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Accueil du site > Tribune Libre > Mon aventure avec un éditeur de merde

Mon aventure avec un éditeur de merde

Il ne me semblait pas être bien ou mal parti.

Ni lièvre, ni tortue.

Ni dans la bonne ou la mauvaise direction… tout cela n’étant qu’un vague problème de référentiel de toute façon.

J’étais parti, c’est tout.

A l’aventure, droit devant. Si j’avais l’impression d’avancer, tout allait bien (et puis la sensation du vent dans les cheveux, c’est quand même unique, surtout pour une tortue).

Je m’étais dit « je vais mettre le feu dans le monde de l’édition », on m’appellera Kiroman.

Et puis…

Je suis tombé sur un os. Ou plutôt, à l’instar de Superman, je suis tombé sur une pierre verte et qui m’a fait perdre tous mes pouvoirs : on appelle ça la Kironite (à une ou deux lettres près, on y était).

 Là, je sens comme un frémissement dans l’assemblée, de la stupeur (quelques tremblements aussi au niveau des cuisses), vous vous demandez toutes : mais comment que ça se fait que tu seras jamais plus un super héros (toi qui as pourtant un joli slip rouge) ?

 Remontons légèrement dans le temps, un effort de mémoire ne fait jamais de mal (même lorsque l’on a dormi que deux heures, à cause d’amis à peu près aussi clairs que la Seine en aval de Paris et qui refusaient de voir la réalité en face : à un moment, il faut aller dormir).

 

Back in time

C’était il y a quelques mois (ça paraît loin maintenant, comme quand on a traversé le désert en 10 jours et qu’on a l’impression d’avoir pris 10 ans (ce que l’état de vos pieds confirme d’ailleurs)).

 Par un beau matin (ou pas, mais avouez que commencer une phrase par « Par un moche matin », c’est moins glam’), il m’est passé par la tête l’idée d’écrire un livre. Normal pour un écrivain me direz-vous. Oui, à part que moi j’étais juste écrivain dans mes rêves (ou en soirée pour draguer les oiselles tombées du nid), et malheureusement pour nous autres terriens, les rêves rejoignent rarement la réalité, seuls les cauchemars le font parfois.

 Je m’en souviens encore. Je me réveillais parfois en transe, en pleine nuit, et je notais des conneries sur un bout de papier, sûr d’avoir capturé l’essence même de la création, certain d’avoir pondu quatre lignes qui allaient révolutionner l’écriture. Bon, le lendemain au réveil, mon génie m’apparaissait moins nettement (même quand j’arrivais à déchiffrer mes immondes hiéroglyphes, c’était pas fameux).

 Je me souviens que l’effort d’écriture était à la fois surhumain (mais pas plus que de faire du repassage en ce qui me concerne, or il semblerait que certains représentants mâles sont adeptes des planches à repasser (ce n’est pas mon cas, j’aime les formes)), mais aussi un vrai plaisir, une découverte même, et au final un espoir : et si j’étais « édité ».

 A l’époque, je l’avoue sans honte, je ne savais pas trop ce que ça voulait dire « être édité ». J’avais de vagues images de vieil homme à barbe, parlant derrière des volutes de cigarette de concepts fumeux (normal), avec de gentilles personnes attentives et silencieuses qui se tiennent le menton autour (mais sans jouer à ce jeu débile où il ne faut pas sourire sous peine de brutalité autorisée, et puis d’abord c’est leur menton qu’elles tiennent, ces gentilles personnes).

 Cependant, cette idée d’un livre « physique », d’une réalité tangible de ma condition d’écrivain amateur, a germé en moi, et a grandi telle une idée un peu farfelue mais tenace.

 Je vous passe les affres de la « création » (ainsi que le nombre de bouteilles de whisky siphonnées pour rentrer dans la peau du personnage), une fois mon « œuvre » finie, et après environ 150 versions différentes et 3000 fautes d’orthographe corrigées par des relectrices courageuses (mais sans doute motivées par le fait de toucher du doigt (voire plus si affinités) la création au sens le plus pur du terme), je me suis mis à l’envoyer à un, puis deux, puis dix éditeurs de la place parisienne.

 Au bout de dix mois de baffes dans la tronche (sans avoir souri pourtant, ça j’en suis certain), il me fallait me rendre à l’évidence : je n’étais pas éditable (en tout cas, pas par les éditeurs classiques qui avaient mieux à faire).

 Je commençais à désespérer et à envisager sérieusement l’auto-édition, lorsqu’un jour, je tombai sur un forum de jeunes écrivains, et je vis un post d’un Directeur d’Ouvrage qui faisait un appel à manuscrits. Un « Directeur », carrément. Autant l’écrivain évoque pour moi des choses assez diverses et un peu floues, autant le Directeur, dans mon job je connais. C’est le mec qui a fait polytechnique et quand il parle, même si ce qu’il dit est con, tout le monde l’écoute (ça doit forcément être intelligent, te dis-tu, sinon comment serait-il arrivé là où il est et pourquoi les gens l’écouteraient).

 Ni une, ni deux, j’envoie mon fichier à la boîte mail indiqué, et je passe à autre chose (repassage, ménage, glandage, etc.).

 Quelques jours plus tard, quelle ne fut pas ma surprise (devrais-je avouer, là encore, que plus que de la surprise, il y avait une pointe de fierté) de recevoir un email de cette société m’expliquant à quel point mon livre était formidable, fin, drôle, j’en passe et des meilleures (preuve qu’ils l’avaient lu attentivement donc).

 Même si une part de moi flairait l’arnaque, l’autre part (minoritaire mais bruyante, à l’instar d’un syndicat sud de mon cerveau) me hurlait que « enfin, on reconnaît ton talent mon salaud ! » (mon cerveau est très grossier).

 Je commençai à me renseigner sur cette société, et trouvai finalement assez peu d’informations. Je me renseignai alors auprès d’amis auteurs qui me confirmèrent la mauvaise réputation de cette maison (« last choice, buddy »), principalement du fait qu’il leur semblait que c’était une vague arnaque basée sur le principe bien connu des pré-commandes nécessaires au lancement de l’impression. En gros, les auteurs financent leur bouquin par les acheteurs constitués par leur cercle d’amis. Du pseudo compte d’éditeur donc.

Cependant, dans le cas présent, la maison s’engageait sur un minimum d’impression tout de même, quand bien même tu en vendais zéro avant (ce qui ne semblait pas être l’intérêt de l’auteur quand même, mais indiquait en toute logique qu’il y avait un minimum d’investissement de la maison d’édition, ne serait-ce que dans la correction de l’ouvrage, l’impression, etc.).

 Les intérêts convergeant vers une collaboration efficace, et quand bien même cette boîte semblait signer beaucoup d’auteurs car pas très regardante sur la qualité des manuscrits retenus (je me disais bien aussi : un éditeur qui s’intéressait à moi, fallait qu’il soit débile ou qu’il ait un « plan »), je me disais que c’était à moi de montrer que mon produit était économiquement viable et donc intéressant à travailler pour eux. Vanité quand tu nous tiens…

 C’est une fois le contrat signé que les choses se sont compliquées. Jusqu’à la signature, ils répondaient à tous mes emails dans l’heure, étaient super disponibles, super aimables, j’étais heureux, j’avais un « éditeur » (bordel).

 Après la signature par contre…

 

Back to reality

On le voit dans tous les domaines de la vie, on devrait être habitué, et pourtant à chaque fois, c’est comme si on refaisait systématiquement la même erreur. Quand tu dragues une fille, tu es le prince charmant, tu lui tiens la porte (voire tu payes le restau pour les plus fortunés d’entre nous), et puis une fois que… enfin, bon, tu m’as compris… le moindre vent arrière lui glace le sang, incapable qu’elle est de comprendre qu’il faut distinguer l’avant-vente de la prestation réelle.

 Hé bien, avec cet éditeur, le désenchantement fut brutal.

 Fini de répondre au téléphone ou au mail. Impossible de les joindre. Par contre, eux me harcelaient pour que je leur fournisse une liste d’amis (d’au moins 40 noms précisaient-ils ? Pourquoi 40 ? J’imagine que leur tableau Excel calculant le break even du bouquin leur indiquait un chiffre minimum de 40 personnes à harceler, sachant que 50% des harcelés accepteraient d’acheter mon bouquin (de guerre lasse…)).

 Alors qu’il était prévu qu’ils fournissent la prestation complète de correction, de réalisation de la couverture, etc., j’ai compris assez qu’il fallait que je :

 ð Réalise la couverture

 ð Ecrive le texte de la 4ème de couv’ (euh… vous avez lu le bouquin les gars ?)

 ð Fasse ma bio

 ð Fournisse un texte sans faute de préférence

 

Tout ça commençait à devenir compliqué, Kirotechnique même.

 Car, comment dire, si je connais à peu près ma vie, ce qui me rend le plus apte à pondre ma bio (ma maman exclus), je m’y connais à peu près autant en infographie qu’un candidat de Secret Story en physique nucléaire.

C’était pas gagné.

Au final, et après un appel sur Facebook aux bonnes âmes (y-a-t-il un infographiste dans la salle ?), j’ai tout rendu à l’heure (un joli vomi bien jaune).

 J’avais quand même le vague sentiment de me faire exploiter… voire manipuler (seraient-ils des as de la manipulation, me dis-je, des sortes de Kiro-practeurs ?).

 Je croyais avoir franchi les derniers obstacles. Je n’étais pas au bout de mes peines.

 Contrat signé fin novembre, le bouquin prêt à être relu et corrigé par un spécialiste, la couverture ok, la 4ème de couv’ ok, la bio ok, il me semblait que c’était tout bon, que mon bouquin pourrait sortir assez vite (au printemps peut-être ?). Je commençais à en parler un peu autour de moi, et les gens étaient impatients (« quoi t’as écrit un bouquin ? mais… euh… je savais même pas que tu savais lire… »).

 Bien malgré moi, j’avais créé un mini-buzz chez mes amis autrement qu’en montrant mon cul à la fin d’une soirée alcoolisée, j’espérais que le bouquin allait se concrétiser rapidement (sous peine d’avoir à remontrer mes fesses pour détourner l’attention).

 C’était sans compter sur l’incompétence et le manque de professionnalisme de mon « éditeur » (il est même tentant de dire que ce sont un peu les Kiro-magnons de l’édition).

A peine avais-je fourni ma liste d’amis qu’ils recevaient tous un email sur mon bouquin avec la date de sortie (que je ne connaissais pas moi-même)… dans 8 mois !!!

 

De plus, ils avaient soigneusement rédigé le mail pour qu’on ne voie pas immédiatement cette date, afin que les gens pensent qu’on pouvait commander et recevoir le livre de suite.

Double arnaque : on ne me laisse pas le temps de prévenir mes amis (sachant que pour arriver à 40 noms, il y avait forcément des amis d’amis (voire pire, des amis Facebook !)) et on les leurre.

Je vous raconte pas ce que j’ai pris dans la gueule (j’ai d’ailleurs depuis changé d’amis, ce qui ne m’a pas fait de mal pour certain(e)s, mais on s’éloigne du sujet).

 J’ai décidé alors d’appeler ce fucking éditeur, le mailer, le pigeon voyageurer, le signal de fumer, etc. pour leur dire ma façon de penser. Impossible de les avoir (même le pigeon est revenu bredouille, la mine triste, le bec plongeant), et aucune réponse à mes emails. Comme s’ils n’existaient plus.

 Quand finalement, j’arrivais à avoir quelqu’un en ligne, le discours était toujours le même : « c’est pas moi, c’est l’autre, mais aujourd’hui, il n’est pas là ». Euh, ok… quand je suis revenu à mon point de départ, je fais comment M’dame ?

 Complètement désespéré, et comprenant qu’ils ne feraient sans doute rien pour promouvoir mon bébé (de vrais Kiro-flanc), mais encore motivé malgré tout, je décidai de commencer un blog, non pas dans l’idée de dauber sur eux (même si la tentation était grande), mais dans l’idée de raconter une « fausse » histoire : l’histoire d’un écrivain paresseux et qui se décide finalement à écrire. Le journal du blog racontait semaine après semaine comment je me mettais à écrire, l’idée étant de tenir l’histoire pendant 8 mois jusqu’à la sortie du livre. Ainsi, au moment où il dit qu’il a écrit un bouquin : *paf*, un bouquin sort (ça s’appelle le marketing mon p’tit gars).

 En commençant à écrire mon blog, je décidai de créer un faux compte Facebook utilisant le pseudo du bouquin (Jean-Fabien) et de faire ami-ami avec des écrivains en galère comme moi. Assez vite, je cumulais plusieurs centaines de « relations » sur ce faux compte (plus que sur mon vrai ! Il faut croire qu’il y a encore plus de misère littéraire que de misère sexuelle en France), et encore plus vite, je tombais sur des déçus de mon éditeur, le même !

 Je développai, en parallèle de mes articles d’écrivain raté (et mine de rien, rater un truc, ça prend du temps), des articles sur le monde cruel de l’édition.

 Plus j’avançais, et plus je me prenais pour Belmondo dans « Le magnifique », en combat sanglant contre Carpof. Seules mes fans féminines me permettaient de tenir le coup. Oui, je me battais pour Jacqueline Bisset (celle d’il y a 30 ans).

 On me fit alors entrer dans un groupe « secret » : les auteurs masqués (ça s’invente pas), ou autrement dit, les déçus de l’infâme Kiro-Carpof.

 En entrant dans ce cercle, quelle ne fut pas ma surprise de constater que tous les auteurs de cet éditeur (en tout cas, les présents dans ce groupe) avaient les mêmes problèmes, mais tous à des niveaux différents du processus. J’étais clairement au début d’une longue, très longue galère. Tout se bousculait : problème d’impression, pas de paiement des droits d’auteurs, même les correcteurs pleuraient pour être payés (les correcteurs étant les fameux « Directeurs d’Ouvrage » qui ont visiblement des compétences assez variées, certains réalisant une vraie correction en profondeur (celle que j’ai eu, par exemple, très compétente et sympathique, merci Edith !), d’autres se contentant vaguement de corriger les fautes d’accord), impossibilité de les contacter, etc.

 Assez vite, et compte tenu du flot d’information continu apporté par les membres du groupe, la situation devenait plus claire : cet éditeur avait construit une formidable pyramide de Ponzi. Les nouveaux auteurs payaient par les précommandes les frais de structure de la boîte (qui ouvrait des bureaux à Lyon, puis à Marseille), et seules les menaces de dénonciation aux impôts et autres lettres avec AR permettaient de se faire un tant soit peu entendre ou respecter.

 Evidemment, pour cet « éditeur », cela nécessitait de prendre de plus en plus d’auteurs, d’être de moins en moins regardant, et surtout cela entraînait encore plus de problèmes pour les auteurs déjà signés qui étaient de plus en plus noyés dans la masse. Je ne sais pas comment les gens en interne de cette boîte pouvait tenir, tellement le stress devait être grand, mais j’imagine qu’ils devaient s’envoyer un sacré stock de Kiro-nenbourg !

 En tout cas, les excuses étaient toujours les mêmes : on se réorganise. Ben voyons.

 De plus, les interlocuteurs changeaient tout le temps (forcément). Les ressources internes de cette belle entreprise de magouilleurs se renouvelaient sans cesse, lessivées qu’elles étaient. Un turn over digne d’un service de télémarketing !

 J’avoue qu’à un moment, j’ai même soupçonné la Kyronite de rendre nos sorties impossibles (genre parcours du combattant) pour qu'après on écrive un livre sur nos aventures ... et qu'ils le publient (genre mouvement littéraire perpétuel) !

 Bizarrement, pendant que je comprenais l’entreprise à laquelle j’avais affaire, mon blog se mit à fonctionner plutôt pas mal, et alors que j’avais galéré comme un ouf pour décrocher un contrat pourri avec une maison d’édition non moins pourrie, des éditeurs se sont mis à me contacter après avoir lu mon blog (de petits éditeurs qui montent, imaginez quand même pas que G. Robert ou JM. Laclavetine a décroché son téléphone pour m’appeler, hein ? Ceci dit, si un vrai éditeur me lit en ce moment, hésite pas coco, j’ai un super potentiel, et je suis pas regardant sur les contrats, tu peux tout garder, écrivain c’est juste pour draguer, pas pour me faire de la thune).

 Jusqu’au jour où un éditeur me propose d’éditer mon blog (euh… ça veut dire quoi éditer un blog ? tu veux faire des copies d’écran ?). Bon, là c’est une autre histoire (qui se termine bien), et avec le recul, je me rends compte que sans cet éditeur de merde dont le nom commence par la 11ème lettre de l’alphabet, je n’aurais jamais eu la volonté d’écrire ce blog, et je n’aurais jamais trouvé un vrai éditeur.

 Mais revenons-en à nos moutons noirs.

 

Back to my life

Dans le groupe des auteurs masqués, j’ai eu une révélation un jour. Un certain Bob Tazar avait rompu son contrat, en envoyant une lettre avec AR. Lui avait poussé le bouchon un peu loin, à savoir que pour prouver qu’ils ne lisaient même pas les manuscrits, il avait envoyé un manuscrit où il avait enlevé des parties du roman (qui en devenait donc incompréhensible), et devinez quoi ? L’éditeur avait trouvé ce manuscrit for-mi-dable. Il les avait donc menacés des pires représailles pour récupérer ses droits, et cela avait marché…

Ainsi, il était possible de sortir de ce cauchemar. Je pouvais me réveiller.

 Avec le recul, cela paraissait évident, mais sans ce Bob, je n’aurais jamais eu le cran d’aller jusque là, voire même d’envisager une sortie pareille. J’imaginais à l’époque que quand tu cèdes tes droits à vie, ben, tu les récupères qu’à ta mort (logique).

Mais à la réflexion, une boîte comme ça a trop à perdre avec un auteur mécontent qui ferait du buzz négatif et tarirait la source de leurs revenus, à savoir l’exploitation des auteurs malheureux qui veulent être édités par un éditeur à compte d’éditeur.

 Je me dis donc à rédiger une jolie lettre qui expliquait tous les points non respectés du contrat (une lettre d’à peu près 15 pages donc), et qui leur demandait une rupture à l’amiable.

 Au bout d’une semaine, une jeune fille (25 ans maximum je dirais) m’appela pour m’expliquer que je n’avais rien compris au contrat. Mais j’étais prêt. L’idée était de lui faire comprendre que j’étais déterminé à aller jusqu’au bout (le tribunal pour faire valoir mes droits), et surtout de lui faire comprendre qu’ils n’avaient plus que des emmerdes à attendre de moi et que j’étais prêt à faire du bruit, à transformer leur quotidien en Kiro-shima. Quand elle m’a dit qu’elle avait une proposition à me faire, je lui ai tout simplement dit de se la mettre où je pense et je lui ai raccroché au nez (il m’arrive d’être impoli, maman si tu me lis, je te jure que je le ferai plus).

Quelques jours après, je recevais un courrier m’indiquant que je pouvais récupérer mes droits sous certaines conditions, et notamment d’imprimer juste les quelques précommandes afin qu’ils n’aient pas à rembourser les acheteurs. Cela ne me posait pas de soucis outre mesure du moment que je récupérais mes droits. Tout le monde était content (enfin… pas trop mécontent).

 Fin de l’histoire.

 

What’s next ?

Bizarrement, ce pseudo éditeur a été efficace à deux moments : pour me faire signer le contrat, et pour le rompre. J’imagine que c’est ainsi qu’ils voient leur rôle d’éditeur, une espèce de machine à générer du mouvement.

Il paraît qu’il y a deux millions de français qui ont déjà écrit ou pensent écrire un livre. Il sort au maximum 10 000 nouveaux livres par an, et les français lisent 2,5 livres par an en moyenne (ils pourraient au moins finir le troisième quand même, ça craint). Le gap est donc infranchissable, il n’y a pas un marché suffisant pour absorber l’ensemble des livres que les gens ont envie de publier. Il y a trop d’auteurs potentiels.

 Il est donc extrêmement tentant de « surfer » sur ce désir de tous ces apprentis écrivains qui rêvent d’édition et de gloire.

Profiter de toute cette « misère » (car voir son manuscrit systématiquement refuser provoque une certaine forme de souffrance) est presque chose facile, il n’y a qu’à voir le nombre de maison d’édition à compte d’auteur qui fleurissent. Le problème est que, dans ce cas, il n’y a pas d’arnaque. Le deal est clair dès le début : l’éditeur à compte d’auteur est un prestataire de service. Cela ne me pose pas de soucis (même si je trouve le service un peu cher). Le problème est quand le loup se déguise en mouton, et fait croire à un travail sérieux d’édition, sous couvert de compte d’éditeur. A ce moment-là, je pense qu’il y a malhonnêteté.

 

Les éditeurs comme celui dont je parle devraient être dénoncés, bannis.

Tous les auteurs mécontents devraient rompre leur contrat, les balancer aux impôts (pour non paiement des droits).

Mais pour quoi ? Faire un dépôt de bilan et recommencer le même bordel sous un autre nom ? (remarque, la bonne nouvelle est que tous les auteurs récupéreront leurs droits…).

 Je ne sais pas… cependant ce qui me rassure, c’est que leur incompétence, ainsi que la gestion hasardeuse de leur main d’œuvre interne, les feront sombrer un jour ou l’autre, que l’équilibre cosmique sera rompu et fera donc Carpoter (de manière infâme bien sûr) cette entreprise du mal.

 Et cela les mènera tout droit à l’endroit où ils méritent de se retrouver : dans le mur.

 Et je pense même que quand on regardera le sol devant ce mur, on ne verra pas de trace de freinage.

 

Jean-Fabien, le 17 septembre 2012

http://www.jean-fabien.fr


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42 réactions à cet article    


  • Constant danslayreur 17 septembre 2012 15:36

    « « enfin, on reconnaît ton talent mon salaud ! » (mon cerveau est très grossier). »

    Je me joins à ton cerveau si tu le permets :

    Tu es génial mon salaud ! Vraiment génial smiley
    Bravo et à l’extrême limite ton arnaqueur d’éditeur passe au second plan et si tu veux savoir pourquoi t’as qu’à relire et d’un trait comme je l’ai fait...

    Really, really impressed.


    • Fabienm 17 septembre 2012 15:39

      ha ha
      merci Constant, qu’est-ce qu’on se croise ces temps-ci !
      (bon, on va pas beaucoup se croiser dans les jours qui viennent, je dois partir dans le sud, mais je reviens semaine prochaine avec des articles fracassants et fracassés)


    • Fabienm 17 septembre 2012 15:40

      c’te putain de teasing que j’ai fait là smiley


    • Constant danslayreur 17 septembre 2012 16:10

      En fait, on se recroisera plus du tout même quand tu seras revenu, par contre je me promets de passer régulièrement jeter un œil voire les deux sur ta fiche et le jour où tu y parleras d’un bouquin, je te promets que je trouverai le moyen de l’acheter et t’inquiètes pour « le bon libraire », j’ai de la famille en France et même des très proches qui font assez régulièrement la navette.

      Porte-toi bien et merci encore pour ce très bon moment smiley


    • Fabienm 17 septembre 2012 16:14

      en fait mon premier bouquin « Le journal d’un écrivain sans succès » sort chez Paul&Mike (distrib Hachette) en librairie en octobre smiley


    • kheops kheops 17 septembre 2012 18:05

      Article édifiant et salutaire. Les éditions Kiro...machin sont à fuir, c’est évident ! Heureusement il existe des éditeurs consciencieux et sérieux, souvent de petits éditeurs qui font bien leur boulot. As-tu essayé l’édition numérique ? J’ai récemment eu l’une de mes nouvelles publiée chez un éditeur sérieux et sympathique, qui se lance dans l’édition numérique.
      En tous cas, bonne chance pour la suite de ta « carrière d’écrivain » !


      • Fabienm 17 septembre 2012 18:33

        mais enfin, si tu as un bon éditeur à conseiller, il faut mettre son nom smiley
        sinon, je suis maintenant chez Paul&Mike (http://www.paulemike.com ) et je suis très content d’eux (comme quoi...)


      • kheops kheops 17 septembre 2012 19:58

        Ben oui, mais toi tu n’as pas écrit le nom entier de l’éditeur pourri, je croyais qu’on n’avait pas le droit de citer des noms ! Il s’agit de l’Anthologiste. Il a une page facebook et un blog :
        http://www.lanthologiste.fr/
        Tout est indiqué pour acheter les recueils et les nouvelles.


      • Fabienm 17 septembre 2012 21:26

        quand c’est pour dire des trucs gentils, on a le droit smiley
        merci pour l’info


      • Mmarvinbear Mmarvinbear 17 septembre 2012 18:40

        De toute façon, les maisons d’éditions se fichent bien de la fiction. Ce qui compte pour eux, ce sont les livres scolaires, du Primaire à l’Université. C’est ce marché qui leur importe le plus.


        Quand au reste, ce n’est pas un roman qu’ils achètent, mais un auteur, un nom. De quoi faire un plan média et envoyer le plus de leur cheptel dans les émissions télés et radios, et pour avoir le plus de papiers dans Télérama ou les Inrocks. Comment imaginer sinon que la nièce de Gildas ou la fille Mitterrand se font publier en moins de quatre mois dès leur premier envoi ?



        • Fabienm 17 septembre 2012 18:44

          c’est tout à fait vrai. Il reste cependant une infime place pour la création, mais avec beaucoup trop de candidats (dont la plupart médiocre et j’en fais sans doute partie), d’où la frustration énorme générée, frustration facile à exploiter à des fins financières.


        • Yohan Yohan 17 septembre 2012 18:44

          Faut tout de suite refiler l’adresse de cet excellent éditeur à Momo smiley


          • Fabienm 17 septembre 2012 18:46

            mince, c’est qui momo ?


          • Yohan Yohan 17 septembre 2012 18:47

            le rédacteur à la tête du Muppet


          • alinea Alinea 17 septembre 2012 23:19

            J’ai bien ri.
            Toi, tu parles de roman, de talent et d’amusement finalement.
            Moi, je ne raconterai pas les difficultés_ pour ne pas dire les déboires- des toutes petites petites maisons d’éditions anarchistes !
            Depuis que je suis sur Agoravox ( quatre mois) je sais que tout ça c’est de la couillonnade !


            • Fabienm 18 septembre 2012 10:06

              Hello Alinéa (bon, on en est où des promos ?)
              Je suis pas sûr de comprendre ton histoire de couillonade, tu pourrais être plus spécifique ? tu as eu quelques déboires ?


            • alinea Alinea 18 septembre 2012 10:18

              Non, je pense que vouloir se faire éditer est une illusion égocentrique ; qu’on en attend quelque chose qui se révèlera peu nourrissant, sauf pour l’ego ; moi j’avais l’impression que je pouvais apporter quelque chose dans la compréhension des choses et donner du grain à moudre pour que les valeurs ou les évènements ne soient plus pris comme tels, mais mûris et appropriés...enfin bref, j’avais l’illusion de pouvoir mettre ma pierre à l’édifice mais, comme je n’ai pas d’ego, cela ne s’est pas fait et j’ai compris, ici, que c’était très bien comme ça !
              Je voulais justement te faire une promo, mais juste à toi ( chut) pour des casiers de rangement personnalisé pour classer ton courrier des lecteurs, par catégorie, à répondre ou à laisser pisser,etc..
              En tout cas je lirai et... critiquerai ( au sens noble bien sûr)
              Bonne chance


            • Fabienm 18 septembre 2012 10:23

              Je ne suis pas sûr moi-même d’avoir tant d’ego que ça, mais bon... smiley

              « En tout cas je lirai et... critiquerai ( au sens noble bien sûr) » => je n’en attendais pas moi de toi !
               smiley


            • calimero 18 septembre 2012 08:35

              L’histoire est bien racontée, le ton sympa, bon texte (par contre les parenthèses à répétition (voire sous-parenthèses) et les jeux de mots gâtent un peu le style).


              • Fabienm 18 septembre 2012 10:15

                c’est pas sympa ça Calimero, moi je les aime mes parenthèses (beaucoup même)
                 smiley


              • Abou Antoun Abou Antoun 23 septembre 2012 12:36

                moi je les aime mes parenthèses (beaucoup même)
                Alors si la littérature ne tient pas ses promesses envisagez une reconversion dans la programmation LISP.
                Blague à part, j’ai lu votre article avec intérêt.


              • Fabienm 23 septembre 2012 17:00

                j’ai fait de la programmation LISP (c’était dans une autre vie). Je vais pas dire que je suis fan


              • kalagan75 18 septembre 2012 09:51

                un élu socialo proche de chez moi est comme par hasard un dirigeant d’une de ces boites d’édition pipeau ...


                • Fabienm 18 septembre 2012 10:18

                  intéressant.... comment s’appelle ce Monsieur ? ou plutôt où est-il élu et de quoi (j’irai chercher sur internet) ?
                  thanks


                • kalagan75 18 septembre 2012 11:39

                  je préfère ne pas donner de nom pour qu’aucun souci n’arrive à agoravox ; mais ce personnage, dans sa bio personnelle se vante de sa « réussite professionnelle » ...


                • Fabienm 18 septembre 2012 11:42

                  tu veux pas m’envoyer un message à [email protected] ?
                  merci smiley


                • maturin 18 septembre 2012 10:15

                  bonjour Fabienm,

                  Calimero est un crane d’œuf
                  il s’y connait !!!!
                  a Calimero, sourir.


                  • Fabienm 18 septembre 2012 10:19

                    te fous pas de la gueule de calimero, héros de mon enfance
                     smiley


                  • calimero 18 septembre 2012 10:45

                    C’était juste histoire de donner une opinion plus précise qu’un simple ouais c’est super. J’ai eu la faiblesse de croire qu’un avis aurait pu intéresser l’écrivain. Fermons la parenthèse, donc.


                  • maturin 18 septembre 2012 10:46


                    désolé, c’était juste une image, rien d’insultant pour Calimero ;
                    ni pour toi.
                    pardonnez nous nos enfances amen et a la tienne


                  • Fabienm 18 septembre 2012 10:49

                    @Calimero : oui je comprends l’histoire des parenthèses et des jeux de mot. C’est une question que je me pose souvent (le style). Je me rends compte qu’il n’y a pas de règle, je reçois des mails de gens qui trouvent ça super (les jeux de mots), et d’autres qui disent que ça coupe la lecture. Question de sensibilité. Pour la petite histoire, quand j’écris un article, ou autre chose, je mets dix fois plus de vannes pourries que ce qu’il y a dans cet article-ci (j’y peux rien, j’arrive pas à m’en empêcher), donc tu vois je me contrôle un peu quand même. Après, on ne peut pas lutter contre sa nature... merci de l’éclairage dans tous les cas


                  • calimero 18 septembre 2012 10:58

                    Et merci Fabienm de défendre l’honneur de Calimero mon idole.

                    Sinon pour draguer ça marche bien écrivain publié ?


                  • Fabienm 18 septembre 2012 11:02

                    hé ben pas si bien que ça en fait. Ca provoque la curiosité (ça oui), mais par contre, on associe souvent l’écrivain à un mec pauvre, obligé de faire des piges pour « Elle » afin de boucler ses fins de mois (bref, la lose). Donc, je commence par draguer en disant que je suis écrivain « ouah, génial », et après je dis que j’ai hérité. Là, en général, la fille tombe dans les 10 minutes (le séquençage est très précis)


                  • calimero 18 septembre 2012 11:25

                    Dis juste que t’as hérité la prochaine fois, tu gagneras 5 minutes :)


                  • Fabienm 18 septembre 2012 11:26

                    pas con (j’y avais pas pensé)


                  • MmeRosa 18 septembre 2012 11:26

                    si vous permettez des petites observations à propos de l’écriture votre style est clair, ordonné, voire légèrement « scolaire » et je comprends le dilemme qui naît et la tentation que l’on a pour ajouter de la profondeur et du coupant d’agrémenter le cœur du texte de « jeux de mots » qui malheureusement (c’est mon avis, pas une critique universelle) ne sont pas efficaces et ciselés comme pouvaient l’être ceux du maître Fréderic Dard, et me rappellent les miens à l’age de 20 ans quand j’envoyai des missives aux filles que je voulais conquérir bourrées de traits d’esprit, tutoyant et prenant à partie dans une recherche de complicité, maniant la vulgarité afin de la faire passer pour de l’humour, bref une copie adolescente de l’auteur de san antonio auquel me fait penser votre prose, sans l’efficacité. Depuis sont rentrés dans ma vie Romain Gary, E.Ajar, Cioran, Cohen et d’autres et pour moi le fait d’écrire et pondre (dans la douleur) son petit brûlot est devenu « vanitatum vanitas et omnia vanitas... »


                    • Fabienm 18 septembre 2012 11:33

                      Hello Mme Rosa, merci pour votre post.
                      Pas pour me défendre (je suis indéfendable), mais plutôt pour expliquer, mes livres ne sont pas du tout écrits dans le style de celui de l’article où j’ai un peu chargé la mulle concernant les jeux de mots foireux pour que ceux qui connaissent l’éditeur puissent le reconnaître. Ces ’ajouts’ sont donc volontaires en l’espèce (et donc forcément ’artificiels’ et pas vraiment dans le style du reste de l’article). Je plaide donc coupable, j’ai écrit un article pour initiés de cet éditeur, avec vocation un peu plus large, mais dans ce cas il est clair que certaines tournures doivent déranger.
                      Bref...


                    • Fabienm 18 septembre 2012 14:03

                      Merci Ulquiorra, je suis tout à fait en ligne avec votre discours !


                    • kemilein 18 septembre 2012 13:13

                      fallait pas vouloir vivre de l’écriture, la culture et le savoir se doivent d’être « libre » (librement donc gratuitement, accessible a tous)


                      • Fabienm 18 septembre 2012 14:09

                        perso, je ne veux pas vivre de l’écriture, ce serait déjà tout à fait présomptueux et ensuite un peu absurde dans mon cas (je vis déjà très bien ma vie).

                        Par rapport au savoir et à la culture, je ne peux qu’être d’accord sur un accès libre du moment que l’on rétribue d’une manière ou d’une autre l’acte de création (vaste débat)


                      • calimero 18 septembre 2012 14:29

                        Dans le logiciel libre l’acte de création, souvent collectif, est rémunéré par la reconnaissance et la satisfaction de faire un travail utile à tous et qui nous plait, à la différence du monde commun où beaucoup de gens font un travail utile seulement aux actionnaires et qui ne leur plait pas.


                      • Fabienm 18 septembre 2012 14:36

                        ne soyons pas naïfs, si tu ne rétribues pas le créateur, d’autres se rétribueront.
                        On ne compte plus le nombre d’entreprises qui se font des couilles en or sur le support GNU ou autre.
                        Le créateur est un élément de la chaîne, il est trop facile de dire « qu’ils fassent ça pour le plaisir » et laisser les autres se goinfrer.
                        Ca me fait doucement marrer les gens qui vont sur les sites de téléchargement style torrent ou autre en disant « vive la liberté », tout en rétribuant des systèmes mafieux par la publicité. C’est vraiment se mettre la tête dans le sable. Oui, le système actuel est absurde, croire que le tout libre va changer la situation me paraît légèrement utopique, compte tenu de la nature humaine... Mais encore une fois, ce n’est pas vraiment l’objet de l’article smiley

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