Mes chroniques italiennes 21
Alors que je constate avec consternation le machisme ambiant et le manque d'avancée du féminisme en Italie, je souhaite parler d'une grande dame, Nilde Iotti, heureusement mise au premier plan.
Nilde Iotti, née en 1920, était (et ce n'était pas courant alors, sachant qu'actuellement encore le nombre d'universitaires en Italie est bas) licenciée en Philosophie et Lettres. Née à Reggio Emilia, elle a fait partie de la Résistance. Dès la Libération, elle est devenue secrétaire de l'Union des Femmes italiennes et le 2 juin 1946, elle intégra l'Assemblée Constituante.
C'est là qu'elle a rencontré Palmiro Togliatti, de 27 ans son ainé, marié. Les conversations culturelles ont abouti à l'amour. Et maintenant encore, on parle de ce culot, démontré par cette femme, face à une relation "scandaleuse". A l'époque, en effet, une relation extra-conjugale est un délit. Néanmoins, tous deux ont décidé d'habiter ensemble. Ils eurent à assumer non seulement la réprobation de l'épouse de Togliatti, mais aussi celle de leur parti, le PCI. On tenta d'éloigner l'un en voulant l'expédier en Union Soviétique, les convictions politiques de l'autre furent remises en question. Ils ont adopté une fille, soeur cadette de six ouvriers tués lors de rixes avec les forces de l'ordre, à Modène, le 9 janvier 1950.
En 1948, Nilde Iotti fut élue à la Chambre des Députés. où elle poursuit sa lutte pour les femmes. Elle fut, en 1955, la première à signer une proposition de loi en faveur d'une pension et d'une assurance pour les femmes à la maison ; en 1974, elle prit la défense de la loi pour le divorce et, en 1978, elle se montra favorable à la loi sur l'avortement. En 1979, elle devint la première femme Présidente de la Chambre.
Depuis, une fondation porte son nom, orientée vers la culture et la politique. Elle a pour objectifs de souligner l'implication des femmes dans la société, d'insister sur les valeurs de liberté, de solidarité et de justice sociale. Et je constate que son travail, à poursuivre actuellement, reste de taille. Une dame, rencontrée hier, m'a raconté sa participation à une soirée destinées aux "mères constituantes", en réponse à l'éternelle expressionde "pères constituants". Elle me communiquait son regret de n'avoir pas rencontré de jeunes filles lors de cette réunion, démonstration d'une amère absence de confiance de la nécessité d'implication féminine dans le progrès social.
Les jeunes femmes italiennes auront-elles un sursaut pour poursuivre la défense de leurs droits élémentaires dans la lignée de Nilde Iotti, mais aussi de Rita Lévy-Montalcini, le prix Mobel de médecine, de Grazia Deledda, la seule Italienne à avoir reçu le Prix Nobel de littérature, de Tina Modotti, l'activiste, de Tina Anselmi, la première femme italienne ministre, de Margherita Hack, l'astrophysicienne, d'Augusta Bassi, l'avocat de la défense des femmes, de la superbe Anna Magnani ?
Françoise Beck
Sources : www.fondazionenildeiotti.it ; https://dilei.it
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