Meurtre à crédit
Deux faits considérés comme parfaitement indépendants varient cependant concomitamment depuis la seconde guerre mondiale : la dette publique et le taux d’obésité. C’est le cas dans tous les pays dits riches mais plus particulièrement aux États-Unis.
Aux Etats-Unis de nos jours, 40% des femmes et 35% des hommes sont obèses et la proportion ne fait que croître avec le temps. Un homme mesurant 1,70m sera considéré comme obèse si son poids excède 86Kg.. L’obésité a des répercussions sévères sur la santé : risques de diabète, de maladies cardiaques, de maladies respiratoires, d’accidents vasculaires cérébraux, de certains cancers. Les pays sont diversement touchés, L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime à 1,3 milliard le nombre d’adultes en surpoids dans le monde et à 600 millions le nombre d’obèses. L’obésité est aujourd’hui une des causes principales de décès dans le monde.
Une personne obèse perd de l’ordre de 10 ans d’espérance de vie et les personnes en surpoids 3 ans. L’espérance de vie des Américains à la naissance est passée de 78,8 ans en 2019 à 77 ans en 2020, soit près de deux ans de moins. Cette chute brutale est inédite depuis 75 ans. Elle a été attribuée au Covid-19. Mais il existe une comorbidité entre le virus, l’obésité et le grand âge. Les diverses populations américaines sont très diversement touchées : la population noire a perdu 2,7 ans d’espérance de vie au cours des six premiers mois de 2020 tandis que la population hispanique a elle perdu 1,9 an, la population blanche 0,8 an. Le milieu social intervient également très significativement : les démunis sont beaucoup plus touchés par l’obésité et la sensibilité au Covid-10 que les autres.
Bien avant l’épisode viral, les USA présentaient une espérance de vie (H-F) en déclin et relativement faible par rapport aux autres pays : France 82,4 Cuba 79,1 USA 78,1. Ceci a été expliqué par une augmentation continue du nombre d’obèses qui commence clairement au début des années 1970.
Les années 1970 ont de fait connues une révolution socio-économique afin de trouver une solution à une croissance faible et à une inflation forte au sein des pays occidentaux, notamment à cause des chocs pétroliers de 1973 et 1979. Les secteurs productifs ont été délégués aux pays asiatiques (pour l’essentiel), les USA se basant sur le monde de la finance pour continuer à régenter le monde. Le réel se trouvait dorénavant loin des pays occidentaux qui s’enfoncèrent peu à peu dans un monde virtuel fabriqué par une infime minorité.
Les conséquences ne furent pas seulement économiques : les relations sociales furent très profondément affectées. Il est possible en simplifiant de séparer toute société entre possédants et sujets, la révolution néo-libérale va permettre aux premiers de s’ébattre dans le monde entier, les seconds devenus partout inutiles resteront confinés dans leur patrie.
Les maîtres et les esclaves si ils formaient des castes distinctes et peu poreuses travaillaient depuis toujours ensemble les uns sous les yeux des autres, et certains en souffraient. Ce ne fut plus le cas à partir des années 1970. Des nababs régnants sans partage sur des populations dénuées de tout se chargeraient, dans des contrées lointaines, de mettre au pas les multitudes nécessaires au bien être d’une élite auto-proclamée qui s’évitait ainsi le désagrément de voir des hommes et des femmes s’échiner pour leur complaire. La sécession des élites permit de surmonter la réticence de beaucoup à voir souffrir ses assujettis, sentiment au coeur de la religion chrétienne.
Les ‘gens-qui-ne-sont-rien’ n’étaient même plus des sources de profit seulement une populace qu’il fallait amadouer pour qu’une certaine respectabilité subsiste lors de votations dites démocratiques mais qui ne débattaient jamais des enjeux essentiels. À cet égard l’élite sécessionniste eut le talent de savoir s’allier journalistes, chroniqueurs, pseudo-intellectuels pour souligner les insuffisances d’une classe populaire dénuée de culture et en proie à ses instincts. Le cataclysme passa inaperçu car les pures consommateurs qu’ils étaient devenus ne ressentirent pas que ce qu’ils mangeaient devenait immangeable, ce qu’ils buvaient devenait imbuvable, ce qu’ils croyaient se diluait dans la mer des sarcasmes et du mépris des bien-pensants.
La mal-bouffe pire que ce qu’elle était déjà s’installa partout. Au début des années 1970 les barrières douanières furent abaissées, ce qui provoqua une forte augmentation de la production de maïs et de soja, le sucre fut remplacé par du sirop de maïs et le graisses traditionnelles par de l’huile de palme. Les industriels commercialisèrent de plus en pus des plats cuisinés bon marché. Dans les années 1980, regarder la télévision devient le loisir prédominant. Pour des raisons budgétaires, les écoles ne proposent plus de cours de sport.
Mais ce qui affecta le plus les peuples des pays occidentaux fut l’organisation systématique de la mendicité d’État.
Pour distribuer une aumône avec un argent que l’on a pas il faut vivre à crédit. La maîtrise des leviers financiers aide considérablement pour ce faire. Dès le milieu des années 1970 la dette publique des USA va augmenter, elle ne cessera pas de le faire jusqu’à nos jours. L’argent ‘virtuel’ ainsi collecté ne sert que très marginalement à investir pour l’avenir, pour l’essentiel il est distribué pour se prémunir de secousses sociales trop violentes. Dans le cas de la France, mieux documenté que celui des USA, les dépenses sociales représentent environ 30% du PIB. Les autres pays montrent une tendance identique. Depuis la fin des années 1950, les dépenses de protection sociale ont fortement progressé, passant de 14,3% du PIB en 1959 à 24,5% en 1981, puis à 29,6% en 2006 et à plus de 30% depuis 2010.
Il est de notoriété publique, il suffit de regarder autour de soi pour s’en convaincre, que bénéficier d’une aumône sous quelque forme que ce soit, conduit au pire. C’est pourtant ce que les pays démocratiques ont systématiquement organisé depuis le tournant dit néo-libéral (qui n’est ni nouveau, ni libéral). La désespérance conduit souvent à la boulimie, la boulimie affecte gravement la santé... surtout en cas d’attaque virale.
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