Il y a trois semaines, M6 est revenue sur l’affaire Myriam Sakhri dans "66mn".
Rappelons les faits :
Le 24 septembre 2011, Myriam Sakhri, femme gendarme de 32 ans est retrouvée morte, par ses voisins et collègues dans son appartement de fonction au 1er étage d’un bâtiment de la caserne Delfosse, à Lyon. Une balle en plein cœur. À ses côtés, son arme de service.
Sur une table, devant le canapé où elle gît, un mot manuscrit où elle met en cause son supérieur :
« Merci au Colonel G…, ce connard »
L’Inspection Générale de la Gendarmerie est chargée de l’enquête. Quatre mois après, elle conclut à un « suicide pour raisons personnelles », ce que conteste la famille de la jeune femme.
En juillet dernier Myriam Sakhri avait en effet contacté une première fois l'Adefdromil (L'Association de défense des droits des militaires) et avait réitéré son appel quelques jours avant son suicide, « pour lui faire part de sa souffrance morale qui résultait de son travail » et notamment des « allusions et injures à caractère raciste ».
Elle aurait entendu un des militaires répondre à des étrangers qui peinent à s'exprimer qu'on les aiderait le jour où ils sauraient parler français. Un collègue lui aurait répondu, alors qu'elle se révoltait contre ces pratiques « Tu restes une bougnoule comme eux ». L'enquête des services d'inspection de la gendarmerie n'a pas établi ces dérives racistes.
Le président de l'association de défense, J. Bessy déclarait : « Elle pensait qu'on voulait la faire démissionner car elle avait du caractère ».
Deux mois plus tard, en novembre, la famille, venue déménager les affaires de Myriam, retrouve une douille de calibre 9 mm derrière le canapé où gisait la jeune femme.
L’affaire est réouverte par le procureur.
Cette douille pourrait provenir de coups de feu tirés par les gendarmes alors qu’ils testaient la sonorité de l’appartement lors de l’enquête, aucun coup de feu n’ayant été entendu au milieu de la nuit.
Certains pensent qu’elle pourrait remettre en cause la thèse du suicide.
Selon son beau-frère, elle n'était pas déprimée et venait de réussir le concours pour devenir officier de police judiciaire.
La famille change d’avocat pour prendre, en juillet dernier, un maître du barreau de Lyon, maître Metaxas qui ne manque pas de s’étonner : « L’autorité chargée de l’enquête n’est pas indépendante de l’autorité mise en cause ! » (NDA : la gendarmerie).
- Suicide pour raisons personnelles, comme l’a conclu la Gendarmerie ?
- Suicide suite à une souffrance morale occasionnée par des harcèlements répétés ?
- Crime comme n’est pas loin de le penser la famille ?
C’est ce que la nouvelle enquête judiciaire déclenchée après plainte contre X avec constitution de partie civile auprès du Juge d’Instruction devra s’efforcer d’établir…
N.B. ne connaissant rien de cette affaire, je ne me permettrai bien sûr pas d’émettre le moindre avis. Reste qu’un simple test à la paraffine, procédé archi connu, permet de mettre en évidence les inévitables traces de poudre laissées sur la main après un coup de feu.
La presse n’a rien dit de ce détail qui, à vrai dire, n'apporte pas de certitude absolue, un tueur pouvant tirer un deuxième coup de feu dans un gros bouquin (pour récupérer la balle) en plaçant l'arme dans les mains de la défunte afin d'y laisser les dites traces de poudre.
Le mieux est de ne pas oublier non plus la douille qui a été éjectée automatiquement...
Notons par ailleurs que l’IGG est à la gendarmerie ce que l’IGPN (pour la province) et l’IGS (pour Paris) sont à la Police nationale, toute la haute hiérarchie de la dite IGS, ayant, « couvert des faits illégaux, falsification de documents et monté une cabale contre des fonctionnaires de police ", devant être remise à plat par l’actuel ministre de l’intérieur ce qu’a confirmé Daniel Vaillant, ancien ministre en janvier dernier : "la police qui enquête sur la police, ce n'est plus possible. Beaucoup de policiers partagent mon sentiment. Je pense qu'il y a eu d'autres victimes des turpitudes de l’IGS. On ne le saura jamais ».
La police, avec de nouveaux chefs va donc continuer de contrôler…la police, ce qui ne laisse pas de surprendre nos voisins européens chez qui c’est, fort logiquement et démocratiquement, une autorité extérieure et indépendante qui en est chargée, le plus souvent des magistrats du siège comme le réclame depuis longtemps le Syndicat de la Magistrature.