N’oublions pas la chronologie !
Lorsque j'interroge des élèves lors des épreuves orales du baccalauréat, je suis souvent étonnée de leur méconnaissance de la chronologie... Perdus entre le 16ème et le 20ème siècle, les adolescents ne savent plus situer les grands auteurs dans le temps...
Parfois, ils se révèlent même incapables de préciser quel est le siècle de Louis XIV... D'où viennent ces lacunes et ces confusions ? Sans doute est-ce dû au fait que la chronologie ne figure plus dans les programmes d'histoire, et il en est de même en français où la littérature est souvent abordée selon des thématiques ou des objets d'études : théâtre, poésie, roman, argumentation...
La mode est à la thématique et la chronologie y perd ses droits... Certains élèves en arrivent à placer Molière au 15ème ou au 16ème siècle ! Zola devient un auteur du 18ème....
Pourtant, la chronologie est fondamentale dans le déroulement de l'histoire et de la littérature : elle permet de voir l'évolution et l'enchaînement des événements...
Le siècle des Lumières vient à la suite du classicisme, époque où la royauté atteint son apogée, siècle de Louis XIV où l'ordre, la rigueur, la valeur morale de la littérature triomphent...
Comment comprendre une oeuvre si on ne l'insère pas dans un contexte historique, dans une époque précise ?
La Bruyère, moraliste du 17ème siècle auteur des Caractères est associé par son oeuvre à cette période où la morale s'imposait dans les idées, sinon dans les faits...
Voltaire, philosophe du 18ème siècle annonce les bouleversements de la révolution : dénonciation de la monarchie de doit divin et de son pouvoir absolu, critique virulente de l'église, de ses institutions, de l'inquisition, condamnation de l'intolérance et du fanatisme...
Louis Ferdinand Céline évoque dans Voyage au bout de la nuit les horreurs et les atrocités de la première guerre mondiale : cette oeuvre sombre, empreinte de pessimisme reflète aussi une période tourmentée de notre histoire.
Que dire de Victor Hugo qui dénonce dans Les Châtiments le régime de Napoléon III ? Que dire de Montaigne qui dans Les Essais fait référence à la découverte récente, à son époque, de l'Amérique ?
Méconnaître la chronologie, c'est ignorer la succession des événements, et ne pas en voir la cohérence et une sorte de logique... La chronologie paraît essentielle dans une pensée bien structurée : il faut sans doute lui redonner toute sa place dans l'enseignement aussi bien en histoire qu'en français....
- Montaigne
- Louis XIV
- Molière
20 réactions à cet article
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Vous soupirez devant la méconnaissance de vos élèves en matière de chronologie, mais on pourrait largement vous reprocher votre propre méconnaissance de l’institution dans laquelle vous évoluez en premières lignes.
L’éducation nationale est devenue une machine à abrutir notre jeunesse, et personne ne pourra nier qu’elle a parfaitement réussi dans ce domaine. Des bacheliers qui ne savent plus écrire une phrase sans faire 3 fautes, des manuels d’histoire manipulés (voir l’étude de Sandrine Mansour-Mérien), des valeurs républicaines rabâchées à longueurs de cours alors que le modèle est en phase terminale de déliquescence, comment voulez-vous que nos grands bambins accordent la moindre crédibilité à cette propagande, et qu’ils fassent un effort autre qu’un effort subi et imposé, loin du goût d’apprendre naturel ?
Certes, je vous concède que dans cette institution maçonnique, le choléra ne peut donner à la peau un teint brillant, les pustules restent inévitables, et même les profs armés de la meilleure des volonté ne peuvent rien contre cette machine à broyer la créativité où entrent des génies potentiels et n’en sortent qu’un troupeau de moutons prêts à être tondus, ou prêts à tondre les autres.
Redescendez un peu de votre estrade, vous participez, consciemment ou non, au monde orwellien qui achève de se mettre en place. Votre histoire de chronologie, qui est parfaitement justifiée, n’intéresse personne, les politiques qui devraient prendre en compte ce problème, et tant d’autres, rendent des comptes à des lobbies infiniment plus puissants qu’eux, et ils ont d’autres objectifs en tête.
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Bonjour medialter
l’éducation : une machine à abrutir ? Elle a pour but, à l’inverse, d’éveiller les esprits, de les inciter à la curiosité : il faut éviter les caricatures. Des erreurs ont été commises : quasi suppression de l’orthographe, de la grammaire : il faut les rétablir...il faut veiller à former les élèves en relation avec le contexte historique.... -
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@lupipistrelle
C’ est petit petit votre réaction.Rosemar avait fait un simple raccourci, comme nous en faisons tous, pour expliquer que l’ inquisition pourchassait toute forme d’ hérésie...et vous, vous profitez d’ une petite approximation littéraire pour ramener votre science.C’ est un peu mesquin, non ? et pas très glorieux..Essayez de prendre de la hauteur lupipistrelle... -
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M Dupont
réduire mon article à l’exemple de V Hugo, c’est une caricature : mon but était de relier des auteurs à leur époque, à certains événements historiques importants....il est question ici de chronologie historique : vous savez ce que c’est ? -
Hugo ne méprisait-il pas Napoléon le petit car il regrettait Napoléon le grand, enfin le premier....
Et c’est cela qui fit de Hugo un humaniste....Hugo court après la grandeur épique et il l’attend du peuple...en cela, Hugo fut grand
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Et puis lorsqu’on avait la chance de l’avoir chez soi ,cette bonne vieille encyclopédie rouge ,« Tout l’univers » ...
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Bonsoir Aita
mais maintenant, on a internet : encore faut-il consulter les sites intéressants pour se cultiver... -
Bonjour Rosemar,
Hélas ! Si nous avions gardé les LAGARDE & MICHARD en cinq volumes, obligatoires lors de mes études, et que j’ai gardés bien soigneusement dans ma bibliothèque ! Car, n’y figurent pas seulement les auteurs et quelques textes, mais aussi la chronologie de leur époque, et très souvent les impacts que les événements ont eu sur leurs oeuvres.En ce qui concerne l’histoire, « les Rois de France » de Hachette est un ouvrage que j’ai offert à plusieurs de mes petits enfants. La chronologie y est impeccable et accessible à tous les âges.Bon, voilà-t-il pas que je parle comme une vieille instit (que je ne suis pas, ayant fui la profession dès l’âge de 26 ans...)Mais vous avez raison, Rosemar, sans la chronologie des événements historiques, scientifiques ou sociaux, nous ne pouvons pas connaître, et encore moins comprendre, le monde et ses spasmes passés, présents et aussi (pourquoi pas) futurs.Cordialement.-
Bonsoir cevennevive
le LAGARDE ET MICHARD, c’est fini : dorénavant, les éditions changent tous les 5 ou 6 ans avec l’évolution des programmes : l’innovation est à la mode mais n’est pas toujours efficace... -
Le problème constaté dans l’Histoire et sa chronologie pour resituer le faits dans le temps sont aussi présents dans le mathématiques ou la physique, les élèves n’ayant plus la notion par rapport à un problème des ordres de grandeur dans les solutions attendues ...Ces mêmes lacunes sont présentes dans beaucoup de matières et dénotent bien souvent d’un manque de prise de recul dans les matières enseignées et surtout du but même de la matière enseignée ! Les élèves « engloutissent » les matières comme ils engloutissent leur MacDo !
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Bonsoir Denzo
la consommation avant tout : d’ailleurs les éditions des livres sont renouvelées régulièrement dans toutes les disciplines... -
En math, c’ est marrant mais là aussi les élèves n’ établissent pas bien de repères historiques( et pourtant on fait aussi de l’ histoire de la pensée mathématique) mais ça a moins d’ importance que dans vos matières : ce qui prévaut pour nous c’ est la connaissance des théorèmes et pas forcément l’ époque à laquelle ils ont été démontrés.
Pour mes plus jeunes élèves, tout ce qui est antérieur au xx ème siècle c’ est carrément Jurassic Park !!-
A propos de l’ histoire de la pensée mathématique, il y a un roman que je conseille à mes jeunes élèves espagnols qui s’ intitule « Le théorème du perroquet » de Denis Guedj, traduit en espagnol sous le titre« El teorema del loro ».Une intrigue policière à travers laquelle deux adolescents font un voyage à travers l’ histoire des mathématiques.Très plaisant à lire et très bien documenté...un petit peu l’ équivalent du « monde de Sophie » mais pour les maths.
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Putain, faut que je vienne sur Ago pour réentendre causer de ces deux terreurs qui pronnent encore dans la bibliothèque familiale... Lagarde et Michard... Dans mon Institut catho qui nous cravachait vers le Bac, c’était une sorte de Bible à potasser in extenso, mais deja je préférais faire suer ma prof avec les innombrables verges d’Apollinaire, les gitons de Gide ou les relents de Celine : un seul but , emmerder cette prof facilement rougisseuse et la forcer à remettre tout ça dans une perspective « historique », sincère et cash, sans faux fuyants.
Mais pitié, sans les dates.
Connaitre les chronologies des rois de France ou les batailles en 1515, franchement, rien à foutre. Un chiffre restera toujours un symbole qui ne signifie rien. Dispacher les auteurs sur des siècles en croix, vé, baton, trés peu pour moi. Qu’Hugo ait vécu aux siècles de la construction des cathédrales (d’ou la légende ) ou que Zola ait été cégétiste à Auchan ou que Molière ait débuté au Petit Théatre de Bouvard, ça ne me dérange pas. Pourquoi, vous oui ? Les dates trompent.
Un Genois a découvert un continent en quatorze cent et quelques ? Rappellez moi son nom....un certain Collomb...le début d’une nouvelle chronologie...Et Leif Erikson, des centaines d’années avant, il n’a découvert que le cabillaud pané au Groenland ? Marco Polo, encore une saleté d’italien, lui, a déniché les chinois..quel prof ira raconter leur culture millénaire ? Dynastie l’une aprés l’autre, avec leurs Capétiens et leurs Carolingiens, sauf que c’est des noms imbuvables qui se terminent toujours en « ing » ? ( commme nous en « ien », rire...) On a qu’à y mettre des numéros, comme avec les Gyptiens du Nil qu’a découvert Napoléon juste pour orner la place de la Concorde, obélisquez-moi du peu, Quel prof ira raconter que dans la péninsule du Yucatan on jouait au tennis pendant que l’Europe vivait un age trés moyen, mais qu’ils ne connaissaient pas la roue alors que nos moines copiste savaient trés bien la faire ?
La chronologie des profs, c’est un peu comme sur France Inter : « 2000 ans d’histoire »...on a l’impression qu’avant J.C. c’était Lascaux et que bien des civilisations n’ont existé que parce qu’on les a découvertes, et Bouddha peut s’effriter à Bagram et le Tygre et l’Euphrate peuvent s’assécher...peu importe, leur chronologie, ce ne sont que des histoires d’auteurs bien de chez nous, ou Céline s’intercalaire entre Voltaire et Hugo. Fallait oser. C’est comme mettre les Maisons Phoenix entre Imhotep et Gaudi. Et pourtant, le Ferdinand, j’aime le relire. Mais bon...Comme il aurait écrit, avec ça, on a pas le cul sorti des ronces.
Bien à vous, avec toute ma mauvaise foi. ( et au bac de Français, un 18 à l’oral et un petit 16 à l’écrit. nobodi ise perfecte.)
@ Alea Jacta Est, « El teorema del loro » est un régal alors que j’ai la phobie des chiffres. Est-ce grave, docteur ?-
Bonjour paco
vous n’avez pas compris que l’essentiel dans une chronologie, ce ne sont pas les dates mais les époques : la renaissance, le classicisme, les philosophes des lumières etc. Les dates importent peu, je ne les retiens pas... ce qu’il faut retenir, c’est la succession chronologique des événements... -
J’avoue ne pas trop comprendre comment on peut avoir le bac à l’heure actuelle
Les discussions avec des lycéens ou des jeunes bacheliers montrent que les auteurs classiques sont à peu prés inconnus, à part les quelques livres « étudiés » ponctuellement.
Je regrette moi aussi les Lagarde et Michard malgré leur caractère un peu...corseté ou limitatif. Actuellement par exemple je préfère grandement Huysman à Zola. Je ne l’ai découvert que par moi même. Mais les Let M ne m’ont pas empêché en leur temps de découvrir par moi même les Exploits d’un jeune Don Juan ou les Amitiés particulières-
A mon époque, dans les années soixante, on maitrisait le grand cadre événementiel de l’histoire de france.
Je vous parle d’un temps où les instits étaient des conteurs qui nous captivaient, et où l’on attendait impatiemment le renouvellement de ces grandes images d’Épinal, enclavées dans des tableaux en bois, autour desquels la leçon prenait corps.
Alors bien sûr, cette façon de raconter a été brocardé comme simpliste, caricaturale.
En oubliant que l’art d’apprendre se conjugue d’abord avec celui de garder les yeux ouverts, et même de les captiver, sans se soucier au début que la chanson soit bien juste.Tout comme l’apprentissage d’ailleurs de la lecture, à qui l’on a fait succédé un système totalitaire, la lecture globale, qui soit disant maintenant, n’a jamais existé, ( les acteurs honteux, vous parleront de « semi globale ».....
Mais taisez vous monsieur on connait notre métier, d’abord la preuve puisqu’on est diplômé pour ça.
Molière se moquait de cet esprit de corps dans le malade imaginaire.
Et shakespeare passerait encore pour un révolutionnaire, en disant qu’on apprend pas sans émerveiller.
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