomène. Un bobo qui écrase avec sa voiture un 9-3 c’est bon la rubrique des chiens écrasés du canard local mais un 9-3 qui poignarde un bobo c’est la manchette garantie dans les grands tirages et une semaine au moins de débat sur les chaînes de télévision ! Comment veut-on qu’un zonard de 3ème génération réagisse en apprenant qu’un sondage Ifop , effectué pour le compte du magazine CAM4 et bizarrement intitulée « Coucheriez-vous avec un mec du 9-3 ? », a conclu que « la majorité des parisiennes refuserait de se mettre en couple avec quelqu'un originaire d'un pays d'Afrique noire ou du Maghreb. » ? Au mieux des cas le type ravalera sa salive. Mais il vivra toute sa vie ce sondage comme une profonde insulte et lorsque les circonstances le permettront et les conditions réunies, il répondra à cette offense enfuie en son for intérieur sans savoir pourquoi ni comment. Mais il y aura toujours des mains tapies dans l’ombre pour lui expliquer…
Le Maroc n’échappe pas à la règle même s’il continue de faire exception dans la région euro-méditerranéenne et la sous-région sahélo-maghrébo-moyen-orientale. C’est pourquoi l’abominable meurtre crapuleux à caractère terroriste commis par une bande de minables dans la commune rurale d’Imlil en région de Marrakech doit interpeller et les Marocains et les autorités ; car ce crime terroriste abjecte tranche avec les attentats terroristes de Casablanca en mai 2003 et 2007 et Marrakech en avril 2011 où des ceintures explosives ont été utilisées. Dans le cas du crime d’Imlil dont trois suspects ont arrêtés, jeudi matin 20 décembre 2018 à Marrakech, à l'issue d’une cavale de trois jours, l’explosif a laissé la place à l’arme blanche, plus facile à camoufler et à manier et surtout provoquant plus de terreur que l’explosif ; dans ce sens que la vue d’un corps décapité ensanglanté horrifie plus que de minuscules lambeaux d’un corps déchiqueté par une bombe. En plus ce crime a eu lieu dans une zone rurale montagneuse donc moins surveillée par la police que les villes. Ce nouveau mode opératoire de petits groupes très mobiles agissant à leurs propres compte (mais pouvant se revendiquer éventuellement de Daech pour donner plus d’aura à leur action) dans des terrains loin des zones urbaines avec des cibles bien déterminées constitue un tournant dangereux qui compliquera le travail de la police sauf si celle-ci dispose de relais au sein de la population locale qui peut le cas échéant la tuyauter. Le trio de la région du Toubkal a été arrêté dans un autocar grâce à un marchand d’eau qui a remarqué les armes du crime et alerté la police. Cet attentat qui a coûté la vie à deux jeunes touristes scandinaves égorgées comme des moutons va-t-il marquer le début d’attentats ciblés à l’arme blanche contre des personnes physiques vulnérables alors qu’avant dominaient les attentats ou les projets d’attentats kamikazes à l’explosif contre des institutions ou des hauts responsables de l’Etat ? Selon unrapport intitulé « Beyond the caliphate : islamic state activity » du centre américain « Combating Terrorism Center » (CTC), logé au sein de l’académie militaire West Point (d’où est sortie Michael Richard Pompeo, l’actuel secrétaire d’Etat) et cité par Medias24 « Plus de 60% de ces attentats ont été commandités par des leaders et des agents de terrain de Dae'ch, basés en Syrie et en Irak – parfois même au Maroc ; Dans la majorité des cas, ces leaders ont œuvré à "téléguider" ces attentats à distance, principalement en fournissant une aide opérationnelle aux membres de cellules locales ». Toujours selon CTC « 53% des attaques déjouées prévoyaient des attentats-suicide » et « Approximativement, 70% de ces attaques n’avaient pas de cible spécifique », alors que « Sur une dizaine de projets d’attaque ciblée, 5 visaient des institutions gouvernementales, et deux des sites touristiques » et last but not least « Les cellules terroristes étaient généralement basées à Casablanca, Fès, Beni-Mellal, Tanger, Tétouan, Agadir et dans la région de l’Oriental » et « 30% de ces terroristes étaient des femmes. » Où l’on voit qu’Imlil constitue le tournant. D’autant qu’une vidéo authentifiée montre quatre individus dont les trois arrêtés en train de faire acte d’allégeance à Dach derrière un drapeau noir de l’Etat terroriste.
(*)Le vol d’une victime tuée ne peut exclure l’hypothèse terroriste car parfois les terroristes détroussent leurs cibles pour financer d’autres actes terroristes.
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