Voilà, Moubarak est parti. Se faire soigner le cancer qui le ronge, en Allemagne peut-être, si on veut bien de lui. Moubarak, devenu symbole de la dictature, et dont fort peu ont relevé les liens avec des personnages bien particuliers, dont je vous ai déjà parlé ici-même. Un autre égyptien qui a eu comme particularité d'être à la fois proche de Ben Laden, dont il entrainait les troupes, en sortant quelques jours avant d'une base américaine où était représenté le fleuron de la CIA. En Egypte, un homme savait tout ça, ou plutôt deux. Moubarak, qui avait échappé miraculeusement à l'assassinat de Sadate, perpétré paraît-il par des "islamistes", et celui qui a annoncé au peuple égyptien son départ : Omar Souleiman, détenteur de ce gros secret. L'homme qui a servi ces dernières années de point de référence et de contacts aux américains pour les vols de renditions, et les tortures infligées aux prisonniers de Guantanamo par les sbires de Souleiman. C'est Wikileaks qui avait révélé l'usage de chocs électriques sur ces prisonniers. Mais Wikileaks a oublié le secret que détient toujours le nouvel homme fort du régime : celui concernant Ali Abdul Saoud, plus connu sous le nom d'Ali Mohammed.
Selon Jack Cloonan, l'ancien responsable de la "bin Laden Unit," qui était au Yemen le 11 Septembre, en effet "Ali Mohamed a été un acteur central dans les grands événements terroristes des années 1980 et 90. Il est la clé de beaucoup de questions lancinantes sur les failles répétées, spectaculaires, et inexplicable de notre nation en ce qui concerne les menaces terroristes. Lors des dernières années, le gouvernement fédéral a fabriqué d'incroyables histoires fausses pour couvrir toutes les informations sur Ali Mohamed. Pourquoi donc ? La chose la plus étonnante au sujet de l'histoire d'Ali Mohamed est qu'il effectuait ses raids audacieux, dans le rôle de meurtrier tout en jouant au maître espion globe-trotter- terroriste et tout en travaillant en même temps avec le gouvernement des États-Unis dans des organisations qui sont censées nous protéger de ses proches : la CIA, les Forces spéciales de l'armée les Etats-Unis , le FBI, et le Département de la Justice. Et il a effectué cette ruse de longue durée en dépit des nombreuses dénonciations par des gouvernements étrangers et les avertissements d'alerte personnelles au sein de nos propres agences." Ali était-il un espion double, ou un véritable espion ayant réussi à continuer à naviguer au sein de l'armée égyptienne ?
Car, il en provenait directement de cette armée : "La première fois que le nom d'Ali Mohammed est apparu c'était en 1981 déjà. Ali Mohamed est apparu sur les écrans radars en 1981 comme un membre de l'armée égyptienne alors âgé de 29 ans. Et comme aussi un officier des Forces spéciales qui se trouvait à FortBragg, en Caroline du Nord, l'endroit où se forment les Forces spéciales américaines. Il était à Fort Bragg, quand ses compatriotes soldats égyptiens qui étaient membres du groupe terroriste du Djihad islamique égyptien (JIE) ont assassiné le président égyptien Anouar Sadat. Mohamed surprendra beaucoup ses collègues soldats américains en exprimant l'approbation de l'assassinat" ajoute Jack Cloonan : en quoi cet officier pouvait il applaudir à l'élimination physique en pleine parade militaire du responsable du pays est là tout le mystère.
J'avais déjà écrit en janvier 2010 qu'il était aussi la clé du mystère Ben Laden et de tout le montage médiatique autour de son second, le leader du Djihad Islamique, l'insaisissable "numéro 2" Ayman Zawahiri (*) : c'est encore plus évident aujourd'hui semble-t-il. Aujourd'hui, la question qu'on se pose plutôt c'est comment Moubarak, assis juse à côté de Sadate, qui avait conclut les accords de Camp-David avec le Premier ministre israélien Menahem Begin, avait-il pu échapper aux tirs de kalachnikovs venus d'un camion arrêté juste devant la tribune. Les forces de sécurité égyptiennes restant étonnamment amorphes durant tout le début de l'assaut. Moubarak étant évacué alors que Sadate est déjà au sol, raide mort. 37 balles l'avaient atteint, mais pas une seule n'avait touché Moubarak ! Le camion de la file suivante de la parade est arrêté à plus de 200 m de celui qui canarde la tribune : les hommes qui tiraient ont eu le champ entièrement libre ! On a bien affaire à un complot, rondement mené et parfaitement organisé. Les deux personnes entourant Sadate s'en sortant.... indemnes. Parmi elles, Hosni Moubarak, bien reconnaissable de loin avec son uniforme bleu. Les auteurs, filmés et abondamment photographiés en plein assaut, le sourire aux lèvres (la drogue aidant, très certainement) avaient tiré avec une précision diabolique !
Des tirs précis d'un camion dont les soldats provenaient tous d'une seule caserne. Or, fait primordial à noter, Ali Mohammed appartenait, justement, à cette même unité ! La question se pose donc de qui avait commandité l'assassinat de Sadate, une question revenue sur le tapis le 8 octobre 2006 sous la forme d'un communiqué de son propre neveu. "À l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de l’assassinat d’Anouar el-Sadate, le 6 octobre 1981, son neveu Talaat el-Sadate entend tout faire pour obtenir la réouverture de l’enquête et du procès. Membre de l’Assemblée du peuple (Parlement), il compte s’adresser d’abord à cette institution. Il a déjà mené une action en ce sens qui n’a pas abouti à cause « des pressions familiales ». Il envisage de saisir également l’ONU et le Conseil de sécurité. Son argument massue : « L’assassinat de Sadate n’est pas moins important que celui de Rafic Hariri. » Le procès du commando de la Jamaa islamique qui avait organisé l’élimination du raïs a eu lieu en janvier 1982 et s’est conclu par cinq exécutions capitales. Mais le neveu estime que les « vrais coupables n’ont pas été interrogés ». Parmi ceux-ci… Hosni Moubarak, alors vice-président. Talaat el-Sadate incrimine encore, sans autre précision, « les Américains, les Israéliens et certains dirigeants arabes ». Il est vrai que l'assassinat d'Hariri aura été davantage décrypté que celui de Sadate, c'est indéniable. Personne ne s'est posé la question, visiblement, du cas d'un Moubarak miraculé ou de celui des gardes personnels de Sadate restés sans réaction...
Le neveu exprimait une interrogation assez floue pour qu'elle n'ait pas été suivie d'effet ni d'enquête précise. Il n'empêche, le cas des deux voisins de tribune de Sadate épargnés l'un et l'autre alors que lui se faisait truffer de balles demeure une interrogation légitime. Les égyptiens arrêteront 23 conjurés le jour du massacre et les suivants, dont Khalid el-Islambouli, Mohammad al-Salam Faraj, et Essam al-Qamari plus trois autres participants (dont l’ingénieur Farag) qui seront tous exécutés par pendaison le 15 avril 1982. Etrangement, le frère de Mohamed el-Islambouli, réussira à fuir en Afghanistan pour se fondre dans les talibans et ne plus jamais donner de nouvelles. Encore un d'échappé. Selon les témoins, c'est Khalid el-islambouli, qui a déchargé à plusieurs reprise sa Kalachnikov sur Sadate. Devant un service d'ordre, on l'a vu... resté totalement resté placide.
Selon Joseph Trento, qui a beaucoup travaillé sur le complot contre Kennedy, Ali Mohammed était bien derrière l'assassinat.
"Trento signale également que le vice-président Hosni Moubarak avait été sur la liste de paie de la CIA dans la fin des années 70, et qu'il avait reçu des "pourboires" par une entreprise de livraison d'armes appelé EATSCO, une façade de la CIA, une société côtée dirigé par le tristement célèbre Edwin P. Wilson. Selon Trento, Anwar Sadat avait, en 1980, avait commencé une enquête sur l'implication de corruption de Moubarak avec EATSCO. Les deux partis, la CIA et Moubarak avait donc des motifs de voir Sadate mort. La CIA, bien sûr, bénéficiant du contrat pour protéger Sadate, possédait les moyens, au moins, pour laisser une porte de sécurité critique ouverte. En tant que « maître espion » qui parle quatre langues, en tant qu'officier dans la même unité que celle qui avait assassiné Sadate assassiné, et comme quelqu'un qui, au moment même de l'assassinat de Sadate en 1981 faisait partie d'un programme USA-Egypte d'échange d'officiers de Fort Bragg (le siège des forces spéciales américaines),
il n'est pas exagéré de conclure que Ali Mohamed avait été selon le chef de la station de la CIA William Francis Buckley , responsable des paramilitaires : membre d'un vaste gamme d'espions au sein du régime de Sadate. Les (apparentes) tendances extrémistes de Mohamed et son statut d'agent soulevaient la possibilité qu'il était au courant du complot d'assassinat tout en étant en « liaison » avec la CIA".
Wislon, pilier de la CIA, était très certainement lui aussi au milieu même de la conjuration, car il sera aussi dans le coup de la mort de trois agents fondamentaux de la CIA, dont
Rafael Villaverde, dont le bateau avait explosé au large de Miami. L'homme venait de se faire repérer comme étant mêlé à un gigantesque trafic de cocaïne, et son corps n'avait pas été retrouvé ! "
Villaverde, qui avait servi la CIA comme un saboteur à Cuba, avait été recruté par Wilson en tant que mercenaire et il lui avait été promis un million de dollars pour un assassinat en Egypte" nous rappelle Edgar Jay Epstein
. Il devait y tuer un dissident Libyen réfugié en Egypte. Mais aussi celle de
Kevin Mulcahy retrouvé mort dans un motel de Shenandoah Valley.
"Mulcahy, le spécialiste de la technologie des communications secrètes à la CIA, avait été embauché pour surveiller la contrebande de matériel électronique et militaires" ; mais encore de Waldo Dubberstein, un archéologue, expert du Moyen-Orient, et conseiller des services secrets,
présumé suicidé d'un coup de pistolet en pleine tête alors que lui aussi attendait d'être arrêté. Il s'était lui aussi rendu en Libye. Pour qui travaillait exactement Wilson, c'est une autre affaire. On retrouvera dans ses comptes bancaires la trace d'un versement de 500 000 dollars d'une banque à Genève vers sa seule sociétés écran, de l'argent qui servira à financer le lobbying pour l'offre pour de navires américains s à l'Egypte ; de l'argent versé à Thomas G. Clines, le directeur de l'entraînement des opérations clandestines, le tout supervisé par
Theodore G. Shackley ("le fantôme blond", architecte du
Projet Phoenix au Viet-Nam), alors le N°2 de l'espionnage US. Wilson menait grand train dans son ranch de Virginie de 2500 acres, où les invités venaient par une noria d'avions privés. Wilson était immensément riche, possédant des maisons ou des appartements à Genève, en Angleterre, mais aussi en Lybie, au Liban et au Mexique. La Libye lui aurait octroyé 21,8 millions de dollars pour services rendus... selon la version officielle, Wislon avait quitté la CIA en 1971. Selon beaucoup d'observateurs, il n'avait jamais quitté la maison.
En 1987
, énième rebondissement : on apprenait également qu'un agent à la retraite de la CIA allait venir déposer devant le Congrès pour témoigner que le Maj. Gen. Richard V. Secord, une des figures notables de l'affaire des Contras iraniens, et Edwin P. Wilson (qui venait d'être condamné à 52 ans de prison pour fourniture d'armes à la Lybie) étaient en cheville. Selon le New York Times, le témoignage consistait aussi à avouer l'implication directe du Secrétaire à la Défense aspar W. Weinberger dès 1985 , bien avant que Reagan ne décide ces livraisons déguisées en janvier 1986. Les révélations de l'agent évoquaient une entreprise-paravent qui n'était autre qu'
EATSCO. : "Les nouveaux éléments de preuve sont censés se développer hors du rôle de M. Wilson sur la fourniture de capitaux de démarrage pour une société appelée l'Egyptian-American Transport and Services Corporation (EATSCO). M. Wilson, un ancien C.I.A. officier qui a été condamné à une peine de 52 ans de prison, a affirmé qu'il avait fourni l'argent pour l'entreprise, connue sous le nom Eatsco, et que le général Secord avait été l'un de ses commanditaires", précise le Times.
Wilson, et Ali Mohammed, qui travailllait déjà pour la CIA, comme j'ai pu déjà l'écrire ici :
Selon Marzouk, décidément bien bavard (et qui ne sera détenu qu’une année), Ali Mohamed a été recruté en Egypte, alors qu’il était membre de la partie égyptienne du Jihad Islamique, fondée par un médecin extrémiste, Ayman Zawahiri, l’adjoint direct de Ben Laden. Selon des sources avisées, il aurait aussi été un membre des services secrets égyptiens (et Ayman Zawahiri émargerait à la CIA selon eux également !). Selon Marzouk toujours, la vie de Mohamed est assez mouvementée, il est constamment entre deux vols entre Fort Bragg, où il a le statut d’instructeur, et où il fait des conférences dont certaines enregistrées en vidéo avec des militaires et des conseillers de haut rang (voir l’image fournie en bas de cet article), et les camps afghans qui lui prennent beaucoup de temps. Bref, il existe donc un homme aux Etats-Unis, à cette époque, qui se dit membre d’une organisation terroriste, qui prend régulièrement l’avion, en emportant parfois des explosifs militaires... et tout cela serait normal pour les américains ? Tout en présentant extérieurement la vie paisible d’un père de famille californien, un militaire, qui de temps à autre se rend à l’étranger muni de puissants explosifs ? On écarquille les yeux, mais il va vivre plus de dix années ainsi. Quinze, selon les renseignements que l’on possède. Certains de ses voyages le mènent à Francfort (où il débute d’ailleurs), où une cellule bien organisée existerait. On y trouve d’ailleurs un dénommé Mohammed Atta. Tous ces déplacements doivent coûter un argent fou, songe notre homme. D’où lui vient l’argent ? Ce n’est pas sa solde de militaire qui les lui permet."
Comme je l'avais écrit, les liens entre Ali Mohammed et les services secrets égyptiens et la CIA étaient très forts. Au point qu'en 1993, c'est bien lui qui sera derrière Al- Zawahiri lors de cette incroyable tournée aux USA :"En 1993 était resurgi notre phénomène : il accompagnait le très étrange périple d’Ayman al-Zawahiri aux USA, alors que l’homme était recherché... sans l’être vraiment : une tournée pour rassembler des fonds pour Al-Qaida. Au vu de tous. Al-Zawahiri dormira dans la maison californienne de Mohamed, qui l’introduit partout aux USA. Selon le New-Yorker, cette visite a lieu juste après le premier attentat contre le WTC.. et personne à la CIA ou au FBI ne songera à aller arrêter le leader du Jihad Islamique en tournée professionnelle aux USA ! Aberrant ! Mieux encore : une scène assez extraordinaire va se passer".
"Tout d’abord, un fait incroyable : lors de l’arrestation d’El Sayyid Nosair, un des poseurs de bombe du WTC en 1993, les inspecteurs découvrent les plans de l’immeuble chez lui. Oui, mais pas n’importe lesquels : ceux volés quelques semaines auparavant par Ali Mohamed à Fort Bragg ! L’affaire avait secoué la base en effet quelque temps avant : toute l’enquête interne avait convergé vers Mohamed... et toutes les charges avaient disparu quelques jours après, Ali ayant été totalement blanchi par un coup de baguette magique et trois coups de fil venu d’en haut. Et ce n’est pas tout : Nosair, avant de dynamiter le WTC avait été impliqué dans un autre acte grave : l’assassinat en novembre 1990 du rabbin extrémiste Martin David Kahane, plus connu sous le nom de Meir Kahane, à l’hôtel Mariott, à Manhattan. Or, quelques heures à peine auparavant, Meir Kahane discutait tranquillement avec.... Ali Mohamed ! Non, décidément, ce Mohamed-là n’est pas un gars ordinaire"... le premier attentat contre le WTC, Ali Mohammed y était visiblement impliqué : or il travaillait à cette époque pour la CIA.
L'écheveau est bien tissé, puisqu'on tombe à partir de l'assassinat de Sadate successivement sur Zawahiri, l'adjoint direct de Ben Laden et le véritable dirigeant d'Al-Qaida, soupçonné depuis toujours d'appartenir lui aussi à la CIA, mais aussi la cellule de Francfort des fameux djihadistes noceurs et buveurs d'alcool ; celle de Mohammed Atta. Tout se relie, tout se noue. On est bien sur un organisation unique, dont le dirigeant actuel de l'Egypte détient toutes les clés : Moubarak s'est envolé, mais avec le secret de la participation d'Ali Mohammed, formé à Fort Bragg, aux USA, dans l'organisation de l'assassinat de Sadate. Un Ali Mohammed certes depuis arrêté, condamné, mais dont ne connait pas le sort actuel :
"le 10 Septembre 1998, en montant dans un avion pour un vol vers l’Egypte, comme d’ordinaire, dirions-nous, il est arrêté. Il est emprisonné 8 mois et passe en jugement en 1999. Selon la presse et CBS news, il avait plaidé coupable et sa sentence n’a jamais été prononcée. En prison, mais sans condamnation ? Et depuis, plus personne ne sait ce qu’il est advenu de lui " avais-je écrit. Plus personne, sauf la CIA et... Omar Suleiman ! L'Egypte a certes éjecté Moubarak, pas sûr qu'elle soit tombée mieux pour l'instant.
(*) qu'on avait annoncé mort en décembre 2009... extrait : "Onze ans auparavant, c’était l’inverse en effet : on lui faisait d’autres, de cadeaux, à Al-Zawahiri. En 1987, il travaillait pour la CIA et avait alors reçu une partie des 500 millions de dollars versés par les Etats-Unis en Afghanistan, pour son groupe du Jihad Islamique (égyptien), afin de lutter contre les soviétiques en Afghanistan. On sait ce qu’il en est advenu : la CIA venait de créer un nouveau Frankeinstein, qui échappera très vite à son contrôle. Les américains, en aidant financièrement Al-Zawahiri avaient fait une terrible erreur. Dès septembre1992, en effet, Ayman Al-Zawahiri visitait la Bosnie, où il tentait de recruter des volontaires pour commettre des attentats dans le monde. L’année suivante, l’arrestation de la cellule égyptienne de son groupe le renforce de 800 membres qui quittent alors le pays pour le rejoindre en Afghanistan. Ben Laden et lui vivront ensuite quelques mois en Angleterre, en 1994".