Mourir des effets des radiations ou de la chaleur : Faire le choix de la sobriété énergétique
« Le monde change, rester coincé dans des certitudes nucléaires, c’est prendre le risque d’être de plus en plus en décalage avec l’évolution du monde. »
Nicolas Hulot
Deux informations, en apparence contradictoires, sont venues nous rappeler la centralité du problème de l’énergie. D’abord, l’AIE qui nous apprend, lundi 30 mai, que nous sommes en faute et que le seuil d’augmentation des
Le réchauffement est inéluctable
Les émissions de CO2 ont atteint leur plus haut niveau en 2010. Après une réduction en 2009, en raison de la crise financière mondiale, les émissions de CO2 ont de nouveau grimpé à 30,6 Gigatonnes (Gt), soit 5% de plus par rapport au précédent record de 29,3 Gt, en 2008. « De surcroit, 80% des émissions du secteur de l’énergie prévues pour 2020 sont d’ores et déjà programmées puisqu’elles sont censées provenir d’usines en activité ou en construction », indique l’AIE. Selon le chef économiste de l’Agence Fatih Birol, ces données constituent un « sérieux revers », dans l’espoir de limiter le réchauffement climatique à
Le lac Poyang, situé dans la province du Jiangxi (sud-est de
Pour Fatih Birol, économiste en chef à l’AIE, interrogé par le quotidien, il s’agit de « la pire nouvelle en ce qui concerne l’émission » de CO2. « Ça devient un défi extrêmement difficile à tenir de rester sous les deux degrés (...) Les perspectives sont lugubres. C’est ce que disent les chiffres », ajoute-t-il morose. Pour Nicholas Stern, de
Le choix responsable de l’Allemagne : sortir du nucléaire
On peut penser que la solution serait de réduire les énergies fossiles, en se reportant sur les énergies renouvelables et l’inévitable nucléaire. Les interrogations sur le nucléaire après la catastrophe de Fukushima obligent, ensuite, à repenser l’avenir énergétique. Le remplacement du nucléaire, faible émetteur de CO2, se fera-t-il par des énergies renouvelables ou bien du gaz et du charbon, au risque, dans cette dernière hypothèse, de troquer le risque nucléaire par le péril climatique ? Enfin, la flambée du cours du pétrole, qui rend un peu plus compétitives les énergies renouvelables, devrait inciter les Etats à subventionner davantage les technologies « vertes », et non les énergies fossiles. Pour avoir une chance de maintenir le réchauffement sous la limite de 2oC d’ici à la fin du siècle, les émissions de CO2 doivent non seulement cesser d’augmenter, mais commencer à baisser dès 2015.
Norbert Röttgen (CDU), le ministre allemand de l’Environnement le confirme : le dernier réacteur allemand sera débranché au plus tard fin 2022. Exit le prolongement jusqu’en 2036. (...) Ce revirement dans la politique énergétique devrait être lourd de conséquences. Même si le solaire dépasse déjà les 1% de l’électricité produite en Allemagne et atteint ainsi un record mondial, si les éoliennes égayent massivement les paysages de
Le miracle allemand est que l’industrie du renouvelable s’est considérablement développée. Pour Rue 89, les énergies renouvelables se sont considérablement développées au court des quinze dernières années grâce à un soutien volontariste de l’Etat. Fortement pourvoyeur d’emplois, on estime à 330.000 le nombre de personnes qui travaillent dans ce seul secteur. Au point qu’il est devenu une véritable fierté nationale...et une véritable force de frappe industrielle, notamment à l’exportation. Par comparaison, 150.000 personnes environ travaillent pour EDF. Les renouvelables produisent aujourd’hui 16% de l’électricité allemande. Trois fois plus qu’en 1997. Les éoliennes, chauffe-eau solaires ou autres panneaux photovoltaïques font partie du paysage. En Allemagne, la transition vers un modèle énergétique écologiquement responsable n’est pas un fantasme futuriste ou une promesse fumeuse à
La fermeture des 17 réacteurs allemands va se faire de manière progressive, déclare au Monde, le physicien Bernard Laponche. D’ici 2022, l’Allemagne va devoir remplacer une énergie d’où provient 22% de son électricité et dès aujourd’hui, il lui faut compenser les 6,8% correspondant aux huit réacteurs déjà arrêtés. « Dans l’immédiat, les Allemands vont peut-être utiliser un peu plus de charbon [43% de l’électricité allemande] et importer un peu plus d’électricité », estime Bernard Laponche, « mais de façon transitoire ».
L’Allemagne, va « réduire la consommation d’électricité et parallèlement, augmenter la part des énergies renouvelables », explique le physicien. De fait, un document rédigé par le gouvernement et que Reuters a pu se procurer lundi 30 mai, indique que l’Allemagne prévoit de réduire sa consommation d’électricité de 10% à l’horizon 2020. Concrètement, « il y a toute une batterie de mesures déjà prévues par le plan d’efficacité énergétique et qu’ils vont probablement accélérer ». « Il peut y avoir une augmentation, du prix de l’électricité mais pas dans des proportions extravagantes », prédit Bernard Laponche. « Pour le moment,
Aux coûts de démantèlement qui ont été provisionnés par les exploitants (12,2 milliards d’euros pour E.ON, 9,5 milliards d’euros pour RWE et 4,7 milliards d’euros pour EnBW), s’ajoutent les investissements nécessaires pour construire de nouvelles capacités. Dans un rapport présenté il y a quelques semaines, le cabinet IHS Cera a évalué à 39 milliards d’euros d’ici à 2025. En Allemagne, le nucléaire : les 17 réacteurs théoriquement encore en activité en Allemagne représentent 22% de la production d’électricité brute, qui est d’environ 620 terrawatt-heures (TWh), soit 6,8% du total. À eux seuls, les États-Unis,
Où en sommes-nous maintenant ?
La boulimie énergétique de
Dans un rapport présenté il y a quelques semaines, le cabinet IHS Cera a évalué à 39 milliards d’euros d’ici à 2025 le montant des investissements nécessaires, On sait que l’empreinte écologique de l’homme a dépassé les limites permises par
« Cette ère géologique ouverte, écrit Hervé Kempf voici deux cents ans et durant laquelle l’homme - anthropos - est devenu une force géologique. (...) Pourquoi ce concept est-il important ? Parce qu’il clôt la période philosophique ouverte par le cartésianisme, et qui a inspiré la grande aventure occidentale de la révolution industrielle : voilà que l’homme s’est fondu dans la nature au point d’en être devenu l’une des forces les plus puissantes. (...) le destin de la biosphère ne peut plus être dissocié de celui de l’Homo sapiens. Cela peut conduire à plusieurs conclusions. L’une est de reconnaître que cette puissance nouvelle de l’action humaine a conduit à une dégradation telle de son terrain d’application qu’elle menace sinon son existence, du moins la possibilité de sa poursuite dans des conditions pacifiques et prospères. Une autre, à l’inverse, serait qu’il faut poursuivre et élargir la logique de domination, par exemple en comptant sur la géo-ingénierie pour répondre au changement climatique. Il est, cependant, poursuit Hervé Kempf une manière moins convenue de réfléchir à ce que signifie l’entrée dans l’ère de l’anthropocène : c’est d’interroger le sens de l’aventure humaine. D’analyser non seulement le système qui a accompagné cette expansion de la puissance d’Homo sapiens, le capitalisme, mais aussi l’attitude philosophique qui l’a inspiré, le matérialisme. Et donc, de rechercher dans la métaphysique une réponse aux questions de l’époque. »(7)
Conclusion
On peut se demander si les pays occidentaux et même
Peut-on ou doit-on choisir entre la peste du nucléaire et le choléra des énergies fossiles ? Il est curieux de remarquer que le communiqué de l’AIE a été retardé pour ne pas troubler la quiétude des grands de ce monde à Deauville où ce problème des changements climatiques a été superbement ignoré. Quelle est la solution quand, d’un façon hypocrite, ont dit que l’Ocde ne consomme que 11 tonnes par habitant alors que
C’est cette même volonté politique qui manque aux pays à l'addiction au nucléaire avéré et qui pense que l'Allemagne fera marche arrière d'ici là (2022) hypothèquant à leur façon l'avenir de la planète car les nuages radioactifs n'ont pas besoin de visa pour traverser les frontières..
1.Communiqué de presse sur les émissions de CO2 en 2010
http://www.iea.org/index_info.asp?id=195930 May 2011
2.Climat : le cri d’alarme lancé par les experts. Le Monde 31.05.11
3.Rédaction Emissions de CO2 : le record mondial en passe d’être battu, Enviro2B, 30/05/11
4.Régis Présent-Griot : Effet Fukushima : l’Allemagne débranche le nucléaire en 2022. Gazette de Berlin | 30/05/2011
5.L’Allemagne est mûre pour sortir du nucléaire. Pas
6.Thomas Baïetto. Allemagne : une sortie du nucléaire progressive Le Monde.fr 30.05.11
7.Hervé Kempf : Anthropocène. Le Monde.fr 31.05.11
8.Henry Moreigne : Fukushima climatique Agoravox. mardi 31 mai 2011
9.GIEC 2011 http://www.ipcc.ch -http://srren.ipcc-wg3.de
Pr Chems Eddine CHITOUR
Ecole Polytechnique Alger enp-edu.dz
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