Mélenchon renaissant de ses cendres !
Après avoir été malmené à l’instar d’un bandit de grand chemin ou pire d’un terroriste, surpris au saut du lit par une escouade de robocops mandée par un procureur zélé ( et qui touchera sans doute bientôt les bénéfices attachés à sa mission hautement contestable quoique symbolique de la frousse que la France Insoumise suscite dans les cercles du pouvoir ), après avoir vécu une expérience qu’on croirait sortie de l’imagination d’un scénariste de série TV, Mélenchon a repris son bâton de pèlerin pour rendre à ses troupes ébranlées par la séquence un peu de ce pep dont la France Insoumise et ses nouveaux alliés auront bien besoin pour faire un résultat honorable aux prochaines échéances européennes. Les vents ne sont hélas ! guère favorables à la réflexion mais chassent plutôt dans le sens de la trivialité tripale..
On est bien contraint d’admirer la force de conviction qui témoigne de son endurance et toutes ces qualités oratoires qui lui permettent d’enthousiasmer les foules qui se pressent à ses meetings.
On savait qu’il avait le cuir solide mais on imaginait tout de même que cet épisode largement commenté où l’indignation lui a fait perdre un moment le contrôle de ses nerfs et où il a donné à ses adversaires du grain à moudre sur le dos de son impulsivité donc de sa non-présidentiabilité, ne serait pas sans conséquences dommageables.
C’est un peu comme si de céder à un moment d’irritation, ce qui démontre au fond son humanité, le disqualifiait à jamais pour conduire les affaires de l’état où il faudrait de la retenue, du calcul et surtout une absence totale de sincérité et de franchise.
Soulignons par parenthèse que l’on se plaît pourtant à honorer ceux qui, un jour de leur histoire, ont écrit la nôtre en lettres de rébellion contre le formalisme obtus des autorités dites légitimes : on les fête, par exemple, à Colombey les Deux Églises ou alors on panthéonise certains de ces rebelles à la raison d’état avec des trémolos dans la voix.
Il est vrai aussi que c’est souvent bien après que leurs idées aient été victorieuses et aient fait litière de tous les arguments qu’on développait contre eux, bref qu’elles ont ringardisé ceux qui leur cherchaient querelle au nom de la bienséance de l’époque.
En nombre aussi bien à Lille qu’à Pau, ses partisans sont repartis encore et toujours emballés par la verve oratoire de celui dont les plateaux de journaleux à peine capables d’aligner deux phrases sans faute ne cessent depuis la providentielle opération judiciaire de s’attacher à déconsidérer autant la personne que le programme qui serait d’ailleurs à leurs yeux inexistant… A qui ne veut pas savoir il est impossible de dessiller les yeux.
Prenant leur désirs pour des réalités, ces habitués qui ont leur rond de serviette réservé auprès des médias grands et petits, officiels ou autres voient Mélenchon terrassé, fini, sans plus aucune perspective et, spéculant sur l’absence de relève capable de reprendre l’animation du combat, ils enterrent d’ores et déjà cette expérience inédite des Insoumis qui troublait la quiétude de leur ronron quotidien.
Mélenchon n’est pourtant pas homme à se laisser abattre sans réagir.
S’il a quitté le PS, il y 10 ans, ce n’était pas pour se laisser emporter par les flots du conformisme mais bien pour aller contre l’air du temps ( qui était à la résignation complice ) chercher la vérité à laquelle il sera resté fidèle quels que soient les quolibets qui l’accompagnèrent et l’accompagnent toujours dans cette quête.
Malgré le torrent d’invectives médiatiques, les belles leçons de maintien dispensées par les inféodés qui n’ont qu’un seul souci, celui de courber l’échine et de ramasser le salaire de leur servilité ( car c’est bien leur complaisance vis-à-vis du pouvoir cachée sous une feinte émancipation du langage qui est intolérable ), malgré un matraquage généralisé, les intentions de vote mesurées par les sondages ( pour peu qu’on leur fasse confiance ) ne manifestent pas un reflux caractérisé et se maintiennent plus ou moins au niveau qui était le leur avant les perquisitions organisées par les pieds nickelés de la Justice.
Malheureusement elles ne percolent pas non plus dans l’opinion qui semble se satisfaire davantage des vociférations poujado-souverainistes de ceux qui voient ou, pour les plus intelligents, feignent de voir la responsabilité de l’immigration dans le mal-être existentiel d’une partie de la population.
Comme on s’est habitué à vivre dans l’à peu près, on sanctifie volontiers le vide et l’on juge au nom des apparences : leurs approximations – même démontrées – poussées jusqu’à l’incompétence ( inutile de rappeler la séquence mémorable du débat de deuxième tour de Présidentielle ) renforcent l’assurance de ceux qui continuent de débiter comme vérités révélées des âneries sans limites.
On veut bien mettre à la rigueur les mouvements migratoires au débit d’une oligarchie mondialiste qui sème la guerre pour se servir des déshérités, des déplacés comme autant de variables d’ajustement à ses visées expansionnistes mais ce n’est pas pour combattre les causes mais pour en dénoncer violemment les effets en s'attaquant aux victimes.
Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage, cette vérité jaurésienne, est toujours d’actualité et la responsabilité de ces guerres n’incombe pas aux déracinés qui en sont les victimes mais aux profiteurs de haut vol que conforte pourtant toujours par son manque de perspectives la Droite Extrême qui a toujours su dévoyer - c’est même à cela qu’on la reconnaît - les colères légitimes du peuple pour exonérer ceux qu’elle se charge de protéger en allumant d’ineptes contre-feux.
Les le Pen, Salvini ou autres Orban ne sont rien d’autre que la roue de rechange du capitalisme triomphant. Leurs incantations identitaires à l’usage de ceux qui n’ont jamais eu d’autre identité que celle du numéro qu’on transfère de case en case jusqu’à ce qu’ils rejoignent en fin de cycle la cohorte des inutiles inemployables dans l’économie moderne n’ont d’autre objectif que de les inviter à ressasser leur hargne contre encore plus déclassés qu‘eux sous le prétexte fallacieux qu’ils appartiennent à une autre ethnie ou à la mauvaise religion ; en d’autre temps on allait jusqu’à dire qu’ils souillaient la nation.
N’est-il pas puéril d’argumenter sur la préférence nationale, un concept profondément antiéconomique qui favorise les divisions entre travailleurs plutôt que de porter le fer pour empêcher l’avilissement des salaires consécutifs à l’exploitation de main d’œuvre immigrée ?
Grâce aux mal-nommés populistes de droite la liberté dans ces pays sous leur férule restera toujours celle d’exploiter et la solidarité des victimes continuera de se déliter.
Et ce n’est pas l’épiphénomène que constitue ce mouvement inorganisé des gilets jaunes fait de bric et de broc, qui mêle des revendications légitimes à un refus chez certains de voir en face la vérité. Même si la nocivité du Diesel leur a été cachée pendant 40 ans par les gouvernements successifs, dissimulée à dessein ( pour des raisons ou chacun a sa part de responsabilité, patrons, syndicats et gouvernements ) car elle était connue de longue date, ce n’est pas cette subite poussée de fièvre qui devrait changer quoi que ce soit à la lente agonie de la société solidaire.
Les revendications des gilets jaunes ont beau être légitimes et pour certains d’entre eux les situations rapportées particulièrement difficiles à vivre, elles ne vont pas dans le sens de l’histoire.
Ce n’est pas parce que l’on s’est trompé pendant des décennies qu’il faut persévérer dans l’erreur !
Il faut simplement que ce racket organisé soi-disant pour la transition écologique bénéficie réellement à cette cause d’utilité publique et d’une urgence absolue. C’est aussi une partie non négligeable du programme de la France Insoumise : l’Avenir en commun
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