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Accueil du site > Tribune Libre > Mitterrand : un noir bilan écologique

Mitterrand : un noir bilan écologique

En ces temps de mitterrandôlatrie aiguë, il n’est pas inutile de rappeler que s’il est un aspect largement négatif des années Mitterrand, c’est bien l’action qu’il a menée sur le plan de l’écologie.

Après avoir été élu en mai 1981, en grande partie grâce aux promesses qu’il avait faites aux écologistes (réduction du service militaire à six mois, alignement de sa durée sur celle du service civil, droit à l’objection, gel du nucléaire civil et arrêt progressif du nucléaire militaire, mise en place d’une réelle planification territoriale, droit de vote es résidents étrangers aux élections locales, etc.), et avoir lâché quelques symboles (Plogoff, Larzac), il n’a eu de cesse de fouler aux pieds ces engagements : répression des objecteurs de conscience, maintien d’une durée du service civil deux fois supérieure à celle du service militaire, bouclage du programme électro-nucléaire qui a abouti à faire de la France le premier producteur d’électricité nucléaire au monde, développement à un niveau jamais atteint de la force de frappe, qui a fait de lui le président de la République ayant supervisé le plus grand nombre d’essais nucléaires (86, en comparaison des 8 de Chirac qui ont pourtant fait beaucoup de bruit), lois de décentralisation, sans aucun garde-fou, qui ont entraîné à partir de 1984 la mainmise des multinationales de l’eau sur tous les services publics de proximité (ce qui s’est traduit par la construction de 144 incinérateurs d’ordures ménagères et la disparition quasi-totale des régies locales de distribution et de production d’eau), et une vague de spéculation immobilière qui a détruit une bonne partie de nos espaces naturels.

Côté positif, il y a eu bien sûr les grandes lois de 1992 sur l’eau, les déchets et le bruit. Mais celles-ci restent encore aujourd’hui largement inappliquées, comme le montre la récente mise en examen, après dix ans de procédure, de quelques responsables administratifs dans des affaires d’incinérateurs polluants.

Symboles de cette révulsion que l’écologie inspirait à François Mitterrand : l’affaire du "Rainbow Warrior", à l’occasion de laquelle lui-même et Laurent Fabius ont provoqué la mort d’un militant écologiste, et les ortolans, qu’il s’est fait servir jusqu’à la veille de sa mort par Henri Emmanuelli, témoignage du mépris qu’il avait pour les animaux et les lois qui les protégent.

Sur le plan politique enfin, il est difficile d’oublier que c’est de l’Elysée mitterrandien qu’est partie et qu’a été financée la stratégie qui visait à transformer le mouvement écologiste en appendice du parti socialiste (lancement de Génération écologie, à la veille des élections régionales de 1992, soutien à l’aile gauche des Verts, afin que ce parti abandonne sa ligne d’indépendance).

Dix ans après sa mort, aucun écologiste digne de ce nom ne devrait participer au concert de louanges autour de son oeuvre, et à mes yeux, il restera toujours l’homme qui a brisé l’espoir de 1981.


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3 réactions à cet article    


  • Gil (---.---.93.79) 8 janvier 2006 21:25

    En matière d’écologie, la participation de Voynet à un gouvernement n’a pas été une révolution non plus. Quant à l’actuel gouvernement, il vient parait-il de prendre des mesures visant à ne plus encourager l’achat de voitures GPL... (la fameuse incitation fiscale serait réduite à peau de chagrin et ne serait plus applicable qu’à la Twingo GPL...). Restent Corrine Lepage et Nicolas Hulot...

    Quel que soient les dirigeants, on a surtout le sentiment qu’en France l’économique a toujours le dessus sur l’écologique, et on s’en fout, vu que la facture sera payée par les générations... futures.


    • Raphaël Zacharie de Izarra (---.---.213.189) 9 janvier 2006 12:57

      Dix ans après ses funérailles, dans la presse François Mitterrand est passé d’intrigant douteux à « homme hors du commun », « personnage extraordinaire »... Les journalistes s’en donnent à coeur joie dans le concert de louanges et la mythification de l’homme Mitterrand. Extraordinaire François Mitterrand ?

      Foutaise !

      Mitterrand fut Président de la République française, c’est tout. Le reste n’est que légendes, embellissements, histoires revues, déformées à travers un prisme sentimental bien consensuel. C’est que les années apaisent bien des amertumes dans le coeur humain, et en une seule décennie les pires défauts du « cher disparu » se transforment en « qualités exceptionnelles »... Sous la baguette magique du temps, François Mitterrand, mortel semblable à tous les autres, est devenu une sorte de prince de la République, un génie énigmatique, une légende historique...

      Dix ans après sa mort, ses mensonges les plus pervers ne sont plus que finesses politiques et pouvoirs de séduction ! Sa mégalomanie pharaonique n’est plus aujourd’hui que l’oeuvre désintéressée d’un « visionnaire » ayant « le sens aigu de l’Histoire »... Le culte odieux de la personnalité qu’il a insidieusement développé tout au long de ses deux septennats, en 2006 s’est transformé miraculeusement en panache de monarque. Légitime effet de la fonction que cette soif de grandeur architecturale, pensent en choeur ses anciens détracteurs... C’est même le signe des grands, ça ne peut pas tromper, n’est-ce pas ?

      Comme le discours change vite en dix ans !

      De manipulateur machiavélique Mitterrand est devenu une sorte de de Gaule sauveur du pays, une espèce de Saint-Louis rédempteur, un genre de Roi Soleil qui nous en met plein la vue ! En dix ans seulement, le vice a été fait vertu. Curieux retournement de veste d’une presse unanime... Hier vénéneux, aujourd’hui comestible, le champignon Mitterrand avec son écharpe et son chapeau est une silhouette fédératrice, un réceptacle à glorifications. La mite est devenu un mythe. Ironique effet du temps sur nos défunts dirigeants...

      Destin extraordinaire que la vie de François Mitterrand à en croire le discours ambiant ? Je ne vois rien d’extraordinaire au destin de Mitterrand. La preuve : il est mort depuis dix ans. Lors de la commémoration du dixième anniversaire de sa mort on a pu voir Laurent Fabius se ridiculiser publiquement en portant chapeau et manteau à la Mitterrand... Le chapeau de Fabius porté à la Mitterrand, nouvel attribut des « princes de la République » ? Singerie pitoyable d’un clown de l’Énarque qui ose se prendre au sérieux ! Et tout ça pour servir la cause ambiante, pour être dans le bon ton. Le maître-mot de tous ces rendeurs d’hommage : ne surtout pas égratigner la fable ! Tous constatant que la légende a plutôt bien pris, dégonfler la mayonnaise passerait pour une faute de goût. Nécessairement impopulaire.

      Mitterrand ne fut qu’un pauvre type comme nous tous, un homme ordinaire, un simple mortel, un médiocre comme nous le sommes tous sans aucune exception. Cessons de sacraliser nos semblables sous prétexte qu’ils portent un grand chapeau ou qu’ils ont le pouvoir de lever des armées en bougeant le petit doigt ! Empereurs, rois, esclaves, vagabonds, alcooliques, ouvriers d’usine, PDG, homme à deux têtes, à trois pattes, mathématicien, balayeurs de rues, génies ou dingos : tous dans le même sac ! Rien que des humains, de simples mortels, des êtres imparfaits, faillibles.

      Les hommages médiatiques rendus à François Mitterrand ne sont qu’un vaste cirque, loin, très loin de la vérité, de l’âpre vérité politique dépouillée de ces flatteurs, mensongers artifices.

      Raphaël Zacharie de Izarra [email protected] 2, Escalier de la Grande Poterne 72000 Le Mans FRANCE Téléphone : 02 43 80 42 98 Freebox : 08 70 35 86 22


    • Patrice Miran (---.---.102.68) 10 janvier 2006 13:19

      Pas de résignation Gil . Tu as raison la participation de Voynet à un Gouvernement s’est soldée par un recul écologique tus azimuts : relance du nucléaire, autorisation des OGM et de la chasse de nuit etc ... Quant à Lepage et Hulot ils sont un peu lestés par leur compagnonage avec Chirac.L’écologie doit s’imposer d’abord au niveau local. Au niveau national les combines politiques font que pour le moment en dehors de servir des carrières à quelques un(e)s l’action politique écolo est barrée par le scrutin présidentiel qui est réservé à celles et ceux qui ont l’heur de plaire aux partis en place. C’est pourquoi il existe notre mouvement écolo indépendant de la gauche et de la droite qui essaie de développer à la base des éco-communes

      Patrice Miran

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