Mélenchon ! Et maintenant ?
Macron vivait et vit toujours d’ailleurs des moments difficiles. C’est pourquoi il doit se féliciter et avec lui ses amis des récents développements de l’affaire Mélenchon.
L’actualité qui fait si bien les choses surtout quand elle bénéficie d’un battage médiatique sans commune mesure avec la hauteur de l’évènement a reporté au second plan toutes les petites futilités qui tournaient autour de sa personne : des selfies dont il n’était pas l’auteur mais dont il assumait la réalité aussi pouilleuse fût-elle.
Un clou chasse l’autre et le tempérament méditerranéen, volcanique de Jean-Luc Mélenchon a été récemment, il faut bien le reconnaître, d’un grand secours au Président de la République..
On a assez glosé sur le caractère opportun de ces perquisitions dont on se demande bien ce qui en a justifié une telle mise en scène à grands renforts de forces de l’ordre.
Quelle mouche a donc piqué le grand ordonnateur du grand œuvre ?
Puisque l’on ne pourra jamais prouver une instrumentalisation de la Justice par conséquent que Thémis est la putain du pouvoir, disons donc que le hasard fait parfois bien les choses pour faire droit aux exigences de la politique.
Et que les fuites savamment organisées par des vents favorables sont davantage le fruit de la négligence que de la malveillance, voire de la cupidité.
Le Canard enchaîné se déchaîne, le plus souvent à juste titre, grâce à ces tuyaux tombés à point dans son escarcelle, cela égratigne bien le secret des instructions qui se retrouvent ainsi en partie sur la place publique mais, ma foi ! pour le lecteur soucieux de s’affranchir, c’est tout pain bénit et seuls les avocats de la défense s’en plaignent en juristes pointilleux.
Dans l’affaire qui préoccupe Mélenchon, Médiapart a été avisé par une source sûre mais anonyme de la présence au domicile de Mélenchon – à 7 hrs du matin, heure de la perquisition - de Madame Sophia Chikirou : c’est elle qui aurait ouvert la porte, ce qui laisserait supposer des relations qui ne sont pas seulement professionnelles.
En l’occurrence, je ne vois pas bien quelles déductions en tirer pour l’objet de la descente de police mais cela pimente sans doute l’opération médiatique.
L’intérêt de l’information ne réside donc pas dans le fait que Mélenchon ait une vie sentimentale comme tout le monde y a droit et même, comme célibataire, une vie privée, mais dans celui que sa dulcinée du moment serait ladite Sophia Chikirou, fondatrice de Médiascope, une agence en communication qui fut en charge de sa campagne présidentielle et y apporta un talent certain au vu des résultats du candidat de la France Insoumise.
Cependant elle aurait aussi surfacturé ses prestations avec, sous-entendue, la complicité du candidat.
On parle d’un abus flirtant avec les 47 % sd surfacturation : par rapport à quoi ou à qui les factures seraient-elles abusives voire illicites, on se garde bien de lever le mystère, brodant quelques comparaisons qui ne sont pas raisons.
En tout cas, comparé à l’affaire Bygmalion où l’on frôlait des sommets stratosphériques, on est tout de même dans un registre fort modeste, quasi dans l’amateurisme.
Mais cela ce sont les tribunaux qui vont être chargés d’en décider comme de la collusion éventuelle de Mélenchon dans la manœuvre « frauduleuse ».
Ses comptes seront épluchés et pas seulement ceux de sa campagne et de la France Insoumise ou du parti de Gauche mais aussi ses comptes personnels pour le cas où il aurait touché des rétrocommissions à titre personnel.
Ceci étant posé, on peut analyser son attitude qui le montrait littéralement hors de lui, en proie à un coup de sang, comme le comportement normal de l’honnête homme sous le coup d’une accusation calomnieuse et de comportements judiciaires abusifs et en tout cas disproportionnés ( on parle d’une escouade de policiers mobilisés à l’occasion de l’intrusion dans son domicile comme si Mélenchon était un terroriste surarmé )
À moins que l’on se trouve devant un comédien retors qui fait usage de toutes les ficelles de la tragédie pour confondre ses détracteurs.
Peut-être y a-t-il un mélange des deux hypothèses ?
Quoi qu’il en soit, il a fait le buzz et cette fois sans l’avoir prémédité, certains ( surtout ceux qui lui cherchent des poux sur la tête depuis qu’il a résolument et talentueusement pris la tête de l’opposition à Macron ) partant du principe la population préfère les petits garçons ou petites filles sages et propres sur eux, qui ne font pas de vagues pour ne pas se faire remarquer, estiment qu’il a gravement et peut-être définitivement nui à son image ( les premiers sondages indiqueraient tout de même qu’une majorité des Français partageraient son indignation )
Les élus de la République en marche sont à cet égard exemplaires : pour être discrets, à quelques notables exceptions près, ils sont discrets voire invisibles politiquement : un édifiant exemple !
Personnellement je suis partagé sur l’analyse de l’attitude de Mélenchon et de ses amis : d’une part, je comprends leur courroux d’être traités comme des escrocs de haut vol et je conçois leur virulence dans la défense de leur honneur mais aussi leur indignation de voir bafouée la confidentialité de leurs outils politiques et de l’engagement de leurs adhérents mais, d’autre part, je considère aussi qu’il est du plus mauvais effet de perdre ses nerfs.
Si l’humour met les rieurs de son côté, la colère est toujours mauvaise conseillère et l’excitation hargneuse a plutôt tendance à faire fuir les gens raisonnables.
Enfin j’évoque un passé récent car, en des temps plus anciens, la violence des propos faisait partie du processus politique et l’on ne peut pas dire qu’elle l’ait vraiment rabaissé ( surtout si on le compare au niveau actuel ) notamment avant-guerre quand les invectives avaient de la tenue littéraire de grande qualité.
Aujourd’hui un malotru peut se faire élire président des USA ou ministre de l’intérieur chez les héritiers de la Renaissance tout en faisant assaut de grossièretés voire de propos criminels, ces divagations sont plutôt inscrites à leur crédit alors pour ce qui est de l’avenir de Mélenchon qui vivra verra.
Mélenchon s’est déjà plus ou moins excusé pour son attitude face à la journaliste de France 3 et même si ses explications me semblent peu convaincantes, on ne va pas non plus en faire un fromage : je n’ai personnellement pas davantage que lui saisi – sinon par déduction – le sens de la question formulée assez confusément mais je trouve difficilement excusable de tacler cette personne sur son accent comme Mélenchon a donné l’impression de le faire, lui-même élu d‘une circonscription qui fleure bon les accents pittoresques.
Alors Mélenchon ! Et maintenant ?
Va-t-il comme certains amis le lui conseillent partir en retraite dans quelque lieu tranquille bien à l'écart du bruit et de la fureur pour se resourcer et effacer les traces d'une grande fatigue avant de revenir plus fringant que jamais, va-t-il mettre un frein à ses activités au risque de laisser son mouvement courir comme un canard sans tête, ce qui n'est d'ailleurs pas certain car la relève est de qualité et apte à survivre à l'absence momentanée de leur leader ?
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