Merci
Je tiens aussi à vous remercier toutes et tous, de me lire, de vos bonnes vibrations, de vos mots, de votre soutien, de votre compassion, de vos encouragements, de vos conseils, de votre amitié.
Je puise ici, auprès de vous, beaucoup de force.
Vous lire est assez bouleversement pour moi aussi, à chaque fois.
Vous écrire aussi.
Je tiens aussi à remercier la personne qui a retransmis mon précédent écrit à un officiel, car depuis j’ai été appelé par le commissariat de la ville où j’habite. Il m’a été demandé si j’étais d’accord pour une confrontation avec celle contre qui j’ai déposé plainte en septembre 2008 pour abus de confiance et vol de matériel informatique.
Le fait d’avoir été entendu ici et bientôt par la Police, c’est, c’est un très grand soulagement, le début d’une cicatrisation.
Merci Agoravox et merci vous..
Je vous écris de chez moi où je n’ai pas internet, et lorsque j’envoie mes textes je le fais d’un cyber-café ou de chez l’un de mes amis.
Car j’en ai, oui, et leur amitié se traduit comme vous par de l’écoute, des conseils, des sourires, des appels téléphoniques pour prendre de mes nouvelles, des repas chauds, des plans pour réparer avec les moyens du bord des ordinateurs et gagner ainsi quelques euros, un billet quand je n’ai plus rien, des nuits à l’abri du chaos l’hiver dernier après mon expulsion du centre d’hébergement de la ville, des jouets et des vêtements pour notre enfant, et puis de décembre 2008 à avril 2009, tous les jours de 7h30 à 16h30, un petit bureau aménagé de bric et de broc dans le salon d’une fée vivant tout en haut d’une tour bleue, ce qui m’a évité de mourir dans les journées de froid, de faim et de désespoir, c’est dans ce salon plein de paix que j’ai écrit « A mon fils ».
Hé la fée, si tu me lis, jamais je ne te remercierai assez pour tout ce que tu as fait.
Sans cette amitié, que toutes et tous m’ont exprimé de mille et une façons, je ne serais plus là aujourd’hui.
Quant à ma famille, seuls mes parents savent, ainsi qu’un frère, un petit peu, les autres membres s’interrogent mais rien ne leur a été dévoilé. Ce n’est pas facile d’avoir un fils qui a si échoué sa vie, ils m’aiment et souffrent et voudraient me sauver, mais ils savent bien qu’ils n’ont pas la solution.
C’est, bien sûr, celui qui vous écrit qui en détient une partie.
Tout d’abord, travailler, évidemment, et j’avais réussi à trouver un travail le 24 août dernier, un CDI à Alternative Post, la société qui a subitement cessé son activité en novembre, sans verser le salaire d’octobre à ses 360 employés.
Que l’on soit pourvu ou dénué d’intelligence, quand le sort s’acharne à ce point, c’est dur à vivre vous savez. Il ne nous reste plus alors qu’à faire face, bien sûr, et comme on peut, avec ce que nous avons, c’est à dire pas grand chose, ni matériellement, ni moralement.
Vous pouvez prendre le plus grand chêne que vous voulez, saisissez-vous d’une cognée, donnez avec tous les jours de petits coups sur le roi de la forêt, vous savez bien ce qui se passera à un moment donné, ce n’est qu’une question de temps.
C’est dans ce contexte que j’ai rédigé mon précédent courrier, un contexte du type « la goutte d’eau de trop ».
Ma compagne est à l’abri provisoirement, à l’autre bout de la ville, j’essaie de faire un repas par jour, mon moral remonte tout doucement.
Et le fait d’être avec vous m’aide beaucoup aussi, lorsque j’enlève pour poser ici tout se qui me pèse pour le partager avec vous.
Vous savez, je préférerais vous raconter de jolies choses et de bonnes nouvelles, et j’aspire au jour où je viendrai ici le cœur en fête pour vous dire que nos yeux ont enfin touché le ciel bleu.
L’autre partie de la solution est entre les mains de la Mairie, plus exactement de l’Office des HLM.
Une association essaie de défendre notre cause, mettant en avant le caractère exceptionnel de notre dossier, toutefois les élus de la Mairie répondent invariablement qu’il nous faut patienter, qu’ils veillent avec bienveillance sur notre dossier.
Nous n’avons pas grand chose à répondre à cela, qui plus est, avec notre profil de fracassés de la vie et après ce qui s’est passé entre le CCAS et moi l’hiver dernier, il est difficile de se prononcer sur leur réelle volonté de nous procurer cet appartement tant espéré.
Peut-être devrais-je écrire à toute les mairies du département pour faire une demande de logement (notre enfant est dans le département), envoyer « A mon fils » à Madame Carla Bruni, mettre une pétition en ligne à l’attention de Monsieur Le Maire, je ne sais pas ce qui pourrait être entrepris, ce que je pourrais entreprendre pour que nous ne nous retrouvions pas en mars prochain …
achevés.
Nous sommes le 22 novembre.
Décembre, janvier, février, 15 mars, toc toc toc, Police ouvrez.
Je sais bien que tout ce que je vous livre dépasse l’entendement, que notre réalité dépasse la fiction, à un point que certains d’entre vous en viennent à penser que notre cauchemar ne serait qu’un canular.
Ce serait rassurant pour notre société, pour notre démocratie, pour notre pays, que cela en soit un, je le comprends, mais voilà, ce n’en est pas un, c’est l’histoire de nos vies prises en tenaille dans un engrenage, celui d’une machine infernale qui s’est mise en route à un instant T, le 7 octobre 2001 et depuis nous sommes prisonniers de ses rouages.
Ce serait aussi rassurant de penser que je suis plus ou moins dénué d’intelligence, et que de fait sur l’échiquier de la vie puisque je n’aurais pas joué les bons coups il est normal finalement que je perdre la partie engagée.
Je n’ai pas inventé le fil à couper le beurre certes, je suis moins futé que l’Ulysse d’Homère, qui avec un cheval de bois mit fin à un siège de dix ans, toutefois mon périple ressemble à son Odyssée, au cours duquel il tomba de Charybde en Scylla, sur un Cyclope et des Sirènes, une Circé et j’en passe, et il lui a fallu dix ans pour retrouver les doux rivages d’Ithaque, et surtout, sa Pénélope et leur Télémaque.
Il n’était pourtant pas sot cet Ulysse à qui nous ressemblons toutes et tous, il a juste été emporté et balloté de gauche à droite, à un moment donné, par le tourbillon de la vie.
Nous sommes dimanche aujourd’hui, je vais aller jeter cette troisième bouteille à la mer et marcher un peu.
Merci à vous.
A bientôt.
zenethic
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