Messieurs les candidats à l’élection Présidentielle

Il m’aura fallu un long temps de réflexion, pour juger du bien-fondé de ma démarche, en me posant les questions, est-ce raisonnable et, ne vais-je pas m’attirer les foudres de ceux à qui est destinée cette lettre ?
Peu m’importe, mon fardeau est surement plus lourd que le vôtre, et que perdre à me vouloir me faire entendre !
Veuillez m’excuser, d’avoir omis l’essentielle présentation, mais je ne la jugeais pas forcément de circonstance, pensant appartenir à une tranche de la population très anonyme et silencieuse encore (au dernier décompte environ 9 millions source INSEE). Par correction donc, après avoir entamé ma cinquante-huitième année, dont les quatre dernières, à obstinément rechercher un emploi, obstiné lui à me fuir (est-ce l’âge ?), avec un arrêt maladie de seize mois (présument dû à mes emplois précédents), je survis et vous l’écris...
Ma situation, importante à mes yeux, à mon sourire s’enfuyant, et à mon ennui s’épaississant, ne pourrait être à elle seule le reflet de ma démarche. Non.
Car finalement, me noyer dans la masse d’insatisfaits incompris et inaudibles me convient, et essayer de dire ce qui est ressenti, vécu, subi, suite à vos politiques, à vos choix, par plusieurs milliers de gens me va encore plus.
Faire un calcul, certainement aléatoire des trois tiers (peut-être une référence historique et une date chère à la France – 1789), semble s’imposer à mes pensées.
Le premier tiers est la jeunesse de France, toute inquiétée à son avenir, pour certain c’est déjà compromis, voire irréaliste. L’emploi fait force d’absence, vous tous en parlez, mais personne durant ces trente dernières années n’a anticipé, juste seulement mentionner le désastre dans cette population reléguée en second plan, parfois à élever le ton pour faire diversion et mettre en accusation, l’un l’éducation, l’autre l’économie, ou encore le pas de « bol ».
Le second tiers, celui des mieux lotis, qui travaille à loisir encore, de consommer et payer taxes et impôts, s’accrochant parfois sans joie ni motivation à son travail, à son poste, soumis aux tracas, des impératifs économiques, de rendement, ou de concurrence… Un tiers qui s’affaiblit et sent la dureté de l’exploit de rester en place, quand tout est facilité au basculement.
Le troisième tiers, le moins bruyant, le plus démoralisé, le plus déglingué et tout autant ignoré, celui qui une fois la cinquantaine passée doit souvent faire silence, jusqu’au dernier souffle à atteindre quelques mois de retraite en récompense.
Mais quand tout déraille, là tout devient vraiment compliqué !
Un licenciement ou une impossibilité à trouver un emploi, un divorce, une maladie, un décès, une retraite petite ou de réversion, une épreuve ou parfois plusieurs, font que notre mort sociale s’effectue plus vite et sans commune mesure par rapport à notre laborieuse ascension sociale. Dire mort n’est pas usurpé, car souvent le désespoir guette et œuvre, il suffit de lire l’actualité, dans les entreprises, dans les services publics...
Pourquoi ? Simplement, que les oubliés qui nourrissent les statistiques susurrées à vos oreilles, sont présents, à tenter chaque jour que le mois soit fait de survie, à ne pas creuser au plus profond de leur déchéance, sinon échéance. Tout ceci me dérange.
Nous connaissons, les grandes vagues migratoires entassées à « Calais », pendant un temps. Ce qui m’amène à dire que malheureusement, il y a un nombre grandissant, formant une vague connue et identifiée, à qui on refuse le simple droit de vie, sur notre territoire. Souhaitez-vous voir cette vague émigrer et pour quel rivage ?
Cette vague, j’ai le sentiment de lui appartenir. Il est très dur, abandonné aux statistiques, de nager à contre-courant. Surtout que nager exprime bien le combat, face aux incompréhensions du système censé vous aider, voire vous protéger, c’est un droit son nom « les droits de l’homme » (article 1 – 3 - 22 - 25 rien n’empêche la lecture de l’entière déclaration). A voir la pauvreté des moyens dont sont affublés les différents organismes d’état, du peu de reconnaissance des entrepreneurs, parfois on se laisse couler. Face à ces fonctionnaires conciliants bien souvent, on peut comprendre leur faiblesse à ne pas savoir ou pouvoir aider.
Pendant ce temps-là, vous les élus du peuple, enorgueillis de vos responsabilités, anoblis par le pour voir du peuple, sur votre piédestal, où êtes-vous, que faites-vous ? A part faire des discours moralisateurs, des discours du bien-pensant, êtes-vous venus nous voir, êtes-vous venus partager un moment de notre galère ? Sortez vos agendas, et bloquez une date à partir du quinze (ce n’est pas une boutade), pour descendre sur notre terre, dans notre réalité !
En ce moment, chacun de vous, êtes à calculer pour qui se vendre, afin de pouvoir continuer l’air de rien à becqueter aux frais de la nation, sur le dos du citoyen et des indigents. Sachez là maintenant, que de droite à gauche, de gauche à droite, vous mettre dans le même panier, m’est simplifié. Aux extrême règne la terreur du lendemain, au milieu rien sinon l’insignifiance du pouvoir, quel choix avons-nous par convenance, d’attacher un espoir à vos revers comme une médaille d’honneur ?
Et pourtant il en faudra bien un, mais pour qui croyez-vous que les cloches vont sonner ?
Voulez-vous, parce que sans intérêt, oublier cette population, ou voulez-vous y pencher votre regard sans avoir la peur de la réalité ? Ne Soyez pas simplement convaincant dans vos discours, mais agissez avant que trop tard, tout éclate, car c’est le chemin qui mène aux désastres.
Je vous mets au défi, après lecture, de vous entendre, mais surtout œuvrer pour un changement. Rendre réponse à cette colère, serait déjà un sursaut d’écoute de votre part, peut-être à défaut de mise en garde, un commencement à la réflexion pour entendre la voix des Français.
Et supposant entendre les ronchons bien portants à la lecture de cette lettre, agresser l’idée que cela puisse exister, contentez-vous, pendant que vous le pouvez, de votre vie, si vous n’enviez pas la nôtre.
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