Mme Michu et Mme Chazotte et le Sidaction
Charité ou Justice ?
- V’z’avez donné vous au Sidaction M’ame Chazotte ?
- Moi ? Non. Pourquoi ? Fallait donner ?
- Ben quand même, ces pauvres gens qu’ont attrapé cette saleté de maladie. Par amour en plus ! Faut bien les aider. Moi ils me tirent des larmes. Alors j’ai promis vingt euros.
- C’est bien M’ame Michu. C’est bien. Vous avez agi par amitié pour ces garçons et pour ces filles, par compassion. V’z’avez donné parce que dans votre cœur vous acceptez de prendre sur vous un peu de leurs souffrances. V’z’avez bon cœur, et comme v’z’avez pas beaucoup de sous, votre don, lui, a de la valeur…
- Oh ! Vous savez, vingt euros, c’est pas beaucoup. C’est ce que j’ai donné à mon facteur de La Poste aussi. C’est ce que je donne chaque année au Téléthon. Mais pourquoi, y a des dons qu’ont pas la même valeur ?
- Ben, ceux des riches ont bien moins de valeur que le vôtre M’ame Michu. Pour certains, notamment les entreprises, les banques, etc., ce sont de belles opérations de communications qui leur permettent de se donner une image altruiste pour pas grand-chose. Pire encore, en faisant payer indirectement à vous, à moi, aux pauvres, au populo, l’essentiel de ces dons… Ainsi sur les 4,5 millions de promesses du Sidaction de cette année, l’État, c'est-à-dire vous, moi, va donner les deux tiers, soit 3 millions.
- Ben ça alors ! Alors c’est vous et moi qui payons pour les gens des grandes entreprises par exemple, qui font de gros chèques ?
- En partie M’ame Michu. En grande partie.
- Comment ça ?
- Ben, parce que les deux-tiers du montant de ces dons pourra être déduit par les riches de leurs impôts sur le revenu ! Ils s’achètent une bonne conscience à prix bradé ! Ce qui fait autant de manque-à-gagner pour l’État, c’est-à-dire pour vous et moi entre autres. Pognon que Monsieur L’État récupérera par ailleurs sur l’ensemble de la population. Autrement dit c'est vous et moi qui payons les deux-tiers des dons faits par les "généreux" donneurs. Et le tour est joué.
- Ben ça alors ! J’voyais pas ça comme ça. Pourtant, si nous on donne pas, Monsieur L’État ne fera pas un geste en faveur de ces malheureux. Finalement ça a quand même du bon, parce qu’on lui force la main à Monsieur L’État.
- Y a un peu de ça M’ame Michu. Y a un peu de ça. Seulement cette charité - réminiscence de notre vieille culture judéo-chrétienne – si elle a sa justification du fait même de son efficacité, occulte et remplace la notion bien plus noble de Justice. Ces malades, ils ne demandent pas la charité, mais ils réclament la Justice ! Puisque en fin de compte c’est tout de même l’État qui casque l’essentiel, ne serrait-il pas plus JUSTE qu’il finance ces labos de recherche, ces aides aux familles dès le départ ?
- Ben, oui, c’est ben vrai ça !
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