Mousson exceptionnelle : le Pakistan a rasé sa propre forêt
Maintenant il veut des dédommagements. Les inondations qui ont noyé une partie du Pakistan en 2022 sont présentées comme historiques, comme les pires depuis un siècle au moins. Le réchauffement climatique est invoqué et le gouvernement pakistanais veut obtenir des dédommagement de la part des pays riches (donc pollueurs...).
Extrême
En avril et mai une vague de chaleur plus intense que d’habitude a précédé l’arrivée de la mousson. C’est la période en général la plus chaude au Pakistan.
Le Pakistan est un pays extrême du point de vue climatique et météorologique. C’est l’un des plus chauds du globe, il détient le record de température pour le continent asiatique.
Cette année la mousson a été exceptionnelle. Aux grandes eaux du ciel se sont ajoutées les eaux des glaciers suant sous la vague de chaleur. De plus l’océan Pacifique est toujours en phase La Niña depuis trois ans, ce qui est une durée rare. L’eau et les masses d’air chaudes sont donc poussées vers l’Asie du sud.
La position du jet stream est également déterminante, de même la balance des pressions, soit le Dipole de l’Ocean Indien, qui concourent à la circulation des vents.
De grandes inondations, cela arrive. On estime que la variation naturelle des moussons, d’une année à l’autre ou d’une période à l’autre, va jusqu’à 40% de volume d’eau délivrée.
Autre problème au Pakistan : la déforestation. Le ratio de forêt est l’un des plus bas du monde : 5,1%, voire 1,9% selon le tableau en image 2, alors qu’il est de 31% en moyenne mondiale et qu’il était de 33% en 1947.
Une étude affirme que la déforestation du Pakistan depuis l’an 2000 a conduit le pays à des effets dévastateurs éco-environnementaux.
Pour y remédier le gouvernement a décidé de planter des centaines de millions d’arbres afin de lutter contre la sécheresse. Un nouveau plan envisage même de mettre en terre 10 milliards d’arbres dans les années à venir.
Sera-ce suffisant pour freiner la brutalité des grandes moussons et tempérer les sécheresse brutales que connaît cette région ?
Difficile à dire dans un pays qui est comme un entonnoir ou un long boyau entouré aux deux tiers de montagnes dégoulinantes d’eau et traversé par le fleuve Indus. À l’est le plateau du désert du Thar domine la vallée de l’Indus et resserre le passage des crues.
Un sol sans forêt est plus sec et moins productif. Les forêts maintiennent une humidité dans l’air et les sols, et fixent les terres contre l’érosion.
Que s’est-il passé au Pakistan ? Découvrons ces infos publiées après les grandes inondations de 2010 :
« Au cours des soixante dernières années, 60 % des arbres qui bordent les rives du Sindh ont disparu. L’épuisement des cours d’eau et la surexploitation forestière en sont les premières causes. »
Et aussi :
« Dans certaines régions du Pakistan, l’électricité peut se faire rare. De ce fait, les habitants abattent des arbres pour se chauffer. »
Déforestation récente :
« Pour commencer, le rôle de l’homme s’étend à la déforestation des bassins versants dans les montagnes du nord du Pakistan. Bien qu’il n’y ait pas de chiffres exacts, les experts s’accordent à dire qu’une déforestation rapide a eu lieu depuis les années 1990. (…) La déforestation a eu un impact assez direct lorsque les pluies sont arrivées, explique Rina Saeed Khan, journaliste pakistanaise spécialisée dans les questions environnementales. »
La mafia du bois aggrave les destructions :
« Nous recevons des rapports selon lesquels il y avait beaucoup d’exploitation forestière dans la région par la mafia du bois, et ils avaient l’habitude de jeter ces troncs dans la rivière, en utilisant cette rivière comme moyen de transport. Ainsi, lorsque les inondations sont arrivées, les troncs sont devenus des missiles dans l’eau. Et ils se sont écrasés sur des maisons et des ponts, brisant de nombreuses infrastructures. »
Mais encore :
« Plus en aval, dans la province du Sindh par exemple, le fleuve Indus a été « étouffé » par des agriculteurs qui n’ont laissé aucun espace où de l’eau supplémentaire aurait pu aller, explique Khan. »
Continuons vers le sud :
« Tout le long de l’Indus, dans le sud, il y avait autrefois une forêt fluviale très épaisse. Et au fil des ans, les gens l’ont abattue et ils ont commencé les cultures, car c’est une terre très fertile. »
Or, on le sait :
« La coupe d’arbres a un autre effet secondaire. Comme le sol n’est pas ancré par les racines, il est transporté en aval par les fortes pluies. La terre et la boue s’infiltrent dans les rivières et les ruisseaux, ce qui a pour effet d’obstruer les lits des rivières et de réduire la capacité de transport de l’eau. Cela aggrave les inondations. »
S’il n’y a plus assez de forêts pour modérer les crues au Pakistan ce n’est pas parce que la Chine utilise des centrales électriques au charbon, ou parce que certains vont aux Maldives en avion et que d’autres font le tour de Maubeuge en auto à moteur thermique. La vérité est ailleurs : c’est parce que les populations locales ont détruit ces forêts.
Ce rapport le confirme et mentionne en particulier : « Plus de 70 % des forêts ont été coupées illégalement entre 2007 et 2009 entre 2007 et 2009 ». Et en 2010 une méga-inondation s’est produite. Le CO2 et le réchauffement semblent bien éloignés des causes.
Alors faut-il dédommager le Pakistan en raison des intempéries ? Ce pays reçoit déjà diverses aides : prêts, subventions, programmes de l’ONU et autres, des aides qui représentent des milliards de dollars. J’ai fait une recherche rapide, mais ce chiffre peut être beaucoup plus élevé.
On espère que ces aides servent bien le pays et non seulement sa classe dirigeante. Difficile à croire dans une région encore marquée par les structures tribales.
La ministre du climat Sherry Rehman à la COP 27 en Égypte dénonce :
« … le rythme glacial de la diplomatie climatique, affirmant qu’elle ne peut pas répondre aux besoins d’un pays qui se bat pour se remettre des inondations dues au climat qui ont causé plus de 30 milliards de dollars de pertes économiques. »
Une aide de plus pour ce pays ? Pourquoi pas. Les raisons en sont politiques autant ou plus qu’humanitaires. Mais rien ne prouve que les récentes inondations soient dues au réchauffement. Les archives du passé sont insuffisantes pour une telle assertion, les études récentes manquent de recul et les modèles ne sont pas des indices suffisamment fiables :
« Les modèles actuels ne sont pas entièrement capables de simuler les pluies » dans cette région à la limite occidentale de la mousson » et dont les précipitations sont « extrêmement variable d’une année à l’autre », ont-ils analysé. Par conséquent, « les scientifiques n’ont pas été en mesure d’estimer l’influence du changement climatique sur cet aspect. »
Voilà qui est dit.
Alors, des fonds pour le Pakistan ? En urgence pour aider les populations sinistrées, oui, puisque le gouvernement n’en est pas capable. Mais en contrepartie il faut encore reforester, sanctionner sévèrement les abattages illégaux, remodeler les forêts et les paysages pour que les grandes moussons produisent moins d’effets destructeurs.
Sur le fond, les pays riches doivent-ils une compensation aux pays comme le Pakistan – d’autres en font aussi la demande – en raison du climat et de leur supposée responsabilité ?
Il faudrait d’abord trouver une raison meilleure. La culpabilité dont on voudrait charger les pays riches est haïssable. Ne nous soumettrons pas à une telle disposition psychologique. Et puis les demandeurs ne sont pas des modèles de vertu. Il suffit de voir combien de plastique est envoyé à la mer en Asie via les milliers de décharges sauvages.
Faut-il décompter les sommes déjà attribuées au titre d’aides diverses ? Décompter en les chiffrant toutes les avancées que la civilisation de l’hydrocarbure et de la technologie a mis au service du monde ? Et que faire avec les pays qui ont reçu des milliards sans voir leur développement en profiter ?
La notion de justice climatique impose une vision univoque du réel : les riches contre les pauvres. C’est faire peu cas des programmes d’aide distribués – avec ou sans résultats – depuis des décennies. Malheureusement, on le sait à l’instar de la grimaçante Greta Thunberg, le climatisme est d’extrême-gauche : anticapitaliste, antifas, irréfléchi, « progressiste », éco-flippé, et j’en passe.
Où est la justice si les pays émergents restent dans une relation de dépendance-assistance envers ceux que l’on accuse ?
Où est la justice si chaque événement météorologique intense est attribué au réchauffement et donc donnerait droit à de juteux dédommagements, alors que la gestion des forêts, des terres agricoles et des équipements collectifs laisse chroniquement à désirer chez les pays demandeurs ?
En une courte vidéo, les causes et effets de la déforestation au Pakistan :
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