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Accueil du site > Tribune Libre > Mon ignorance

Mon ignorance

L'ignorance ne serait pas un fléau si celui qui l'abrite ne cherchait à la masquer, la déguiser en certitude. La certitude n'est pas le contraire de l'ignorance, elle en est son avatar le plus utilisé. Aucune connaissance n'est certaine ni aucun savoir pour la bonne et unique raison que tout bouge tout le temps ; l'immobilisme n'existe pas et si ce qu'on nomme ainsi peut être accepté comme tel, en politique notamment ou dans les attentes personnelles d'un choix à faire, ce n'est là que la surface des choses : en dessous tout se meut.

Rien n'est jamais acquis, rien n'est jamais sûr.

Alors, il nous faut bien naviguer à vue entre ce constat et notre besoin de sécurité.

La première chose que l'on puisse faire, c'est l'accepter ; à un temps T, qui peut durer, on appuie notre existence sur des données qui nous conviennent, et ceci, même si on vit chaque jour la douleur de leur contradiction apportée par le réel.

On pourrait presque dire que le réel, hormis quelques confirmations, souvent temporaires, n'est que contradiction.

On imagine donc bien la grande difficulté que nous donne notre manque de souplesse ; pourtant, il n'est pas question d'abandonner notre terreau pour le mélanger ou le dissoudre, au gré du temps qu'il fait, à d'autres. Seulement, savoir que cela se produira, sous peine d'un clash, nous prémunit de pas mal de souffrances.

Il est pourtant flagrant qu'un seul être ne peut, à lui seul, détenir La Vérité ; cette Vérité n'est que moments, portés par tous, depuis la nuit des temps et dans tous les continents et dans toutes les sphères de toutes les sociétés. Si cela tombe sous le sens, cela n'en reste pas moins un sens qu'on utilise peu.

Face à cette ignorance, personnelle, si effrayante, nous opposons nos certitudes, jusqu'à la mort parfois, que l'on trouve ou que l'on donne. Ceci devrait nous interpeller.

Si on schématise un ensemble, notre monde, notre univers, et si l'on s'y situe avec humilité, nous comprenons très bien que notre place est infime, vite oubliée ; mais aussi partie d'un Tout qui, sans nous, ne serait pas le même.

Personnellement, j'ai trouvé mon « home » dans une des écoles matérialistes de l'Inde antique, celle du lokâyata ; ce terme signifie « dévoué au monde terrestre », ou « se rapportant au peuple », « de la vie du peuple ». Il s'agit d'une doctrine anti-idéaliste, qui s'appela plus tard « cârvâkas » sans que cela change quoi que ce soit au fond ; on la fait correspondre aux conceptions archaïques de la population aborigène, ce qui explique le conflit qui l'opposait aux traditions brahmaniques orthodoxes. Cependant cet enseignement dénote un degré supérieur de la pensée philosophique et ses principes fondamentaux ne correspondent nullement aux croyances primitives.

La veine matérialiste des Upanishad est très proche de ses idées.

Dès l'Antiquité, en Inde, on introduisit un système de calcul employant le zéro, ce qui fut ensuite repris par les Arabes puis par d'autres peuples. On savait que la terre était ronde, qu'elle tournait sur elle-même et on connaissait, de ce fait, le principe des éclipses du soleil et de la lune. Cette connaissance antique était si contraire aux vues traditionnelles, elle était si osée dans les conditions d'une influence croissante des idées religieuses, que plusieurs siècles après, même ses disciples s'en écartèrent pour rester conformes à l'interprétation brahmanique.

C'est beaucoup plus tard, qu'en occident, nous avons jugé et condamné Galilée !!

On le voit, partout, toujours, le savoir gêne. Et, paradoxalement, l'ignorance est dépréciée ! L'obscurantisme n'est pas ignorance, il est conviction qui remplacent l'ignorance. Et cela n'a rien à voir !

La science actuelle elle-même, qui se veut performante et prouvée, n'est, par bien des côtés, et peut-être simplement parce qu'elle est appliquée par des êtres incomplets, de fait, qu'une conviction. Cette conviction, scientifique, cette conviction, religieuse, cet irrationnel ( croyance), obscurantiste, ne sont en fait que les avatars d'une même insécurité de l'homme, faible et perdu dans la nature.

On construit des châteaux de cartes, ou de sable, sur des ignorances, cela devient croyances, et comme chacun sait la croyance ne se remet pas facilement en question.

On a donc, après les croyances les plus folles, essayé de compenser par ce que l'on nomme aujourd'hui la science ; on la pose comme réelle, alors que demain elle sera démentie. Mais la science ne fait que nommer les choses, donner des noms pour qu'on se repère ( qu'on se rassure), qu'on mette en case, qu'on mette en boîte, qu'on classifie, qu'on dissèque, on nie la Vie, on tue la vie. Car la vie échappe à tout ça. La vie ne supporte pas le morcellement, elle est Tout.

Mais la vie n'est pas une sécurité, à chaque instant on peut mourir et, on finit toujours pas mourir.

Le lokâyata me convient – et sachez que je ne prononce pas ce mot tous les jours, ce n'est pas une appartenance d'école- car il donne à l'homme la place qui est la sienne ; ce qui me plaît, c'est l'absence totale de l'individualisme ; car « on » ne croit pas à la réincarnation, mais au passage naturel de certaines formes de vie à d'autres, suivant les lois de la nature. Et, comme par hasard, cette conception rationaliste et matérialiste est concomitante d'un progrès considérable des connaissances scientifiques et avant tout des mathématiques, de la physique et des sciences naturelles. On y soulignait que la recherche avait pour objet le monde tel qu'il est appréhendé par les sens et que seul un être susceptible d'être analysé peut donner lieu à des déductions philosophiques. Les phénomènes surnaturels étant niés parce que l'expérience n'en donne aucun témoignage.

Nous sommes des êtres de chair et de sang, et de sens, qui seuls peuvent nourrir véritablement notre cerveau. Tout le reste est phantasme, délire ou névrose. Toutes les connaissances développées depuis lors nous le prouvent. Mais cela nous réduit.

Les adeptes du lokâyata comprenaient la complexité du problème de l'origine de la vie, et de la pensée, mais n'essayaient pas de ramener les formes supérieures de la vie à ses formes inférieures. Ce que font toutes les religions.

L'éthique de ces matérialistes n'était pas tant d'aimer les plaisirs et les joies de la vie terrestre, ce qui pourrait faire croire à un certain amoralisme, ou à une débauche morale, non, on y prône aucune attitude égoïste envers la réalité ambiante, au contraire, une existence normale des hommes ne se concevait qu'en harmonie avec la nature. La tempérance était la vertu principale et ses normes réglaient « l'hédonisme » naturel de l'individu.

Cela nous rapproche des épicuriens, plus tard, en Grèce.

Je ne vois que la deep ecology, dans sa dimension non démentielle, qui se rapproche de ce courant.

Les matérialistes du lokâyata refusaient l'idée du salut religieux. Donc refus de tous les rites et de tous les cultes.

Une telle base de perception du monde laisse sa place à l'ignorance, ne veut pas la combler par de bien nocives convictions. Mais elle est le contraire d'une errance puisqu'elle s'appuie sur le réel et sa perception.

Malheureusement, les idées, le mental, les croyances et les certitudes furent plus fortes, et sont encore plus fortes qui organisent autour de l'ignorance de l'individu, non pas la connaissance universelle de l'Homme, qui lui est inaccessible , mais des ersatz, des schémas temporels indépassables, et que l'on fait durer autant que la mémoire subsiste. On restreint, on réduit, on sécurise, on sépare, on combat.

Pourtant c'est bien en acceptant notre ignorance qu'on peut la réduire ; c'est bien en ne cherchant pas à la nier, à l'occulter, qu'on peut la transmuter ; et, baissant le nez, sans obséquiosité ni servitude, on peut rencontrer la vérité, fulgurante, éphémère, et qui laissera ses traces de lumières dont on se nourrira. Précieux instants éblouis.

Accepter de ne pas savoir, c'est laisser vivante notre curiosité d'enfant et peut-être garder son intelligence vive.

Accepter de ne pas savoir, et quels que soient les savoirs, c'est vouloir apprendre, mais on ne peut apprendre tous azimuts car nous sommes bel et bien limités.

Accepter de ne pas savoir, c'est accepter l'autre.

Alors, il nous faudrait changer de mode, changer de modèles, changer de valeurs et plutôt qu'anticiper la dépréciation de notre ignorance, l'offrir au contraire, pour la combler. Cela est tellement plus sécurisant ! Et cela est surtout plus jouissif.

Cela nous empêche de nous en remettre à un autre, aveuglément ; cela nous construit et nous en apprend sur nous-mêmes. Ainsi, nous pourrons désobéir, nous rebiffer, créer et oser.

Alors qu'un mot peut-être dit, comme un savoir qui tranche, un acte peut être fait, comme une évidence qui blesse ; mais ce n'est qu'un mot, ce n'est qu'un acte, fatals.

Nos sens sont bien tout ce que nous avons pour nous relier au Tout, mais ce tout, ces petits bouts que nous en percevons...

Ainsi, notre ressenti est le seul moteur à nos actes, puisque nous ignorons tout de l'avenir.

Dois-je partir ? Changer de vie ?

Pour ce faire dois-je faire des comptes, des hypothèses, des scénarios ? Un calcul de probabilités qui me donnerait partir ou rester comme gagnant ?

Non, je sais que c'est le ressenti qui nous fait agir, nous battre, s'exiler ou bien se résigner ; alors, si nous nous connaissons bien, le choix ne sera jamais regretté, malgré toutes les embûches, ou les ennuis, les déceptions, ou les regrets. Les regrets sont ceux d'un rêve, et les déceptions aussi, et partout il y aura embûches ou ennui.

À la fin, on dira de son destin : je ne pouvais pas faire autrement. Parce que s'il y a doute, trop gros doute, c'est que nous ne sommes pas prêts. Que chaque chose vient à son heure et que cela ne dépend pas de nous. Je veux dire de notre volonté, de notre rationalité.

Bizarrement, être matérialiste, c'est ça, non pas un pion errant mais non plus une ligne déterminée à laquelle on s'accroche envers et contre nous. L'acceptation d'un abandon dont le sol que nos pas foulent est ferme. Un sol ferme, des racines, et nos feuilles, notre esprit dans le vent.

Nous sommes arbres – le temps, la patience d'une croissance-, nous sommes animal – l'espace que l'on couvre, où l'on court, où l'on se repose.

Nous sommes de ce monde et il nous faut l'accepter. Et cela est beaucoup plus jouissif que frustrant car la vie, toujours, est plus riche et plus belle que la plus merveilleuse production mentale.

 

 

NB : je me suis rafraîchie la mémoire en relisant des passages de l'Histoire de l'Inde de Antonova, Bongard-Lévine et Kotovski ; éditions du Progrès, Moscou, 1979.

 

La bande annonce de ce film m'est venue comme association d'idée et non comme illustration :


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20 réactions à cet article    


  • Fergus Fergus 24 octobre 2014 09:47

    Bonjour, Alinea.

    « notre ressenti est le seul moteur à nos actes, puisque nous ignorons tout de l’avenir ». Précisément, pourquoi dans ce cas se référer à une doctrine, fût-elle d’essence philosophique plutôt que religieuse ?

    Comme tu l’a dit, la Vérité (on peut parler également de la Réalité) n’existe pas, ou plus exactement, elle est multiforme : chacun l’habillant de la représentation qu’il en a, en fonction de son éducation, de sa culture, de son vécu.

    Mais c’est cette diversité qui fait la richesse de l’Humanité.


    • alinea alinea 24 octobre 2014 10:30

      Se référer, c’est quand on en parle ! En plus je suis particulièrement bavarde !! Mais sinon, je pense que l’on n’est pas dans une société assez forte et belle et juste pour nous soutenir, ce qui fait que nous avons besoin d’apprendre seul ; je suis bien convaincue que la nécessité de chercher et de trouver, doctrine, dogme, gourou, chef,etc, n’est qu’un remplacement de ce qu’apportaient les sociétés amérindiennes par exemple !


    • Karol Karol 24 octobre 2014 10:19

      Bonjour Alinéa,

      Merci de remettre en cause nos représentations. 
      « Accepter de ne pas savoir, c’est accepter l’autre. »
       Etre à l’écoute , observer ce qui nous entoure, se coltiner avec le réel quel qu’il soit, c’est ce qui nous instruit.
       Rechercher « La Vérité » est illusoire et dangereuse et les certitudes nous rendent aveugles.


      • alinea alinea 24 octobre 2014 10:39

        Bonjour Karol
        Les certitudes sont bien souvent le « cuirasse » de Reich ; une protection mais qui nous enferme et tue des pans de nous ! Elles sont là pour cacher nos peurs ; mais je pense qu’il vaut mieux être solide à l’intérieur et plus adaptable, plus souple à l’extérieur. C’est un peu le sauvage quoi ! C’est pas très facile de nos jours !!!


      • marmor 24 octobre 2014 11:54

        Les religions et les croyances sont nées de la peur de phénomèmes naturels et inexpliqués. Tout ce que l’humain ne pouvait expliquer, par méconnaissance, devenait surnaturel, donc « divin ». la science, les connaissances, même empiriques, et leur transmission, orale, graphique ou écrite, ont permis la compréhension et l’analyse des phénomèmes considérés comme surnaturels. L’obscurantisme largement entretenu par la religion a reculé, au profit du pragmatisme de la connaissance.
        Aujourd’hui, l’obscurantisme religieux redevient un rempart à l’incompréhension, non de phénomènes naturels effrayants, mais du comportement des prédateurs humains de leur propre espèce et de leur environnement. Ceci entraînera la reformation de petites cellules, de clans restreints, familiaux notamment, car les liens unissant l’humanité sont systématiquement coupés par le transmetteur qu’est le politique, le « représentant », « l’élu », le chef . Ce repli impliquera la perte des savoirs basiques, leur partage, et fera la part belle à la peur des autres, au racisme, à la destruction et l’élimination des clans adverses, forcement ennemis. La barbarie est de retour en somme....


        • Passante Passante 24 octobre 2014 12:02

          ma position est diamétralement opposée à la vôtre, vieille habitude... smiley


          bon alinea...

          donc d’abord le brahmane, ne serait-ce que comme travail ;
          ensuite les grecs : présocratiques -
          Héraclite : le savoir, le logos est un , 
          mais tout le monde se comporte comme s’il avait un savoir en propre ; 
          rejoint par socrate sur : nous savons tout depuis toujours,
          tout le savoir est juste réminiscences.

          en effet, ma définition de l’ignorance, je ne la pose pas par rapport au savoir, 
          elle est selon moi :
          le quant à soi.

          voilà : individualité - limitée sur fond non pas d’inconnu mais de science complète parfaite.

          nous savons tout, de tout temps, sur tous et sur tout, 
          même l’avenir, fabriqué en collectif de nos propres mains, 
          nous parlons toutes les langues, tout le savoir est là, 
          et pire : en partage avec l’ensemble du monde animal 
          qui n’est qu’émanation de la conscience, et même... du végétal.

          sur ce fleuve en devenir, on doit se découper un jeu, après avoir été découpé.
          la perte est incalculable :
          on va garder une goutelette sur un océan 
          et brailler mouah là-dessus sur des décennies...
          joie, enfin l’ignorance !

          n’empêche, si on est malin, 
          qu’on pose des hypothèses très saugrenues très sérieusement, 
          alors on peut se remplir un bon p’tit verre...

          le 8 septembre 2001, juré, je savais qu’un accident d’avion grave devait venir dans la semaine.
          comment ? 
          parce que c’était l’âge où j’avais déjà compris que le discours a des fréquences, 
          j’écoutais enfin comme un fou,
          et que nul ne saurait maîtriser tout ce qu’il dit, 
          ce qu’on ignore est savoir, lisible à l’envers, 
          il suffit d’écouter ailleurs, soit dans une autre langue, 
          soit surtout décontextualiser ce qui est dit.

          idem quand je veux un renseignement précieux sur quelque chose ou quelqu’un, 
          je vais dans un lieu public ou ça parle, 
          je pose ma question clair dans ma tête, car tout est entendu de tous, 
          et j’écoute, 
          puis je décontextualise ce qui est dit, et j’ai ma réponse, fastoche.

          le savoir est partout, les enfants joue avec les sommets de la science 
          sur un bout de plastique usé dans la rue, 
          partout donc, et la seule ignorance est : de ne pas y croire.

          attention, j’avais dit « hypothèse » gentiment plus haut (mot pour ignorants), 
          là j’y vais pour « croire », 
          si vous osez la folie que le savoir est partout, tenu de tous, les yeux fermés, 
          c’est le soleil.

          • alinea alinea 24 octobre 2014 12:28

            C’est que tout le monde n’est pas comme vous Passante ! L’état que vous décrivez, je l’ai connu, mais je ne le « tiens » pas ! Et aujourd’hui, j’aimerais bien trouver un peu de paix pour le retrouver !
            Après c’est une question de mots !Le savoir est partout, je le vois, mais pour y avoir accès, il ne faut pas de certitudes ; c’est, enfin je le voulais, ce que je dis ; l’intuition tient lieu de guide, mais pour beaucoup l’intuition est recouverte d’éducation ; parce qu’avec elle, oui, on sait à l’avance, mais cette écoute, cette « disponibilité » comment la retrouver quand on est engoncé ? C’est « l’oeuvre » d’une vie, éplucher, éplucher jusqu’au noyau ! C’est la voie orientale, que je sache, tandis que l’occident dit : amassez, amassez, de tout !!
            Ici, ce savoir n’est pas en partage ! En ce qui concerne les personnes, il est clair que ce qu’elles disent et montrent dévoilent clairement ce qu’elle tiennent cachées ; mais les moments donnés d’une « percée » sont bien rares et magiques car l’ambiance ne s’y prête guère.
            Le savoir qui m’intéresse, ce dépouillement de toute scorie sociétale (!), en gros, je ne l’ai qu’avec les animaux ; belle école, cours magistral et TP, le tout gratos, sans diplôme ni effort !


          • trevize trevize 24 octobre 2014 12:29

            Ce n’est pas si éloigné de ce que dit Alinéa !

            Vous écrivez :

            « sur ce fleuve en devenir, on doit se découper un jeu, après avoir été découpé.la perte est incalculable :on va garder une goutelette sur un océan et brailler mouah là-dessus sur des décennies... »
            C.G. Jung dit : « La personnalité consciente est un fragment plus ou moins arbitraire de la psyché collective » On retrouve là la goutelette et l’océan, le fait que le savoir nous pré-existe, et que chacun de nous n’a accès qu’à une toute petite partie de ce savoir.

            pourtant :

            « tout le monde se comporte comme s’il avait un savoir en propre »

            Et c’est là qu’est l’ignorance ! La quasi totalité de la population croit fermement que les fragments qu’il possède sont toute la Vérité, que la seule façon réaliste de se concevoir le monde est la leur, et que ceux qui pensent autrement sont dégénérés, dans l’erreur, inférieurs, égarés... C’est la certitude que dénonce Alinea.

            La pire ignorance qui soit, c’est d’ignorer qu’on est ignorant.
            Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien, et c’est là tout ce qu’il faut savoir.

            « idem quand je veux un renseignement précieux sur quelque chose ou quelqu’un, je vais dans un lieu public ou ça parle, je pose ma question clair dans ma tête, car tout est entendu de tous, et j’écoute, puis je décontextualise ce qui est dit, et j’ai ma réponse, fastoche. »

            Haha je faisais pareil ! Maintenant, je suis devenu feignant alors au lieu de me déplacer je m’envoie la question par texto, puis j’écoute la réponse smiley


          • Passante Passante 24 octobre 2014 12:52

            c’est pas si difficile à tenir que vous le dites alinea,

            sauf sur ce versant où c’est bien une psychose contrôlée,
            mais une fois le résultat vérifié de l’info obtenue, ce n’est plus du délire.
            alors comment la tenir cette position de ouf ? 
            en la concevant comme un développement de « l’écoute flottante » des psys :
            ne se concentrer sur rien de particulier, ne pas chercher à comprendre,
            beaucoup jouer sur les syllabes, les mots...

            d’où le fait que quand vous dites « orientale », c’est pas sûr,
            car ce que vous nommez « ambiance qui s’y prête pas »
            n’est rien d’autre que la fermeture de votre écoute ou sa rationalité ;
            quoique vous disiez à un tout petit, vous dites des conneries, et ça l’amuse,
            mettez-vous à sa place, et c’est joué...

            trevize, si la flemme est telle que vous la dites,
            pour connaître l’avenir, & dans ses moindres détails,
            lisez agoravox !
             smiley

          • alinea alinea 24 octobre 2014 13:07

            Si !! parce qu’il y a toujours des saloperies qui traînent qui font qu’on s’arc-boute, qu’on s’obsède, jusqu’à, enfin, voir que ce n’est pas comme ça !
            Oui, je comprends ! mais ce désir de partage, quelle ancre a-t-il encore ?


          • alinea alinea 24 octobre 2014 14:38

            Trévize,
            Il y a tout un équilibre très difficile à trouver : je crois, qu’on a besoin de « s’asseoir » sur un système ( autant que possible, peu défini et personnel, je veux dire pas imposé, et sans obéissance) et je vois ce système fonctionner comme un langage : à chaque étape, il est complet et cohérent. Le langage d’un enfant de deux ans est entier, complet et cohérent ; mais il demande à s’accroître, au fur et à mesure que l’on engrange de nouvelles situations, de nouvelles données ; et cela n’a jamais de fin.
            Je soupçonne que beaucoup d’incompréhension, de malentendus ou de « vague » tiennent à cela ; nous n’aurons jamais au fond qu’un «  commun » qui n’est pas tout de l’un ou de l’autre. Mais s’y frotter perturbe et enrichit ; qu’on ôte le dépassé, qu’on arrache l’entrave ou que l’on apporte une simplification, un éclaircissement.
            Dans le meilleur des cas !
            Il y a beaucoup de nouvelles entraves, des impasses, des régressions, et tout, ou presque, est à refaire ! C’est ce mouvement incessant qu’il nous faut vivre et quand on sait qu’aucune avancée ne peut se faire sans souffrance !!! Oui, tant qu’on en est à « éplucher » ; je soupçonne que passé ce cap, si on y parvient, on ne chante plus la même chanson !!!


          • trevize trevize 24 octobre 2014 17:36

            Système, structure, langage... vous brûlez ! Je crois que tout ce qu’on est en train de comprendre, a été découvert il y a fort longtemps. Des petits malins l’ont compris avant nous, ils nous ont laissé des pistes, car la vérité est comme la lumière, elle brûle ceux qui ne sont pas prêts à la recevoir, et il est plus facile de s’en détourner que de faire l’effort de s’y acclimater.

            Parfois, quand on ne sait plus d’où on vient ni où on va, il faut se perdre pour retrouver son chemin.
            Ce n’est qu’en poussant notre erreur jusqu’à l’extrême limite qu’on peut apprendre quelque chose.
            Un enfant ne peut pas apprendre si on ne le laisse pas faire de bêtises. Si on ne fait que lui dire comment se comporter, il ne devient jamais autonome, il n’est qu’une machine, un esclave.

            L’état ne peut pas tout, à un moment il faut que le peuple intègre les règles si nous voulons grandir. ça fait 40 ans qu’on se comporte comme des enfants gâtés, et maintenant, on a le nez dans notre caca, on réclame que maman l’état vienne changer la couche, mais maman l’état ne bougera pas car elle veut que son petit bout apprenne à se torcher tout seul.


          • alinea alinea 24 octobre 2014 18:12

            Je crois que l’État n’a jamais rien voulu ! c’était une confiance donnée parce que nécessaire ; le gouvernement, qui est sensé être à la tête de cet état, non seulement trahit cette confiance donnée mais en rajoute dans la destruction : alors on ne peut que voir !
            Mais si une partie du peuple est restée enfant, alors il se trouve orphelin, et orphelin quand on est immature, sape, bousille, mais ne donne en aucun cas la sortie par la révolution, la prise en main,etc. Pour cela, il faut être adulte !
            Alors il rêve d’une autre famille, d’un autre gouvernement, voire d’un autre État ! mais on en reste au même point !
            Ce que vous dîtes, au début de votre comm, en fait on ne le voit qu’après ! Quand on le vit, on n’a pas cette vision, je suppose que c’est pour cela que certains se perdent pour de bon ! quand rien ne vient « expliquer », « banaliser » l’expérience. Je crois que je m’efforce de parler et écrire beaucoup, surtout pour ça ; que chacun sache que tout a été vécu et qu’au fond, il faut prendre leçon, consolation ou confiance !


          • trevize trevize 24 octobre 2014 19:04


            Vous ne trouvez pas que tout ça ressemble à du sabotage ?
            Je veux dire, les financiers et les multiantionales ont tout le pouvoir dans les mains depuis des lustres, il leur suffisait de nous laisser 1 ou 2% de profits en plus et ils pouvaient nous maintenir en état d’hypnose, lobotomisés devant la télé et les jeux pendant des millénaires.

            Et là aujourd’hui, on est au bord de la révolution mondiale. ça pète de partout, tout le monde découvre le pot aux roses, nous mettons peu à peu à nu toutes leurs ficelles, leurs trucs et astuces, leurs atrocités. Comment ont-ils pu obtenir une position dominante par un plan machiavélique, s’étalant sur plusieurs générations, et tout rater comme des idiots à deux doigts du but ? Nous donner internet pour qu’on puisse s’organiser, laisser un type comme Edward Snowden toucher à des informations sensibles, alors qu’en étudiant deux secondes le profil du bonhomme, on s’aperçoit tout de suite que son « geste militant » était couru d’avance ? Pourquoi laissent-ils courir tous ces « lanceurs d’alerte », pourquoi laissent-ils leurs propres combattants faire défection et dénoncer toutes leurs pratiques, sans lever le petit doigt pour les en empêcher, malgré tous les services secrets et assassins dont ils disposent ?

            Les orphelins ont une fratrie... des grands frères et grandes soeurs qui ont compris ce qui se passe et qui peuvent les aider à surmonter la perte et devenir adultes... La pire chose qui puisse arriver, c’est qu’un grand frère soit élu grand chef de la révolution, prenne le pouvoir en faisant la promesse d’aider sa fratrie ensuite, car c’est un voeu pieux qui ne se réalise jamais ; une fois au pouvoir, le grand frère est trop occupé à mettre en place ses idées pour avoir le temps de les expliquer pleinement, et il se transforme vite en... Big Brother smiley Et nous voilà reparti pour un tour (c’est ça la révolution, on fait un tour et on recommence !)
            Cette fois, on y arrivera tous ensemble, et consciemment ; on ne va pas reprendre le pouvoir juste sous prétexte que c’est notre droit, on va le reprendre parce qu’on saura très précisément quoi en faire.

            « Ce que vous dîtes, au début de votre comm, en fait on ne le voit qu’après ! » C’est très vrai, et c’est d’autant plus difficile de transmettre l’idée ensuite.

            « Je crois que l’État n’a jamais rien voulu ! c’était une confiance donnée parce que nécessaire »
            Oui, le fait qu’un peuple confie son pouvoir à son chef est un événement qui ne se produit normalement que dans les cas de grand danger.
            Si la situation se maintient trop longtemps, on s’enferme dans ce mode de fonctionnement, et on ne fait plus que le répéter comme des robots. On tourne en rond dans une prison qu’on a nous même construite, puis on rajoute des entraves et des barrières à chaque nouveau problème qui se pose, jusqu’au moment où on ne peut plus bouger.
            On en est là. Il ne nous reste plus qu’à démonter tout cet assemblage (et surtout pas le saccager en révolutionnant !) pour construire quelque chose de mieux.


          • alinea alinea 24 octobre 2014 19:44

            Le pouvoir s’accroît jusqu’à la chute, c’est devenu une pathologie, sûrement depuis la chute du droit divin des rois ! Il n’a donc aucune visée dans la durée, et, c’est plus que mathématique, c’est naturel, il fait le pas de trop. C’est ce qu’il fait en ce moment, parce que, mentir, tromper, voler impunément, avoir perdu toute mesure, n’en avoir aucune honte, bien sûr, mais se pavaner !!! Ils sont au bout ! Car ce qu’il reste de la planète à détruire et asservir, ne se laissera pas faire ! Enfin, il ne faut pas le dire trop vite ! Ça peut durer encore un peu !
            Je crois que ceux qui sont au pouvoir sont aussi cons que les autres et, qu’en plus, ils sont aveuglés, donc, à mon avis, ils ne laissent rien courir, ils parent au plus pressé et ça marchera jusqu’à ce que ça casse !! Oui, je sais, c’est l’évidence, sauf qu’à avoir un vrai dessein, on ne se comporte pas comme cela !
            Je me plais ( enfin, façon de parler) à penser que ce ne sera pas l’homme occidental et ses sbires, ces arrogants, qui détruiront la planète,( j’y vois encore la mégalomanie de l’humain à le croire !!) mais qu’il se passera quelque chose de tout à fait naturel, comme il s’en est produit tant au cours des millénaires, qui mettra fin à cette civilisation et ses délires.
            Je pense très fort au Yellowstone, mais c’est sans doute par ignorance de quelque chose d’autre ! En tout cas, je le pressens comme ça ; ce qui n’ôte rien à la légitimité de notre combat, qu’il soit ici ou là, individuel ou collectif !!!


          • bakerstreet bakerstreet 24 octobre 2014 12:40

            Alinea


            Votre texte fait du bien.

            On trouve de tout sur agoravox !

             une vraie boite à images et à sens tout autant que d’absence de sens d’ailleurs. 
            Et évidemment ce texte est à l’opposé de tant d’autres illusoires dont il est inutile de faire une liste, car elle serait cruelle pour moi même, tant je participe moi aussi à ces querelles de bateleurs. 

            Etre non matérialiste, un brin rêveur, du moins selon la vision des autres, c’est pourtant être en accord avec ce monde, dont les certitudes tournent tous les jours comme une girouette au vent. 

            Apprendre à écarter les doigts, et laisser flotter ses cheveux dans les descentes, pratiquer le « laché prise », sans que celui ci ne se réfère à aucune école, c’est déjà plongé dans les racines de la terre, accepter son insignifiance magnifique. 

            Des discours inscrit dans le marbre, des vérités martelés par les hurleurs, je préfère me fier à mon intuition, à cet instant où, entre deux respirations, je tente d’appréhender le monde sans ses déguisements, moi même abandonné par la vanité, si tenté cela est possible.

            Les grands bonheurs de notre vie, ces instants magiques où l’on n’est plus qu’une particule flottant dans le soleil, ne correspondent pas aux cartes postales de la mémoire, que l’on envoie aux autres. 

            On le sait tout est illusoire, même le sourire de la Joconde, encore plus sa valeur marchande.

             Pour passer de l’autre coté du regard, de l’autre coté du sommeil, il faut enlever ses lunettes. Mais déjà on ne sait plus qui l’on est. 

            • alinea alinea 24 octobre 2014 13:02

              Savoir qui l’on est ?!!
              C’est sans doute pour ça que j’ai répondu « je ne saurais le dire », à la question, sûrement très pertinente,d’ Agoravox pour « notre profil » !
              Il est notable, en tout cas je l’ai noté, que les plus « cerveau gauche » ont parfois des « visions » qui les dépassent ; je ne parle pas de visions mystiques, qui ne sont qu’hystérie, quoique l’hystérie, .. bon, mais des savoirs qui traversent les fleuves.
              Ces moments d’abandon, qui ne sont que fusion, nous tiennent en vie, j’en suis sûre.
              J’ai idée qu’on gagnerait à en connaître le mode de culture ! Cette recherche que certains passent leur vie à mener sans plus de résultats que celui qui ne cherche rien du tout et qui s’illumine soudain.
              Nous sommes ici passés d’une société hystérique à une société schizophrène puis paranoïaque ; pour moi, une vraie dégringolade !
              Mais on ne m’ôtera pas l’idée ( quoique !! mais je m’en fous) que nos sens font tout, et surtout ceux qu’on ne prise guère, le toucher, l’odorat, ces sens essentiels et primaires !!!! Que je ne vois autour de moi que chez ceux qui sont proches de la nature, s’abandonnent pour l’harmonie , puisque notre « culture » nous en éloigne !
              Les affinités ne sont pas vaines, bakerstreet ! C’est dans le « monde du dessus » que les gens se séparent !


            • alinea alinea 24 octobre 2014 18:18

              Ah mais moi je suis en plein dedans, l’existence commune ! Ce n’est pas mon tempérament la tour d’ivoire !!
              Je ne suis pas sûre que tout le monde apprend toute sa vie, du moins autant qu’il pourrait apprendre ! Je vois au contraire beaucoup d’énergie passée pour faire tout rentrer dans les cases préétablies !! C’est à dire tout réduire !
              Mais enfin je sais bien que dès qu’on fait des généralités, on reste sur l’écume mais ça m’arrive tellement souvent de constater que les gens n’ont pas pris les leçons, et encaissent et encaissent !
              Moi la première d’ailleurs, il m’en faut une bonne dose !!


            • Hector Hector 26 octobre 2014 06:32

              Bonjour Aline,
              « Accepter de ne pas savoir, c’est accepter l’autre »
              Peut être.
              Mais accepter de ne pas savoir, c’est surtout et d’abord s’accepter soi-même.
              « Connais toi toi même »
              est toujours d’actualité.
              Peut être, ensuite, pouvons nous accepter l’autre, mais jusqu’à quel point ?
              Accepter, c’est renoncer.
              La réponse est dans la question.
              Sommes nous assez larges d’esprit, avons nous le recul, la force, la patience, la bonté d’âme nécessaire pour collectionner sans faiblir les frustrations induites par nos contacts, subits ou non ?
              Et nous, que devenons nous après ?


              • alinea alinea 26 octobre 2014 11:03

                Bonjour Hector
                Je ne pensais pas à « subir » l’autre, mais l’accepter tel qu’il est ! Connaître ses limites propres, et celles des autres ; cela ne change pas la donne, mais la manière dont on la vit ! il me semble...ce n’est pas vraiment de la tolérance, juste vivre le réel et une forme d’adaptation est nécessaire, non ?
                En politique, cela ne joue pas ! L’ignorance de notre avenir, est aussi plus facile à assumer quand on agit ! en ce cas, il nous faut refuser ce qui est intolérable ! les conséquences sont inconnues aussi !! mais nous ne pourrions pas vivre toujours « à coups sûrs » ! Cela s’appelle « oser » !
                Renoncer, oui, parfois c’est sagesse ; les combats vains usent !!!

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