MoDem : Les enseignements de Seignosse

1. Le Mouvement Démocrate a un chef
François Bayrou règne sur cette formation politique de façon très claire et très évidente. François par-ci, François par-là, tout le monde se réfère à celui qui est le principal inspirateur du mouvement. On semble le connaître personnellement et sa proximité avec les militants est bien réelle. Pour la plupart de ceux qui étaient présents à Seignosse, François Bayrou est même la principale (et unique ?) raison de leur récent engagement politique, autant dire que c’est essentiel. Sans mauvaise comparaison, je retrouve d’une certaine manière ce que j’avais ressenti il y a un an dans l’université d’été de l’UMP à laquelle j’avais été convié. L’adoration des militants pour Nicolas Sarkozy était impressionnante.

Ce premier point est essentiel pour bien comprendre ce qui se passe au MoDem C’est un avantage énorme car la légitimité du chef ne fait pas débat et permet à chacun de se positionner. C’est peut-être aussi un inconvénient dans la mesure où il apparaît parfois bien isolé au milieu des autres cadres. Seules deux autres personnalités semblent hériter d’une part de légitimité incontestable, Marielle de Sarnez et Jean-Marie Cavada. Ce dernier aura été selon moi, la personnalité la plus marquante de ce rassemblement, tant son charisme et son intelligence lui auront permis de prendre plus de place dans l’état major du mouvement.

2. Le Mouvement Démocrate est une mosaïque
"Si tu diffères de moi, loin de me léser, tu m’enrichis", disait Saint-Exupery. Le MoDem va être super riche ! Les militants réunis à Seignosse constituent un groupe de personnes qui ne ressemble à rien d’homogène. Il y a des jeunes, des vieux, des gens de toutes les origines, sociales, culturelles et politiques et c’est assez impressionnant de les voir évoluer ensemble dans une formation pour le moment assez virtuelle. Certains sont de vieux briscards de la politique, d’autres en sont à leur tout premier engagement. Certains sont des déçus de quelque chose, d’autres sont des candides qui ont eu une révélation.

Cette mosaïque est une chance incontestable pour le MoDem car s’il y a bien un sphère au sein de laquelle l’ouverture et le rassemblement seront une réalité, c’est bien celle des militants. Le MoDem a l’opportunité de construire une formation politique qui aura la diversité dans ses gènes et c’est un avantage concurrentiel majeur. Par contre, ça ne va pas être simple de faire cohabiter tous ces gens au sein du même ensemble, étant précisé par François Bayrou que le MoDem ne sera pas un parti de courants (ce en quoi il a parfaitement raison d’ailleurs). Je m’en suis rendu compte en écoutant les débats et les interventions, il y a un challenge énorme.

3. Le Mouvement Démocrate a une vision
Autant certains partis politiques peuvent se chercher un programme, autant le MoDem a un socle sur lequel s’appuyer (le programme que François Bayrou a défendu au cours de sa campagne) et une vision vers laquelle diriger ses pas. Que l’on soit pour ou contre, l’opportunité d’inventer une nouvelle formation politique moderne, réaliste et adaptée aux contraintes et aux enjeux de notre époque est exceptionnelle. Le fait que les "barons" soient partis vers le Nouveau Centre laisse une très grande liberté à François Bayrou. C’est la possibilité de partir d’une page blanche pour inventer un parti politique vraiment nouveau.

Le principal avantage de cette vision est de séduire un très grand nombre de gens qui n’ont jamais fait de politique, mais qui se reconnaissent dans les valeurs que prône François Bayrou. Ce sont des gens qui viennent à la politique avec un très grande envie d’innover. Ce sont des gens qui contribuent à faire avancer l’engagement citoyen en se réunissant autour de quelque chose de résolument moderne. Cependant, le danger de cette vision est qu’elle ne soit que prospective et qu’elle ne résiste pas à la pratique politicienne ordinaire et quotidienne.

4. Le Mouvement Démocrate a besoin de structure
Il y avait à Seignosse un doux parfum de "bordel" qui planait dans les allées. Sans en jeter la pierre à qui que ce soit tant on sait que ce forum a été préparé en un temps record par des étudiants bénévoles et non expérimentés, cette apparente désorganisation est assez révélatrice de l’ambiance qui règne actuellement au parti. Trois mois seulement sont passés depuis les dernières législatives, l’afflux de militants a été aussi inespéré que débordant et l’on sent bien que nous sommes dénués d’organisation.

S’il y a un aspect rafraîchissant dans ce bazar, le côté boy-scout peut en déstabiliser plus d’un et c’est d’ailleurs ce qui génère le plus grand nombre de râleurs comme je l’ai exprimé dans une note précédente. Si tout le monde est d’accord pour s’enthousiasmer d’être réuni au sein de ce nouveau parti, je parie que l’absence actuelle de structure découragera un très grand nombre de militants. François Bayrou a annoncé que les assises de la création du MoDem auraient lieu le week-end du 25 novembre, espérons que l’hémorragie ne sera pas trop importante d’ici là.

Voilà donc ce que j’ai retenu de ces quelques jours. Mon impression générale est très grandement positive. Je ne regrette pas un seul instant de m’être engagé dans cette voix et je remercie vraiment François Bayrou de son accueil et de sa confiance.