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Accueil du site > Tribune Libre > Moi, Philippe S., Commentateur Qui Commente [*]

Moi, Philippe S., Commentateur Qui Commente [*]



C’est tout de même formidable, ça, mâhâme Ferrari ? Non mais attendez ! Pour quoi croyez-vous que j’sois né ? Pour rester le clavier ballant et ne piper mot alors que, dans le même temps, des Chatel, des Bertrand ou des Lefebvre, commentent – et faut voir, comment, m’sieur Pujadas – les commentateurs-qui-commentent ?
Mais enfin, que dirait-on de moi, si j’prenais le parti de ne rien dire  ? Que dirait-on de moi, si je n’faisais pas mon travail, celui de commentateur-qui-commente ? Croyez-vous que ma mère m’aurait porté neuf longs mois - dans son ventre ! - pour donner vie à un commentateur-qui-ne-commenterait-pas ?

Je n’ai pas, Laurence Ferrari, été mis au monde pour me taire !
Mes parents, David Pujadas, m’ont donné une mission que je compte bien mener à son terme ! Et ce n’est pas parce que je suis à mi-mandat de mon existence que j’vais, comme d’autres, comme beaucoup, renoncer à commenter-les-hommes-qui-agissent !

Pourquoi, et au nom de quoi, le ferais-je ?
Pour aller jouer aux boules ?

Que les choses soient bien claires, mâhâme Ferrari, je n’ai rien contre ceux-qui-jouent-aux-boules. Je les respecte. Profondément. Ils font un travail formidable ! Mais enfin, quel homme je serais si, plutôt que de dire – et je ne suis pas le seul - qu’à 23 ans, sans aucun diplôme, aucune qualification, on ne peut prétendre à un poste aussi lourd de responsabilités que celui de président de l’Epad, j’allais sur la place du marché, faire un carreau ou pointer ?
Croyez-vous que ça m’fasse plaisir de constater que, sur le sujet que j’viens d’évoquer, la France est la risée du monde, comme j’ai pu le lire chez les commentateurs-qui-commentent de la presse internationale ?
Monsieur Lefebvre, qui fait son travail d’opposant aux commentateurs-qui-commentent, a-t-il dit, ne serait-ce qu’une seule fois, que la presse internationale cherchait à “détruire” l’homme-qui-agit ? A-t-il accusé les commentateurs-qui-commentent de la presse internationale de faire partie d’un “monde politico-médiatique” dont le seul but – le seul but, David Pujadas ! - serait d’abîmer l’homme-qui-agit ?
Et pourquoi ne l’a-t-il pas fait ?
Parce qu’il est mon fils ou celui d’un commentateur-qui-commente ?
Vous savez bien que non !

Mais j’vais vous dire autre chose, Laurence Ferrari : estimeriez-vous normal que, dans une République irréprochable, un commentateur-qui-commente se taise quand on crée deux nouveaux fichiers de police – deux d’un coup, m’sieur Pujadas, deux d’un coup ! Et à la veille d’une législative partielle ! – sans passer par le Parlement ?
Estimeriez-vous normal qu’aucun commentateur-qui-commente ne rappelle à l’homme-qui-agit qu’il n’a pas été élu pour légiférer par décret mais pour donner plus de pouvoir au Parlement ? N’est-ce pas le devoir du commentateur-qui-commente que de le lui rappeler ? Comme, n’est-ce pas son devoir de lui rappeler qu’il a fait le serment, le 6 mai 2007, d’être du côté des opprimés, de ceux qui souffrent, quand il renvoie dans un pays en guerre, trois afghans, au beau milieu de la nuit ?
Croyez-vous que nous sortirons de l’hypocrisie en opposant à l’homme-qui-agit-par-décret-et-au-beau-milieu-de-la-nuit, un silence poli ?

Si l’homme-qui-agit a des droits et des devoirs, nous n’en avons pas plus, ni moins que lui, David Pujadas.

A travers cette polémique d’un soit-disant “monde-politico-médiatique” cherchant, paraît-il, à “déstabiliser” l’homme-qui-agit, franchement, qui est visé ?
Je vais vous le dire, David Pujadas. Ce n’est pas homme-qui-agit ! Ce n’est pas non plus le-fils-de-l’homme-qui-agit ! C’est le fils-de-Craô que je suis, que nous sommes tous, nous les commentateurs-assis-qui-marchons-debout-et-faisons-preuve-d’action-civique-en-commentant-l’homme-qui-agit !
Je n’ai pas, en démocratie, à avoir honte d’être un commentateur-qui-commente, mâhâme Ferrari.
Je n’ai pas, David Pujadas, à m’excuser d’être ce que je suis.
Et ni moi, ni tous les autres commentateurs-qui-commentent ne se reconnaissent dans les commentaires qui sont faits, à notre égard, par les hommes-qui-agissent-et-qui-commentent-les-commentateurs-qui-commentent.

Encore une fois, Laurence Ferrari, nous n’avons pas été mis au monde pour nous taire. Et nous n’nous tairons pas. Nous continuerons à commenter, parce que c’est, à la fois, nécessaire et indispensable à toute démocratie digne de ce nom ; et nous le ferons, David Pujadas, sans aucun tabou et en toute transparence.
Je le dis, solennellement, aux hommes-qui-agissent : nous ne céderons pas un millimètre, nous n’éluderons pas nos responsabilités. Car si nous l’faisions, qui défendrait alors cette belle idée à laquelle nous tenons toutes et tous : celle d’une démocratie réelle ou chacun, Laurence Ferrari, et chacune, David Pujadas, ne se trouvent être ni au dessus de l’homme-qui-agit, mais ni en dessous non plus ?

Dans une démocratie, il faut des hommes-qui-agissent, des commentateurs-qui-commentent-les-hommes-qui-agissent, des hommes-qui-agissent-commentant-les-commentateurs-qui-commentent-les-hommes-qui-agissent, des hommes-qui-jouent-aux-boules-sur-la-place-du-marché, des judokas-qui-font-du-parachute-dans-une-circonscription-UMP-où-même-un-âne-serait-élu et des hommes-qui-agissent-et-se-réjouissent-que-l’âne-fasse-"Hi-Han" !
C’est cela la démocratie, mâhâme Ferrari !
Maintenant, si certains n’en veulent plus, de cette démocratie, de ce modèle français, qu’ils nous le disent franchement, et nous nous f’rons un plaisir, par des commentaires - oui, David Pujadas, par des commentaires ! - d’expliquer aux français ce que cela signifie.

J’ajoute, Laurence Ferrari, que dans un pays où la liberté de la presse est passée en sept ans – en sept ans ! - de 2002 à 2009, du 11ème au 43ème rang, il ne me semble pas que ce soit une attitude responsable de la part d’un homme-qui-agit de désigner comme coupables, comme présumés responsables, les commentateurs-qui-commentent de la baisse constante de sa côte de popularité auprès de l’opinion, y compris au sein de sa propre majorité, à tel point qu’elle en vient à voter des lois, soit-disant, par erreur ?
Voter une loi par erreur ! C’est tout de même formidable, ça, mâhâme Ferrari !
Croyez-vous que ce soit le fait d’un complot “politico-médiatique” dont nous serions les ourdisseurs ?
Ou, est-ce que certains députés de la majorité, n’auraient pas, comme nous, les commentateurs-qui-commentent, plus la moindre envie de se taire, se rendant compte qu’ils n’ont pas été élus, ni mis au monde, pour flatter, chaque jour, l’homme-qui-agit ?

Non, David Pujadas, ne comptez pas sur moi, pour ajouter, à cette évidente fronde de la majorité, un commentaire quel qu’il soit.
Quand bien même préférerais-je, au nom de la démocratie et de la liberté d’opinion, un excès de commentaires, fussent-ils caricaturaux, à pas de commentaires du tout.


[*] Billet écrit sur le ton de l’acteur qui, lui, agit …
 

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7 réactions à cet article    


  • fhefhe fhefhe 26 octobre 2009 10:14

    Les journalistes ont mis en avant (à juste titre) le manque de diplômes de Jean Sarkosy...MAIS ils ont oublié que leur métier n’est pas subordonné à un diplôme précis.
    La validation des 2 années passées dans leur écoles permet seulement de faire une année au lieu de deux en tant que pigiste.

    L’article 11 des droits de l’homme permet à TOUS les citoyens de s’exprimer Librement.

    Les salariés qui commentent dans la presse sont payés par l’argent de la publicité (Hormis le Canar Enchainé). L’ensemble des annonceurs sont LEUR patrons,et à ce titrre , ils ne peuvent être objectif.

    Les Pouvoirs sont aux mains de NON-DIPLOMES pour leur fonction.
    Quels diplômes sont nécessaires pour être Ministre , Sénateur , Députés , Président de la République , Présentateur de JT , journalistes ???
    En cela je comprends SANS l’admettre le passage en force de Nicolas Sarkosy pour son fils.
    Sarkosy , COMME-UNIQUE-ACTEUR utilise les C0NS-MENTEURS ...COMME-TATEURS de l’opinion publique.
    Sa stratégie de COMME-UNIQUE-ACTION est soutenue par la médiaCRATURE financée par des SAIgneurs.
    En outre , il posséde une logistique pour gagner la guerre des esprits. C’est en Rafale (Cf. Lagardére) qu’il télèphone (Cf.Bouygues ) pour contrôler les médias (Encore Lagardère) pour batir (Encore Bouygues) son Empire.

    En ce qui me concerne , je vais rester Autodidacte...pour éviter que la Vie me donne Trop de leçons... !!!


    • FlorenceM 26 octobre 2009 10:50

      Ah oui Phillipe Gildas commentant « oui c’est bien, les conseillers territoriaux », ah quelle autorité du savoir lui permet de valider une stratégie UMPéteuse, grotesque animateur de JT ....

      les commentateurs deviennent comme les coupures de pub, le moment béni pour tirer la chasse !

      • Imhotep Imhotep 26 octobre 2009 10:58

        Aussi bon dans la forme que sur le fond. Bravo !


        • jltisserand 26 octobre 2009 11:43

          heureux d’être dans les premiers commentants ce précieux et hélas très juste commentaire.

          Merçi à l’auteur


          • nowak 26 octobre 2009 12:53

            Un vrai régal .Merci .


            • Dominique TONIN dume 26 octobre 2009 16:16

              Oui, c’est vrai, c’est bien écrit, sur le ton de la boutade mais ô combien vrai.
              La question qui se pose c’est : combien de temps, nous françaises et français munis du droit de vote, allons nous et pouvons nous supporter encore, et pour combien de temps cette oligarchie, cette autocratie monarchique ?
              J’entends et lis tout autour de moi des gens exaspérés, rouspétants, vociférants, tapant du poing sur la table, mais au final peu de personnes qui font réellement qqchose, sauf rentrer le soir chez eux...et le lendemain ça recommence !
              A vous dire vrai, je m’étais préparer à cette éventualité lorsqu’en juillet dernier j’ai créé le « PF » pour peuple français. La deuxième pensée, c’est que je me suis dit que d’ici 2012 une quantité d’évenements pourraient encore assombrir le paysage politique. Enfin, si je ne fondais pas d’espoir sur la capacité qu’a le citoyen Français à sélectionner le bon bulletin, in fine, dans l’urne, je n’aurai jamais lancé ce mouvement www.peuplefrancais.fr


              • Vilain petit canard Vilain petit canard 26 octobre 2009 17:10

                « Combien de temps allons nous et pouvons nous supporter [...] cette autocratie monarchique ? » Pour moi, ce n’est pas tellement l’oligarchie ou l’autocratie qui sont le plus pénibles à supporter, c’est surtout l’arrogance et la nullité crasse de ces minables qui me pèsent. Et pas qu’à moi.

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