Monde du business et pandémie
Au mois de Mai dernier j’avais écrit un billet sur la grippe porcine (qu’on connaît à présent sous le code A(H1N1)) intitulé
grippe porcine : L’enfer du décor où je parlais vaguement du lien du monde du business avec cette pandémie.
On y apprend que le nom « grippe porcine » a été abandonné suite à des réclamations des « producteurs de cochons » et de l’organisation mondiale de la santé animale.
On y apprend aussi que le nom « grippe mexicaine » a été abandonné puisqu’il portait atteinte au tourisme au Mexique.
On peut aussi y lire : « Soucieuse de ménager les intérêts économiques de ses producteurs et la susceptibilité de ses partenaires étrangers, la Commission européenne avait elle préconisé un troisième patronyme : « nouvelle grippe » (« novel flu » en anglais). »
La phrase « nationaliser les coûts, privatiser les profits » se vérifie parfaitement car comme le rapporte le JDD.fr : « Elle va financer la moitié de l’achat du stock de vaccins (880 millions d’euros au total). L’assurance-maladie devra même avancer la totalité de la somme "pour des raisons pratiques", a indiqué le ministère de la Santé. L’Etat s’est engagé à rembourser sa quote-part. Mais on ignore à quelle échéance. » [2]
« Grippe A : Bachelot estime à 1,5 milliard d’euros les coûts engagés »[3] titre les Echos.fr. Cette somme se décompose en deux volets, 1.1 milliards d’euros iront à l’achat de produits (vaccins, masques,…) et 450 millions d’euros pour les stratégies (campagnes d’informations, dépliants, rémunération).
Évidemment, le principe de précaution est mis en avant mais pourquoi donc ce principe n’a pas été respecté lors de l’affaire RedBull [4] par exemple ?
Il est légitime de se poser la question de la légitimité de telles dépenses surtout en période de crise. Non pas parce que les vies des gens ne comptent pas mais parce que les faits démontrent qu’il n’y a pas besoin d’autant de dépenses.
« Au niveau mondial, la mortalité est faible et ne concerne que des personnes déjà affaiblies. Dans la majorité des cas, les malades n’ont présenté que des symptômes bénins et leur guérison a été rapide et complète. » [5]
Mis en rapport avec une grippe saisonnière normale, la grippe A (H1N1) ne semble pas plus meurtrière, d’après l’OMS : « Au niveau mondial, ces épidémies annuelles sont responsables d’environ trois à cinq millions de cas de maladies graves, et 250 000 à 500 000 décès. » [6]
Si jamais le virus opère une mutation, les vaccins deviendront obsolètes. N’est-il pas plus prudent de se concentrer sur la prévention et d’attendre la deuxième vague en automne pour élaborer les vaccins ?
Et que dire du fait qu’un médecin sur deux refuse de se faire vacciner ? [7]
Tous les éléments cités plus haut ne donnent qu’un avant goût des guéguerres économico politiques qu’une pandémie peut générer.
Une explication beaucoup plus factuelle sur les enjeux économiques de l’industrie pharmaceutique est donnée par le prix Nobel de Médecine 2007 Richard J. Roberts : « le médicament qui guérit n’est pas rentable. La recherche sur la santé humaine ne peut dépendre seulement de la rentabilité économique. Ce qui est bon pour les dividendes de l’entreprise n’est pas toujours bon pour les gens. Les firmes pharmaceutiques sont moins intéressées à guérir les gens qu’à gagner de l’argent. On étudie à peine les maladies du tiers monde, car les médicaments pour les combattre ne seraient pas rentables. Je dis que la santé ne peut être un marché. » [8]
L’Histoire est là pour nous rappeler la férocité des lobbies pharmaceutiques En commençant par la réforme du système de la santé aux États-Unis : « Aux États-Unis, un programme d’aide sociale réservé aux pauvres fut aboli en 1996 par le Congrès républicain et par le président William Clinton au motif (largement fallacieux) qu’il encourageait ‘fraudes, gâchis et abus’. Treize ans plus tard, la réforme de M. Barack Obama n’altérera pas fondamentalement un système de santé lamentable car ceux qui en profitent ont pu acheter la faveur des parlementaires. Le programme d’aide sociale aboli en 1996 représentait environ 1% du budget américain ; les assureurs privés si bien protégés dévorent l’essentiel des 17% de la richesse nationale affectés aux dépenses médicales. »[9]
Un autre exemple encore : « En 1998, s’est déroulé un procès tout à fait exceptionnel. Deux des plus grandes compagnies pharmaceutiques américaines. Lilly et Smithkline, ont été accusées d’avoir causé la mort de 80 personnes parce qu’elles avaient mis sur le marché des médicaments accompagnés de notices trompeuses. Elles ont été condamnées à 80000 dollars pour la mort de 80 personnes. Mais si quelqu’un tue 80 personnes dans la rue, c’est le couloir de la mort, direct. » [10]
En France, l’affaire du ‘sang contaminé’ a été vite oubliée : « Le drame du sang contaminé s’est transformé en « scandale » en avril 1991, lorsque la journaliste Anne-Marie Casteret publie dans l’hebdomadaire L’Évènement du Jeudi un article prouvant que le Centre national de transfusion sanguine (CNTS) a sciemment distribué, de 1984 à la fin de l’année 1985, des produits sanguins, dont certains contaminés par le virus du sida, à des hémophiles. » [11]
Il semble que cette grippe sera l’occasion de maintenir le climat de panique ambiant pour maintenir le ‘troupeau désorienté’ hors d’état de nuire pour assurer ainsi la ‘fabrique du consentement’.
Références :
[1] http://www.lefigaro.fr/sante/2009/04/30/01004-20090430ARTFIG00582-ne-l-appelez-plus-grippe-porcine-mais-a-h1n1-.php
[2] http://www.lejdd.fr/Economie/Actualite/Secu-Un-trou-sans-precedent-131547/
[3] http://www.lesechos.fr/info/sante/300372840.htm
[4] http://www.liberation.fr/societe/010125114-le-red-bull-enerve-roselyne-bachelot
[5] http://fr.wikipedia.org/wiki/Grippe_A_(H1N1)_de_2009
[6] http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs211/fr/
[7] http://www.lemonde.fr/planete/article/2009/09/21/grippe-a-un-medecin-sur-deux-refuse-de-se-faire-vacciner_1243259_3244.html#xtor=RSS-3208
[8] Les 7 péchés d’Hugo Chavez
Michel COLLON
P. 39
www.bipolartotal.blogspot.com
juillet2007
Invesitg’Action
Couleur Livres
[9] Le Monde Diplomatique
Septembre 2009 – 56° année – N° 666
La tyrannie des lobbies
P. 1
[10] Deux heures de lucidité avec Noam Chomsky : Entretiens avec Denis ROBERT et Weronika ZARACHOWICZ
Denis ROBERT et Weronika ZARACHOWICZ
P 91 - 92
Les arènes
[11] http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_du_sang_contamin%C3%A9
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