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Accueil du site > Tribune Libre > Mémoires d’une vie de chercheur avortée (I)

Mémoires d’une vie de chercheur avortée (I)

Le document que je vais publier n’a rien d’exceptionnel. Il est juste singulier et représente le témoignage de quelques années dans ma vie de chercheur. J’avais rédigé ce texte il y a plus de dix ans. J’avais encore quelque mémoire des événements passés. Essayant sans conviction de le faire éditer sans succès. Ce texte raconte les débuts d’une vie de chercheur qui sera abrégée précocement. Plutôt que de le laisser stagner sur une mémoire d’ordi, je décide de le partager. Une exclu sur Agoravox. Je vous livre un premier morceau. Bien évidemment, si ce témoignage ne vous intéresse pas, je n’éditerai pas la suite. C’est vous qui voyez.

ENTRÉE DANS LA VIE DE CHERCHEUR

Ayant quitté Saint-Etienne, je découvrais une nouvelle ville, aux contours plus chatoyants, avec une population contrastée, des tenues plus soignées, une nonchalance allant de pair avec un climat plus docile. Un ciel plus serein semblait se réfléchir dans l’esprit du midi. Une nouvelle atmosphère commençait, me plongeant dans des sentiments à la fois ambigus et ambivalents. Ambigus car je ne savait pas ce que l’activité de chercheur laissais présager, si bien que je découvrais non sans une certaine anxiété l’entrée définitive dans une vie professionnelle. Il n’y avait pas d’échappatoire, du moins pour quelqu’un comme moi qui ne pouvait envisager, comme beaucoup d’entre nous, l’idée d’une existence bohème, faite de jobs alternatifs que l’on enchaîne sans se préoccuper de la cohérence d’une carrière professionnelle.

L’avenir était fixé pour une période minimale de quatre ans. Ayant obtenu une bourse de l’ARC pour préparer ma première année de thèse et pouvant escompter trois ans supplémentaire en bénéficiant d’une bourse de docteur ingénieur, je n’avait qu’un seul objectif en tête, celui d’obtenir mon diplôme de docteur ingénieur et de rejoindre les rangs du CNRS. En réalité, il n’était pas sûr que j’obtienne une de ces bourses que le CNRS distribuait au compte-goutte. La première demande de bourse s’étant soldée par un échec, il me fallait jouer serrer afin de réussir mon coup au deuxième passage, sinon ce serait la porte.

 J’abandonnais le brillant dilettantisme qui m’avait permis de passer ces quatre années studieuses dans la ville de Saint Etienne, avec quelques tracas d’ordre existentiels et de bons moments. Ces années étaient encore marquées de la frivolité esthétique des seventies, âge d’or du rock, mais aussi du militantisme, du gauchisme, de l’esprit libertaire. 

Si j’ai pu rejoindre Toulouse et son laboratoire de toxicologie, c’est grâce à la bienveillance de mon patron de recherche Bernard M*** qui, avec l’appui du grand patron parisien Claude P***, avais obtenu cette bourse de l’ARC.

 

Ainsi commençait une vie de thésard. J’assistais aux discussions informelles de l’équipe. Elles se déroulaient le plus souvent à la fin de la journée. Pendant les premiers mois, j’étais plus attentif que participant. Vu ma situation de novice, je n’envisageais pas de formuler des remarques pertinentes.

Quand j’ai rejoint le laboratoire de toxicologie à Toulouse, nous n’étions que trois. J’avais fait la connaissance de Gérard M., thésard confirmé doué d’une authenticité locale et d’un accent prédestiné pour vanter les mérites du cassoulet et de Henri B. Maître de conférence à l’allure paternaliste, bienveillant mais un peu coincé, comme peuvent l’être les représentants d’une petite bourgeoisie de province telle celle qui hante les facultés de pharmacie. Le responsable du petit groupe, Bernard M***, partageait son temps entre entre la direction de sa propre équipe du laboratoire de chimie, et l’équipe “ellipticine” essaimée par Claude P***, brillant cancérologue appartenant au cercle distingué des sommités scientifiques de Villejuif, là justement où siégeait l’ARC, dirigée par le révérend Jacques Crozemarie, grand prêtre ordonnateur des cérémonies festives vouées au culte de la recherche sur le cancer, et dispensateur des deniers du culte recueillis auprès de généreux donateurs qui souvent, étaient des cancéreux en phases terminale n’ayant hélas aucun héritier direct.

Notre petite équipe de Toulouse était bien éloignée de ces combinaisons parisiennes. L’ambiance était plutôt bon enfant, sympathique, sans qu’on décèle les aigreurs propres aux vieux chercheurs n’ayant pu faire carrière comme ils le souhaitaient. Je me souviens de discussions parfois passionnées. Deux choses importantes occupaient mes journées. L’une était l’apprentissage de la vie de laborantin, la paillasse comme on dit dans le jargon des chercheur. Et l’autre, toute aussi essentielle quoique bien souvent négligée, concernait l’appropriation intellectuelle du sujet de recherche, et ce sur point, il faut dire que ce n’est pas la chose la plus aisée. Pourtant, sans elle, on ne peut espérer être chercheur au sens propre du terme. On devrait alors s’orienter vers une tâche de technicien ou d’ingénieur.

Tout thésard qui se respecte commence à la paillasse, avec des substances, un objet d’étude, des protocoles expérimentaux, de la vaisselle de laboratoire, fioles, erlen-meyers, éprouvettes et autres tubes à essai. Il y avait aussi des balances de précision et des appareillages technologiques sophistiqués sans lesquels il n’est point de recherche digne de ce nom dans le champ de la biologie ou de la physique expérimentale. À force de manipuler dans le laboratoire, de maniper disent les chercheurs, le thésard finit par obtenir une sorte de permis de conduire qui lui permet d’être opérationnel après avoir été sous la tutelle du chercheur expérimenté. On apprend alors les subtilités technologiques et les secrets de l’interprétation des spectres aux formes variables, censés témoigner d’une trace moléculaire. Avec ces appareils, on se la joue Sherlock Holmes. Le spectromètre est la loupe qui permettra de trouver les empreintes signalant la présence d’une infime quantité de produit, indice d’une réaction effectuée et témoin à charge pour l’enquête scientifique qui de jour en jour, se poursuit, jusqu’à ce que le verdict final soit prononcé et que l’on puisse corroborer les hypothèses de départ.

Au cours de ces premiers mois d’apprentissage, j’eu l’occasion de me familiariser avec l’appareil central de notre dispositif de recherche, le fameux HPLC, qui pour les anglophones, signifie high performance liquid chromatographie, et qui pour nous devient la chromatographie liquide à haute pression. Cette subtilité sémantique s’éclaircit dès lors qu’on comprend que la performance est justement liée à la haute pression, et que les anglo-saxons eurent vite fait de s’approprier le côté pragmatique pour vanter cette technologie et la vendre en remplaçant pressure par performance. Il est vrai que “pression”, ça fait pub irlandais ou bien machine à café alors que “performance”, c’est tout autre chose, c’est la certitude d’un appareillage sophistiqué qui réalise les opérations quasi-magiques conduites par alchimistes de la recherche moléculaire.

Une chromatographie liquide ordinaire consiste à remplir un long tube d’un gel approprié fait de mini-billes. On fait s’écouler une solution contenant un mélange de molécules. La physique a si bien fait les choses que certaines molécules sont plus ou moins retenus par le gel, selon les affinités respectives entre l’attraction due au mini-billes et celle pour la solution. Cela semble mystérieux. Imaginez une sorte de tapis roulant parallèle à un couloir et à un mur où sont disposés des peintures. Un individu a donc le choix entre rester sur le tapis ou bien s’en dégager pour admirer un tableau et une fois rassasié par la contemplation, rejoindre le tapis roulant. Plaçons au début du tapis des individus pris au hasard. Affichons sur le mur des reproductions de Malevitch, Mondrian et Kandinsky. Certains restent sur le tapis roulant et d’autres prennent le temps d’admirer les oeuvres. Les passionnés d’art moderne formeront le lot des retardataires. On aura ainsi séparé deux catégories d’individu, pour peu que les passionnés d’art soient statistiquement homogènes et s’attardent sur chaque toile pendant un temps identique.

Voilà le principe de la chromatographie. Les lois physiques montrent que plus la surface de contact avec les billes est étendue, mieux se fait la séparation. Pour augmenter cette surface, on réduit la taille des billes, mais manque de bol, la solution ne peut plus s’écouler. On s’en tire en mettant les micro-billes dans une colonne métallique, et on force le passage de la solution avec une pompe qui fait monter la pression du liquide. Ce qui permet aux molécules de parcourir la colonne en un temps limité. On dispose à l’extrémité de cette tuyauterie sophistiquée un détecteur très précis. On enregistre alors les molécules plus ou moins retenues dans la colonne

L’HPLC permet de réaliser plusieurs types d’expérience. Certaines sont qualitatives et visent à caractériser une molécule. D’autres sont quantitatives et servent à doser la concentration d’une substance. Ces détails sont sans intérêt, sauf pour le chercheur que j’étais et qui eut l’occasion d’utiliser pendant plusieurs années ce type d’appareillage, en fonction de plusieurs objectifs de recherche, certains ayant réussi, d’autres échoué.

Une journée de laboratoire se prépare à l’avance. Il faut décider d’un protocole, le mettre sur papier puis le jour venu, exécuter soigneusement chaque opération que l’on note avec précision sur un cahier de laboratoire, en indexant l’expérience avec un numéro d’enregistrement porté sur le spectre craché par l’HPLC.

BD-88-5. BD pour mes initiales, 88 pour signifier le protocole, 5 pour indiquer le cinquième échantillon. Et ainsi va la vie de laboratoire, de préparations en préparation, de protocoles en protocoles, d’hypothèses en vérifications, de projets de recherche en publications. Il y avait le service de spectrométrie de masse pour déterminer la taille des molécules. La résonance magnétique nucléaire pour connaître la formule chimique d’un élément qu’il faut identifier. Enfin la résonance paramagnétique électronique pour détecter les électrons délocalisés, ces fameux électrons libres, ceux qui hantent les cellules, créant des réactions en chaîne en générant des radicaux libres.

Rien de précis à déclarer sur cette vie de laboratoire, si ce n’est son côté routinier et machinique dont on prend conscience après quelques mois ou quelque ans. C’est fonction du projet scientifique. Le bon côté existe lui aussi, et le masquer serait trahir le but essentiel de toute recherche qui est de faire des découvertes. Des chercheurs qui cherchent, on en trouve...On se prend à ce jeu. On formule des hypothèses, on cherche des mécanismes moléculaires, on fait ses mélanges et on se laisse surprendre par l’attrait de l’inconnu, avec l’esprit naviguant de surprise en surprise. On se tient sur un tabouret face à l’HPLC, un peu fébrile, lorgnant sur le papier enregistreur qui défile, attendant que le curseur s’emballe, se déplace pour tracer une belle figure dont la hauteur, si elle ne mesure pas notre espérance, montre que le protocole a été bien exécuté et que les calculs préliminaires ont été bien effectués.

C’était donc cela, la recherche biologique, traquer des réactions chimiques, surprendre de nouvelles combinaisons moléculaires, surveiller le déroulement d’une expérience, synthétiser, fabriquer des molécules. Quel intérêt et quel sens conférer à toute cette activité. Nous sommes tels des barmans, exécutant de belles figures, maniant les fioles et les tubes à essai, pour faire des cocktails étonnants, des breuvages susceptibles de soigner le cancer, le cardio-vasculaire, le psychisme, ou encore de ralentir le vieillissement de la peau.

Le genre littéraire ne supporte pas la description des journées ordinaires et répétitives d’un chercheur. On veut savoir quels sont l’intention, la motivation, le sens caché et les objectifs avoués qui sous-tendent l’activité du chercheur à la paillasse. Traquer l’imprévu, certes, mais on s’aperçoit au fil des ans que la routine est plus le lot quotidien que la surprise de la découverte. En guise de découverte, le chercheur découvrira autre chose, croyant tel Christophe Colomb partir à la recherche des Indes mythiques procurant l’ivresse de la consécration scientifique, finit par trouver l’Amérique des requins prédateurs, lorgnant vers les plus hautes sphères de l’administration scientifique, et quand ce n’est pas le cas, il trouve l’homme, ordinaire, sans attribut particulier car il en possède plusieurs, cet homme qui parcours l’univers des laboratoires, déçu, désabusé, parfois aigri, parfois satisfait de sa situation somme toute assez enviable. Rien à voir avec l’image d’Epinal du chercheur mythifié par nos contemporains.

Mais avant d’en arriver là, le chercheur doit acquérir une dextérité intellectuelle, celle qui permet de s’approprier une problématique et de s’en rendre maître au point d’en faire un mini-royaume dont on est le seigneur à défaut d’en être l’empereur car la spécialisation limite forcément le champ d’action intellectuel. Soulignons aussi le relatif confort financier qui sert finalement de bouée de sauvetage pour les chercheurs ayant perdu la foi à force de naviguer dans cet univers labyrinthique. La plupart se sont noyés dans la masse des anonymes qui signent dans des revues de deuxième et troisième catégorie.

 

UN PEU D’HISTOIRE

Quand on commence une thèse, on commence par une stratégie minimale. Les forces intellectuelles doivent être investies en totalité dans la maîtrise du projet scientifique que le candidat a présenté lors de son inscription en DEA, cinquième année d’étude après le bac. En réalité, le projet de recherche est rédigé par le patron de l’équipe, ou à défaut par un chercheur confirmé. Exceptés les cas improbables de génie précoce, aucun étudiant ne possède l’expérience intellectuelle lui permettant de penser un programme de recherche.

S’agissant de ma situation, je n’avais guère le choix car. Arrivant de Saint Etienne, je devais impérativement réaliser le projet rédigé par Bernard M*** et consigné dans le formulaire de demande de bourse, puis dans le contrat signé avec l’ARC en bonne et due forme. Il fallait synthétiser des molécules anticancéreuses. Cette activité s’inscrivait dans la thématique de cette petite équipe de Toulouse crée par Claude P*** Je ne connaît pas cette histoire dans ses détails. D’après les nombreux éléments recueillis au cours de discussions informelles, on pouvait saisir les tenants et les aboutissants de cette situation plutôt inhabituelle pour un laboratoire propre du CNRS. Il était en effet dirigé par un mandarin qui dirigeait aussi un laboratoire propre de l’Institut Gustave Roussy à Villejuif. Le Professeur Claude P*** n’était présent que quelques jours par trimestre pour régler les affaires importantes, c’est-à-dire strictement scientifiques, laissant la direction administrative à un sous-Directeur. André R. Celui-ci avait su mener de main de maître sa carrière, jouant de sa position de syndicaliste chevronné, et passant ainsi du stade de technicien à la fonction de sous-Directeur de laboratoire. Quatre ans plus tard, il parvenait au sommet de sa carrière en devenant administrateur délégué d’une circonscription du CNRS, sorte de rectorat de la recherche

J’avais rejoint Toulouse en octobre 1981 et n’avais pas prêté une attention particulière à cette histoire de reprise en main du laboratoire. Le peu que j’en savais ne me surprenait pas. Je glanais ça et là des anecdotes sur la situation déclinante du laboratoire dans les seventies, et sur la manière autoritaire que Claude P*** avait employé, tel un chef militaire à qui on aurait délégué les pleins pouvoirs pour remettre de l’ordre et de la compétence dans un centre de recherche guetté par le laxisme. Eu égard à sa petite taille et ses origines corses, Claude P*** faisait inévitablement penser à Napoléon. Cette reprise en main d’un laboratoire de province par un mandarin francilien dévoile cette tradition jacobine française omniprésente qui n’a jamais disparu, en dépit des lois de décentralisation promulguées par Defferre.

Claude P*** n’avait pas fait dans la dentelle. Il avait invité quelques chercheurs, femmes pour l’essentiel, à rejoindre le corps des ITA, c’est-à-dire à changer de statut en devenant ingénieur de recherche, ce qui eut pour effet de les destituer de leur l’autonomie et de les mettre sous la tutelle scientifique d’un chercheur statutaire, chef d’équipe. Plus important était le mouvement de chercheurs concrétisé par des départs peu ou prou forcés et des recrutements judicieux, accompagnés de mutations de jeunes scientifiques promis à un avenir brillant. L’un des deux cuirassés de la recherche biologique du CNRS à Toulouse était renfloué et pouvait enfin se mesurer à son homologue situé de l’autre côté de la route de Narbonne, et dirigé par Jean-Pierre W***. Rien de bien étonnant.

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Je n’avais pas porté attention à ces événements mais maintenant, avec le recul de la conscience historique, amusons-nous à rapprocher deux événements : le changement de direction effectué à l’École des Mines au cours de l’année 79-80 et la reprise en main du laboratoire de toxicologie de Toulouse. Ceux-ci s’inscrivent, avec d’autres, dans la mouvance sociale des années 1976-1983. Ce ne sont que deux fragments d’une société complexe, pouvant être versées au dossier du procès historique, sans savoir qui est l’accusé, ni qui témoigne à charge ou à décharge. Au cours de cette période des sociétés occidentales, on gagnait en efficacité et en productivité, mais ce qu’on gagnait d’un côté se perdait de l’autre, notamment sur le plan de la convivialité des échanges humains.

1976 est une date symbolique pour notre génération qui a vu la vague punk déferler alors que nous entrions à peine dans l’âge adulte. Avant il y eut la parenthèse enchantée, selon l’expression consacrée de Françoise Giroud. Disons qu’une période fructueuse conduit de 1969, année érotique, année Woodstock, au nihilisme punk, puis au romantisme désenchanté symbolisé par le suicide de Ian Curtis un certain mois de mai 1980. Voilà pour le côté esthétique et artistique que je ne peux développer car cela nous entraînerait vers d’autres sujets.

Revenons à l’ordre technique et politique d’alors. La parenthèse enchantée avait atteint la plupart des sphères de la société. Il y avait les mouvements de la contre-culture, mais aussi le monde de l’entreprise. Les conflits sociaux étaient la règle, tandis qu’une partie de la jeunesse refusait d’entrer dans la norme du travail salarié. Certains se posaient des questions sur la productivité, sur la baisse de qualité des marchandises sortant des usines. On se souvient tous de la triste réputation de la marque Renault et de la destinée tragique d’une automobile en forme de poire. Ces années là ont été assez bien résumées dans l’ouvrage édifiant de Luc Boltanski et Eve Chiapello. Cette configuration avait été initiée dans les années 1960 tandis qu’au début des seventies, les élites s’inquiétaient de ces phénomènes de rejet du travail, de contestation des hiérarchies, du laxisme affiché par ceux qui n’avaient pas la fibre contestataire et préféraient cultiver la fibre épicurienne artiste. Pourquoi les élites se sont-elles inquiétées de ce tournant, craignaient-elles la montée en puissance de l’ogre soviétique avec son peuple docile et prêt à collaborer avec le système militaro-industriel, instrument sans lequel il n’est pas de visée impérialiste ? Toujours est-il qu’à cette époque, les élites politiques mettent en oeuvre une vague de réformes visant à “reprendre en main le système”, à le rendre plus efficace. Ce sont les même processus que Margaret Thatcher, Ronald Reagan, François Mitterrand et quelques autres vont mettre en oeuvre, avec une franchise plus ou moins avouée. Après les vagues hippy, gauchiste, yippy, laxiste, écolo, baba-cool, disco, glamour, voici venir la vague autoritaire, le culte de la performance, de la qualité des vies artificielles, de la réussite matérielle, de l’entreprise, de la bourse. Cette vague s’est propagée dans la plupart des rouages de la société. Elle ne se réduit pas à un tournant libéral ou à une refonte du capitalisme. Les événements qui se sont produit à l’École des Mines ainsi qu’au Laboratoire de toxicologie font partie de ce grand tournant qui tient autant au culte de la technique qu’à la nature autoritaire de l’homme. Il n’y avait aucune raison pour que cette vague s’arrête aux frontières du privé. L’Esprit du productivisme, tel le nuage de Tchernobyl, ne s’arrête ni aux frontières nationales, ni aux frontières sociales, et engendre des mutations dans les sociétés avancées. Certaines de ces mutations sont tératogènes.

 

L’esprit de la recherche s’est lui aussi subordonné à la recherche de l’efficacité, entraînant avec lui le recrutement de chercheurs dociles hyperactifs tout en écartant les atypiques comme moi, doués d’une conception artiste de l’activité scientifique. C’est donc sur ces considérations socio-historiques que vient se greffer le début d’une trajectoire de chercheur.

 

UNE ANNÉE D’INITIATION

De cette première année d’initiation au métier de chercheur, je retiens un début prometteur. Au bout de quelques mois je réalisais une prouesse dans le domaine de la synthèse chimique. L’équipe cherchait à comprendre les différents aspects du mode d’action d’une molécule anticancéreuse répondant au nom d’acétate d’elliptinium, dérivé d’une molécule naturelle qui est l’ellipticine, extraite d’une plante exotique. Le dérivé en question était obtenu en greffant un résidu méthylique ce qui en faisait un dérivé soluble et donc utilisable dans une formule injectable.

Je devais synthétiser un dérivé glucuroconjugué. Greffage d’une molécule d’acide glucuronique sur la seule fonction hydroxyl disponible de l’elliptinium. Il y avait l’idée de fabriquer un dérivé synthétique plus efficace dans le traitement du cancer : dans certaines cellules cancéreuses, la quantité de glucuronidase est plus importante. Le raisonnement se tient. La glucuronidase est justement l’enzyme susceptible de fragmenter le résidu glucuronique que je me suis tué à greffer sur la molécule d’elliptinium. Et si cet enzyme est plus répandu dans la tumeur, alors on augmente l’efficacité du dérivé puisque le principe actif est libéré dans la tumeur.

La molécule fut testée sur des cellules leucémiques de souris. Son efficacité était pratiquement inexistante. Mon travail aurait pu finir dans les tiroirs du labo s’il n’y avait eu les expériences d’un autre étudiant qui lui, s’intéressait au métabolisme de la molécule et qui avait détecté grâce à cette fameuse technique HPLC un nouveau composé. Mon dérivé synthétique fut alors utilisé pour vérifier une hypothèse plus que probable. Et ce fut un coup gagnant puisque ce dérivé découle d’une réaction classique de détoxification que le foie exécute parfaitement avec son usine biochimique la plus sophistiquée au monde.

Le labeur que je m’étais donné, à recommencer sans cesse les opérations chimiques, au milieu des odeurs nauséabondes causées par les solvants organiques, était récompensé. Tout semblait se passer confortablement, mais c’était sans compter une subjectivité délicate à manier. Une réelle timidité et des difficultés à s’affirmer trahissent un caractère mal formé. Certains sont autoritaires et stupides, je suis plutôt du genre intelligent mais renfermé. Peut mieux faire...Je me remémore les anxiétés, la voix cassée et hésitante lorsque les premières fois, je présentais un thème scientifique face à un groupe de quelques personnes. Et dire qu’il me faudrait, quelques années plus tard, me soumettre au rituel de la soutenance, dans un amphithéâtre rempli par la presque totalité du laboratoire, environ quatre vingt personnes...

 

Au bout de six mois, quelques incidents avec mon patron. Je ne savais pas que quatre ans plus tard, nous nous séparerions non sans conserver un sérieux contentieux. Quel fut l’ordre exact des événements ? Aucune idée. Un accrochage somme toute stupide un après-midi vers 16 heures où, lassé par des tentatives infructueuses liées à des expériences sans issues, je quittais le laboratoire et trouvait sur mon chemin Bernard M*** qui crut bon de me faire la morale sur les horaires du chercheur, sur la rigueur face à la tâche, le tout agrémenté d’une réflexion sur l’état de la société. Bref, le genre de discussion qu’on supporte difficilement mais que, compte-tenu des rapports hiérarchiques, on prend en considération car quelque part, on peut y reconnaître une justification si on se place du point de vue de la personne expérimentée.

Bien plus importante fut l’altercation qui eut lieu lors d’une épreuve de DEA visant à noter les étudiants sur leur capacité à présenter un article scientifique et à en faire une critique conséquente. L’objectif de l’étudiant est de se classer aux premières places, celles qui ouvrent à l’obtention d’une bourse d’étude pour préparer une thèse de troisième cycle. Autant dire que je n’étais pas concerné, concourant au niveau national pour une bourse de docteur ingénieur. J’avais choisi un article très technique, concernant l’analyse par RPE de molécules à électron libre. C’était un article rempli d’équations et de calculs, ce qui me permettait d’effectuer un numéro de virtuose, d’autant plus que j’avais parfaitement assimilé la complexité de l’argumentation technique.

Lors d’une discussion préparatoire, Bernard M*** m’avait snobé, remarquant sur un ton ironique mon passé d’élève ingénieur, comme si quelque part il voulait signifier l’infériorité d’un étudiant polarisé sur les équations complexes, trahissant par la même occasion une certaine jalousie à mon égard. Sortir d’une grande école scientifique offre des titres de noblesse qui tantôt, ouvrent des portes, et en d’autres circonstances, suscite des envies, notamment celles de se farcir un de ces diplômés de luxe issus du système élitiste français.

Nous étions plusieurs étudiants, effectuant nos exposés face à un jury composé de nos responsables scientifiques respectifs. Ceux-ci nous donnaient le change en mettant à l’épreuve notre sens de l’argumentation scientifique. Tout se passa comme prévu. Entrée en scène avec un sans faute accompagné d’une dextérité dans l’argumentation. Je répondais sans problème à toutes les questions lorsque mon patron m’interrogea sur un point précis. Cela portait sur l’identification d’une molécule à partir du calcul des raies spectrales. Je répondais que dans ce cas précis, on disposait des éléments permettant de calculer directement les raies. Lui rétorqua qu’il n’en était rien et que l’on devait utiliser un simulateur de spectre afin de trouver celui qui correspond à la molécule. Et moi de le contredire et de tracer sur le tableau les éléments appuyant mon argumentation. Il prétendais que j’avais tort et moi d’insister à nouveau, sûr d’avoir raison, mais sentant bien que je ne pouvais avoir le dernier mot étant donné mon infériorité hiérarchique. Je m’étais fait flouer et en était si sûr qu’après la série d’exposés, je me permis d’interpeller Bernard M*** alors qu’il quittait la salle de conférence avec quelques confrères. Je lui mettait sous ses yeux l’article en question, témoignant d’un acharnement à obtenir gain de cause. Je devais être dans un état second et ne réalisait même pas qu’en agissant ainsi, je ne faisais qu’aggraver mon cas et pire que cela, je devenais ridicule.

Autant dire qu’après cet incident, j’étais catalogué irrémédiablement dans la catégorie des individus fort en thème, caractériels, prétentieux et surtout présomptueux, non conformes par rapport aux normes du milieu scientifique qui en aucune manière, ne peut admettre qu’un simple étudiant n’ayant même pas son DEA puisse contredire l’argumentation d’un chercheur confirmé, qui plus est, un patron de recherche. Le fait que cela se soit passé en public ne faisait qu’aggraver cette transgression dont j’étais l’auteur sans savoir le pourquoi de cette perte de contrôle. Sans doute cette négativité qui nous tiens et qui nous colle à la peau. C’est ce qu’avait compris Hegel en universalisant ce trait de caractère pour spéculer sur l’Esprit de l’Occident moderne... Confrontation au nom de la raison et pour avoir raison.

 

Juin 1982. Conformément au règles d’organisation du DEA, il y avait quelques épreuves écrites à passer. Décidément, il était écrit que je devais s’assujettir à des situations conflictuelles. Nous étions réunis dans l’amphithéâtre pour plancher sur les interactions moléculaires. Le responsable de l’enseignement avait annoncé préalablement que nous pourrions disposer des notes de cours. Ce qui paraît logique car au stade où nous étions, ce n’était plus le lieu ni l’âge où l’on apprend par coeur une masse de donnée qui une fois les examens achevés, se défilent peu à peu des systèmes de mémoire de notre cerveau qui apparemment, n’est pas fait pour rivaliser avec les disques durs informatiques.

Le Professeur responsable de l’enseignement devait surveiller l’épreuve, mais étant empêché de jour là, il avait confié cette tâche à André R. notre sous-Directeur du laboratoire promis à une brillante carrière. Le sujet de l’épreuve était formulé comme une question de cours, mais pour y répondre, il fallait choisir judicieusement parmi ses notes et déployer une argumentation serrée. Avec mes camarades de promotion nous cogitions en feuilletant les notes de cours. André R. nous demanda expressément de ranger nos notes. Je pris alors la parole pour revendiquer le droit de les utiliser car cela avait été convenu avec le responsable. André R. ne l’entendait pas de cette oreille. Il rétorqua que s’agissant d’une question de cours, l’épreuve devait impérativement se dérouler sans consultation des notes. Mais je décidai de tenir tête et de ne pas obtempérer, tandis que certains de mes camarades étaient déjà prêt à s’exécuter. Personne ne bronchait, sauf une étudiante plus courageuse. Celle-ci argumenta dans mon sens, rappelant elle aussi les termes du contrat oral passé. Elle décida elle aussi de conserver ses notes. Puis tout se calma, non sans qu’André R. nous ait menacé de régler plus tard quelques comptes. Je développait allégrement mes idées pour réussir cette épreuve. De temps en temps, j’observais Alain. Celui-ci me jetait un regard assassin...

Un mois plus tard, j’avais décroché le DEA. Au secrétariat je croisait André R. Celui-ci arbora un large sourire. Il m’interpella à haute voix pour bien se faire entendre à la cantonade : “félicitations monsieur Dugué, vous êtes reçu au DEA, mention passable !”. André R était soulagé. En voulant m’humilier devant les secrétaires, il savait qu’il tenait sa revanche et qu’il était vengé de l’affront subit par un étudiant lui tenant tête. Selon ma propre évaluation, je méritais largement une mention bien. J’en avais rien à foutre car j’avais ma bourse de docteur ingénieur pour deux ans et le papier qui me permettait de m’inscrire en thèse, même avec la mention passable...

André R. est un administrateur type, docile face à ses chefs, autoritaire et efficace lorsqu’il est amené à exécuter une tâche. Pur produit du sérail français, petite copie des Colbert et autres Fouché. Je n’ai aucun ressentiment vis-à-vis de lui. Je comprend son univers de pensée limité mais lui ne peut accéder au mien. Il avait été aimable et affable lorsque j’avais débarqué à Toulouse, puis il avait changé son fusil d’épaule dès lors que ma réputation s’était altéré. Je crois savoir que mon patron regrettais de m’avoir pris comme thésard et d’ailleurs, il s’en était entretenu avec le Directeur du laboratoire. Et bien entendu, André R. devait être au courant. Si le Directeur pensait gris foncé alors André R pensait gris foncé. Au laboratoire, certains avaient surnommé ce dernier “la voix de son maître”...

 

J’étais entré de plein pied dans la peau du scientifique qui ne se contente pas d’observer le comment, et qui envisage le pourquoi-pas, tout en se posant des questions fondamentales. Pourquoi une drogue anticancéreuse est-elle efficace ? Pourquoi tue-t-elle sélectivement les cellules tumorales en épargnant, non sans quelques dégâts collatéraux, les cellules saines ? Quelles différences biochimiques font que les cellules cancéreuses sont sélectivement détruites. Pour tenter de répondre à ces questions, il faut se documenter, consulter des ouvrages généraux. Les classiques faisaient office de référence car ils sont rédigés par des sommités scientifiques. Ensuite, élargir son regard et lire un maximum de publications. Ces publications, on ne les a pas sous la main. Il faut parcourir le sommaire des revues spécialisées. Petit à petit, la pensée s’imprègne, reconnaît les mots clé. L’esprit fait tilt. Il n’y a plus qu’à photocopier, lire en utilisant le surligneur, instrument de prédilection pour éviter de faire comme ces étudiants néophytes qui laborieusement, constituent des fiches en résumant chaque article. Tout ceci n’est qu’une perte de temps. Un chercheur doit être un virtuose de la classification. Il ne doit pas utiliser des fiches mais des chemises colorées qu’il annote avec un sigle significatif censé résumer le thème des articles qu’elle contient. Il est alors capable de retrouver n’importe quelle publication.

 

Le monde des interactions cellulaires n’a pas encore livré son secret. On ne sait pas pourquoi certaines molécules marchent et d’autres pas. Le travail scientifique consiste à recueillir des indices. On fait des expériences dans des tubes à essai, en mettant en contact des réactifs. On utilise aussi des cellules, des animaux. On fait des prélèvements. On observe les traces des produits en utilisant des dérivés radioactifs. Puis, si on peut rassembler des résultats reproductibles assortis de propositions hypothétiques, on publie ses conclusions. Tout chercheur de la planète peut prendre connaissance de ces résultats. Le tout constitue alors les pièces d’un immense puzzle que les plus perspicaces parviennent à reconstituer pour fournir une représentation fidèle de ce qui est censé se produire dans un tube à essai ou bien une cellule vivante. Au cours de cette première année de recherche, j’avais déjà consacré de l’énergie intellectuelle pour saisir le pourquoi, mais j’étais loin du compte et le savais. De toute façon, on n’attend pas d’un thésard qu’il se préoccupe de ces questions en général réservées aux chercheurs confirmés. Il a en charge un thème précis, très limité, parfaitement circonscrit par une série de protocoles expérimentaux, constitués d’analyses, de contrôles, de calculs...

L’ennui avec ce type de démarche, c’est que parfois on rame pendant des mois, accumulant les expériences sans qu’on puisse parvenir à un ensemble consistant pouvant faire l’objet d’une publication. On doit alors savoir s’arrêter. Mais si on s’arrête, alors on ne fait plus rien. Voilà les raisons de la stratégie du pourquoi-pas qui, dans une vie de chercheur, repose sur une documentation scientifique judicieusement choisie. Ainsi, après avoir réalisé le dérivé glucuronique de l’elliptinium, J’improvisais quelques synthèses de dérivés en greffant cette foi des acides gras, sur la base de données bibliographiques personnelles. L’idée était toujours la même. Augmenter l’efficacité de l’elliptinium. Et pour mon compte personnel, il était nécessaire que je puisse disposer de résultats. Ceux-ci devaient être présentés face au jury de DEA. Ce fut chose faite, et je pouvais rédiger un mémoire assez consistant rapportant la synthèse prévue dans le projet de recherche initial, et celles que j’avais improvisées en m’écartant du sujet.

Si j’en étais arrivé là, c’est parce que je m’étais aperçu que la deuxième partie du thème de recherche conduisait dans une impasse. Ce projet me semblait sans intérêt. Et il l’était car l’activité consistant à synthétiser des molécules actives concerne plus spécialement les grosses boites pharmaceutiques qui disposent d’une armée de chimistes espérant découvrir un jour le principe actif fulgurant dont la célébrité fera monter le chiffre d’affaire. Prozac, Viagra...parce qu’on le vaut bien...

Je ne peut tenir rigueur à Bernard M*** d’avoir choisi ce programme. D’ailleurs, je reconnaît son professionnalisme, ses compétences et son niveau scientifique situé, pour sa spécialité, dans la tranche supérieure des dix pour cents, celle des chercheurs en pointe publiant régulièrement dans les meilleurs revues, en l’occurrence le fameux JACS, Journal of American Chemical Society, l’équivalent du PNAS pour les biologistes, ou de la Physical Review pour les physiciens. Le problème venait en fait de cet arrière-fond conflictuel que nous n’avons jamais réussi à résoudre, et dont je revendique ma part de responsabilité. Je ne voulais plus qu’on m’impose ce qui pour moi était une impasse expérimentale et scientifique. Bernard M*** avait du mal à l’accepter, mais il m’avait laissé improviser ces synthèses inédites assez aisées, en greffant des acides gras pour les plier dans le mémoire de DEA. Cette cuisine n’aboutissait pas à des dérivés plus efficaces. En plus, ras le bol de la chimie ! Il fallait changer de sujet. 

Automne 1982. J’étais lancé sur une nouvelle thématique plus intéressante puisqu’il s’agissait d’étudier l’interaction de l’elliptinium avec l’ARN. Je me rapprochait ainsi un peu plus de la biologie et quittait enfin la synthèse chimique qui n’était pas ma tasse de thé. Je voulais entrer dans un thème ayant des résonances biologique, tant parce que le mystère du vivant me fascinait, que pour utiliser et perfectionner les connaissances acquises en biologie lors de mon année sabbatique à Saint Etienne.


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13 réactions à cet article    


  • Romain Desbois 3 août 2012 09:07

    Quand on s’apprête à devenir chercheur , se pose-t-on la question de l’éthique ou la science doit-elle s’extraire de cela ?

    Par exemple, l’expérimentation animale n’est qu’une pratique scientiste obscurantiste pour certains chercheurs :
    http://animal-tv.org/html/english/movie_good_bad_science_French.html


    • ArizonaHew 3 août 2012 18:41

      Bonjour, ça dépend des personnes : certains se posent la question de l’éthique d’autre non. C’est un peu comme ceux qui vont mettre leurs compétences au service de l’industrie de l’armement vs. ceux qui vont aller construire des télescopes...

      Pour l’expérimentation animale, je n’ai pas vu le film que vous référencez, mais c’est très difficile de faire sans. Par exemple dans tout ce qui concerne le médical (imagerie et développement de nouveaux traitements), on ne peut pas passer directement de l’étude papier à l’étude clinique sur l’humain. On est obligé de passer par plusieurs études pré-cliniques sur l’animal.
      Je ne sais pas comment ça se passe dans d’autres labos, dans le nôtre, les rats et souris ne sont pas maltraités...


    • armand 3 août 2012 18:54

      Merci Romain, merci « un grand merci à Bernard », pourtant il apparait comme bizarre de tester des molécules pour l’homme sur des animaux qui n’ont pas le meme adn ni aucune méthode d’assimimlation identique, c’est presque comme si je teste ma choucroute sur un chien


    • armand 3 août 2012 18:55

      message surtout pour  ArizonaHew


    • Romain Desbois 3 août 2012 22:39

      ArizonaHew

      Peut-être vous faudrait-il voir cette vidéo et revoir vos idées reçues

      Et lire ce petit texte de chercheurs

      Les animaux ne sont de bons modèles pour l’homme :

      http://antidote-europe.org/articles/why-animals-are-not-good-models-for-the-study-of-human-disease

      Que de molécules testées favorablement sur l’animal ont dû être retirées de la vente après que l’on a constaté des maladies, des morts, des malformations congénitales etc.....


    • L'enfoiré L’enfoiré 4 août 2012 14:39

      Romain,

       « se pose-t-on la question de l’éthique ou la science doit-elle s’extraire de cela ? »
      Je ne connais pas votre âge. Je vous informe que le mot « éthique » est relativement récent et un étudiant n’en a rien à cirer. Il fonce sans filet, c’est tout. Du moins de mon temps. Ce n’est que beaucoup plus tard qu’on se rend compte que l’on a pu jouer au fossoyeur d’emplois.
      Regardez Einstein, Oppenheimer et bien d ’autres.  
       

    • Romain Desbois 4 août 2012 16:09

      l’Enfoiré

      Bah oui je posais plus une question de conscience individuelle, à l’auteur et en général.

      Car le style « tout allait bien, je massacrais quelques souris , j’étais heureux dans mon boulot mas une ombre cependant , j’étais fâché avec mon chef ».

      De plus le fait de reproduire l’obscurantisme des prédécesseurs, comme des médecins de Molière fait que l’on n’est plus dans la science mais dans le scientisme.

      « on peut pas faire autrement » , même s’il est démontré que les résultats sont faussés et que déjà nombre de cas de produits ayant passés positivement les tests de l’expérimentation animale se sont révélés catastrophiques.

      Pas grave on continue.

      Rien que pour le SIDA, on utilise des chimpanzés pour essayer de soigner une maladie qu’ils n’ont pas. Le singe a le virus SIV mais n’en souffrira jamais.

      Mas le site d’Antidote Europe est suffisamment bien fait pour ne pas en rajouter.

      D’ailleurs la toxicogénomique développé par un français , Claude Reiss n’a jamais intéressé la France (c’est pourquoi il a crée cette assoc). Tant pis , comme la carte à puce c’est aux USA que c’est en train de se faire.

      Après on se plaindra qu’il faille redresser l’industrie française.


    • herbe herbe 3 août 2012 19:16

      Bonjour Auteur et merci pour cette tranche de vie.

      Ça m’a fait pensé pour le coté recherche dans un milieu scientifique à ceci pour certains aspects :

      Au fait pour l’édition avez vous pensé à la forme roman ?, parce que en filigrane ce que vous dites sur le contexte sociétal m’a aussi fait penser à cet excellent roman (Toulouse en arrière plan) :
      Peut-être que cette forme plus légère pourrait devenir un succès d’édition ?

      • lulupipistrelle 4 août 2012 06:05

        Toute ma sympathie............................................................. ....................................


        • L'enfoiré L’enfoiré 4 août 2012 14:09

          Bernard,

           A une quinzaine d’années d’avance, j’ai connu cette histoire. Moi, c’était la chimie.
           Pas pour devenir chercheur. C’était la chimie nucléaire qui m’attirait.
           Mais, je sentais à un moment donné que j’avais fait fausse route.
           La chimie, c’était quelque chose qui existait depuis tellement d’année.
           L’informatique était à ses débuts. Là, je me suis lancé à corps perdu.
           Créer, développer en commençant par les débuts, c’est tout autre chose qu’aujourd’hui où on ne fait plus qu’adapter, que maintenir.
           J’aurais pu partir et rejoindre les groupes de développement aux States, mais cela n’a pas été nécessaire. Je suis donc resté sédentaire.
           Quarante ans après j’y étais encore, sans trou dans la carrière. J’ai vu toute l’évolution défilé.
           La chimie est oubliée depuis longtemps.
           Le Fortran m’apportait la partie scientifique. 
           Merci pour cette biographie, très intéressante.
           Je passe au chapitre II, là, où cela va probablement se détériorer.
           smiley

          • L'enfoiré L’enfoiré 5 août 2012 09:38

             stabilob0ss,

             J’ai connu l’époque où dans le domaine tout le monde se connaissait, comme une véritable « mafia » (je le dis avec humour, bien sûr) , qui se refilait tous les bons tuyaux, parce qu’on ne devait pas chercher un emploi, on venait nous chercher.
             Aujourd’hui, on en est loin. Retour de flammes. Chacun est devenu un « adversaire » de quelqu’un qu’il faut parfois abattre pour survivre soi-même.

          • herbe herbe 5 août 2012 12:22

            A L’enfoiré,


            Selon moi ce milieu s’est fait blousé (en général,certains particuliers ont bien perçu comment en profiter de façon égoïste), paradoxalement il a permit une augmentation de productivité telle que tout les « grands accumulateurs » lui doivent leur fortune, ou sa fructification...(il permet aussi en cercle vicieux la spéculation dans sa forme là plus extrême comme le High frequency trading)
            Alors qu’au départ cette automatisation devait assister et être au service de tous les hommes (pas que de quelques uns), cela a abouti à l’inverse et c’est toujours une espèce de neo esclavage, certains profitant de la technologie à leur usage quasi exclusif...
            La solution serait maintenant au niveau politique (sens large) comment accepter de continuer à trahir l’esprit des lumière et du progrès pour tous ?, c’est un enjeu capital sinon risque de néo ludidisme.
            Fort heureusement il y aurait un mouvement de balancier inverse pour tenter de renverser les priorités, cela tourne autour de l’open source (le libre pour les plus puriste) en général (large ça ne concerne pas que le logiciel et la technologie) ah wikipedia !

            Je me rappelle encore de cet article majeur découvert grâce à vous :
            Il commence par :
            « La technologie numérique nous permet de réinventer notre propre monde, et ce qu’elle nous promet pour le futur est fantastique, à condition que ceux qu’elle risque de gêner parce qu’ils manquent de l’imagination nécessaire pour en voir le potentiel ne viennent s’interposer pour protéger leurs intérêts, écrit Jeffrey Tucker sur le site « Laissez Faire Books ». Et ceux qui risquent d’élever ces barrières, ce sont les capitalistes eux-mêmes. »
            Je laisse à d’autres le plaisir de lire la suite

          • Trés intéressant, Bernard. Donnez nous la suite. Je note pour ma part que les chefs auxquels vous vous etes heurté sont les mêmes que ceux rencontrés dans toutes les hiérarchies. Peut-on être chef sans devenir caractériel ? ou peut-on devenir chef sans devenir caractériel ? Il y en a, oui, mais peu.

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