Mélenchon, le punching-ball
« Il faut au Prince avoir l’entendement prêt à tourner selon les vents de fortune... et ne pas s’éloigner du bien, s’il le peut, mais savoir entrer en mal s’il le faut »
Machiavel
Les maîtres de la grande presse et ceux qui veulent leur caresser l’échine à l’instar aujourd’hui d’une multitude de plumitifs ont choisi leur tête à claques pour l’horizon 2022, le mouton noir, l’homme à abattre et c’est Jean-Luc Mélenchon qui a été désigné pour remplir ce rôle.
Tour à tour son mouvement et lui-même sont voués à l’effondrement, à la déroute totale, à la disparition dans les poubelles de l’histoire sans d’ailleurs que le paradoxe d’utiliser un canon pour pulvériser ce qui serait devenu un puceron ne leur saute aux yeux.
Il faut donc croire que contrairement à leurs affirmations péremptoires la bête est toujours bien vivante et dangereuse pour leur statut de privilégié.
Alors aujourd’hui des journalistes que les scrupules n’étouffent pas répondent aux souhaits de leur hiérarchie et font feu de tout bois pour abattre non seulement sa petite personne mais encore le mouvement qui porte le programme de l’« Avenir en Commun »
D’une manière sournoise on essaye de susciter des vocations internes concurrentes sans grand résultat d’ailleurs, ce qui est somme toute rassurant ; on profite de la défiance grandissante à l’égard de l’Islam dans une population conditionnée par un pouvoir aux abois pour condamner chez les militants de la vraie gauche une soi-disant sympathie envers la violence islamiste dans un bric-à-brac idéologique auquel on a donné le nom d’islamo-gauchisme, concept improbable que personne ne saurait définir de manière cohérente mais qui se suffit apparemment à lui-même pour emporter l’adhésion des esprits superficiels.
Tout cela parce que Mélenchon a osé apporter sa solidarité à une manifestation contre l’islamophobie dans laquelle il y avait, à ce qu’ils disent, des personnages douteux. C’est un peu comme si aux ouvriers manifestant pour leurs droits on faisait grief des dégradations aux biens provoquées par des « black blockers » qui s’invitent périodiquement dans leurs rassemblements revendicatifs et en l’occurrence certains, s’ils ne le disent pas clairement, le suggèrent tout de même à demi-mots pour disqualifier les porteurs de revendications.
Ces vaticinateurs imbus de leur fatuité espèrent donc rendre leur prophétie auto-réalisatrice.
Jamais il n’a été pour eux question du programme exposé dans « l’avenir en commun » ; peu l’ont lu et en réalité ceux qui ont eu le courage professionnel de le lire n’ont sans doute pas voulu l’entendre tant il battait en brèche le confort de leur routine dogmatique, à moins qu’ils n’aient condamné à l’époque comme bêtement utopiques des hypothèses dont certaines notamment climatiques se sont pourtant imposées depuis à leur attention.
N’espérez pas chez eux l’honnêteté intellectuelle qui consisterait à rendre hommage à la clairvoyance des contributeurs du programme de Jean-Luc Mélenchon qui ont anticipé par simple bon sens les drames qui nous accablent actuellement même s’il convient de dire qu’ils n’étaient pas non plus les seuls à appréhender l’inéluctable.
Certes pas davantage que les scientifiques, les contributeurs du programme n’ont pensé que la dégradation climatique subirait un tel coup d’accélérateur.
Maintenant les journaleux abaissent leur froc devant ceux qui font semblant de découvrir la lune et qui se muent en nouveaux convertis de l’urgence climatique.
Déjà en 2017 Mélenchon avait créé la surprise, personne de ces grandes figures médiatiques qui prétendent faire la pluie et le beau temps ne l’avait placé au niveau qu’il atteignit alors et qui ne dut qu’à la concurrence d’un parti socialiste en capilotade son échec à figurer au second tour.
On ne l’avait pas vu venir et s’il y a bien une chose qu’un « médiacrate » ne peut pardonner, c’est le souvenir de son incompétence.
Seul l’humanisme, en tant que sentiment d’appartenance commune à l’humanité, est à l’origine des manifestations de sympathie des Insoumis à l’égard de personnes opprimées et relativement rejetée d’une manière qui fait quasi l’unanimité de la classe politique traditionnelle qui ne veut pas abandonner au seul RN le privilège de hausser la voix contre les Musulmans de simple apparence ou vaguement pieux assimilés à des terroristes islamistes.
Quand ce n’est pas un Luc Ferry qui lève le drapeau de la laïcité pour empêcher l’enseignement de l’arabe qui deviendrait dans son délire un vecteur du terrorisme, c’est un Zemmour qui, avec l’absence de nuances qui caractérisent toutes ses diatribes, voit dans les réfugiés mineurs non accompagnés et supposés musulmans un ramassis de violeurs, de voleurs et de criminels de basse engeance ou encore Finkielkraut qui réfute le métissage au nom de l’identité française, lui-même pourtant - comme Zemmour - une pièce rapportée que le concept de pureté de la race devrait rejeter hors de la sphère identitaire où l’un comme l’autre ne sont d’ailleurs tolérés qu’en raison de leur impact médiatique.
On pourra encore s’interroger longtemps sur la nécessité de déployer la grosse artillerie contre quelqu’un dont on a décidé qu’il était définitivement à ranger dans les « has been » et pourquoi on développe tant de hargne pour déconsidérer celui-là dont on affirme qu’il a fait son temps.
Sans doute parce que l’on craint qu’à l’occasion des élections présidentielles qui donneront à Mélenchon ou à un autre candidat de sa mouvance un temps de parole élargi pour diffuser le programme de la France Insoumise, les Français se convainquent qu’il est grand temps d’abandonner le vieux monde des lâches compromissions qui n’en finit pas d’agoniser pour s’ouvrir à un avenir nécessairement différent, plus juste et plus ouvert.
Mais pour qu’advînt ce moment, encore faudrait-il que le Service public ne se montrât pas aussi inféodé au gouvernement macroniste comme nous l’apprennent les rétroactes inélégamment cachés par Léa Salamé et Thomas Sotto qui ont changé le format de l’émission « Vous avez la parole » de ce jeudi 15 octobre pour complaire aux desiderata du ministre Véran.
Ce simple fait aurait entraîné le retrait de Jean-Luc Mélenchon qui, prévu pour ouvrir le débat et relégué dans le cours de l’émission, n’aurait pas accepté de jouer les faire-valoir.
Contrairement à ce qui a été affirmé par les présentateurs ce n’était pas le ministre qui était visé avec qui il est habitué de jouer les bretteurs sur les bancs de l’Assemblée Nationale mais leur allégeance au pouvoir.
Cependant le risque était grand qu’il soit accusé de dérobade, ce qui n’a pas manqué ; sans doute aurait-il mieux valu qu’il fût présent et pût déballer tous ses griefs au public de plus en plus rare au demeurant comme l’attestent des audiences de l’émission en chute libre.
Je ne sais pas si la voix de Jean-Luc Mélenchon parviendra à surmonter les roulements de tambour visant à le faire taire, si elle s’élèvera au-dessus du vacarme orchestré pour imposer la réélection de Macron devant sa challenger privilégiée Marine Le Pen.
J’ai à cet égard les plus grands doutes tant je pense le matraquage potentiellement efficace et la conscience de classe en grand péril.
Ce que je sais, c’est que la France pourrait y perdre à la fois son âme et son avenir non que Mélenchon l’incarnât exclusivement mais de toute évidence certaines idées qu’il porte devront immanquablement se frayer un chemin si l’on veut assurer un futur supportable pour la nation tout entière et non pas seulement pour les bénis du système.
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