Mon Témoignage, observateur pacifique, Sahara Occidental Occupé
Sidi est un jeune Sahraoui, membre de l’observatoire des droits de l’homme, organisation du Sahara occidental occupé par le Maroc. Il a le grand courage de témoigner de ce qui lui est arrivé lors des manifestations de septembre 2009 à El Aaiun, malgré les menaces officielles des forces de sécurité marocaines.

Mardi 15 septembre 2009, vers 22h, je me dirigeais vers le quartier Maatallah avec mes amis de l’observatoire des droits de l’Homme, Hassan Dah, Bachir Khadda et Lahbib Elgasmi.
Nous voulions surveiller les diverses violations résultantes des violentes répressions menées par les agents de sécurité marocains contre les manifestants Saharouis.
Quand nous sommes arrivés dans l’avenue Elquds à proximité du quartier où nous allions, un groupe de policier est descendu de voiture et s’est jeté sur nous, en nous battant sans raison ni explication.
Bachir Khada et Lahbib Elgasmi ont réussi à s’enfuir.
Ils m’ont arrêté, ainsi qu’Hassan Dah.
Ils nous ont bandés les yeux et nous ont emmenés en voiture vers une destination que nous avons reconnue ensuite comme la rive sud de la rivière Sakiat Elhamra.
Quand la voiture s’est arrêtée, ils ont fait descendre Hassan Dah et l’ont frappé violemment, pendant qu’ils faisaient la même chose sur moi dans la voiture. Cela a duré plus d’une demi-heure.
Après une conversation téléphonique, ils ont décidé de nous emmener à la wilaya de la sécurité.
On arrivant à la Willaya de sécurité on est remis entre les mains d’un autre groupe de policiers sous les coups et les insultes.
Et nous avons pu identifier quelques-uns de ce second groupe à leurs voix. Il y avait l’officier principal Abdel Aziz Anouch et l’officier de police judiciaire Khalid Baraka ainsi que l’agent des renseignements généraux Abdel Haq Rabia.
Nous avons d’abord été interrogés sur le parking de la Wilaya.
L’interrogatoire a porté sur notre affiliation à l’Observatoire Sahraoui des droits de l’homme et sur nos plans futurs.
Ils voulaient savoir qui sont les membres de l’Observatoire et connaître nos relations avec certains militants sahraouis, en particulier Brahim Sabbar.
Ils voulaient savoir si la création de l’observatoire était son idée et s’il avait obtenu un soutien extérieur.
Et puis ils nous ont isolés chacun dans une pièce.
Un autre agent de sécurité m’a demandé qui était l’organisateur de la manifestation de quartier Maatallah et si j’étais impliqué.
Un autre encore m’a demandé d’informer mes collègues de l’observatoire Elgasmi Mohamed lahbib, Bachir Khadda et Hassanna Aaliya, que leur rôle était connu et qu’ils seraient bientôt arrêtés aussi.
Cet interrogatoire a duré plus de 2 heures.
L’officier Anoush est venu nous enlever le bandeau de sur les yeux. Il a détaché les mains d’Hassan Dah.
Puis nous avons été envoyés vers un bureau à l’intérieur du bâtiment dans lequel nous avons trouvé un groupe de détenus qui sont Omar Daoudi, Hassanna Aalouate, Sidi Ahmed Rachidi et un enfant mineur (15 ans), Brahim Amy.
Nous avons passé le reste de la nuit dans un couloir et dans la salle d’interrogatoire, sans couverture. Nous avons essayé de dormir, mais les gardiens nous en ont empêché en nous donnant régulièrement des coups de pieds.
Nous sommes restés rassemblés dans le bureau jusqu’à mercredi 16/09/2009 à 16 h.
Les officiers Anoush et Baraka sont alors entrés avec quatre dossiers pour l’arrestation.
Après leurs sorties, un agent de garde nous a dit que quatre d’entre nous, Hassanna Aalout, Omar Daoudi, Sidi Ahmed-Rashidi et Barouk allah Ahl hammad, seraient présentés devant le procureur.
A 19 h du même jour, l’officier Anouch est revenu pour faire partir les quatre vers un autre endroit.
Il nous a informé que nous allions être libérés tout de suite, mais il nous a d’abord interdit de publier quoi que ce soit sur Internet en nous menaçant.
El Aaiun, Sahara Occidental occupé. Le 28 octobre 2009.
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