Monsieur Mélenchon ou l’art de faire du vent
Hier, à la Bastille (copyright ES/LB)
Jean-Luc Mélenchon ou l'art de faire du vent !
Savent-ils, tous ces braves gens, qui rêvaient hier qu'ils prenaient la Bastille et qu'une aube nouvelle allait se lever, que leur homme fut durant trente ans un militant zélé de ce parti socialiste qu'il pourfend avec tant de vigueur aujourd'hui ? Qu'il a défendu et signé, lui qui se réclame aujourd'hui de la Révolution, le traité de Maastricht qu'un Philippe Seguin qualifia, alors, de « 1789 à l'envers » ?
Ce faisant, monsieur Mélenchon appuya l'euro et ses conséquences financières, il est donc co-responsable de la gabegie actuelle .
Bien sûr, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, mais quand même un peu plus de lucidité eut été bienvenue.
M. Mélenchon qui appelle à une révolution, fut ministre d'un gouvernement socialiste des plus rose pâle, celui de feu monsieur Bérégovoy qui a légiféré sur les activités bancaires avec le pernicieux succès que l'on sait. Là aussi M. Mélenchon se garda bien de protester. Dans le gouvernement de monsieur Jospin, dont la privatisation record fut un fleuron de son bilan, monsieur Mélenchon est resté muet. A croire qu'il n'avait rien vu, rien compris.
Dans son programme, le Front de gauche s'en prend à l'euro et, curieusement, ne souhaite pas l'abandonner, tout en oubliant que la gestion de cette monnaie unique échappe totalement aux gouvernements nationaux. D'où l'incohérence des solutions proposées par le Front de gauche (monétiser la dette au niveau communautaire p.ex) qui toutes, sans exceptions, sont obsolètes ? Soit du vent !
La solution réaliste eut été de prôner l'abandon de l'euro, donc la décapitation (un terme que doit aimer ce révolutionnaire de salon) de la toute puissance financière. Mais là, c'est du sérieux, et Mélenchon s'est bien abstenu de l'évoquer.
Sur l'Europe, malgré ses diatribes, Mélenchon est particulièrement creux. Surtout pas de provocation ! Le mot protectionnisme qu'un Montebourg intègre dans son discours, chez Mélenchon brille par son absence.
Monsieur Mélenchon qui n'est pas inculte est prisonnier de ses propres rêves. De cette Révolution de 1789 dont il ne retient que les passages les plus kitsch et tonitruants : prise de la Bastille, Danton, Robespierre et des mots creux comme « Liberté, Egalité ». Il oublie la Terreur, l'anarchie, la guerre et les misères qui vont avec. L'internationaliste ne peut pas être plus patriote que ça.
D'où sa réserve sur l'immigration considérée comme un non-problème. Circulez, y'a rien à voir !
Même rigidité dogmatique dans ses rapports avec la laïcité, qu'il voit comme un frein à toute influence religieuse. Lui, l'ancien enfant de chœur, devenu franc-maçon de circonstance, qui professe un athéisme militant et anti-religieux.
Ce qui précède ne l'empêche pas de soutenir Israël, l’État théocratique par excellence. Il tient sur l'Iran des propos totalement irresponsables et bellicistes, sans doute inspiré par le lobby sioniste dont il est, semble-t-il, un obligé.
Il a soutenu l'intervention occidentale contre la Libye et ferait de même si le cas devait se produire en Syrie.
Fustiger en paroles, soutenir en actes. Cela porte un nom !
Tout le reste de son programme est à l'avenant. Des mots, des mots, encore des mots dont la concrétisation est impossible. Du rêve vendu pas cher à de braves gens qui n'en peuvent plus.
Et quand il aura fait un joli score au premier tour. Retour aux choses sérieuse et ralliement à Hollande et son PS.
Un soufflé, vous dis-je !
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