Molar City, l’autre flux migratoire
Contrairement à ce que l’érection d’un mur à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique pour contenir une marée humaine de latinos dépenaillés espérant trouver une petite place au paradis terrestre réservé aux citoyens de première zone pourrait faire croire, les déplacements collectifs dans cette zone ne sont pas unilatéraux..
Une autre migration de masse traverse la frontière américano-mexicaine, dans l’autre sens.
Il ne s’agit pas en l’occurrence de familles d'Amérique centrale qui fuient des conditions "horribles" dans leur pays et, pour cette raison doivent impérativement être séparées, incarcérées, traumatisées et diabolisées pour avoir demandé l'asile humanitaire dans le pays « le plus puissant du monde », il s'agit de migrants (temporaires, quand même !) étasuniens qui, eux, sont accueillis à bras ouverts au Mexique, des gens de condition modeste, sans être pauvres, qui recherchent une alternative au système de santé médico-social inabordable du jardin d’Eden moderne où ils sont nés. Pas moins de 6 000 personnes par jour se rendent dans des villes comme Los Algodones (« en face » de Yuma, en Arizona) pour se procurer des services médicaux et des médicaments sur ordonnance dont le prix dépasse leur budget aux États-Unis.
Surnommée « ville molaire » (Molar City), Los Algodones compte plus de dentistes par habitant que partout ailleurs dans le monde. Au Mexique, le coût des soins dentaires est en moyenne de deux tiers inférieur à celui pratiqué aux USA.
Aux Mexique, le système de santé donne la priorité aux soins, les études sont gratuites et les dentistes ou autres professionnels de santé n’ont pas à intégrer à leurs tarifs le remboursement de leur dette d’étudiant, et comme le système de santé universel mexicain est financé par les impôts, il ne génère pas une inflation de cotisations liées à un système d’assurances privées. C'est un système abordable et accessible à tous, ce qui explique pourquoi autant d’Américains se rendent dans le Sud pour se faire soigner. Selon un article de Truthout.org, « les citoyens américains en quête de soins de santé peuvent se garer à Yuma pour 5 dollars, traverser la frontière, obtenir l'aide dont ils ont besoin et revenir pour le dîner ».
C’est ce que certains journaux ici appellent le « tourisme médical », sauf que sur le continent américain, le sens du flux est inversé, une sorte de jusant.
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