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Même quand elle perd, c’est toujours l’Allemagne qui gagne…

À l’occasion de la vidéo qu’il a publiée le 8 avril 2013 sous le titre « Le pouvoir d’achat à la dérive », Alexandre Mirlicourtois nous convie à un petit exercice qui pourra toujours nous servir par la suite… Une constatation, tout d’abord :

« Une fois n’est pas coutume, les statistiques de l’INSEE reflètent le sentiment d’appauvrissement des Français. Je veux bien sûr parler de la baisse historique du pouvoir d’achat. L’an dernier, le pouvoir d’achat a ainsi reculé de 0,4% en moyenne. »

C’est déjà quelque chose… Mais savons-nous vraiment de quoi l’INSEE veut ici nous parler ? Alexandre Mirlicourtois nous montre, en effet, qu’il vaut mieux ne pas se jeter aussitôt sur un tel chiffre…
« Pour avoir une vision exacte du vécu de chacun, il faut intégrer la croissance démographique et du nombre des familles. »

C’est que, tel qu’il a été calculé, ce pouvoir d’achat a un caractère plus ou moins synthétique qui ne permet pas de descendre immédiatement au niveau de l’individu… et encore rien que de l’individu « moyen » qui ne peut être, lui-même, qu’un phénomène arithmétique.

Il paraît que, si l’on se livre aux opérations nécessaires d’affinage, le résultat se trouve assez largement modifié ; on pourrait même dire qu’il devient totalement différent… s’agissant des moyens matériels qui assurent notre vie quotidienne :
« Mesurée par unité de consommation, la baisse du pouvoir d’achat atteint alors 1%. »

C’est deux fois et demie plus que le premier résultat qui avait déjà pu retentir lui-même comme une… alerte. Or, l’affaire se corse :
« Et dans tous les cas, que l’on mesure en masse totale ou par unité, c’est du jamais vu depuis 1984. »

Mieux : s’agissant d’une moyenne, elle accueille en son sein aussi bien les individus qui ont vu leurs ressources s’accroître de façon extrêmement significative : des milliardaires – il en a, bien sûr, en France – et puis tant et tant d’autres… C’est dire que, du côté des masses populaires, le serrage de boulons a dû frapper plein pot… Ainsi le « modèle allemand » opère-t-il à merveille, c’est-à-dire en réalisant le basculement – attendu depuis l’implosion de l’Union soviétique (1991) – du peu de richesse accumulé par le travail vers le capital, en attendant de faire de même du côté de la masse de plus-value à extorquer à l’occasion du travail – le chômage démontrant que nous n’y sommes pas encore…

Puisque la date de 1984 est ici évoquée, nous voyons qu’elle se situe à une génération de 2013, et qu’elle précède d’un an l’arrivée au poste de Secrétaire général du Parti communiste de l’Union soviétique de Mikhaïl Gorbatchev (11 mars 1985), qui allait devenir – avec l’appui puis la concurrence brutale de Boris Eltsine – le fossoyeur du premier Etat ouvrier et paysan jamais créé au monde… Mauvaise nouvelle pour les travailleuses et travailleurs d’ici ou d’ailleurs, quoi qu’elles ou ils en pensent.

Reprenons maintenant le fil des explications d’Alexandre Mirlicourtois :
« En fait, toutes les conditions d’un décrochage du pouvoir d’achat ont été réunies en 2012 : un chômage qui a amputé l’emploi, un salaire par tête qui a ralenti, au total une masse salariale qui a stagné, et surtout une hausse de 10% des impôts qui a rongé le revenu. »

On le voit, ce qui a pu être frappé concerne le travail et ce dont il est généralement la plus importante composante : le revenu. En face, quittant la seule question du pouvoir d’achat, nous avons bien entendu dire que les gros patrimoines ainsi que ceux de dimension conséquente n’auront guère fait qu’augmenter… Nous aurons à y revenir.

Pour la suite, Alexandre Mirlicourtois n’est pas vraiment rassurant :
« Car comment croire que l’austérité salariale, le chômage et les hausses d’impôts sont derrière nous ? Les carnets de commandes des entreprises sont vides et les perspectives d’activité s’assombrissent un peu partout (c’est ce qui ressort des enquêtes mensuelles de conjoncture de l’INSEE de mars). »

Et c’est alors qu’un petit saut de puce en direction de la vidéo suivante (15 avril 2013) aurait plutôt tendance à nous ravir en nos qualités de Françaises et de Français. Nous y découvrons, en effet, ce titre d’Alexandre Mirlicourtois : « Pas d’illusion, l’Allemagne va plonger aussi ». Bien fait pour elle, na ! Mais ce n’est manifestement pas le bon réflexe…

Certes…
« À l’évidence, dans un environnement de récession européenne et de blocage du commerce mondial, les exportateurs allemands ne font pas mieux que les autres. »

Mais, par ailleurs…
« Examinons maintenant la demande intérieure. Pour les Allemands, l’horizon est dégagé. À 5,4% en février, le taux de chômage est bien plus bas en Allemagne que dans le reste de la zone euro où il atteint 12% en moyenne. Le rapport de force est donc clairement en faveur des salariés ce qui augmente les revendications salariales. D’où une progression du pouvoir d’achat outre-Rhin et pas dans le reste de l’Europe. »

Et pan sur le nez pour ce reste !… Qui ne bénéficiera pas non plus de dépenses allemandes en mesure d’augmenter les exportations vers le pays de Goethe :
« C’est un bon point pour la consommation, sauf que le taux d’épargne reste élevé. Finalement, la consommation augmente, mais elle augmente peu. Surtout qu’en face, la dépense publique est corsetée par une politique budgétaire restrictive et par un investissement logement en berne. Quant à l’investissement des entreprises, il recule autant de l’autre côté du Rhin qu’ailleurs. »

Finalement, impossible de faire de ce pays-là un souffre-douleur. En effet, nous dit encore Alexandre Mirlicourtois qui affirme redouter qu’elle ne finisse par se retrouver « avec un PIB quasiment à l’arrêt en 2013 »…
« Ce qui est inquiétant, car si l’Allemagne plonge comme à la fin des années 90, le gouvernement actuel et celui qui sortira des urnes en octobre prochain auront des politiques de soutien de l’offre. Des politiques destinées à protéger son industrie avec le risque d’une nouvelle vague de désindustrialisation pour les pays périphériques. »

Même quand elle perd, c’est décidément toujours l’Allemagne qui gagne…

NB. Cet article est le soixante-et-unième d'une série...
« L’Allemagne victorieuse de la Seconde Guerre mondiale ? »
Pour revenir au document n° 1, cliquer ici


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10 réactions à cet article    


  • Clocel Clocel 25 mai 2019 08:41

    Deutschland Uber Alles ...

    On aurait dû aider les moujiks à finir d’écraser cette vermine, mais on a préféré le camp des génocidaires.


    • baldis30 25 mai 2019 09:16

      @Clocel

      bonjour,
       Ô OUI !
      Et ramener l’assemblage bismarckien de micro-états prétentieux à des frontières fermées sans possibilité de communiquer entre eux ou à l’extérieur pendant mille ans ! A ghetto... ghetto et demi !
      Mais voilà ! comment ceux qui investirent leur argent sur le nazisme par exemple en offrant chaque année 50.000 dollars pour l’anniversaire du chef, possédant des intérêts métallurgiques et mécaniques bien situés ou des associations chimiques bien constituées auraient-ils été payés .....


    • Séraphin Lampion Séraphin Lampion 25 mai 2019 10:04

      @Clocel

      c’est bien ce qu’« on » avait prévu dès le départ.
      Les Moujiks ont nettoyé le terrain pour permettre à l’empire de développer le plan d’axe germano-américain entamé avant 40 pour récupérer les possession anglaises, françaises et néerlandaises, plan que le moustachu avait commencé à s’accaparer pour lui tout seul, ce qui n’a pas plu du tout à l’oncle Sam.
      Ce que cette série d’articles attribue à la seule Allemagne est à étendre à son plus solide associé de longue date : les Etats-Unis : « ich bin ein Berliner », avait Kennedy le 26 juin 1963, et depuis Trump claironne (ou trumpette si vous préférez) que sont père était allemand.


    • Jean d'Hôtaux Jean d’Hôtaux 25 mai 2019 16:23

      @Clocel

      Question à la veille des élections européennes : comment construire l’Europe avec des gens qui tiennent de tels propos haineux à l’égard de l’Allemagne ?

      C’est une honte !


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 25 mai 2019 16:31

      @Jean d’Hôtaux

      On en veut pas aux allemands mais aux schleus .Voir aux boches .


    • Clocel Clocel 25 mai 2019 16:38

      @Jean d’Hôtaux

      Que voulez-vous mon bon, tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents collabos ...

      Ma famille a payé cher le droit de haïr l’Allemagne.


    • Francis, agnotologue JL 25 mai 2019 09:28

      Cette baisse du pouvoir d’achat que vous évoquez Michel J. Cuny est inégalement répartie, et on peut même affirmer que les plus hauts revenus ont connu une hausse. De sorte que pour les classes qui galèrent, c’est bien plus grave que les chiffres annoncés.


      • Francis, agnotologue JL 25 mai 2019 10:24

         la guerre commerciale fait rage, jusque même entre « partenaires » européens.

         
        Ce n’est pas la Grèce qu’il faut exclure, c’est l’Allemagne ! lundi 29 mars 2010, par Frédéric Lordon  :
         
        « Que la psyché collective allemande ait été marquée au fer rouge par l’épisode de l’hyperinflation, que sa pensée de politique économique en conserve la trace sous l’espèce de l’idée fixe anti-inflationniste, la chose est en soi parfaitement compréhensible. Toute la question est de savoir si les autres membres de l’Union sont décidés à vivre sous les obsessions d’un seul. Telle est bien pourtant la situation présente de l’Union qui vit selon les manies de l’Allemagne au motif que c’était là la seule façon de l’y faire entrer. La question subsidiaire demande alors jusqu’à quel point les partenaires de l’Allemagne devront souffrir les conséquences des normes qu’elle est parvenue à imposer à tous d’après ses seules inclinations normalisatrices. Or l’état de crise a pour propriété de rendre ces conséquences plus visibles et plus pénibles que jamais – et de rapprocher de ce point. Il suffit pour en juger de considérer l’extrême mauvaise volonté allemande à d’abord simplement envisager l’idée d’une aide collective à la Grèce, puis, s’y rendant du plus mauvais gré possible, son obstination à la soumettre aux pires conditions – intervention en cas seulement de fermeture de l’accès de l’État grec aux marchés, c’est-à-dire à un point de dégradation qui rendra tout solution beaucoup plus coûteuse, refus absolu de toute bonification de taux au nom des saines douleurs de la rédemption et de l’exemplarité –, enfin son insistance jusqu’au dernier moment à impliquer le FMI sans considération pour l’image d’impotence de l’Union renvoyée à la face du monde. »



        • zygzornifle zygzornifle 25 mai 2019 18:04

          Normal en face il y a la France avec son vin qui pique et son fromage qui pue ....

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