Michel Onfray vs Robespierre et Chavez ou l’audace du grand penseur
Notre époque ne manque décidément pas de puissants philosophes. Entre un Sollers, un Minc, un Attali, un BHL et, glorieux parmi tous, un Michel Onfray, notre pays a de quoi se féliciter de tenir en son sein d'aussi remarquables plumitifs experts en à peu près tout (mais pour combien de temps car l'exemple des grands capitaines d'industrie de la nation pourrait leur donner d'autres idées moins directement révolutionnaires) ?
On se souvient d'un Phillipe Sollers parlant au sujet de la France - qui ne voulait pas aller combattre au côté des USA pour sauver le monde des Armes de Destruction Massive détenus comme aucun rapport ne le disait par Saddam Hussein - de "France Rance", "sans couilles", paroles certes un peu rudes et viriles mais dont on mesure aujourd'hui toute l'intelligence prophétique. On se rappelle comment Alain Minc et Jacques Attali parvinrent à se faire passer pour de grands penseurs de la crise de 2008 dont ils avaient jusqu'alors promu toutes les recettes néo-libérales (ils ne sont cependant pas les seuls à avoir manifesté autant de capacité à faire oublier des écrits antérieurs sur le sujet légèrement compromettants). On n'a pas oublié BHL sur les chars israéliens défendant auprès d'un public français rétif et facilement antisémite la moralité superbe des soldats de Tsahal balançant du phosphore blanc sur les gazaouites. C'était sans compter, après toutes ces preuves que le siècle des Lumières français avait encore de sérieux restes, sur la lucidité d'un Michel Onfray, grand défenseur de l'université populaire à destination des masses nécessairement incultes.
Car Michel Onfray ne fait pas qu'enseigner aux pauvres, il leur indique aussi quelles figures honnies ils ne doivent surtout pas sacraliser. Le miséreux, pour Onfray, est un débile de base, à qui il pourrait venir l'idée de trouver l'oeuvre d'un Robespierre ou d'un Chavez moins dégueulasse que ce qu'on en dit généralement parmi les honnêtes gens. Il manquerait plus aussi qu'il reprenne au gueux l'idée de faire des barricades pour se défendre contre une bourgeoisie qui, pour ne pas forcément toujours bien se tenir, pour confondre Liberté Egalité Fraternité avec Aliénation Cupidité Rapacité, n'en est pas moins l'élite du pays. Si c'est pour remettre la guillotine et la Terreur à l'ordre du jour, nous dit Onfray, ce sera sans moi ! Car notre aimable penseur sait bien que les bonnes révolutions, les vraies révolutions, se font avec des fleurs et la CIA. Dans notre époque bénie, quelle autre solution pour renverser un gouvernement ? Pour Onfray, qui n'hésite pas à s'attaquer aux plus grandes figures révolutionnaires et qui ne semble pas exactement savoir ce que furent les thermidoriens, il ne saurait être question de soutenir aujourd'hui un Robespierre ou un Saint-Just, dont l'historien Furet a pu démontrer force arguments incontestables combien ils étaient les précurseurs de Hitler ou Staline. Que l'on jette d'ailleurs un coup d'oeil (mais alors seulement un coup d'oeil) sur les oeuvres de ces génocidaires en puissance et l'on sera très vite fixé :
"L'humanité, la justice, la morale : voilà la politique, voilà la sagesse des législateurs. Tout le reste n'est que préjugés, ignorance, intrigue, mauvaise foi. Partisans de ces funestes systèmes, cessez de calomnier le peuple et de blasphémer contre votre souverain, en le représentant sans cesse indigne de ses droits, méchant, barbare, corrompu ; c'est vous qui êtes injustes et corrompus ; ce sont les castes fortunées auxquelles vous voulez transférer sa puissance. C'est le peuple qui est bon, patient, généreux ; notre révolution, les crimes de ses ennemis l'attestent : mille traits récents et héroïques, qui ne sont chez lui que naturels, en déposent. Le peuple ne demande que tranquilité, justice, que le droit de vivre ; les hommes puissants, les riches sont affamés de distinctions, de trésors, de voluptés. L'intérêt, le voeu du peuple est celui de la nature, de l'humanité ; c'est l'intérêt général." (Robespierre, Pour le bonheur et pour la liberté)
Qui pour ne pas voir dans ces propos démagogiques, tel un Furet ou un Onfray, la perspective certaine des goulags et des camps d'extermination nazis ? Comment ne pas deviner derrière les paroles douceureuses, cauteleuses devrait-on dire, du tyran terroriste Robespierre, l'avénement des dictatures populistes du vingtième siècle ?
Mais Michel Onfray ne s'arrête pas là. Car c'est la grandeur du penseur moderne de dénoncer, là où ils pensent pouvoir se cacher, les héritiers de l'infâme et soi-disant "incorruptible". Qui sinon pour empêcher le peuple français facilement influençable (cf. 2005 et son vote de gros beauf) d'éprouver les fascinations les plus funestes pour le pire autocrate de notre temps ? Qui pour dénoncer la tyrannie d'un Chavez qui peu à peu prive le peuple vénézuelien de toute sa vitalité et de toute sa liberté ? Ne voit-on pas, par hélicoptères entiers, débarquer en Floride des milliers de ressortissants du Venezuela, à qui ils n'est soudain plus possible d'acheter un troisième SUV, d'aller au golf en 4x4 avec pare-buffle et, pour les médecins, de refuser d'aller soigner dans des bidonvilles infestés de virus les vilains ? N'éprouve-t-on aucune pitié pour ces paysans latifundistes à qui on a retiré les cinq ou six mille hectares qu'ils possédaient pour les redistribuer à des feignants alcooliques incompétents ?
Il est heureux, dans l'unanimité qui a caractérisé ces derniers jours nos médias de toute évidence à la solde des castristes - osant prétendre que l'élection du singe pro-palestinien (antisémite quoi) Hugo Chavez était autre chose qu'une vaste magouille -, qu'un penseur comme Michel Onfray se soit courageusement levé contre l'orthodoxie et les idées reçues, avançant sans preuve (mais on aurait tout de même du culot de demander à un cerveau aussi bien formé de s'enquiquiner pour ce genre de formes) que le scrutin présidentiel au Venezuela serait de toute façon une mascarade sans nom. Car, et c'est notre puissant penseur qui parle, comment imaginer que, dans une démocratie qui se respecte (et par exemple les USA où le duel Romney-Obama promet au moins de respecter les régles de base de l'exercice), il vienne soudain au peuple l'idée de voter pour celui qui a osé le sortir de son inalphabétisme (congénital) et de sa pauvreté (héréditaire) ?
Merci ! Merci Monsieur Onfray ! Vous êtes aujourd'hui à la pointe des grands combats de notre temps ! Puissions-nous espérer que grâce à vous notre glorieux peuple saura reconnaître dans les grandes avancées actuelles de notre glorieuse et sainte union européenne le summum de l'idéal démocratique, lorsqu'à une petite élite non-élue mais formée dans les plus grandes écoles et les meilleurs banques il revient de décider du destin de tous. Monsieur, il ne fait aucun doute qu'outre la légion d'honneur, le Panthéon vous est promis.
N.B : Un de nos précieux confrères a eu la bonne idée de garder un témoignage des propos sur le Venezuela pleins de lucidité de notre brave Michel. Pour ceux qui auraient manqué ça, c'est ici. (Contre toute apparence il ne semble pas s'agir d'un gag.)
On évitera par contre d'aller voir cette vidéo, visiblement envoyée directement de Cuba.
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