Mon coming-out : je suis transchrone !
Les transchrones sont, de toute évidence, une minorité victime de stigmatisations et de discriminations injustes par rapport à la population, majoritaire, des cischrones. Cet article est un aperçu du mal-être sociétal des individus caractérisés par la transchronie, ou syndrome transchronique, surtout lorsqu’ils sont méchronés, en raison de diverses incompréhensions.
Tout le monde connaît les transgenre-e-s. Par exemple, un-e personne né-e dans un corps de garçon, mais dont l’identité psychique est celle d’une fille. Il peut y avoir aussi le cas inverse. Et il existe aussi des gens qui n’ont point de genre, ou encore des gens qui ont les deux genres à la fois, ou plus de deux genres, ou même des demi-genres. Et il existe même des genderfluids et des pangenders, et bien d’autres catégories, comme l’explique l’image d’illustration.
Évidemment, il arrive que la majorité cisgenre en arrive injustement à mégenrer les transgenre-e-s, ce qui fait souffrir ces derniers. C’est la même chose qui se produit lorsque les populations racisé-e-s sont victimes de racisme. Par exemple, un vilain cisgenre transphobe fasciste partisan du patriarcat mégenrerait un-e transgenre-e ayant un corps d’athlétique garçon de 90 kg, mais se sentant fille, en persistant à l’appeler « Monsieur » ou « Mon garçon ».
Moi, Florian Mazé, écrivain et enseignant, je suis un transchrone-e. C’est la même chose qu’un transgenre-e, mais pour le temps, ou, si vous voulez, pour l’époque. Ainsi, je suis né dans le corps d’un garçon à cheval sur les XXe et XXIe siècles, mais, en réalité, j’ai le cerveau, la psychologie et l’identité temporelle d’un homme des années 1950. C’est pour cela, du reste, que j’ai écrit un roman rétrofuturiste.
Comme tous les trans-e-s, je suis souvent victime de stigmatisations et de discriminations. Par exemple, lorsqu’un jeune vacancier, perdu dans le village, s’adresse à moi en disant « Wesh, m’sieur, y a pas une boulangerie dans ton bled, p’tain, j’ai la dalle, mec, sérieux ! »… Ce vacancier me prend pour un cischrone des années 2020. Mais je ne suis pas un cischrone !!! Ce vacancier est un transphobe du chronologique.
Comme je suis un homme des années 1950, il aurait dû comprendre qu’il fallait parler autrement. En disant, par exemple : « Bonjour, Monsieur, auriez-vous l’obligeance de m’indiquer la boulangerie la plus proche afin que mes amis et moi-même puissions nous sustenter ? » Je suis régulièrement victime de ces comportements discriminatoires inqualifiables, et je me demande pourquoi notre président de la République n’a pas pris des lois contre ces actes injustes. Il ne manquerait plus que je sois méchroné par Macron ! En tout état de cause, quiconque me parle en wesh-wesh est un transphobe.
Heureusement, je n’ai à déplorer que cette difficulté chronique et chronologique. J’ai connu des gens bien moins privilégiés que moi, qui étaient à la fois transgenre et transchrone.
Un de mes amis, rappeur et caïd de banlieue, a découvert, suite à un stage antiraciste organisé par la France Insoumise, qu’il-elle était une vie-ille-ux demoiselle-e des années 1940. Un truc à peine croyable ! Aujourd’hui, il-elle est secrétaire-e de mairie, s’appelle Philomène Bordenave, porte un tailleur gris perle cintré à la taille, un sac à main de cuir noir et un petit chapeau à voilette. Par dessus le marché, mon ami rappeur n’étant pas issu de la majorité blanc-che, il-elle fut aussi victime-e de racisme dans sa jeunesse, mais depuis sa transformation en Philomène Bordenave, tout se passe très bien, car il-elle se passe sur le visage un fond de teint rose pâle rappelant la poudre de riz qu’utilisait mon arrière-grand-mère, et se parfume à l’essence de violette. Quand il-elle est en forme, on croirait presque, vu-e de loin, la reine d’Angleterre.
Cet ami-e, souffrant alors de solitude, m’a d’ailleurs fait récemment quelques avances, comptant user de son nouveau-elle charme féminin-e des années 1940. Mais, à mon tour, j’ai été un mauvais citoyen transphobe-e et raciste-e, car je n’ai pas donné suite à ses propositions.
Espérons, en tout cas, que, dès l’année 2022, avec La République en Marche, et en faisant barrage aux racistes transphobes patriarcaux du Rassemblement National, on pourra enfin construire une société-e progressiste-e ou tout-e le-e monde-e pourra cohabiter harmonieusement-e.
Florian Mazé,
Ecrivain psychologue en intersectionnalité transitoire sociétalo-genrée
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