Mgr von Galen contre Hitler : le combat courageux d’un évêque pour la vie
Au cœur des sombres années du régime nazi, une lutte courageuse s'est tenue contre l'une des politiques les plus inhumaines de l'époque : l'euthanasie des personnes handicapées, orchestrée dans le cadre du programme Aktion T4. Ce programme, qui visait à éliminer les individus jugés "indésirables" en raison de leur handicap physique ou mental, a suscité une résistance de la part de certains membres du clergé. Parmi eux, Mgr Clemens August von Galen, évêque de Münster, s'est distingué par son opposition farouche à cette pratique eugéniste cruelle.
Le contexte historique de l'Aktion T4
Pour comprendre l'impact de l'action de Mgr Clemens August von Galen, évêque de Münster, il est essentiel de situer le programme Aktion T4 dans son contexte historique. Initié en 1939, ce programme visait à éliminer les personnes considérées comme "non viables" ou "indésirables" par le régime nazi. Les victimes comprenaient des personnes atteintes de handicaps physiques et mentaux, ainsi que des personnes atteintes de maladies chroniques. Le nom "Aktion T4" provient de l'adresse du bureau principal à Berlin, situé au numéro 4 de la Tiergartenstraße.
Le programme s'inscrivait dans une idéologie eugéniste qui prônait la pureté raciale et la santé de la population allemande. Les nazis considéraient que les personnes handicapées constituaient un fardeau pour la société et l'économie. Ainsi, plus de 70 000 personnes, allemandes et autrichiennes, furent envoyées dans des établissements psychiatriques, transformés en centres d'euthanasie, où elles furent exterminées par des méthodes variées et brutales, allant de l'injection létale à l'utilisation de chambres à gaz. Ce processus a été mené dans le secret le plus total, mais des rumeurs ont commencé à circuler, suscitant l'indignation de certains membres de la société allemande.
Mgr von Galen : un homme de foi et de courage
Clemens August von Galen est né en 1878 dans une famille noble en Westphalie. Après avoir été ordonné prêtre en 1904, il gravit rapidement les échelons de l'Église catholique, devenant évêque de Münster en 1933. Dès le début de son épiscopat, il se montre préoccupé par les dérives du régime nazi, notamment en ce qui concerne la persécution des juifs et des minorités. En 1937, il participe à la rédaction de l'encyclique anti-nazie de Pie XI, "Mit brennender Sorge". Cependant, c'est sa prise de position contre l'Aktion T4 qui le rendra célèbre.
En 1941, Mgr von Galen prononce une série de sermons dans lesquels il dénonce ouvertement le programme d'euthanasie. Dans ces discours, il affirme que la vie humaine est sacrée, quel que soit l'état de santé ou le handicap de l'individu. Il rappelle que seul Dieu a le droit de décider de la vie et de la mort. Ses sermons, diffusés largement, touchent un large public et provoquent une onde de choc au sein de la population allemande.
Les sermons de la résistance à la barbarie
Les sermons de Mgr von Galen, surnommé "le Lion de Münster", prononcés dans la cathédrale Saint-Paul de Münster, sont devenus des documents historiques emblématiques de la résistance morale face à l'injustice. Dans son premier sermon, il dénonce les assassinats de personnes handicapées en affirmant que "le droit à la vie est un droit inaliénable". Il appelle les fidèles à s'opposer à cette politique d'extermination, surnommée "la mort miséricordieuse" par les responsables nazis, soulignant que la dignité humaine ne peut être remise en question, peu importe les circonstances.
Ces sermons ne se limitent pas à une simple dénonciation des actes d'euthanasie. Ils s'inscrivent dans une critique plus large du régime nazi et de ses idéologies. Mgr von Galen évoque également la persécution des juifs et la déshumanisation des opposants politiques. En reliant ces différentes injustices, il parvient à créer un discours cohérent qui interpelle la conscience collective de son époque.
L'impact de ses actions
L'impact des sermons de Mgr von Galen est difficile à mesurer précisément, mais il est indéniable qu'ils ont largement contribué à éveiller les consciences. De nombreux catholiques, ainsi que des personnes d'autres confessions, ont été touchés par ses paroles. Son courage a inspiré d'autres membres du clergé à prendre position contre l'Aktion T4, et certains ont même perdu leur vie, après avoir été torturés, pour protéger les personnes handicapées.
En réponse à la pression croissante de l'opinion publique, Adolf Hitler a été contraint de suspendre le programme Aktion T4, le 24 août 1941. Bien que cela ne signifie pas la fin des persécutions, cette suspension a été en partie attribuée à la résistance morale incarnée par Mgr von Galen. Son action a permis de mettre en lumière les atrocités commises par le régime et a ouvert la voie à une réflexion plus large sur la dignité humaine et les droits des personnes vulnérables.
Le 18 février 1946, en reconnaissance de son courage face au nazisme, Mgr von Galen fut élevé au rang de cardinal par Pie XII. Il décéda quelques semaines plus tard, le 22 mars 1946, à l’âge de 68 ans. En 2005, il est béatifié par le pape Benoît XVI. Il repose dans l'une des chapelles de la cathédrale Saint-Paul de Münster.
21 réactions à cet article
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Merci
D’ailleurs je me demande si le camion sur une photo n’en est pas un
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@Lonzine
excuses, le lien ne fonctionne pas.... -
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@Lonzine
Merci pour votre lien. Effectivement, il me semble qu’il s’agit d’un camion qui était utilisé pour gazer les personnes handicapées. Cette photo est terrifiante et glace le sang.
Dans les centres d’euthanasie, il y avait également des camions qui se plaçaient devant une chambre à gaz munie d’une ouverture pour laisser entrer le monoxyde de carbone et ainsi asphyxier, dans de terribles souffrances, les malades qui étaient à l’intérieur. D’autres procédés, basés sur le même principe, étaient utilisés.
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@Giuseppe di Bella di Santa Sofia
’’ laisser entrer le monoxyde de carbone et ainsi asphyxier, dans de terribles souffrances, les malades qui étaient à l’intérieur.’’
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Terribles souffrance ? Je croyais que le monoxyde d’azote était dangereux par le fait que les gens ne se rendaient pas compte qu’ils en respiraient, et en mouraient (souvent dans leur sommeil). C’était du moins ce qui se disait du temps où l’on se chauffait avec des poêles à charbon ou à bois.
De même les personnes qui se suicident avec ce gaz, je suppose, ne choisiraient pas un moyen si douloureux pour en finir.
nb. Ce qui n’exonère pas les bourreaux. -
@Francis, agnotologue
La mort n’est-elle pas une souffrance ? Le monoxyde de carbone est un gaz inodore et incolore. Mais de nombreuses personnes pouvaient éprouver des sensations de brûlure ou d’étouffement avant de perdre connaissance, sans oublier les premiers symptômes qui incluaient des maux de tête, des vertiges, des nausées et une confusion mentale. De plus la concentration de monoxyde de carbone était beaucoup plus importante que celle qu’on peut recontrer lors d’accidents domestiques.
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@Giuseppe di Bella di Santa Sofia
je suis d’accord. -
L’intention fut bonne.. Mais je doute que l’efficacité ait été réelle face à un Hitler.. A la vue de l’ampleur des dégâts à la fin de la guerre.. On peut continuer à faire, cachées, des tueries que l’on ne peut plus faire au sein d’un programme.. Mais surtout ceci ne doit pas masquer le rôle plus qu’ambigu joué par pie XII pendant et après la guerre.. Il a commencé à organiser le recyclage des cadres nazis en argentine notamment, avec l’aide de la croix rouge.. Dès 1942..
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@Rinbeau
Effectivement, l’intention était louable. Mais Hitler à surtout agi par pragmatisme car l’Aktion T4 avait presque atteint son objectif final. Il ne restait que quelques milliers de personnables handicapées « incurables » à éliminer. Mais, au moins, elles ont été sauvées.
Le pape Pie XII a joué un rôle qui a souvent été critiqué, c’est vrai. Mais il est, malgré tout, à l’oriigine du sauvetage de la vie de dizaines de milliers de personnes.
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@Giuseppe di Bella di Santa Sofia
Mais il est, malgré tout, à l’oriigine du sauvetage de la vie de dizaines de milliers de personnes.
Rien est moins sur.. C’est actuellement sujet à controverse !
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Il serait aussi très intéressant de se pencher sur le cas d’un certain Pacelli plus connu sous le surnom de Pidouze et dont le procès en béatification traîne depuis 1965.
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@Seth
J’en ai parlé ici. Alors, on ne lit pas tous les articles de son auteur préféré ?
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@Giuseppe di Bella di Santa Sofia
J’avais raté, pardonnez moi... mais il semblerait que votre présentation du gonze soit... disons « très nuancée ».
Mais bon, ce n’est pas le sujet ici.
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@Seth
Oui, je pense que l’histoire a été injuste avec Pie XII ; De plus, je suis protestant donc on ne peut pas m’accuser de vouloir le défendre pour des raisons religieuses. Et cela fait plus de 40 ans que je le pense.
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On ne trouve pas mention s’il a eu des réactions à l’encontre des rafles de juifs et des camps de concentration/extermination.
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(mon commentaire ci dessus porte sur des réactions postérieures à 1941, lorsque le génocide a été systématisé)
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@Eric F
A ma connaissance, il n’y a eu qu’une seule réaction de la population contre la déportation des juifs, aux Pays-Bas, les 25 et 26 février 1941.
Si la population allemande (et autrichienne) a manifesté son mécontentement contre l’assassinat des handicapés, c’est qu’il y a une autre raison importante : il s’agissait d’enfants de Dieu car ils étaient baptisés. Il n’y a pas eu de réaction contre la déportation des juifs et des Tsiganes, par contre.
Il faudra attendre la libération des camps de la mort, à la fin de la guerre, pour que l’opinion publique soit informée de l’extermination systématique des juifs. et des Tsiganes.
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@Giuseppe di Bella di Santa Sofia
’’Il faudra attendre la libération des camps de la mort, à la fin de la guerre, pour que l’opinion publique soit informée de l’extermination systématique des juifs. et des Tsiganes’’
Tout le monde connaissait les rafles et l’internement dans des camps, et chacun pressentait qu’il y avait généralement une issue fatale, même s’ils pensaient que c’était d’épuisement (j’en ai parlé avec des ascendants). C’est le caractère systématique et les moyens utilisés qui ont été connus ensuite.
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@Eric F
Oui, tout le monde connaissait les rafles et l’internement dans des camps. Les nazis prétendaient que les juifs allaient vivre heureux dans des territoires conquis à l’Est. Mais personne n’était dupe. Il suffisait de voir passer les trains avec des wagons à bestiaux remplis de déportés pour se rendre compte que les intentions des nazis étaient loin d’être bienveillantes. Il y avait des rumeurs qui circulaient sur l’extermination des juifs mais personne ne voulait y croire, pas même les juifs eux-mêmes.
Effecivement, c’est avec la libération des camps que l’opinion publique a pris connaissance de l’horreur de l’extermination systématique et industrielle organisée par les nazis.
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Le NOM et son suicide assisté (programme en cours au moins dans angleterre et France) a donc rien inventé.
-aide à mourir etc-
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@madiran
Vous oubliez quelque chose de très important : l’euthanasie (aide active à mourir) et le suicide assisté concerne les personnes consentantes.
De plus, cela ne vous choque pas que des handicapés physiques et mentaux aient été exterminés dans des chambres à gaz, dans d’atroces conditions ? Dans ce cas, il s’agit d’assassinats ignobles. Aucun rapport avec l’aide active à mourir (euthanasie) et le suicide assisté que vous évoquez.
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