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Accueil du site > Tribune Libre > Milices privées et seigneuries du business : danger !

Milices privées et seigneuries du business : danger !

Les mercenaires ne sont pas une nouveauté mais, depuis quelques décennies, de véritables armées privées se sont développées de façon régulière, avec des accélérations liées à des situations de crise : Irak, Afghanistan ...

Les premiers clients de ces nouveaux " prestataires de services " ont été les gouvernements, et pas seulement les petites dictatures. Selon l'Associated Press, en 2010, l’effectif des milices privées employé à des tâches de « sécurité » en Irak était de l’ordre de 50.000 personnes, dont une moitié équipée d'armes automatiques, hélicoptères et véhicules blindés ; soit un effectif comparable à celui des militaires de métier états-uniens en poste en Irak à la même époque.

Ce recours public à la force privée peut être rapproché de deux tendances actuelles : un recours de plus en plus systématique à la sous-traitance, au motif - souvent illusoire - qu'elle serait plus efficace et moins coûteuse que le " service public " ; la volonté d'éviter les morts au sein des forces armées gouvernementales, de plus en plus mal perçues par l'opinion.

Sous le titre " Bullets for hire ", The Economist a publié, le 17 novembre 2012, un article intéressant sur le sujet. Selon cet article, les Nations unies chiffreraient à 100 milliards de dollars le CA annuel des armées privées (On aimerait cependant en savoir plus sur les sources et modalités de ce calcul) : http://www.economist.com/news/international/21566625-business-private-armies-not-only-growing-changing-shape-bullets-hire

Après avoir armé les futurs talibans et quelques autres fauteurs de troubles, les USA ont été les premiers à s'engager massivement dans cette sous-traitance d'un nouveau genre. Cet abandon des prérogatives étatiques pourrait bien être le prélude à une nouvelle illustration de " l'apprenti sorcier ".

Les compagnies privées qui ont ainsi pu se développer cherchent en effet de nouveaux " marchés ", pour se maintenir et si possible continuer à croître. Les dictatures sont toujours là pour les solliciter mais aussi, désormais, les entreprises privées, et quelquefois les particuliers propriétaires de grands domaines.

Le contexte est " favorable " car l'accaparement de vastes territoires n'a jamais été à ce point au goût du jour, certaines opérations pouvant porter sur des surfaces comparables à un ou deux départements français. Voir sur ce point : http://www.citoyensunisdeurope.eu/environnement-f52/topic399.html#p666

Si l'on ajoute à cela que les marchands d'armes - et les nations qui soutiennent cette industrie - sont friands de ces nouveaux clients, et que les sources de conflits ne manquent pas (course à l'énergie, à l'eau, aux matières premières, terrorisme ...), on a tout lieu de craindre des développements extrêmement préoccupants et, pourquoi pas, en ces temps où la puissance publique se paupérise et s'affaiblit, l'apparition de territoires sous contrôle privé, dotés de puissantes forces militaires. De nouvelles seigneuries en quelque sorte mais plus sur le mode " seigneurs de la guerre " que sur le mode féodal.

La dérégulation à outrance qui a accompagné la marche triomphante de l'ultralibéralisme, l'ouverture des frontières, l'envol des paradis fiscaux ... vont rendre le contrôle de ces " états dans l'Etat " extrêmement aléatoire. On nous dit que la profession de la guerre privée s'organise et se préoccupe de " charte éthique ". Nous voilà pleinement rassurés !

www.citoyensunisdeurope.eu


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17 réactions à cet article    


  • Abou Antoun Abou Antoun 24 novembre 2012 10:51

    Vous nous signalez là un risque très réel. Le libéralisme, poussé à l’extrême peut déboucher sur des situations telles que vous les décrivez. L’état se suicide en externalisant tout, pourquoi la défense échapperait-elle à la règle. On peut tout imaginer, que la guerre ne se décide plus dans les ministères mais dans des officines privées (c’est peut être partiellement le cas aux USA mais l’aval des états reste indispensable, jusqu’à quand ?). On peut aussi imaginer des guerres civiles conduites par des seigneurs de la guerre, bref un retour au moyen âge.


    • pidgin 24 novembre 2012 11:14

      Nous ne savons pas tout ce qui est dans les tuyaux, mais on peux tout imaginer :
      entreprises louant des robots (drones par exemple) pour éliminer des paysans argentins spoliés, etc ... etc ...
      La guerre privée, c’est pratique, on n’y est pas lié par la Convention de Genève (que l’on violait déjà mais il suffit d’inventer de nouvelles formes pour passer au travers).
      La réglementation des conflits court toujours derrière ...
      Merci de nous signaler ces évolutions, l’information permet aussi d’inventer le contre-poison, jusqu’à la prochaine fois, mais c’est dans la nature des choses : quand on ne peut devancer, il faut suivre ...


      • scripta manent scripta manent 24 novembre 2012 13:37

        @ Pidgin
        On pourrait imaginer que vous exagérez, mais pas du tout !
        Il y a des précédents. Par exemple les colons du grand sud américain qui tirait à la carabine les derniers patagons, qu’ils chassaient de leurs terres. Hommes, femmes et enfants. Chaque carton provoquait des manifestations d’enthousiasme. Et cela a été filmé.


      • Rensk Rensk 24 novembre 2012 14:17

        Filmé ??? Mais sans lien a la vidéo ? A un article ???

        Dire qu’aujourd’hui les politiques, banquiers - assureurs de mes deux, doivent faire gaffe aux portable dans leurs réunions...


      • scripta manent scripta manent 26 novembre 2012 19:56

        @ Rensk
        Pas de vidéo, non ! Tout cela date d’un temps où n’existait que la bonne vieille pellicule, et encore à ses tout débuts. Pour l’essentiel, l’extermination des patagons s’est terminée vers 1880 mais il devait rester encore quelques massacres à opérer dans le grand sud américain au début du XXème siècle, car j’ai le souvenir d’un film de très ancienne facture avec de sinistres scènes.
        On trouve de nombreux articles sur le sujet sur Internet.


      • Rensk Rensk 24 novembre 2012 13:06

        En 2011, nous apprenons que Aegis Defense, une armée britannique privée, installe son siège social à Bâle (question impôts !), sous couvert de la Banque cantonale de Bâle.

        Ce qui est surprenant, c’est que c’est avec l’aide d’une banque cantonale que le siège d’une telle armée privée s’installe. D’autre part, la Constitution suisse garantit une défense nationale d’Etat sans autres exceptions, ce qui veut dire que le gouvernement suisse ne peut et ne doit pas constituer une armée privée, soit une armée de mercenaires. Nos lois interdisent également aux Suisses de servir une armée étrangère sous peine pénale. Sur le principe, il en est de même pour les Suisses qui serviraient dans une armée privée comme mercenaires.

        Depuis, ils ont transvasé leurs siège à : Aegis Defense Weapons Divison ; 235 Westlake Center #396 ; Daly City, CA 94015


        • scripta manent scripta manent 24 novembre 2012 13:33

          @ Rensk
          La Suisse n’en est plus à cela près. Après avoir accueilli à bras ouverts les délinquants fiscaux, va-t-elle compléter son catalogue avec l’hébergement des « états-majors » de mercenaires ? 


        • Rensk Rensk 24 novembre 2012 13:54

          Tu n’a pas du comprendre... Nous avons 26 États dans l’État et une de ses banque direct (donc d’État) a couvert l’implantation du siège de ces mercenaires pour cupidité des deux partie (les mercenaire et la banque d’État)...

          Cela a tellement choqué les citoyens qui n’ont pas le droit a la parole dans cet État (Bâle-ville) que ce dernier a malgré tout du expulser cette armée privée du pays...

          Paraît que c’est la FORCE de la démocratie qui a empêché la cupidité de certains !!!


        • Rensk Rensk 24 novembre 2012 14:00

          Et j’aimerais ajouter ceci : Ces cons n’ont pas choisi de « rentrer chez-eux » mais ils restent malgré tout sous le régime de la Reine d’angle taire...  smiley


        • Furax Furax 24 novembre 2012 13:13

          Nous en sommes revenus au temps des « Grandes Compagnies », mais cette fois au niveau de la planète ravagée par les prédateurs.
          Il existe pourtant une différence majeure. Où est notre chevalerie ?


          • scripta manent scripta manent 24 novembre 2012 13:30

            @ Furax
            La chevalerie ? Ce ne sont certes pas les petits hommes politiques qui cherchent à nous enthousiasmer sur le thème de la « compétitivité », qui peuvent y prétendre.
            Nous savons donc ce qu’il nous reste à faire ! 


          • Rensk Rensk 24 novembre 2012 14:06

            Rigolos va... smiley

            Le mot chevalerie est un dérivé du mot cheval, lui-même du bas latin caballus, « mauvais cheval » (à distinguer du latin classique equus), dont les mots « cavalerie » et « cavalier » sont aussi dérivés. Le terme sous-entend une forte distinction entre les chevaliers, combattants professionnels d’élite montés à cheval, et les paysans et les bourgeois, souvent considérés comme médiocres combattants, qui fournissaient la masse de l’infanterie, et, plus tard, de l’artillerie.

            Puis : Chevaleresque...

            Synonymes généreux, héroïque, noble, romanesque.


          • bruno 24 novembre 2012 15:40

            Excellent article ! Il révèle un aspect supplémentaire de la désagrégation du monde occidental tel-que-nous-l’avons-connu-jusqu’ici. Cette érosion n’est pas arrivée par accident. Elle est le résultat d’une lente gangrène, qui ronge notre monde depuis une trentaine d’années, et qui prend sa source aux US.
            Mon analyse est la suivante : à partir de l’arrivée de Reagan, les Etats-Unis ont retrouvé une croissance qui s’amollissait dangereusement, à l’aide d’une série d’ingrédients dont :
            - le désengagement de l’Etat et la « dérégulation », qui visait à permettre aux entreprises américaines les plus puissantes de retrouver de la vigueur sur leur base arrière (les US) pour ensuite mieux attaquer le reste du monde
            - un activisme forcené pour la mise en place des outils du « libre-échange » (OMC), dont l’objectif était de fournir les armes économiques aux mêmes entreprises pour conquérir les marchés extérieurs.
            - au delà - peut-être - de son illusoire tentative pour restaurer l’hégémonie US, la guerre en Irak participera pleinement à cette goinfrerie par les compagnies américaines (qui ont totalement noyauté l’administration américaine) : lobby pétrolier et lobby militaro-industriel. La guerre privée en fait partie : elle joue le rôle de pompe à fric pour transférer l’argent du contribuable dans la poche des actionnaires (et surtout des dirigeants) des compagnies qui décrochent ces mannes qui sont des « chasses gardées ». Rumsfeld est un des principaux acteurs de ce mouvement, ainsi que Cheney, qui tous deux ont des intérêts importants dans ces opérations (comme les Bush d’ailleurs).
            - la finance par ailleurs, qui trouve dans des opérations de type subprimes le moyen de siphoner encore plus d’argent du bas vers le haut.

            Mais ils s’agit des symptôme d’une étoile en phase d’effondrement.
            On lira avec intérêt l’excellent article du Spiegel (en anglais), qui décrit où en sont vraiment les US aujourd’hui : http://www.spiegel.de/international/world/divided-states-of-america-notes-on-the-decline-of-a-great-nation-a-865295.html


            • Rensk Rensk 24 novembre 2012 17:17

              J’adore de voir que d’autres gens s’intéressent a « la chose »... mais...

              Je me permet de vous demander de vous « ouvrir » de plus « que ça »... Vous avez une analise pertinente mais pas assez profonde concernant les systèmes mis en place par...

              Le groupement des syndicats ont accepté le deal du 2 contre 1 concernant la libre circulation et le pseudo contrôle des salaire (anti-sous-enchères). J’ai été un élu de la base du plus grand syndicat du pays qui s’est opposé a cela et pour cause...

              Le syndicat, plus croyant que le Pape... a accepté un organisme entre Patronat, Syndicats et États (un patronat, plusieurs syndicats et 26 États) tout en oubliant ce que j’ai dénoncé :
              L’État EST le plus grand employeur de la contrée et donc nous avons droit au vote suivant : 2 patrons contre un syndicat et donc vous avez les problème en 2012 que vous auriez pu éviter en 2000...

              Eh oui, ils n’ont rien voulu savoir en 2000 et ont se retrouve aujourd’hui a voir le syndicat demander l’aumône aux patrons ET a l’État qui EST le plus grand employeur !!!


            • kettner 24 novembre 2012 17:10

              A moindre échelle

              mais tout aussi grave ; en 2010 , 165000 agents de « sécurité » en France, la parité avec les forces de l’ordre est prévue pour 2014 .


              • Rensk Rensk 24 novembre 2012 20:02

                Faut comparer ce qui est comparable... vous avez en gros 6 a 70 millions d’habitants et si ont compte le chiffre avancé qui n’est pas encore atteint par les privé (Securitas en Suisse fait presque partie de la police donc je ne les comptent pas)...

                70 million / 165’000 « flics » = 1 pour 424 citoyens

                Vaud, le plus grand État en francophonie de Suisse = un fonctionnaire pour 650 habitants.
                Valais, un fonctionnaire pour 632 habitants ; Neuchâtel, un fonctionnaire pour environ 425 habitants... Les 3 États les plus grand de la francophonie de Suisse ont donc un poil moins de flic que la France et pourtant... nous sommes plus « tranquille » que les français alors que ces derniers viennent de Lyon pour nous voler, tuer !!!


              • Rensk Rensk 24 novembre 2012 20:05

                PS : j’ai oublié de dire que Neuch élimine ses flics des communes qui sont aujourd’hui encore pris dans la statistique... cela risque donc de dépasser le canton de Vaud question chiffre... de tête de flic par rapport au tête de turc !!!

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