Mélopolitique en sous-sol
Derrière la façade de la nouvelle politique spectaculo-pipolisée se trame le véritable projet de Nicolas Sarkozy. Effrayante remise en cause de la République au format Liberté-Egalité-Fraternité qui pourrait nous ramener trente ans avant « Mai 68 ».
Se méfier de l’ouverture "façade" de Nicolas Sarkozy, était-ce lui faire un procès d’intention ? Il apparaît que non au vu de deux décisions de la France d’après les législatives. La véritable France d’après, Sa France d’après, est en train de naître avec toute la dangerosité de la concentration des pouvoirs.
25 000 expulsés pour Noël
Le nombre "d’éloignements" (expulsion des immigrés) sera donc de vingt cinq mille à la fin de l’année. Ainsi en a décidé le Département d’Etat de Brice Hortefeux, l’ami du président. Pourquoi 25 000 et pas 2 500 ou 250 000 ? Parce que la vie "de ces gens-là" importe peu face aux chiffres tonitruants. Briser la vie des clandestins n’est donc pas un crime. Etrange conception de l’Egalité. Mais après. Quel mur pourra-t-il être assez haut, large et épais, pour empêcher la misère de franchir à nouveau les plus lourdes frontières ? Mais après. Retrouverons-nous ("nous" et pas "ces gens-là") la sécurité, le plein emploi, l’équilibre des comptes de la sécu et des assedic, des retraites, de la dette publique ? Oui évidemment, cela ne tenait qu’à ces 25 000 expusables expulsés.
Une politique pénale entre plancher et plafond
Une des principales exigences des républiques non bananières repose sur la séparation des pouvoirs exécutif , législatifs, judiciaire. Les entorses à ces évidences triviales transforment la démocratie en dictature. Or le projet de Nicolas Sarkozy est d’imposer à son exécutif un projet de loi de peines plancher, qui sera imposé aux députés (de la vague bleue), qui imposera au juge d’imposer une sanction minimale au recidiviste. C’est une emprise du chef de l’Etat sur le pouvoir judiciaire, un héritage du temps de la monarchie la plus absolue.
Sur le plan pénal, cela paraît être une hérésie puisque la "peine" n’est plus adaptée à la personnalité et au cas de chaque condamné (ce qui reste encore inconstitutionnel mais pour combien de temps). Il peut sembler normal aux non-criminologues que nous sommes, de croire qu’augmenter automatiquement la peine des récidivistes diminuera la délinquance. Il est moins tolérable que des gens de droit(e) (la criminologie est une matière obligatoire quand même dans les études juridiques) comme Nicolas Sarkozy ou Rachida Dati en fassent leur cheval électoral.
Il faut noter que cette hérésie pénale s’appliquera aussi à des gens "comme nous". Par exemple, si Alain Juppé récidive dans une prise illégale d’intéret (CA Versailles 1er décembre 2004) il fera automatiquement au minimum 20 à 30 mois de prison et écopera d’une amende de 25 000 à 37 000 euros sans que le juge ne puisse motiver la justesse de cette peine ni l’adapter aux circonstances. Effarant.
Que penser de la disparition de l’excuse de minorité ? S’il faut juger les enfants de seize ans comme des adultes, alors faisons de la politique de comptoir jusqu’au bout et abaissons la majorité à seize ans, laissons-les conduire des autos, des navires, des avions, créer et gérer des entreprises, se présenter aux élections... Si des parents lisent ce texte, ils savent bien qu’un gamin, ou une gamine, de seize ans n’a pas le discernement d’un adulte, même s’il (elle) est bati(e) comme un catcheur(tcheuse).
L’été parlementaire sera donc réchauffé climatiquement, très chaud même, et ce n’est qu’un début.
Il est bon de rappeler que la première devise de la République, celle qui apparaît sur tous les documents et courriers officiels de l’Etat, est liberté (si, si, je vous assure, regardez sur votre feuille d’impôts ou votre avis de contravention, c’est un des tout premiers mots).
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