Modem...e la nave va
Samedi 26 avril étaient réunis à la Maison de la chimie les élus et les candidats aux dernières élections cantonales et municipales. A la suite du Bureau politique transitoire de l’UDF du mercredi 16 avril cette réunion est le deuxième démarrage du MoDem après son lancement officiel le 2 décembre 2007. Y aurait-il un printemps chez les démocrates ?
Ainsi y aura-t-il eu dans la vie du Mouvement Démocrate deux événements majeurs qui cependant ne resteront pas uniques car ils devront se poursuivre. Ils devront se poursuivre concrètement par la réorganisation ou plutôt l’organisation et la structuration du mouvement. En ce sens, le premier conseil national aura aussi son importance car il sera le premier de l’ère du MoDem. Cette réunion de samedi nous apporte deux enseignements principaux : où en est le Mouvement Démocrate aujourd’hui au plein milieu d’interrogations internes et de destruction externe ? Quel est le rôle de la presse en regard du MoDem, une réflexion générale issue de cet exemple particulier dont il faudra tirer les conclusions qui s’imposent ?
Où en est le Mouvement Démocrate aujourd’hui au plein milieu d’interrogations internes et de destruction externe ?
On fait dire ce que l’on veut des chiffres comme nous l’avons vu lors des dernières municipales où la ministre de l’Intérieur a fait un amalgame osé entre toutes les voix de droite hormis celle du MoDem et l’UMP, créant la confusion score de droite et score de l’UMP et en ne citant qu’un seul parti coincé entre la gauche et la droite, le MoDem. De ce fait, remaniant un score réalisé sur 350 listes à l’ensemble de la population, cela permettait à ce gouvernement dont l’honnêteté intellectuelle est à montrer en exemple aux lycéens à côté de la lettre de Guy Môquet chaque début d’année, d’annoncer un chiffre de 3,5 % bien évidemment faux et déstabilisateur. Le mal est fait. Les bûcherons de Sarkozy avaient donné un nouveau coup de hache, cependant le MoDem n’est pas un chêne, c’est pour l’instant un roseau qui va plier et ne pas se rompre. Eh Eh, croyez-vous que je sois aveugle ? Vous mes bons anti-MoDem. Je vous connais. Pour vous le roseau c’est celui qui va tantôt à gauche tantôt à droite. N’est-ce pas ? Non car un roseau il reste planté en terre, celle du Béarn, vous savez celle du bégayeur tractorisé, le raté de Pau (que le roitelet des armées a bien aidé à le faire perdre). Mais pour Lafontaine ou Esope, c’est celui qui résiste aux bourrasques et aux boulets de canon de l’UMP, du PS et... des journalistes paresseux (nous y reviendrons).
Pour votre culture personnelle, voici donc ce que nous apprennent les chiffres officiels du Mouvement Démocrate, dévoilés samedi : 300 maires, à ce jour car tout n’est pas comptabilisé, 2 200 élus municipaux ayant une carte MoDem à jour de cotisation, doublement des villes où il y a au moins un élu MoDem par rapport à l’ancienne UDF, près de 16 % des voix pour les 350 listes présentées par le MoDem dans les villes de plus de 3 500 habitants. Tout ceci est très réconfortant notamment le nombre de villes où il y a des élus MoDem. Ceci contredit bien évidemment l’ambiance générale journalistique. Nous savons pertinemment que la presse ressasse depuis bientôt un an les fuites du MoDem de certains élus, qui se résument à quelques individualités comme Cavada, Lagarde et dans l’entre deux Mercier et Arthuis. Cette presse faisant une répétition lassante et incessante de ces quelques personnalités à faire croire que tout le MoDem est vidé de ses élus. L’enseignement de cette réunion d’environ 1 000 personnes ce qui est vérifiable sur le site de la Maison de la chimie (bouton visite, amphi Lavoisier, 884 places assises sachant que toutes les allées étaient bondées et la partie avant du parterre aussi de personnes debout) va à l’encontre des idées établies.
S’il y a eu des défections, il y a surtout beaucoup de fidèles auxquels vient de s’associer un sang neuf qui en veut. Pour preuve le témoignage à la tribune d’anciens UDF comme le sénateur maire brillamment réélu d’Arras qui soutient fermement la démarche actuelle du Mouvement Démocrate ou celui de jeunes élus qui n’ont adhéré à ce mouvement qu’en courant d’année 2007. Ceux qui croient que cela c’est le signe du déclin, je me permettrais de leur dire que c’est plutôt le double signe de la constance d’un grand nombre d’anciens UDF qui ont décidé de poursuivre leur combat dans l’honneur à défaut de rechercher les honneurs, et de volonté manifeste des nouveaux venus de bâtir un grand mouvement qui a pour volonté et vocation de proposer une autre voie dans le paysage politique français. Tout militant simple n’a pu que se sentir rassuré et renforcé dans sa détermination.
Les chiffres c’est une chose. Savoir que Bayrou est loin d’être seul comme le répète à l’envi tant ses ennemis politiques que la presse, savoir qu’il y a maintenant un maillage important qui couvre l’ensemble du territoire tant du fait du doublement de villes avec des élus démocrates, que par les équipes qui se sont formées et qui, même si elles ont perdu, veulent et vont travailler sur le terrain, est rassurant et enthousiasmant, cela ne suffit. A côté, il y a deux problèmes : celui de la structure du Mouvement Démocrate et celui des idées démocrates, d’un programme. En ce qui concerne la structure, soyons patients et justes, mais non naïfs. Soyons patients car comment en un an alors que la présidentielle a apporté son lot de déception et de démotivation, que la suite par les élections législatives a été un coup d’assommoir, que pendant presque un an les attaques n’ont cessé de fuser tant de l’extérieur que de l’intérieur, qu’il a fallu changer le cours de l’UDF et créer un nouveau mouvement avec les difficultés inhérentes entre l’association d’anciens et de modernes, parce qu’il a fallu dans ces conditions difficiles avec un mode de scrutin qui ne permet guère à un parti en constitution de briller car sans beaucoup d’anciens élus et avec tant de nouvelles têtes peu rompues à la politique et peu connues, parce que cela a fait beaucoup de mouvement et beaucoup de perturbation.
Soyons donc patients, mais ne soyons pas irresponsables. Cela veut dire qu’après un délai raisonnable de pas plus que quelques mois il faut que les instances structurantes soient mises en place. Cela devrait être fait avant l’été. C’est le moins que l’on puisse en espérer. Après on pourra commencer à ruer dans les brancards. Avant c’est jouer contre son camp et objectivement c’est être un râleur congénital sans réflexion, sans aucune capacité à analyser les difficultés dans les conditions de quatre élections successives en moins d’un an, la formation d’un nouveau parti qui est amputé au début de certains de ses élus créant une déstabilisation majeure mais non mortelle. Les choses sont claires. Organisation et discipline, a dit le chef. Prenons-le au mot. Lassale s’est taillé un beau succès en invitant tous les potentiels transfuges de partir en convoi et d’enfin laisser le mouvement continuer sa vie sans ces incessantes petites fuites qui font comme le fameux supplice chinois de la goutte d’eau qui frappe sur le crâne. Elles sont peu nombreuses, mais se répètent inlassablement à vous faire devenir fou. Nous souhaitons qu’un paquet de mer de ces transfuges velléitaires quittent le navire d’un coup, cela s’appelle écoper et cela allégera la coque.
Ceci pour la forme. Pour le fond, contrairement aux dires habituels que le Modem n’a pas d’idée ni de proposition c’est nier complètement d’où il vient : d’abord de l’UDF qui a des assises philosophiques et politiques fortes et certaines, pourtant connues de tous comme le libéralisme à conscience sociale, l’Europe par exemple, ensuite le programme présidentiel de François Bayrou connu de tous ceux qui ne sont pas de mauvaise foi et/ou qui ont fait l’effort de le lire ou de le trouver sur son site de campagne, projet de fond avec des propositions concrètes dont le fameux RSA qui fait parler de lui. Il y a donc un fond préexistant. Lors de cette réunion, ce fond s’est enrichi et va évoluer. Ont été abordés les thèmes de la faim dans le monde, du pouvoir d’achat, de l’Europe, la démocratie, les biocarburants, l’énergie. En fait des termes majeurs. Le mouvement démocrate veut se situer entre l’assistance et l’arrogance. Lorsque Sarkozy en conférence de presse dit aimer le capitalisme et la mondialisation Bayrou lui préfère l’humanisme et la justice. Je suis du côté de ceux qui aiment et veulent cet humanisme et cette justice. C’est par exemple l’opposition frontale avec la proposition du chef de l’Etat de faire payer aux salariés les plus pauvres la solidarité avec les plus défavorisés alors que le paquet fiscal inefficace a sur-avantagé les plus avantagés. Il y a donc en cours une réflexion de fond à partir de bases solides et de racines profondes. L’humanisme est la conscience que nous ne sommes pas seuls sur terre et qu’il faut tout faire pour en laisser le moins possible sur le bord de la route.
La justice, c’est que le partage se fasse entre ceux qui peuvent et ceux qui en ont besoin. Le réalisme, c’est la conscience que la mondialisation n’est pas une invention livresque mais une réalité. L’ambition, c’est que, pour que les choses bougent, il faut croire qu’elles peuvent bouger et agir en conséquence. Se battre pour cela est un beau combat, trouver cette voie du pluralisme pour la France, apporter sa pierre à l’Europe, et trouver un chemin dans le monde où chaque citoyen puisse s’y retrouver est une ambition qui vaut la peine de se lever tôt non pour gagner plus, mais pour gagner mieux et gagner aussi pour les autres. Une organisation en cours et des idées en préparation. Que demande le peuple ? Le Mouvement Démocrate est bien parti... E la nave va
Quel est le rôle de la presse en regard du MoDem, une réflexion générale issue de cet exemple particulier dont il faudra tirer les conclusions qui s’imposent ?
La réponse ne sera pas longue, mais c’est édifiant. Un petit tour sur les sites internet du Monde, du Figaro, de Libération après la réunion de samedi nous donne pour Le Monde et pour Le Figaro aucune une pour le Mouvement Démocrate. En pages politiques pour Le Monde 24 titres dont 15 pour Sarkozy soit en titre soit dans l’article, 1 pour le PS, 2 pour Royal et 0 pour le MoDem. Pour Le Figaro 24 articles 13 concernent Sarkochef, 2 Royal et 1 pour le PS (Le Figaro frère du Monde, une nouveauté ?) pour Libération 14 articles 10 pour Sarkozy, 1 pour Bayrou et 2 pour le PS.
Comme vous pouvez le constater c’est absolument hallucinant. Factuellement parlant c’est, et de loin, plus important de parler de cette réunion majeure du troisième parti de France dont le leader a réuni plus de 18 % des voix que de faire un article annonçant, en avril 2008 !, que Ségolène Royal se prépare à l’élection présidentielle de 2012. Pour tout être un tant soit peu sensé, il n’y a même pas discussion. L’un est primordial - je parle dans le cadre de la rubrique politique française bien sûr - le second est tout à fait dérisoire. Ceci est pour la quantité. Pour la qualité je ne vais prendre que deux petits exemples. D’abord Libération. C’est un article avec comme source l’AFP. Il faut noter que peu de journalistes s’étaient déplacés. Dans cet article rédactionnel sans signature on lit : Plusieurs centaines de personnes. En français courant, cela veut dire 200 ou 300 car, à partir de 400 ou 500, on commence à donner les chiffres. "Quelques" a toujours voulu dire deux ou trois, rarement plus.
Or, il aurait suffi à ce journaliste d’aller faire un tour sur le site de la Maison de la chimie pour se rendre compte que le parterre plus le balcon rassemblent 884 places. On est loin du compte. Cela peut paraître un détail sauf que cela procède d’une part de la désinformation d’autre part de cette constance qui tend à prouver que Bayrou rassemble finalement peu de monde. Pis, s’il y en a en matière de mathématiques, les cours doivent être donnés par Darcos, c’est un certain Julien Martin qui écrit dans Rue89 ceci : Une salle comble : 500 personnes environ, dont un quart au moins debout. Pour la remplir, les élus n’ont pas suffi, on a également fait appel aux candidats - sous-entendu, les battus - de la France entière. François Bayrou s’en explique d’ailleurs avec une pointe d’humour forcé :
"Entre nous, si on réservait la parole aux gagnants, le président du MoDem lui-même serait mal placé !" avec évidemment une erreur grossière. Le site de la Maison de la chimie annonce pour le parterre 538 place assise s’il y a un quart des personnes comptabilisées debout cela donne donc au minimum 717. L’auteur ne trouve comme places assises lui que 375 (règle de trois non à la Darcos, mais comme nous ont appris nos instituteurs laïcs). On est loin du compte. Or, il y a en plus tout le balcon, plein lui aussi avec des personnes debout, dans les allées, sur les escaliers, etc. En haut 326 places assises. On peut être certain qu’il y a environ 1 000 personnes. Le double de ce qu’écrit ce journaliste. On est loin et très loin du compte. Et là tout le monde peut vérifier. Il y a le site de la Maison de la chimie et des images qui montrent la salle pleine. Dans ce même texte, vous avez lu que François Bayrou s’en explique [du fait qu’il y a aussi des candidats et non seulement des élus] par "une pointe d’humour forcé" que s’il n’y avait que des élus lui-même n’aurait pas la parole. Or, ceci, ce qui n’est pas anecdotique, est la réponse à une candidate qui avait fait un beau score, mais qui n’avait pas gagné, et qui parlant à la tribune remerciait Bayrou de donner la parole même à ceux qui n’avaient pas fait passer leur liste.
Il s’agit donc bien d’un humour, mais non forcé, spontané car du tac au tac, et non pour expliquer que la salle était remplie avec aussi des candidats. Sortant cette phrase du contexte, le "journaliste" lui donne un tout autre sens et de plus apporte sa petite connotation qui est fausse. A ce Martin, comme le squelette de l’internat de Saint-Agile, qui dans sa biographie se pose la question de savoir quand on devient journaliste si c’est lorsque l’on a sa carte de presse ou lorsque l’on écrit son premier article, nous pourrions lui répondre que ce sera quand il sera professionnel et qu’il vérifiera ses sources ce qui est censé être le B.A.-BA du journalisme. D’autant que Rue89 était présent comme le montre la vidéo prise lors de cette réunion. Il avait donc loisir de vérifier la teneur des salles et d’écouter les propos de Bayrou dans son contexte. Il ajoute une autre contrevérité : le MoDem n’a pas commenté le chiffre officiel communiqué par le ministère de l’Intérieur pour le parti dans les villes de plus de 3 000 habitants (3,69 %). Très éloigné du score du président du parti centriste au premier tour de la présidentielle (18,57 %). François Bayrou a donc voulu faire samedi une claire mise au point : tout d’abord Bayrou a contesté ces chiffres dès la semaine qui a suivi les élections municipales, ce qui prouve que notre Tintin suit d’assez loin la politique ou ne fait pas son travail. Ensuite, il fait perdurer l’image fausse que le MoDem ne fait que quelque 3 % en suggérant que les chiffres de Bayrou ne sont qu’une version des faits alors que ce sont les faits et qu’évidemment c’est le ministère de l’Intérieur qui fait une fausse comptabilisation que Mme MAM a reconnu elle-même dans le préambule de sa déclaration que le propriétaire de Milou peut aller lire sur le site du ministère. Pas difficile ni trop dépensier en énergie. Qu’il prenne un Mars s’il est en hypoglycémie. Mais notre reporter ne s’arrête pas là, car il fait du commentaire : L’heure est à l’autosatisfaction.
Aucune référence ne sera faite à la frange des ex-UDF qui tancent depuis plusieurs semaines le président du MoDem afin de reprendre leur indépendance, avec au passage les locaux et les finances du parti centriste dans lequel ils ont été fondus alors que ce qu’il dit est déjà dépassé, mort et enterré depuis que le Bureau politique transitoire de l’UDF a définitivement clos l’histoire de l’UDF. Il oublie qu’Arthuis et cie ont reconnu leur défaite. Au passage, le terme de l’autosatisfaction est contredit par la reconnaissance par Bayrou des erreurs commises. Passons. C’est une erreur de jeunesse de ce journaliste. Une parenthèse avant de conclure. On pourrait me reprocher d’attaquer un journaliste et de jouer à ce même noble métier et donc d’être mal placé pour critiquer. Oh, il y a quelques petites différences qui s’ajoutant les unes et les autres font qu’il y a un gouffre entre un journaliste et moi. Une petite c’est que je suis bénévole. Une petite c’est que j’écris en tribune libre et en précisant que mes écrits privilégient l’opinion. Une petite c’est que je n’ai pas de carte de presse et que celle-ci attribue à son porteur un statut qui le définit comme respectable, crédible et professionnel. Sa parole vaut plus que la mienne par essence dans l’esprit d’un lecteur. Etant moi de parti pris, ceux qui me lisent et qui connaissent mes articles ont ou devraient avoir le recul qui en découle. Ils peuvent juger mes propos comme partisans. Ce qui n’est pas le cas d’un journaliste dont on suppose que les écrits sont la juste transcription des faits.
La conclusion est que les journalistes soit boycottent (c’est à la mode) de façon particulièrement injuste le MoDem, soit transcrivent de façon fantaisiste la réalité et la plupart du temps extraordinairement mensongère les faits, associant des commentaires le plus souvent assassins et pourtant dépassés et faux, faisant d’un parti qui perd finalement pas tant d’élus que cela une passoire et diminuant ses succès, amplifiant et démultipliant les voix de ses opposants, ne parlant ni du BO du 16 avril ni de cette réunion du 26 avril font en quelque sorte une non-information et ou une désinformation préjudiciable à ce parti. Il est particulièrement étonnant que malgré cela Bayrou est toujours haut dans les sondages et que les Français le choisissent en tête pour être le Premier ministre de Sarkozy (ce qui est inconséquent bien sûr vu l’animosité extrême de Sarkozy contre Bayrou et la violente opposition de Bayrou contre la personnalité et le projet de Sarkozy). Il en ressort que le Mouvement Démocrate doit en tirer les conséquences qui s’imposent et mettre au point un système de contournement de cette omerta prouvée ou de ces désinformations répétitives pour pouvoir faire passer son message. Je n’y vois qu’une solution : le militantisme par le contact direct avec la population.
Allez au travail !
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