Médiator : le scandale permanent

Si les chiffres s’avèrent justes, le médiator aura fait en France plus de morts que l’héroïne. Une fois encore, l’industrie pharmaceutique, accaparant le monopole d’un principe actif auquel elle octroie toutes les qualités, aura participé au double casse de la nature et de la culture, qu’elle impose aux humains depuis cent cinquante ans.
Tout en haut de la longue liste des produits prohibés, figurent en effet ses propres enfants : ils s’appellent héroïne, cocaïne, métaqualone, amphétamine, benzodiazépine, LSD, MDMA, etc., se déclinant par une liste interminable de mots savants que l’on retrouve en pharmacie et parapharmacie, pour maigrir, dormir, se réveiller, se détendre, faire l’amour, se rendormir, être en forme, avoir la pêche, avoir de l’appétit, ré maigrir, déboucher son nez, déboucher sa tête des idées noires, se couper du monde ou l’intégrer en réussissant ses examens à l’université. De l’ Alfentanil à la Benzymorphine, du Butyrate à la Codoxyne et la Codéine, de l’éphédrine à la pseudo éphédrine, du Fetanyl au Metopon, du Phénodaxone au Sufétanyl et l’Oxycodone, des centaines de substances, si on y ajoute les « analogues », ont été déversées sur la marché par l’industrie pharmaceutique, ont créé des séquelles magistrales et une dépendance absolue avant d’être interdites, et passer à la clandestinité ou au « contrôle ». Toute l’histoire de la prohibition se trouve là : elle commence par l’exposition du citoyen (ou du soldat) à des produits aux noms magiques : héroïne, la drogue du héros, morphine : Morphée caressant les combattants achéens devant les murs de Troie, Mandrax le magicien, Sopor l’endormeur, etc.…
Puis, un autre produit « plus efficace et moins dangereux » prend sa place, puis un autre et un autre, ainsi de suite.
Ainsi nous sommes passés de l’opium naturel à la morphine, de la morphine à l’héroïne, de l’héroïne à la codéine, au Subutex et autres benzodiazépines, la légalité du suivant effaçant la mise hors la loi du précédent ou son utilisation « sous contrôle médical » ce qui implique des dépendances spécifiques, celle des médecins et du personnel hospitalier à la morphine par exemple.
En conséquence, monsieur Charasse, membre du conseil constitutionnel n’est pas moins accroc que Johnny Halliday, les utilisateurs de la blanche ou de la coco ne sont pas plus défoncés que le sniffeur permanent d’un naseau dilatateur, à part le fait que les uns font la fortune des industriels pharmaceutiques et les autres des trafiquants de drogues.
Les premiers ont des armées de « conseillers pharmaceutiques » vantant les mérites de leur produit et corrompant les médecins par des colloques aux Seychelles. Les seconds récupèrent le marché des accrocs à un produit désormais interdit.
Il y a un siècle et demi que cette tragi-comédie est sur les planches, ne changent que les protagonistes et les poires qui paient un billet prohibitif au dépends de leur vraie vie.
Et de temps en temps, on « s’étonne que les Français soient les premiers consommateurs de calmants, antidépresseurs et autres barbituriques, » ou que les américains qui mènent une guerre virile contre la drogue, l’achètent cependant à leurs supermarchés.
Citez donc un seul principe actif manufacturé, vendu en masse et désormais prohibé qui ne soit pas « inventé » au sein des laboratoires de la très respectable industrie pharmaceutique.
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