« Mieux vaut un projet sans candidat qu’une foultitude de candidats sans projet »
Et si d'une certaine manière, ils avaient déjà une idée du programme, faute d'avoir le candidat qui va avec ?
Pourquoi ? Parce qu'il y a toujours une goutte pour faire déborder le vase et la coupe était pleine avant qu'El Khomri et Valls ne la fasse déborder.
"Il n'y a pas d'alternative crédible à gauche. Il y a une alternative de droite qui existe, et si je ne suis pas... si la gauche n'est pas reconduite, ce sera la droite qui l'emportera ou l'extrême droite."
Donc à part Hollande, il n’y a à gauche aucune place pour une offre alternative. Non seulement il y a une place pour une offre politique alternative mais elle lui impose de rentrer dans l’Histoire par la porte de sortie.
Les germes d’une explosion électorale, à défaut d’être sociale sont bien présents.
L’infortune des français est devenue insupportable
Le fondement de la prochaine mandature, c'est la reconstruction d’un socle social au terme de 30 ans de dégradation. Tous les régimes qui se sont succédés jusqu’au dernier, celui du gouvernement Valls, sont restés en échec sur l’essentiel, le niveau de vie de la population française dans un contexte de mondialisation. De quoi s’agit-il ?
Les élites mentent, la gauche gouvernementale et la droite réactionnaire aussi
La tension sociale est bien réelle et elle tend vers la rupture, même si nos élites brouillent l'image en minimisant la participation aux dernières manifestations en réduisant le mécontentement général à un attroupement de cancres lycéens et de syndicalistes survivant à ce début de 21e siècle. En fait, de pourrissement en pourrissement, Il est même envisageable qu’un jour les banlieues rejoignent les classes moyennes dégradées. Il n' y a plus de marge de résistance, les conditions sont constituées pour "brutaliser" l'ordre établi car les injustices, de plus en plus criantes, et l’appropriation du pouvoir par les privilégiés contiennent les germes de ce décrochage définitif de l’opinion publique.
Et c’est bien la question sociale que tous les candidats à la présidentielle, plus ou moins « corrompus » par le système ne souhaitent pas poser pour ne pas avoir à y répondre. Ils ont tort car c’est là-dessus que l’opinion des français est en train de se former. C’est l’ultime débat pour une ultime chance d'aboutir dont toute la classe politique réactionnaire veut faire l’économie.
Les questions qui mobiliseraient les français seront évacuées sans une alternative de gauche
Voici quelques raisons de prendre au piège tous les candidats déclarés, tous ligués contre l’émergence d’une candidature alternative de grand rassemblement.
1. Le « reste à vivre » des français en 2016, c’est souvent la misère en travaillant ;
Depuis le passage à l’euro, malgré la persistance d’un discours officiel, les 15 ans échus se soldent par une catastrophe pour le pouvoir d’achat.
- D’abord les prix de l’alimentaire qui deviennent alarmants ;
Les marges indécentes du commerce capitalistique conjuguées avec la spéculation sur le cours des matières premières font de ce marché une zone de manipulation financière constante. Depuis le passage à l'Euro, les prix des produits de base ont doublé, au bénéfice des entreprises de la grande distribution.
- La spéculation immobilière ;
On remarque que depuis 2000, l’écart se creuse très fortement entre pouvoir d’achat et la capacité d’acquisition. Ce n’est pas très compliqué à comprendre : avec des salaires qui n’ont évidemment pas été alignés sur la spéculation immobilière, la capacité de financement des ménages moyens est trop faible pour accéder à la propriété. C’est particulièrement vrai pour les jeunes déjà précarisés par le chômage. Ils sont de plus en plus nombreux à avoir fait totalement le deuil de ce projet.
Un exemple honteux :
L’augmentation du prix des loyers à Paris de 1999 à 2009 était de l’ordre de 85 %. Je n’ai pas eu accès aux dernières données. Les prix des loyers ont quasiment doublé sur cette période.
Loyers, alimentation et transports représentent additionnés 65 % du budget global de dépenses d’un ménage moyen. La réalité est que « le reste à vivre » entre des prix qui augmentent, des salaires et des pensions de retraite qui stagnent, la population commence à comprendre que les migrants n’y sont pour pas grand-chose et que l’obsession identitaire pour l’occident chrétien, même si c’est une référence essentielle, ne changera rien au fait que le Peuple ne profite jamais de la croissance ni des fantastiques profits des multinationales. L’ordre capitaliste les écarte d’un rôle majeur.
2. « Ça va mieux »
« Ça va mieux » mais inexorablement, les salaires et les retraites d’une majorité de français sont devenus à peine suffisants pour vivre. Des millions de français auxquels le droit à l’expression a été confisqué sont en mode « survie » En 2000, la catégorie des français très vulnérables était celle des chômeurs. L’ordre économique nouveau a étendu cette catégorie au travailleur qui est devenu avec un salaire, un pauvre ! Et ça sent le « roussi » du côté de la classe moyenne. 43 % des français ne partiront pas cet été en vacances alors qu’une minorité va y consacrer des budgets de plus en plus importants. La pratique des loisirs nautiques ou aquatiques en été ou l’activité du ski ou du surf en hiver n’est ni une norme commune ni une règle sociale universelle, accessible à tous.
Poursuivons sur les différences de traitement entre ceux qui ont le pouvoir et ceux qui le subissent :
3. Deux catégories de français qui pourraient bien se retrouver dans une lutte des classes inattendue : les salariés et les dirigeants d’entreprise… La fracture est abyssale !
Si l’écart entre les salaires est devenu inquiétant entre la base et les valets du patron, c’est carrément sidéral entre les salariés et les dirigeants. Plus grave, lorsqu’ un salarié commet une erreur, il est viré ! Il est même sorti sans faire de faute. L’ignominie tient au fait et c’est tellement vrai qu’ Hollande a menacé de légiférer, que ces dirigeants sont souvent ceux qui ont ruiné leur entreprise avant de la quitter avec une retraite chapeau et s‘être augmentés jusqu’à 300% de plus par an ! Et ça n’est pas une nouveauté. N’oublions pas l’affaire Messier qui a quitté Vivendi avec 27600 fois les indemnités de chômage d’un smicard… le processus prolifère.
Comment le Peuple peut-il continuer à supporter que le salaire d’un PDG de grande entreprise corresponde… à 175 ans de travail salarié ? Je fais bien sûr la différence entre la démarche entrepreneuriale de celui qui investit ses économies et son patrimoine avec Carlos Ghosn qui n’a jamais créé d’entreprise avec l’argent de ses gosses ou de ses parents. Donc ça suffit ! (*)
(*) Entreprises du CAC 40, l'indice boursier des 40 plus grandes entreprises françaises
4. Pire, la justice, fondement majeur de la démocratie, « roule » à deux vitesses ;
Pas besoin d’aller chercher très loin : Quand une mère célibataire oublie de déclarer quelques ménages faits chez les exilés fiscaux pour habiller ses enfants, les mêmes exilés fiscaux, pris la main dans le sac mais servis par les meilleurs avocats fiscalistes continuent à parader dans les beaux quartiers. Dès que le citoyen bouge, il se met en danger, soumis à toutes sortes de règlementations dont le nanti se contrefiche !
Selon la constitution et la déclaration des droits de l'Homme de 1789, la justice devrait être la même pour tous. La réalité est devenue bien différente.
"Un automobiliste peut être condamné à 2 ans de prison ferme pour un excès de vitesse qui n'a pas causé d'accident, une mère de famille peut être condamnée à 4 mois de prison ferme si ses enfants ne sont pas allés à l'école. Mais dans le même temps, et dans des affaires qui ont causé des préjudices beaucoup plus graves, les élites politiques et économiques bénéficient d'une impunité systématique". Thevenoud est député et Cahuzac en liberté, réunit sans vergogne 300 « amis » dans son fief ! Kerviel est brisé mais la S.G. a trempé à Panama…
5. Impôts en plus mais services publics en moins
Avec Hollande malgré la dégradation du service public, les impôts sur le revenu ajoutés aux impôts locaux, à la taxe d’habitation, à la TVA, aux taxes sur les carburants, c’est environ la moitié du revenu d’un salarié moyen qui part dans l’entretien des privilèges. Et oui les français ont la sensation que leurs impôts financent les outrances des autres. Même Fillon n’a pas osé cette dérive fiscale !
Dans le même temps, la qualité de l'éducation se dégrade, l’administration ne fait pas sa mutation numérique, les transports publics et les services de santé de désagrègent. Pire, les malades s’entassent sur des brancards dans les couloirs des urgences. Les maladies nosocomiales se répandent. Des territoires entiers sont désertés par la médecine libérale qui choisit d’assurer son train de vie dans des contrées plus résidentielles et au tarif déconventionné. Les" sans dent" ne mastiquent plus et bientôt tls ne s'éclaireront plus car EDF a rejoint la santé publique dans la défaillance gouvernementale.
6. Les rentes, les privilèges et le décalage entre la condition sociale des français et le comportement ostentatoire des ministres et des hauts fonctionnaires est devenu indécent
Une sorte de corruption passive semble sévir à tous les niveaux de l’état. Le train de vie somptuaire de ces personnalités (luxueux appartements de fonction, voitures de fonction, enveloppes discrétionnaires, réseaux, etc.) supportable dans un pays riche est devenu indécent dans un pays qui a été relégué à la 21eme place du PIB par habitant, loin derrière la Belgique, la Finlande, la Suède, l’Allemagne, le Royaume-Uni, les Pays Bas, l’Irlande, l’Islande, c’est-à-dire la plupart de nos voisins proches. La rente des privilégiés en France se nourrit de la privation des autres. Tout ceci est vécu par les français comme une autre façon de détourner l'argent du contribuable.
7. Les cadeaux distribués par l'Etat au grand patronat
L'état manque d'argent pour l'éducation, la santé ou les retraites, mais Hollande a fait des milliards de cadeaux au patronat sans créer un seul emploi ce qui n’empêche pas certains de poursuivre leur délocalisation fiscale et de verser aux actionnaires, des dividendes multipliés par 5 !
8. La collusion entre les gouvernements et les multinationales
Les gouvernements sont sous la pression des multinationales et non de l'intérêt général. C'est à cause de cette collusion que le libéralisme est le fondement économique officiellement le plus vertueux et il est appliqué depuis 30 ans par les gouvernements de droite comme de gauche, malgré ses effets désastreux : misère croissante, envolée des prix, précarité généralisée, privatisation des biens publics, destruction de l'environnement, tiers-mondisation des pays occidentaux... Un bien triste exemple de cette collusion a été orchestré par le gouvernement Valls. Fin 2015, Les députés avaient dans un premier temps adopté des amendements socialistes et écologistes en faveur de mesures destinées à lutter contre l'optimisation et la fraude fiscales, par 28 voix contre 24.
Mais le secrétaire d'Etat au Budget Christian Eckert a aussitôt demandé une suspension de séance en vue d'une seconde délibération. Elle lui a finalement donné raison et les députés sous la pression du gouvernement ont rejeté le dispositif par 25 voix contre 21.
9. L’assujettissement des états aux accords européens et internationaux qu’ils ont eux même signés
Autant de traités signés par la gauche et la droite nous condamnent à subir l’austérité idéologique qui nous est imposée par des dispositifs inéquitables, pensés à Bruxelles.
Voilà 9 bonnes raisons de dire non au scénarion écrit à l'Elysée et oui à l’offre alternative à gauche. Elle s’impose à ceux qui sont capables de s'allier ( le plus compliqué à réussir pour presenter une candidature) de la concevoir et de la faire prospérer, bien au delà de leur camp s'ils veulent que leur caisse de résonnance dépasse leur cage d'escalier ou leur "fan club". C'est l’intérêt de la Nation.
2017 se gagnera avec l'opinion publique et celle ou celui qui mettra ces questions de gauche, au cœur des enjeux avec en face, un programme de réformes pour les 5 ans à venir, sera audible de gauche… jusqu' à la gauche de la droite.
L'élu aura ensuite 5 ans pour faire "le job" et entrer dans l'Histoire ou gérer l'ingérable, le "chaos" et démissionner.
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