Médias et politiques : allez au fond on s’aime !
BFMTV, I-Télé, LCP. Les chaînes dédiées à l’information sont toujours plus nombreuses, toujours plus présentes dans notre quotidien... Récemment, Europe 1, France Info, Radio Classique et RTL ont écopé d'une mise en garde en raison de déséquilibres persistants des temps de parole des différents partis politiques. Le traitement médiatique serait-il si scandaleux que même les Autorités indépendantes doivent commencer à taper du poing ?
Quid des relations entre politiques et médias ?
S’il est aujourd’hui admis que certains médias servent des intérêts politiques en raison de la proximité de leurs propriétaires (Dassault et Le Figaro ; Lagardère et Europe1 ; Bouygues et TF1, Niel et Le Monde), il était en revanche plus rare de voir des acteurs politiques mettre directement en cause des journalistes, pour leur façon de pratiquer leur métier, et non pour leur appartenance à tel ou tel média.
Arnaud Montebourg fustigeant TF1 de « chaîne à tradition délinquante », son ex-collègue du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon s’en prenant au présentateur de France 2 David Pujadas qualifié de « larbin », l’ancien ministre Bernard Tapie déclarant sur France Inter que les journalistes « ne pensent qu’au fric ». La liste est longue.
En 2010, Arnaud Montebourg, s’en prenant à la « télé de la droite » dans le documentaire de Pierre Carles – Fin de concession – visait clairement « les rapports de proximité politique entre les orientations éditoriales de TF1 et le pouvoir ». Néanmoins, pas question pour lui de fustiger la collectivité journalistique qui sert cette ligne éditoriale, ni même de cibler un responsable en particulier.
Derrière cette apparente banalisation du discours critique vis-à-vis des médias, la contestation de l’ordre médiatique dominant semble réservé aux personnalités politiques.
En démocratie, il y a forcément médiatisation et ce phénomène n'est pas nouveau. Cependant, pendant longtemps, le rapport entre hommes politiques et citoyens se sont résumés à des rencontres, discussions, meetings et interviews dans la presse. C’est dans les années 1960 que la télévision fait son entrée en politique. Alors seulement, les premiers débats télévisés apparaissent (Mitterrand et Giscard d’Estaing lors du second tour des présidentielles de 1974). Aujourd'hui, il s'agit de séduire l'électeur, atteindre des cibles tels que les jeunes ou les personnes âgées avec une publicité efficace par des images valorisantes et des slogans accrocheurs.
« De la propagande gratuite »
Après les élections municipales, des radios généralistes se sont fait épingler par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Le gardien du pluralisme politique a adressé une mise en garde à plusieurs radios généralistes dont Europe 1, France Info, Radio Classique et RTL en raison de déséquilibres persistants sur les temps de parole au niveau national des différents partis politiques pendant les six semaines de la campagne du premier tour des municipales.
Le 07 avril dernier, Jean-Luc Mélenchon, au micro de l’interview matinale de Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV, dénonçait « pour une fois que ce n’est pas le Front national qui parle ici ! » Le CSA a établi que sur la question des municipales, « BFM avait donné la parole 46% du temps au FN et 0% aux autres ». À ce moment, le gendarme de l'audiovisuel avait relevé que du 10 février au 07 mars, BFMTV avait consacré 43 % de temps de parole au FN, 18 % pour le PS, 16 % pour l'UMP et seulement 9 % pour le Parti de gauche.
En mars dernier, Le leader du Front de Gauche s’attaquait cette fois-ci au journal Le Monde, sur France Inter : « pour le journal Le Monde, c'est une espèce d'obsession que de valoriser le rôle de Madame Le Pen dans la vie politique française. Ce sont des publi-reportages et de la propagande gratuite », avait dit Jean-Luc Mélenchon.
Si les médias ont un rôle si fondamental dans la démocratie, c'est certes pour défendre le lien irréductible entre la citoyenneté et l'information qualitative et gratuite, mais aussi parce que le pacte social est par essence un pacte avec la parole. Mais à force d’oublier le rôle d’information et à jouer avec la vérité et les faits comme c’est trop souvent le cas, les médias se décrédibilisent et se font épingler par le système qu’ils défendent à tout prix. Paradoxale non… ?
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