Misères du mouvement social
Ce samedi 1er Mai, malgré une forte mobilisation et un défilé qui s'était déroulé pour la majeure partie sans heurts, les factieux sans étiquette s'identifiant comme "black-blocks" s'en sont pris aux forces de l'ordre, aux vitrines et même... Au syndicat historique, porte-étendard de la lutte pour les droits des travailleurs, la CGT. Comment en est on arrivé là ? Que faire pour remédier à ce cercle vicieux destructeur ?
D'un point de vue global, on ne peut que constater le lent passage de l'hégémonie culturelle de gauche, datant des années Mitterand, à une domination des thèmes de droite, initiée par Zemmour et ses pairs il y a quinzaine d'années et désormais en vogue dans l'opinion commune. D'abord maîtresse sur les réseaux ("fachosphère"), elle fait désormais partie de la charte éditoriale et de la stratégie de chaînes d'influence comme le groupe Bolloré. A ces opinions de droite sociétale & économique, font face des opinions de gauche sociétale et de droite économique (écologistes, BLM, LGBTQI...)
A l'heure du manichéisme de notre societé, largement influencée par le monde anglo-saxon, les forces sociales tradtionelles se manifestent par leur pathétisme, assistant impuissants à leur disparition, seules contre tous. La situation est critique, glissant sur une pente raide et chaotique, et il faut essayer d'apporter des éléments de compréhension.
Le paradigme a évolué mais les corps constitués n'ont pas mué. Le taux de syndicalisme n'a jamais été aussi bas alors que les raisons de lutter n'ont jamais été aussi présentes. Les rangs des blacks-blocs grossissent tandis que les sandwichs merguez se font de plus en plus rares sur les pavés entre République & Nation.
Symbole de l'avilissement de la lutte sociale, le parangon de cette nouvelle gauche sociétale, Unul, apprécie taper avec verve sur toutes les oppositions potentiellement conjointes et louables, mais n'a pas de mot sur les totos.
Face à la menace des acquis sociaux (assurance chômage, retraite...), 5000 policiers du parangon du néo-libéralisme européiste et héraut de la bourgeoisie organisée Macron, et à l'ennemi intérieur, comment résister ?
La radicalité a évolué, d'ouvriers prêts à mourir pour leurs idées et leurs droits à des congés payés, désormais les forces en présence sont constituées de jeunes petits-bourgeois décérébrés par des années de régression en matière d'éducation & de culture, militant pour la destruction de toute norme ou règle, s'en prenant même à leurs alliés de circonstance, les syndicats, en plus d'être animés d'un sentiment anti-flic stérile, détournant le viseur du véritable ennemi et en éloignant de potentiels alliés plus modérés. Le gauchisme achève la gauche véritable déjà attaquée de toutes parts à droite, et empêche son renouveau.
Le fait d'avoir muselé l'opposition, via la mainmise du bloc bourgeois sur les médias et le logos, combiné à l'affaiblissement général du niveau de culture et d'éducation, fait que l'on arrive au leadership d'un mouvement comme celui-ci. Rappelons, pour continuer dans l'idée de déliquescence, que ce mouvement est d'origine anglo-saxonne.
Drôle, lorsque l'on sait qu'il y a un an, le cortège CGT était chargé par les CRS, et que, cette année, il est caillassé par les blacks blocks. Connivence ? Les circonstances sont douteuses, tant le mouvement anarchiste est un poulet sans tête, n'ayant pour utilité que de renforcer la cohésion bourgeoise et de diviser le prolétariat.
Si Macron vous met dans une colère noire, pourquoi la passer sur un de ses principaux opposants ?
Pourtant, les saillies du secrétaire général envers notre président n'ont pas cessé depuis le début de son mandat. Il "manque d'humilité", il "prend les français pour des imbéciles", il est "arrogant". Est-ce anarchiste d'attaquer un opposant majeur au pouvoir central ? En quoi est-ce pertinent et amènerait votre grand soir tellement attendu ?
Révélatrice réaction du chef médiatique du syndicat parlant d'alliés objectifs, se réfugiant derrière des insultes sexistes, racistes, et se plaignant que la police n'intervienne pas. Il est temps de se réveiller et d'arrêter de somnoler dans ce miasme 68ard qui fait tant de mal au camp social. Cette naïveté mènera le fleuron syndicaliste à sa perte. Une simple recherche aurait montré que ces blacks-blocs se sont créés en opposition aux manifestations pacifiques organisées par la CGT et... Il faut le dire, souvent stériles, de par la disparité des luttes, la fracture entre les générations notamment.
L'omnipotence bourgeoise se ressent même au sein du camp social. Il faut dire que les ouvriers, le coeur de la lutte traditionnelle, passent de plus en plus à droite, c'est un fait avéré. Les manifestations sont désormais composées de jeunes attachés aux nouvelles luttes (LGBTQI, BLM & autres) souvent d'origine bourgeoise et de vieux 68ards pour la plupart enrichis et trop légers pour véritablement lutter comme il le faudrait. C'est un fait sociologique, les manifestations se déroulant dans les grandes villes, et la CGT mobilisant de moins en moins les ouvriers, évoluant de plus en plus à droite et faisant partie de cette France périphérique manifestant peu.
Les ouvriers glissent à droite, tout doucement.
La jeunesse s'exprime avec radicalité, qu'elle soit de droite (tags sur des bâtiments religieux...) comme de gauche, mais cette radicalité restait entendable et compréhensive par leurs camps respectifs par le passé. Aujourd'hui le bloc anarchiste présent dans le mouvement social, souvent toléré à tort, doit faire l'objet d'une excommunication. Cela en va de la survie des forces traditionnelles, qui luttent pour leur survie et font face à cette uberisation venue outre-rhin. Le mouvement anarchiste international casse les codes comme il casse les vitrines, et tel un Macron brisant les partis traditionnels, fait son office en ridiculisant la manifestation du 1er Mai portée par les forces syndicales depuis plusieurs décennies.
J'en appelle à une refonte de l'astre de la lutte prolétarienne ! Le syndicalisme doit perdurer pour le bien commun mais cela passera par une remise en question profonde et une mise à niveau essentielle. Il ne faut pas avoir peur des mots, mais peur de la disparition complète d'une tradition de lutte sociale unique au monde. La clarification doit venir de l'intérieur du mouvement. Raymond, élève toi et rends toi compte de ce qui est en train de se passer !
Attaqué à droite par habitude, désormais il faut faire face à un second front qui vient décrédibiliser le mouvement dans sa globalité aux yeux des français moyens, d'habitude soutenant les grèves et la lutte sociale.
Il faut se libérer de ce gauchisme latent qui pourrit le mouvement de l'intérieur et le rend ridicule aux yeux de l'opinion commune ! Il faut rééduquer et ramener dans le giron social ces jeunes, ces forces vives parties dans ces mouvements trop radicaux pour être utiles ! La lutte n'est plus que jamais d'actualité, il faut que les forces du bien commun s'unissent, et réussissent à prendre le pas des nouveaux clivages, s'émancipent des préjugés en cessant leur sectarisme afin d'inclure toutes les oppositions : petits patrons, souverainistes, cadres souhaitant une société plus juste, et j'en passe, et ce, pour pouvoir s'opposer aux adorateurs du veau d'or !
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