L’inquiétude augmente sur les côtes
américaines au fur et à mesure que des nappes de pétrole atteignent la
Louisiane. Le gouvernement américain accuse BP de ne pas faire assez d’efforts
pour endiguer la catastrophe. « Je suis très fâché que BP n’ait pas été
capable de arrêter la fuite ; au bout de 33 jours nous en sommes toujours
au même point » a déclaré samedi Ken Salazar, secrétaire d’Etat à
l’Intérieur, lors d’une visite au quartier général de BP.
Le pétrole a commencé à jaillir du fond de la mer quand la plateforme de forage Deepwater Horizon a explosé le 20 avril à 60 Km des côtes américaines. Dans un premier temps BP a évalué le débit à 5 000 barils par jour, soit environ 800 000 litres par jour, soit environ 500 litres par minute. On ne peut faire que des évaluations grossières. Les images prises ensuite par des robots sous-marins font craindre que le débit ne soit beaucoup plus important. Certains disent dix fois plus, ou même cinquante fois plus.
Le naufrage de l’Exxon Valdez en mars 1989 en Alaska avait répandu 40 000 tonnes de pétrole. C’était la plus grosse marée noire jusque-là. Mais maintenant la situation est différente, parce que le pétrole continuera à couler jusqu’à ce que le trou soit bouché. En retenant seulement le chiffre de 1000 litres par minute, la quantité de pétrole répandue dans le Golfe du Mexique atteignait déjà celle de l’Exxon Valdez le 15 mai. Si rien n’est fait le 10 juin, ce serait le double.
BP a fait plusieurs tentatives infructueuses. La première solution consistait à descendre sur le trou un caisson lesté de 10 tonnes de ciment, surmonté d’un tube par lequel le pétrole remonterait à la surface. Elle a été abandonnée. La seconde solution consistait à pousser dans le trou un long tube en plastique destiné à aspirer le pétrole à la façon d’une paille dans un verre d’eau. Après avoir annoncé que la méthode avait réussi, BP a reconnu n’avoir capté qu’une toute petite partie du pétrole. La solution est en passe d’être abandonnée. Les ingénieurs de BP préparent actuellement un « top kill » disent-ils. Ils vont essayer d’injecter dans le trou un matériau de colmatage à très haute pression.
Cette affaire me rappelle le mythe de l’apprenti sorcier, célèbre poème de Goethe mis en images par Walt Disney. Profitant de l’absence de son vieux maître, un apprenti sorcier commande au balai d’aller chercher de l’eau à la rivière. Il connaît le mot magique pour dire de commencer, mais il a oublié le mot magique pour dire d’arrêter. Alors le balai n’arrête pas d’aller et de revenir avec des seaux pleins d’eau, et la maison est inondée. Heureusement, le vieux maître arrive à temps.
Personne ne peut prévoir quand les apprentis sorciers de BP arriveront à stopper la fuite. Il n’y a pas de maître sorcier et pas de mot magique.