Mythe scientifique et dissolution du lien social
La vraie science cherche les lois de la nature. Elle tire ces lois de l’étude du lien entre la cause et l’effet par une méthode scientifiquement éprouvée de mise en lien. Pour construire une maison ou une fusée, il est nécessaire de respecter des lois, les règles de l’art. À quel titre en irait-il autrement pour construire une vie ou une civilisation ?
Vrai de vrai : pour savoir si une perle est vraie, il suffit de la plonger dans du vin ! Elle se dissout. Si les pigeons ramiers ont proliféré dans les villes, c’est à cause de la myxomatose, maladie qui a décimé les lapins ! Quel rapport ? Comment cela ? Les renards n’ayant plus de lapins à se mettre sous la dent se sont rabattus sur les écureuils, qui eux, de leur vivant, mangeaient en dessert les œufs de pigeons ramiers. C’est par un raisonnement du même type que nous essayons dans cet article de mettre d’abord en relation la destruction insidieuse du tissu social avec l’émergence du mythe scientifique et de faire ensuite une proposition de solution.
Si la science cherche les lois de la nature en étudiant les causes, le malheur historique a voulu que certaines observations faites dans les sciences de l’infiniment complexe aient pu mettre en évidence des liens causaux univoques, simples, comme ce fut le cas lors de l’établissement des lois de Mendel en génétique ou la découverte de l’insuline, cause du diabète. On s’est alors mis à rêver qu’il serait possible de connaître toutes les causes de tout afin de se rendre maître du mal. Grâce à la science, on allait enfin pouvoir devenir tout-puissant sur cette maudite nature, source de tant de maux et de souffrances injustes. Ces sciences n’ont plus alors cherché les lois de la nature et, au nom de l’urgence de la demande, elles se sont mises à tirer sur tout ce qui bouge, diabolisé en "la" cause du mal. La culture, pour la première fois depuis la nuit des temps est devenue plus forte que la nature. Le rapport de force s’est inversé pour découvrir mais trop tard que l’emploi intempestif des pesticides et des antibiotiques au lieu d’arranger les choses a provoqué la nécessité d’une surenchère dont on mesure aujourd’hui le résultat désastreux sur les équilibres de la nature, qui s’est "adaptée" ! On ne pourra sans doute plus revenir en arrière. Le déséquilibre écologique induit nous entraîne dans une spirale infernale dont le prix pour la santé rapporte surtout aux producteurs, qui ne cessent d’argumenter sur la nécessité "scientifiquement établie" de cette folie. On ne peut pas, en réalité "plus", faire autrement ! Eh bien oui, effectivement, tout le monde s’en doute, quand on l’aura décidé, il faudra un certain temps pour permettre à la nature de se rééquilibrer... à un prix écologique qu’il faudra payer de toute façon tôt ou tard, en plus du prix que l’on aura déjà payé inutilement, à force de tergiverser. Dieu pardonne toujours ; l’homme parfois ; la nature jamais.
Si chacun commence à voir et à vivre les dégâts provoqués par le mythe scientifique en médecine et en agriculture, il n’est pas si facile d’en mesurer l’ampleur dans le domaine des sciences humaines, de la psychologie à la politique, en passant par l’économie et sa publicité. De haut en bas, les ex-pères que nous voulons tous être se disputent à longueur de débats, parfois télévisés, sur "la" cause de la montée si visible de toutes les formes de violences sur tous les continents et à tous les étages de la civilisation. On a beau courir après chaque fait divers en multipliant les lois et les contrôles, rien n’y fait. Ce qu’on appelle "loi" n’a d’ailleurs plus rien à voir avec celles de la nature humaine. Elles se sont réduites à être de simples mesures, focalisées et ponctuelles, pondues sur le coup de l’émotion médiatisée. Ces "lois" ressemblent dès lors plus à une chasse aux symptômes, voire aux sorcières ou à une recherche éperdue de boucs émissaires qu’à la recherche scientifique de ces lois de la nature que nous aurions dû respecter pour éviter un tel désastre.
Quand l’être humain souffre, il fait la même chose que ce qui se fait sur un réseau d’électricité quand il en manque, il fait des "coupures", hiérarchisées du plus superflu au plus nécessaire. En psychologie, on parle de désinvestissement. L’être humain vit de plaisir. Quand le rapport qualité/prix de ses efforts s’inverse, le déprimé désinvestit par cercles concentriques son espace jusqu’à parfois ne plus sortir de son lit. Il évite les conflits avec les autres. Un psychopathe, par contre, désinvestit le temps de ses investissements. Il prend de plus en plus son plaisir d’événement en événement. Si le déprimé considère l’autre comme sujet global, dont il se protège, le psychopathe n’investit plus l’autre que comme sujet partiel. Il le limite à sa partie "intéressante", pendant le temps qu’elle reste "intéressante".
La science a comme caractéristique d’isoler une partie de la réalité pour pouvoir mieux l’étudier. Le mythe scientifique fait prendre cette partie pour le tout. C’est en cela qu’il se comporte comme un psychopathe. Il prend la goutte d’eau qui fait déborder le vase pour "la" cause du débordement. Cette manière de penser, en se généralisant dans la population, tend à transformer insensiblement chacun en "psychopathe". On peut voir autour de soi et dans les médias ce désinvestissement progressif de l’autre comme sujet et de l’avenir comme futur, un peu partout, pas seulement dans les films, les séries et les publicités. Chacun d’entre nous vit déjà péniblement de n’être plus considéré qu’en termes de fonctions et de rôles par ses supérieurs, les employeurs et l’administration, mais aussi par ses antérieurs, ses parents et ses professeurs. Avoir été aidé a vite été oublié. Un cadeau à peine reçu est considéré comme un droit acquis.
Le vécu d’instrumentalisation fait partie de l’expérience actuelle de chacun. Légitimement, on se vit en "victime", mot qui au départ ne correspondait qu’à celles qui étaient offertes en sacrifice. Le mot "victime" signifie "faite sacrée". Dans "Effet de seuil", vous trouverez comment les victimes sacrifiées sont la rançon du progrès qui est "faire plus de la même chose". Il suffit de regarder les informations du monde pour voir se multiplier ce type de victimes partout dans le monde. Les victimes consenties par contre sont la rançon du changement à l’exemple de tous ceux qui ont été capables de "sacrifier" de leur temps pour se changer, à travers tous les apprentissages et tous les investissements véritables.
Le regard tourné vers le passé, celui qui se vit en victime ignore qu’il a mis en place des défenses "préventives" par peur de la répétition du traumatisme. Il en arrive à se croire autorisé de se défendre préventivement contre tout, tout le temps. Cette défense préventive est en réalité une agression pour la plupart de ceux qu’il rencontre. Non seulement il multiplie le traumatisme par toutes ses victimes innocentes mais il s’enferme lui-même aussi dans une boucle vicieuse puisque l’autre, en y répondant très naturellement aussi par de l’agressivité, le justifie dans sa peur. Bien protégé par les palissades de ses certitudes, il ne peut alors plus que mourir de faim affective au milieu de son château fort sans porte ni fenêtre.
L’énergie de l’amour vient de sa "gratuité". Se sentir aimé "si", ça ne fait pas le même effet ! Quand on le prend comme un droit acquis, quand on le mendie ou le mérite, il perd sa qualité énergétique. L’amour dissocié de sa dimension nécessaire de "gratuité" n’est plus alors que de la drogue, à répéter compulsivement. Quand on ne peut plus se donner à aimer, recevoir l’amour comme un cadeau, parce qu’on se croit entouré de profiteurs-détraqueurs, comme dans Harry Potter, il n’est plus alors possible que de tenter de la "prendre", cette énergie, d’autant plus violemment qu’elle devient insensiblement de plus en plus nécessaire à sa survie. De fil en aiguille, la dépendance à cette "drogue" conduit à la limite du supportable, qui décompense en finale en agression de l’autre ou de soi-même. Elle ne devient visible que lorsqu’elle déborde dans l’espace public. L’exercice de la justice, elle aussi minée par le mythe scientifique, en ajoute alors encore une couche supplémentaire, en "pardonnant" sur le compte des victimes, au nom de l’enfance malheureuse ou "à cause de" l’encombrement du rôle et des prisons, emballé en non-lieu, suspension de la peine ou sursis. ON veut croire que le délinquant en est vraiment à une première comme s’il n’avait déjà pas brûlé toutes ses cartouches privées, de la psychologie à la religion en passant par les médicaments pour tenter de réformer la montée de violence en lui. Le mythe scientifique, en focalisant sur les causes visibles, la partie émergée de l’iceberg, dépossède ainsi aussi la société du pouvoir de tirer les leçons collectives des évènements significatifs qui se passent en son sein, après avoir dépossédé l’individu de la possibilité de se réformer !
Si le monde veut aller bien, si tout le monde veut aller bien, il n’y a pas d’autre chemin que celui de cultiver la conscience individuelle, car la liberté est un ingrédient nécessaire de l’amour. Pour que chacun puisse se permettre de retrouver sa nature de sujet, il doit d’abord avoir le droit de rester enfermé dans ses certitudes et créer ce qu’il craint, comme le dit le dicton. Il lui sera alors possible de décider de conquérir de la conscience, par cercles concentriques au fur et à mesure qu’il s’efforce de devenir efficace. Pour cela, il suffit de cultiver la bienveillance a priori, savoir cicatriser ses plaies sans pour cela se revendiquer en "victime" passive, réapprendre à penser loin dans l’espace et dans le temps les conséquences de nos actes. Cet exercice de maîtrise permet de se "consacrer" soi-même librement et progressivement à une tâche publique, en prenant de petits risques à court terme, avant de prendre de grands risques à long terme. Pour que cela change sur le plan collectif, il suffira qu’un certain nombre d’entre nous (8‰) refuse de "collaborer" avec les plus nocifs des faiseurs de pognon pour contraindre les autres à changer leurs stratégies d’aliénation de nos libertés.
Le bien et le mal ne se définissent pas par leurs bonnes intentions mais par leurs résultats. On reconnaît l’arbre à ses fruits. La cause du mal qui ravage notre civilisation est d’en chercher la cause, à l’infini de la complexité, en donnant tous les pouvoirs à des ex-pères, triés sur le volet, pour justifier la cause des faiseurs de pognon. Ils nous transforment tous progressivement en psychopathes à des degrés divers en nous obligeant à désinvestir le temps. Le temps du changement est venu. Pour qu’elle change, la civilisation, il faudra d’abord que ça change chez chacun ; il suffira ensuite que quelques millions d’entre nous deviennent "résistants" et cessent de "collaborer" de manière solidaire avec ceux qui nous ont envahi le cerveau et se nourrissent de notre énergie avec leurs "drogues" qui nous pourrissent la vie et la nature.
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