Moins loin, moins vite, plus cher : Irrésistibles relocalisations
La tendance commence à s’inverser, les entreprises qui délocalisaient en Asie de l’Est ou sous-traitaient dans ces pays (la Chine en particulier, devenue la première puissance industrielle du monde en 2012) commencent à rapatrier leurs productions ou à sous-traiter dans les pays occidentaux.
La qualité des produits et la rapidité de réaction aux commandes y sont pour beaucoup. Elles compensent le coût du travail beaucoup plus élevé.
Mais la raison de fond n’est pas là, ce mouvement de grande ampleur se joue aussi (et peut-être surtout) sur le coût du transport maritime.
Ce dernier malgré la construction de porte-conteneurs géants (le Jules Vernes de la CMA CGM peut en contenir 16000), ne fait qu’augmenter. Le pétrole à 100 dollars le baril en est bien sûr, la principale cause.
Alors, les navires diminuent leur vitesse. Celle-ci était normalement de 20 nœuds (37 Km/h), elle est passée aujourd’hui à 16-18 nœuds pour économiser le carburant (un tel navire économise ainsi pour 47 millions de dollars par mois de fonctionnement). L’on envisageait au tournant des années 2000 de construire des fast-ship fonctionnant au gaz et capables d’aller à 25-30 nœuds.
Ce n’est plus la problématique actuelle. L’on veut désormais des navires lents capables d’avoir un moteur à son rendement optimal à 15 nœuds pour faire des économies de carburant encore plus grandes. Car un navire comme le Jules Vernes consomme tout de même 120 tonnes de fuel par jours !
Seulement voilà, aller lentement à un revers, l’on augmente le nombre de jours de la traversée. Passer d’une moyenne de 20 nœuds à 15 nœuds signifie une augmentation d’un tiers du temps de parcours qui est d’environ un mois entre la Chine et l’Europe. Et ceci a aussi un coût !
En effet, les marchandises transportées ont un prix et constituent donc un stock immobilisé important soit pour le vendeur, soit pour l’acheteur ! Dans les deux cas, une plus longue période de transport signifie un moindre rendement du capital, car le stock immobilisé n’est guère rentable.
Les importateurs sont donc entre Charybde et Scylla : soit ils vont vite et paient le transport au prix fort, soit ils vont lentement, mais cela immobilise du capital.
D’où la tendance longue à rapatrier la production vers des pays plus proches. Et si l’on accentuait cette tendance ?
La fameuse écotaxe qui fait tant de bruits en Bretagne serait un excellent moyen d’accélérer le processus, car sur des trajets non plus de quelques centaines de kilomètres mais sur les 12000 entre la Chine et la France, il y a fort à parier que le poids se ferait fortement sentir.
Alors oui, la production en France et en Europe aura de beaux jours devant elle, mais pas grâce aux tentatives de M. Montebourg, qui pour l’instant ne semblent guère porter leurs fruits.
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