« Mots croisés » dans le détail
Nouvelle émission de débat lundi soir sur le service public. Une émission politique faisant suite à une autre sur une chaîne concurrente où Nicolas Sarkozy répondait durant deux heures aux questions de citoyens français.

Au-delà du débat de fond où chacun déballe sa propagande en vue des présidentielles, c’est bel et bien le casting et sa disposition qui m’ont intéressé, ainsi que certains détails révélateurs lorsqu’on les analyse avec minutie.
Ainsi, autour d’Yves Calvi, on trouvait à sa droite Maurice Szafran (Marianne), Catherine Nay (Europe 1), Hervé Morin (UDF) et Jean-Marc Ayrault (PS). Et à sa gauche, Rachida Dati (UMP), Yves Salesse (Bové), Guillaume Peltier (de Villiers) et Laurent Joffrin (Libération). Rien que dans le casting, on distingue la volonté de parité gauche-droite, ou plutôt Royal-Sarkozy. Un journaliste pro-PS (Joffrin) qui avoua carrément qu’il soutenait Royal (cela n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd), une de droite de l’autre côté (Nay) et un dernier centriste (Szafran). Restent les cinq invités politiciens. Là aussi, stricte parité oblige, deux de droite face à deux de gauche, et au milieu, un centriste ne dévoilant toujours pas de quel côté pencher. En gros, le pouvoir de gauche (Ayrault) soutenu par un antilibéral de circonstances (Salesse) face au pouvoir de droite (Dati) avec son rabatteur de voix (Peltier).
Outre ce qui se dit, c’est-à-dire pas grand-chose, les chamailleries habituelles sur les bilans des uns répondant aux basses attaques des autres, certains points de détail m’ont interpellé. La complicité Calvi-Joffrin, par exemple. Le premier devenant un moment l’avocat du second. Le second le remerciant d’un clin d’œil furtif. Cela vous a peut-être échappé, mais pas à moi. L’agressivité du même Calvi envers Szafran sur la délicate question de la connivence journalistique pour Sarkozy. Autre détail très net, celui-ci, la représentante de l’UMP qui est originaire d’Afrique du Nord avait derrière elle deux jeunes membres de son parti recrutés récemment et eux aussi d’origine maghrébine. La caméra se posant souvent sur elle, l’UMP était par conséquent représenté par trois Maghrébins. Quand on sait l’importance de l’image, et surtout l’indéniable impopularité de Sarkozy dans les quartiers défavorisés depuis l’épisode « racaille », cela n’a rien d’innocent. Ce n’est certainement pas dû au simple hasard.
Dernier détail, moins évident à l’œil nu, la mise en difficulté des petits candidats, des petits rabatteurs de voix, donc. Les désaccords vinrent d’eux (Peltier et Salesse). Le pouvoir médiatico-politique a retenu la leçon de 2002. Pas d’éparpillement à gauche comme à droite. Le problème, c’est qu’il ne sait plus trop comment faire pour empêcher l’inquiétante percée du FN. La voilà la vérité. Aussi la vie est-elle rude pour les petits rabatteurs de voix. A tel point qu’on culpabilise à demi-mots un José Bové de se présenter. Hier Calvi, Aphatie juste avant lui. Et malgré le petit clash d’il y a cinq ans, les sondages continuent de donner dix petits pour cent à Le Pen alors que, pour rappel, celui-ci avait fait 17% en 2002. Pire, tous les jours, nous avons droit à cet autre stupide sondage mettant face à face Royal et Sarkozy au second tour.
Bref, rideau sur France 2 jusqu’à... jeudi -trois jours plus tard- sur le plateau d’Arlette Chabot. Histoire de nous dégoûter un peu plus de la politique.
Johan Livernette
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