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Mondial : Le Guen Un, Paul Biya Zéro

Les Lions Indomptables ont perdu la course aux huitièmes de finale. Partie outsider, l’équipe nippone a remporté une victoire sur le fil devant le Cameroun, ensuite le Danemark. Il s’agit d’une excellente nouvelle pour le Premier ministre japonais, qui avait soutenu avec conviction son équipe, croyant en ses chances de qualification. C’est, en revanche, un coup dur pour Paul Biya, le président camerounais, qui s’était lui aussi investi personnellement pour promouvoir le recrutement d’un entraîneur français de haut niveau. Paris, lui a conseillé, le meilleur du moment, Paul Le Guen. Après l’échec des festivités du cinquantenaire, l’incarcération de leaders politiques, l’assassinat du journaliste Bibi Ngota, voici qu’il perd sa dernière chance de redorer le blason du Cameroun et de requinquer sa cote de popularité.

Paul Le Guen vainqueur, Paul Biya battu. La décision du terrain de football d’attribuer les qualifications pour les huitièmes de finale aux Pays-Bas et au Japon, a sonné comme des airs de bérézina pour le Cameroun qui subit, avec cette quatrième rebuffade de la part de l’establishment footballistique (après 1994,1998 et 2002), un échec de plus. Et Paul Biya, le président camerounais, qui a appris la victoire du Danemark, samedi dernier, dans l’hélicoptère qui le conduisait dans son village à Mvomeka, va devoir encore une fois avaler une mauvaise nouvelle après l’échec de toutes ses politiques envers les jeunes. Surtout, cette troisième et dernière défaite du Cameroun, ce 24 juin, face aux Pays-Bas. Cette défaite-là sera peut-être encore plus difficile à digérer que les précédentes, puisque l’élimination précoce du Cameroun était inattendue.
 
Dans les abîmes de la République
 
L’équipe du Cameroun était « parfaite ». Les Lions Indomptables étaient donnés favoris. Les stages de préparation s’étaient bien déroulés. A priori, les membres du staff, au premier duquel trônait Paul Le Guen, n’avaient aucune raison d’être soucieux avant le déroulement des rencontres. Si ce n’est qu’une partie de football, s’effectue en fonction de motivations et d’alliances bien spécifiques aux joueurs. A la lumière du résultat qui a montré que les adversaires du Cameroun, sans exclusive, ont tranquillement devancé notre équipe à chaque match pour l’emporter finalement . Cela démontre à n’en plus douter, que les Lions Indomptables étaient une pseudo-formation, une semblant d’équipe. Oubliant qu’une victoire sportive, il faut aller la chercher, la construire, des bases au sommet, sans oublier un étage au passage. C’est peut-être là que les Camerounais ont perdu, en étant moins performants pour promouvoir leur football et renouer avec les bons réflexes, faire bloc, instaurer le dialogue qui manque tant entre les officiels et les acteurs.
Après tout, il fallait un gagnant et un perdant et le fait, pour le Cameroun, d’arriver en phase finale de la coupe du monde, devrait pas être une simple satisfaction de participation, mais de victoire aussi. Mais il ne faut pas oublier que cet affrontement économico-footballistique, pour les Camerounais s’inscrit dans un contexte politique global de tensions très vives entre l’Etat et le peuple, entre Paul Biya et l’opposition, qui a débuté avec l’avènement du multipartisme. Si l’important c’est de participer, dans le cas présent, l’esprit olympique ne sera pas suffisant pour faire accepter de bon cœur la défaite contre un adversaire à qui on ne prêtait aucune chance de réussir. D’autant que le président camerounais et le peuple vont se retrouver, dans quelques mois, pour le bilan des sept années passées par Paul Biya au pouvoir. Nous pensons que le Peuple n’aura pas beaucoup d’appétit.
 
Le devoir de bilan
 
Pour le peuple, en revanche, rien ne semble devoir agrémenter les mets. Hôte d’une pléiade de dictateurs pour le cinquantenaire, nouveau leader de la sous région, après le décès d’Omar Bongo, président d’un pays qui n’est pas en guerre, Paul Biya se trouvait presque en état de grâce. Malgré son soutien à George W. Bush dans la guerre en Irak, qui lui a valu des critiques et des attaques dans la communauté internationale mais aussi des camerounais, il n’est pas isolé et peut même envisager de jouer un rôle diplomatique moteur. Il a déjà pris l’initiative sur la scène africaine en se positionnant face à France, dans le conflit ivoirien, justement comme l’homme du renouveau.
 
Il a obtenu la qualification de la coupe du monde FIFA, et devrait pouvoir rassembler encore plus de camerounais et d’Africains, qui auraient pu plébisciter son action, derrière l’ambition sportive d’une nation qui gagne. Et la CEEAC pourrait lui offrir la cerise sur le gâteau s’il réussit à obtenir des engagements des pays riches sur les dossiers phares du réchauffement climatique et de l’aide au développement de l’Afrique.
 
Cet éclatant fiasco du Cameroun met bien évidemment en valeur la morosité d’un pays qui n’a pas réussi à mobiliser autour de lui son peuple, malgré un engagement fort et unanime sur le football, qui a toujours été la tribune du Cameroun. L’échec de la participation camerounaise à ce Mondial, représente une occasion manquée de redonner un coup de fouet aux ambitions camerounaises sur la scène internationale mais aussi d’améliorer le moral des Camerounais qui n’ont cessé, ces derniers mois, de manifester leur déception et leur inquiétude. L’échec de Yaoundé ne pourra donc pas manquer d’être analysé, comme un nouveau coup d’épée dans l’eau, pour un président dont la popularité ne cesse de s’effriter. Désavoué à l’intérieur, fragilisé en Europe et sur la scène internationale, avec le meurtre et l’emprisonnement des journalistes, le président camerounais, proche de l’asphyxie politique, n’aura même pas bénéficié d’un petit bol d’oxygène footballistique.
 
Aimé Mathurin Moussy
 

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1 réactions à cet article    


  • Nicolas 25 juin 2010 21:53

    Quand on prend Paul Le Guen comme entraineur, il faut s’attendre au pire. Qu’avait ce type à proposer, son bilan est mauvais partout où il est passé. Prendre un bon entraineur paraissait si simple.

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