Mr le maire, Mmes et Mrs du CCAS

A la lecture de votre dernier bulletin de janvier 2017, votre « édito » met en avant la solidarité et l’entraide, et un article sur les activités du CCAS de la ville explique son fonctionnement, et ce qu’est être dans la nécessité. Mon courrier aujourd’hui se veut être le témoignage, et un peu le porte-plume de ces personnes ayant la préférence de l’ombre et de la discrétion, parfois de l’oubli dans l’anonymat.
Mon cas personnel pour étayer et faire admettre, que toutes les situations menant à la déchéance financière, sociale et malheureuse, sera ma la ligne écrite ici.
Il me faut être bref, et de ne pas ennuyer le lecteur, dans une foultitude de détail encombrant, en résumer l’essentiel, deux licenciements économiques, un divorce, une séparation, une maladie, suffisent amplement à faire dérailler une vie bien réglée et enviée. Nous n’avons pas tous la même énergie ou les mêmes solutions, pour faire face à ce genre de situation, mais une fois le pied mis dans ce chemin, il est très difficile de sortir de l’ornière. Ajouter à ces faits, l’âge de la personne, passé 55 ans, tout devient amplifié et compliqué, la recherche d’emploi à ce jour, vous le savez, pour les seniors est devenu pratiquement impossible. C’est ainsi que nombreux, ayant eu une carrière de travail rempli se retrouvent abandonnés à leur sort, à quelques encablures d’une retraite attendue mais parfois incertaine au vu des projets gouvernementaux changeant au gré du vent, et souvent sont incompris et évités de leurs semblables.
Dans ces moments, beaucoup de choses changent, votre tissu social s’étiole, votre motivation s’effondre, vos projets sont relégués à plus tard ou jamais. Un processus malheureux voit le jour, la perte de confiance dans le système et la vôtre en rebond sont prégnantes, la gêne puis la honte vous envahissent douloureusement, on apprend à faire profil bas, à raser les murs, comme si cet état vous mettait hors-jeu, socialement inapte et appauvri, comme si la peste vous précédait.
C’est le début d’un chemin hasardeux et pavé d’obstacles, faire profil bas pour demander une aide nécessaire, lâcher quelques larmes devant une assistante sociale compatissante, votre âge, votre éducation, votre vie, tout semble irrémédiablement pesant à supporter. Rien, ni personne, dans ces moments, a la force de faire place à la honte qui vous envahie. Il faut apprendre et prendre sur soi, se mettre et permettre l’évidence que seul, l’aide et l’attention reste importante, pour simplement vivre. Un exercice compliqué, blessé dans votre amour-propre et dans ce que représente la vie, qui devient survie, noyé dans les papiers pour l’administration, nécessaires pour faire valoir à leurs regards votre situation, faire et refaire chaque jours la même bataille, pour prétendre ne pas disparaitre et être simplement.
Il est nécessaire de s’accrocher et tendre toute votre énergie, pour un semblant de fierté, et ne pas échouer plus bas, dans l’indifférence et la solitude. Alors oui, votre entraide, votre aide sont nécessaires et appréciées, mais souvent tardives, car le mal progresse plus vite que la fièvre et, paralyse les concernés. Devoir solliciter, pouvoir aider, savoir reconnaitre, tendre la main et écouter, une entreprise à développer, soyez-en sûr il reste encore beaucoup à faire et surement plus demain si rien n’évolue.
Quelques mots hâtifs pour décrire, vous le comprenez maintenant, des situations ni enviées ni souhaitées, juste, une épreuve à vouloir partager, et utile à déranger pour être connu et pas éviter.
N’ayez pas peur à soumettre ce témoignage aux yeux de vos élus et administrés, juste pour qu’ils sachent et comprennent, que demain peut-être auront-ils aussi la peine et la peur de ce qui est une réalité, et qu’elle ne s’encombre pas de savoir qui mettre au ban de notre société.
Le 6 Janvier 2017 LM
12 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON