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Accueil du site > Tribune Libre > Naissance d’une civilisation : de la Syrie à la Gaule

Naissance d’une civilisation : de la Syrie à la Gaule

Il n’y a de sens de l’Histoire que celui que les hommes lui donnent. Il n’y a de civilisation que celle que l’on construit. Lorsque le doute s’installe concernant la politique conduite, le citoyen s’interroge. Revenant aux racines de sa pensée, il en revoit le parcours. Il réfléchit sur les erreurs passées et fait appel aux devins, religieux ou philosophes, pour qu’ils lui indiquent la voie de la renaissance ou du salut.

statuette trouvée à Mt-St-VincentVoilà un noble questionnement, beaucoup plus important que le décompte du nombre d’entrées dans les musées que le président de la République a fixé comme critère dans la lettre de mission qu’il a adressée à sa ministre de la Culture.

Il fut un temps où l’homme n’était qu’un chasseur-cueilleur. Chassant d’autres espèces pour se nourrir, cueillant comme d’autres les fruits de la terre, acceptant comme elles la régulation démographique en fonction des ressources et le partage équilibré des territoires, on peut estimer sans se tromper qu’il était, encore à cette époque, en parfaite harmonie avec la nature et qu’il ne la mettait pas en danger. Pourquoi l’homme décide-t-il un jour de cultiver en plus de cueillir, d’élever au lieu de seulement chasser ? Quelles sont les motivations qui le poussent à domestiquer la nature ? C’est la question que pose la revue Sciences et avenirs dans son numéro de janvier intitulé "La naissance du sacré", titre équivoque à mon sens. "Naissance d’une civilisation" me semble plus en accord avec les articles publiés. Les racines de notre pensée sont au Proche-Orient, cela ne fait aucun doute. Il s’ensuit que, même avec des apports autres, la suite ne s’inscrit que dans un processus d’évolution.

Pour moi, déclare Danielle Stordeur, directrice de la mission archéologique El Kowm-Mureybet en Syrie, c’est la découverte la plus révolutionnaire des quinze dernières années. Ces gens du début de l’agriculture étaient très raffinés, très créatifs, bien organisés, beaucoup moins frustes qu’on ne le croyait. Derrière leurs pratiques symboliques et funéraires, se dessine une idéologie complexe. Les spécialistes ont trop longtemps écrit que la civilisation apparaissait avec les villes, telle Uruk en Mésopotamie vers la fin du Ve millénaire avant J.-C. Je pense qu’il s’agit d’une projection que nous avons faite, nous Européens, sur le mot civilisation. Il faut adopter un point de vue plus large. Bien plus tôt, dans ces premiers villages du Levant, il y avait déjà des hommes civilisés.

Voilà, dans un autre article de la revue, l’autre phrase importante que je retiens et qui me sert de transition pour en arriver à la Gaule (avant qu’elle ne s’appelle ainsi). L’Europe a reçu le néolithique comme un cadeau, arrivé tout prêt du Proche-Orient..., avec ses villages, son blé, ses moutons et ses chèvres, sa poterie et ses symboles ; une révolution totale pour les descendants des chasseurs-cueilleurs de Lascaux.

Située au croisement de routes européennes ancestrales, la Saône-et-Loire est considérée par les spécialistes comme le plus riche département français en vestiges archéologiques, notamment de l’époque néolithique (6 000 à 3 000 ans av. J.-C. environ en Europe d’après Wikipedia). Dans ce département, il est un site étonnant que je connais bien pour y avoir monté des exercices militaires à double action lorsque j’étais en activité : le plateau de Chassey-le-Camp. Ce plateau doit son nom aux nombreux vestiges néolithiques de l’époque "chasséenne" qu’on y a découverts (d’après Wikipedia, les chasséens, entre 4300 et 3500 av. J.-C., étaient des pasteurs et des agriculteurs. Ils produisaient une poterie de bonne qualité, mais peu décorée).

Pourquoi une occupation aussi caractérisée dans un environnement aussi peu cultivable que possible, terrain accidenté de landes sans forêt giboyeuse ni fleuve poissonneux ? C’est une question que je me suis longuement posée. A cette lancinante question, je n’ai trouvé qu’une explication : l’explication militaire. Face à la plaine, à l’entrée du couloir de la Dheune, Chassey-le-Camp était une porte de territoire qu’il fallait garder. On devine que les hommes du poste de garde occupaient leur temps libre à tailler des pointes de silex pour leurs lances et leurs flèches, d’où la richesse en vestiges archéologiques du lieu.

L’image d’une tribu préhistorique installée en terrain vague, sans souci de protection comme on le voit couramment dans les documentaires télévisés, provoque toujours en moi quelques doutes. Plus on remonte dans le temps, plus l’Histoire montre et démontre que l’homme n’a aimé son prochain qu’au sein de sa communauté... d’où la nécessité de se protéger de l’autre, d’où l’impérieuse obligation pour une communauté déjà conséquente de s’installer dans un sanctuaire sécurisé (en particulier à la fin du néolithique, période où la concurrence devient plus forte). Territoire de chasse au départ, puis pagus cultivé et d’élevage, zone-refuge pour la population des bords de Saône, il me semble être dans la logique humaine primitive que les occupants l’aient interdit à l’étranger.

La partie du département qui s’étend entre la Saône et la Dheune a toutes les qualités pour être un tel sanctuaire. Du côté de la Saône et la surplombant, la prolongation des monts escarpés du Beaujolais avec son habillage naturel de buis impénétrable est une barrière idéale, alors qu’à l’ouest de la Dheune, les forêts denses dominent. Entre ces deux lignes difficilement pénétrables que bordent deux cours d’eaux - voies importantes du commerce naissant, car la Dheune conduit de la Saône à la Loire - s’étend un paysage de collines propices à l’élevage et à l’agriculture. Au centre de cette région se dresse un remarquable point d’observation et de défense : le horst de Mont-Saint-Vincent.

Seule, une vallée permettait alors d’accéder à ce territoire : le couloir de la Dheune. Pour en surveiller ou en interdire l’entrée, surtout en période de tension, l’installation d’une garnison sur le plateau dominant cette entrée s’imposait. Ce plateau, c’est Chassey-le-Camp.

Mais alors, si l’occupation de la position de Chassey-le-Camp ne s’explique que par la volonté des gouvernants de garder la route qui mène au Mont-Saint-Vincent et à son pagus, il faudrait faire remonter cette “volonté” à l’époque chasséenne, puisque vestiges chasséens il y a. Dans cette hypothèse, les hommes du néolithique auraient donc déjà, de leur temps, appliqué sur le terrain ce dispositif défensif relativement complexe, ce qui rejoint la déclaration de Mme Danielle Stordeur : des hommes déjà civilisés.

En tant qu’ancien militaire, je crois à la permanence des points forts du terrain. C’est sur le horst préhistorique que je situe la Nuerax d’Hécatée de Millet, puis la Bibracte de Strabon et de César, puis l’Augustodunum burgonde et franc et, enfin, le Mont-Saint-Vincent du comte de Chalon. Tout cela, je l’ai expliqué dans mes articles précédents.
une porte d'entrée de Mt-St-Vincent
Lorsque dans ses Commentaires, César explique l’attaque surprise d’Arioviste contre le pays éduen, c’est à cette porte de Chassey-le-Camp que je situe le premier engagement. Quand le rhéteur Eumène rappelle comment les Eduens avaient dû se retrancher dans leurs oppidum et comment les Gaulois rebelles de Trèves avaient franchi les portes, il fallait comprendre qu’il s’agissait des portes du territoire, l’une étant à Chassey-le-Camp, et non pas de portes d’oppidum.

Telle est, à mon sens, l’histoire de nos origines.

La statuette se trouve au musée de Chalon-sur-Saône. Reproduction autorisée par M. le Maire de Chalon. Les autres photos et croquis sont de l’auteur.


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42 réactions à cet article    


  • ZEN ZEN 15 janvier 2008 11:10

    Oui, nous sommes bien les héritiers (tardifs)des civilisations agricoles du M.O. (Anatolie/Syrie/Palestine)

    "Pourquoi une occupation aussi caractérisée dans un environnement aussi peu cultivable que possible, terrain accidenté de landes sans forêt giboyeuse ni fleuve poissonneux ?"

    Une autre hypothèse (à vérifier) : le climat ayant changé , l’espace écologique des ressources, le biotope devait être bien différent...



    • Emile Mourey Emile Mourey 15 janvier 2008 11:34

      @ Zen

      Dans l’interview qu’elle a accordée à Sciences et Avenirs, madame Danielle Stordeur remarque que les changements climatiques n’ont pas joué autant qu’on l’a cru sur l’occupation humaine. Les populations se sont adaptées. En ce qui concerne le plateau de Chassey-le-Camp, c’est le sol plutôt caillouteux qui le rend peu cultivable. La région, dans ses parties montagneuses (peu élevées), surtout sur les pentes, est ainsi . C’est le domaine des buis sauvages, plante dont l’antiquité est attestée. La toponomye en conserve le souvenir.


    • La Taverne des Poètes 15 janvier 2008 11:51

      Ne le dites pas à Sarkozy ! Il croit que c’est Clovis qui a fondé la civilisation. Ce cruel barbare qui, après avoir éliminé ses proches et amis sans état d’âme pour accéder au pouvoir, est accouru recevoir l’onction papale pour auréoler sa gloire d’une légitimité divine.

      Ne le dites pas à Sarkozy ! I croit que la civilisation et la politique c’est la même chose, que la civilisation et l’argent c’est pareil.

       

       


      • La Taverne des Poètes 15 janvier 2008 11:59

        Sarko voudrait fixer, glacer, la civilisation qui est une chose vivante et changeante...Quelque part il se prend pour Dieu mais n’a pas les épaules !


      • Emile Mourey Emile Mourey 15 janvier 2008 12:07

         

        @ la Taverne des Poètes

        Et même le général de Gaule faisait démarrer notre histoire avec un grand H à partir de Clovis et de sa conversion au christianisme, ce qui est un peu réducteur. En fait, ce sont les évêques qui étaient les véritables acteurs de l’évolution. Clovis n’était, au départ, que le roi de sa tribu franque, un roi mercenaire ; c’est mon point de vue.


      • La Taverne des Poètes 15 janvier 2008 12:14

        De Gaulle prenait cette référence comme début de l’Histoire de France (comme Michelet) et non comme origine de la civilisation, erreur (parmi tant d’autres) que commet Sarkozy. Le Général incarnait la France dans toutes ses dimensions, passée, présent et à venir. Et là je n’ajouterai rien.


      • La Taverne des Poètes 15 janvier 2008 12:16

        Sinon, je partage assez votre idée sur Clovis. Ce barbare n’a pas régné sur la Bretagne qui lui a résisté.


      • Emile Mourey Emile Mourey 15 janvier 2008 12:49

        Tout à fait d’accord. Loin de moi l’idée de dénigrer le général de Gaulle. Je dis "l’Histoire de la France avec un grand H".


      • Emile Mourey Emile Mourey 15 janvier 2008 12:59

        Le problème de Sarkozy est que son ministère de la Culture est aux abonnés absents.


      • Emile Mourey Emile Mourey 15 janvier 2008 12:32

         

        @ le furtif

         Vous dites : L’introduction aurait, parait-il , pu se faire par un trajet Afrique du Nord Espagne Aquitaine.

         Madame Stordeur est beaucoup plus prudente et nuancée que Wikipedia. Quant à l’archéologue Klaus Schmidt, il voit le site néolithique originelle à Göbekli, au sud-est de la Turquie, au pied du Caucase, ce qui remet en question une origine africaine directe. Entre l’homme de Göbekli, dont nous pourrions descendre (?) et notre ancêtre africain, beaucoup de mouvements possibles et mal connus, dans les deux sens (?).

         En ce qui concerne la fonction militaire, je n’ai voulu, dans cet article, que susciter une interrogation et une réflexion. J’ajoute que jusqu’à une certaine époque, je n’aurais jamais osé proposer une telle hypothèse. Ce sont les réflexions de madame Stordeur sur "des hommes déjà civilisés" donc capables de raisonner et de "penser" une défense collective qui m’ont décidé.


      • Antenor Antenor 15 janvier 2008 11:58

        Probablement faut-il aller encore plus loin dans le temps et remonter jusqu’au Paléolithique pour trouver l’origine (et l’originalité) de la pensée humaine. La chasse au Mammouths sans une organisation des plus carrée devait rapidement tourner à la catastrophe. ( cf la vidéo des lions face aux buffles sur ago tv). On peut se poser des questions sur le partage des territoires de chasse entre groupes de nomades. Les tribus étaient-elles déjà subdivisées en clans, ancêtres mobiles des pagus et vici ?


        • Emile Mourey Emile Mourey 15 janvier 2008 12:38

          @ Antenor

          Tout à fait d’accord. Difficile de trouver le moment singulier où la pensée animale devient pensée humaine. C’est une question à laquelle je serais très intéressé qu’on me donne une réponse.


        • Antenor Antenor 15 janvier 2008 13:13

          On a longtemps pensé que ce qui singularisait l’Homme du reste du monde animal, c’était l’outil. Les dernières découvertes sur nos cousins Chimpanzés remettent cela en question. Il me semble que ce qui caractèrise l’Homme, c’est son organisation pensée au-delà du groupe de base. Chez les animaux, on a des groupes allant de deux individus comme chez les Renards à plusieurs centaines comme chez les Fourmis ; mais à ma connaissance on a jamais vu d’alliance entre fourmillières. Quand deux groupes de la même espèce se rencontrent, c’est la guerre. Il n’y a que chez l’Homme qu’on a des groupes de groupes. J’ignore ce qu’il en ait chez les autres Grands Singes. Peut être que l’Homme est né le jour où deux groupes de primates se sont croisés sans se taper dessus.


        • ZEN ZEN 15 janvier 2008 13:21

          "Difficile de trouver le moment singulier où la pensée animale devient pensée humaine. C’est une question à laquelle je serais très intéressé qu’on me donne une réponse."

           

          MrMourey,

          c’est très frustrant, mais il n’y aura jamais de réponse à cette question qui nous hante...Il n’y pas de "moment singulier", il y a eu passage progressif, par le biais d’un langage de moins en moins rudimentaire, dont les origines nous resteront toujours aussi inconnues...


        • Antenor Antenor 15 janvier 2008 17:32

          @ Emile

          "Difficile de trouver le moment singulier où la pensée animale devient pensée humaine."

          Voir une pensée animale d’un côté et une pensée humaine de l’autre est à mon avis une erreur. Si l’Homme a une pensée propre alors pourquoi ne serait-ce pas le cas de chaque espèce ? A la limite, on pourrait dire que la pensée animale est la partie, si elle existe, qu’ont en commun toutes les espèces, l’Homme y compris. Cela pose aussi les questions du naturel et du culturel, de ce qui tient de l’inné et de l’acquis ; qu’il n’est pas toujours évident de distinguer.

          Pas de doute que si Bibracte se dressait au Mont-Saint-Vincent, les peuples du Néolithique devaient aussi avoir perçu les avantages du site. D’ailleurs pourquoi les Phéniciens ont-ils dressé ce temple ici plutôt qu’à Carthage ou à Albe ?


        • Antenor Antenor 15 janvier 2008 11:59

          Probablement faut-il aller encore plus loin dans le temps et remonter jusqu’au Paléolithique pour trouver l’origine (et l’originalité) de la pensée humaine. La chasse au Mammouths sans une organisation des plus carrée devait rapidement tourner à la catastrophe. ( cf la vidéo des lions face aux buffles sur ago tv). On peut se poser des questions sur le partage des territoires de chasse entre groupes de nomades. Les tribus étaient-elles déjà subdivisées en clans, ancêtres mobiles des pagus et vicus ?


          • Une fois de plus merci pour cet article bien intéressant de même que pour quelques commentaires qui le suivent.


            • pallas 15 janvier 2008 12:34

              Etant amateur d’histoire, je vous remerci de votre article et pour une fois, je ne ferai pas de critiques, merci pour ce cours d’histoire qui fut tres interessant.

               

               


              • Emile Mourey Emile Mourey 15 janvier 2008 12:41

                @ Pallas

                Merci. Je ne veux pas faire concurrence aux historiens mais seulement apporter le point de vue et la contribution d’un ancien miltaire.


              • Internaute Internaute 15 janvier 2008 14:02

                « l’homme n’a aimé son prochain qu’au sein de sa communauté... d’où la nécessité de se protéger de l’autre »

                 

                Tout à fait d’accord. En oubliant ce précepte millénaire, nos homme politiques s’égarent.


                • Jocrisse Jacques 15 janvier 2008 14:29

                  Mon Colonel,

                  Votre article me donne l’occasion de me remémorer des souvenirs communs qui datent de ......plus de 40 ans déjà.

                  La zone de Chassey le camp / Nantoux était le point d’arrivée de la marche de 100Km (départ Macon) que je faisais effectuer à ma section tous les 2 mois. J’ai également participé à des manoeuvres dans cette zone avec nos amis, les Lt-Colonels (ils ne l’étaient pas encore à l’époque) Buquet et Prévost .

                  J’ai une pensée particulière pour feu Ange Radice (mon capitaine, commandant de compagnie) pour lequel j’avais une profonde estime.

                  Avec mes cordiales salutations.

                  Jacques Moizant


                  • Djanel 15 janvier 2008 15:31

                     

                    Gare à vous.

                    Ouvrez le ban sans vous asseoir.

                    A vos rangs d’ognon fixe.

                    Bite en bandoulière.

                    Repos au paddock après bonne baise pour capitaine Haddock.

                    Fermer le ban et vos gueules.

                    Au poteau les merdeux.

                    A çà ira çà ira les aristocrates on les pendra.

                    Ave Jules César

                     

                    Au fait Emile, on m’a dit que le nom propre de César dérivé du mot fromage comme Kaiser en allemand qui désigne à la fois le chef et le fromage. Est-ce vrais ?

                    Le livarot est appelé parfois "mon colonel." C’est normal car celui-là ne passe pas inaperçu parmi les autres fromages. C’est une autorité olfactive.


                  • Emile Mourey Emile Mourey 15 janvier 2008 15:35

                    Très sensible à votre évocation de nos souvenirs communs. Pour nos exercices militaires, c’était une région magnifique.

                    Très sensible au souvenir que vous avez conservé du commandant Radice, capitaine à cette époque, lequel vous avait en grand estime. C’était un glorieux combattant.

                     


                  • Emile Mourey Emile Mourey 15 janvier 2008 15:36

                    @ Djanel

                    Votre commentaire vous juge.


                  • Emile Mourey Emile Mourey 15 janvier 2008 15:41

                    @ Jacques (IP:xxx.x98.48.212)

                    cf réponse ci-dessus.


                  • Emile Mourey Emile Mourey 15 janvier 2008 15:53

                    La photo en bas de page représente une entrée du village de Mont-Saint-Vincent. Le titre n’apparaît pas toujours quand on clique dessus. Le plateau de Chassey-le-Camp n’est pas urbanisé. Il n’existe à son pied qu’un restaurant, mais un restaurant réputé.


                  • Djanel 15 janvier 2008 17:18

                     

                    A Monsieur Mourey

                     

                    J’ai trouvé votre réplique parfaitement adéquate car on ne se grandit pas en disant des conneries. Je me suis souvent casser la tête pour rédiger des commentaires que je voulais positifs parce j’aime débattre tout comme vous.

                     

                    Mais comme, j’ai besoin d’un moment de réflexion assez long pour les rédiger, je ne pouvais que les envoyer tardivement quand tout le monde était parti voir ailleurs. Mes commentaires tout comme ceux du grand Jules ont fini leur vie dans les oubliettes d’agora vox.

                     

                    Mais sur ce coup je veux me rattraper. Vous devriez vous intéresser à l’histoire des fromages parce c’est avec eux que les romains ont conquis le monde. 

                     

                    Figurez-vous que j’ai entendu dans un documentaire un italien expliquer le rôle important qu’avaient tenu les fromages dans la nourriture des légions.

                     

                    En effet, ils ne pourrissent pas comme la viande en produisant des toxines. Ils se conservent longtemps et même très longtemps. Même s’ils sont puants et souillés par de la terre, ils sont encore bons. N’a t’on pas donné des camemberts aux poilus durant la première guerre mondiale. En plus, ils sont légers parce qu’ils sèchent en vieillissant. Ainsi le soldat ne transporte dans sa besace que de la matière nutritive sans humidité superflue. Pour le fantassin, il n’y a rien de meilleurs qu’un fromage parce qu’il est nourrissant et prédigéré par les moisissures et en plus parfaitement équilibré en nutriment. On n’a jamais pu faire mieux qu’un fromage pour nourrir les armées sur le front.

                     

                    Quant au mot allemand kaiser qui est le mot désignant l’empereur, c’est le nom du fromage dans leur langue. Même chose avec « cesarié » en italien ( pas les moyens de vérifier l’orthographe) croyez-moi sur parole pour comprendre l’estime qu’ont ces deux peuples pour le fromage.

                     

                    Me suis-je enfin rattraper à vos yeux


                  • Emile Mourey Emile Mourey 15 janvier 2008 17:40

                    @ Djanel

                    Mais bien sûr que vous vous êtes rattrapé et même très bien. La grande erreur est de vouloir comprendre l’Histoire en se contentant de jouer avec les concepts. La vie, et donc l’Histoire, est faite de menus détails qu’il faut prendre en compte pour comprendre l’événement. La logistique, autrement dit la bouffe, c’est cela qui permet de gagner les batailles ou de les perdre. La grande qualité de César est son souci du ravitaillement en blé. C’est le blé qui a permis des expéditions militaires de 30 à 40 000 hommes. C’est le vin que l’on distribue avant le combat qui redonne du courage. Mais vous avez tout-à-fait raison, manger du pain sec, ce n’est pas fameux mais le manger avec un bon fromage, c’est tout de même autre chose. Et comme le fromage existait à cette époque, il me semble tout-à-fait logique qu’il ait fait partie de la ration du légionnaire.


                  • Djanel 16 janvier 2008 08:04

                     

                    Comme je dois vous rendre la politesse après un petit affront à un peu trop paillard et irrespectueux envers vous, je vous remercie pour votre accueille et votre gentillesse. Transmettez mes excuses à vos amis les troufions… je suis incorrigible. Je manque de vocabulaire. Excusez-moi encore pour cette fois-ci, c’est la dernière blague jusqu’à la prochaine. Je vous le promets et je me tire avant de….

                     

                    Amicalement votre.


                  • Djanel 15 janvier 2008 17:26

                    De qui parlez-vous ?


                  • Lil_Pims 15 janvier 2008 20:00

                    mais de personne il aime braire il ne faut pas y preter attention


                  • samedi 15 janvier 2008 20:14

                    En tant qu’ancien militaire vous n’avez aucune culture historique ni archéologique ainsi que je vous l’ai déjà dit M. Mourey.


                    • Emile Mourey Emile Mourey 15 janvier 2008 20:51

                      @ Samedi

                      Votre commentaire me paraît assez paradoxal. Je ne vois pas comment vous pouvez parler d’Histoire en en excluant les conflits, les guerres, bref le fait militaire.

                      Ce que je fais n’a rien d’extraordinaire. Je ne me comporte pas autrement que mes prédécesseurs officiers, colonel Stoffel, commandant Espérandieu, général Greuly etc... Ces officiers n’ont jamais prétendu être des techniciens de fouilles, moi non plus.


                    • Dilettante 15 janvier 2008 20:50

                      Bonjour,

                      Je me joins aux commentateurs qui estiment que la végétation a probablement évolué avec le temps et qu’elle a pu avoir été plus favorable à une autre époque. Je me souviens même vaguement d’une thèse suivant laquelle les territoires ayant longtemps été cultivés (siècles ou millénaires) deviennent par la suite ingrats. Pour s’en convaincre, on peut songer à toutes les civilisations anciennes qui se situent aujourd’hui dans un milieu désertique. Cependant, je ne crois pas que ça enlève quoi que ce soit à votre hypothèse d’une occupation stratégique.

                       Quant aux rebelles de Trèves qui franchissent les portes du territoire, je suis un peu dubitatif : l’expression latine a-t-elle déjà été traduite ainsi par ailleurs ?

                       Le reste de votre réflexion me paraît tout à fait convaincante.


                      • Emile Mourey Emile Mourey 15 janvier 2008 21:12

                         

                        @ Dilettante

                         Quand enfin de nouvelles conditions climatiques se stabilisent et que renaît la civilisation, c’est sous une autre forme. Celle du chasseur de renne est morte à jamais. Nous sommes au Néolithique, l’homme est plus agriculteur que chasseur (cf Wikipedia).

                         Et même s’il y a quelques variations climatiques, le sol est stabilisé. Les plateaux et les montagnes caillouteuses resteront caillouteuses.

                         La traduction du passage d’Eumène qu’elle soit de moi ou d’une autre personne est la suivante :

                        Remarque, je t’en prie, noble empereur, l’importance du fait suivant : Les Eduens furent les premiers à demander au divin Claude II, ton parent, de reprendre possession des Gaules, et dans l’attente de son aide, ils restèrent enfermés pendant sept mois, endurant les pitoyables conséquences de la disette. Fatigués, ils ne pouvaient plus assurer la surveillance. Alors, ils abandonnèrent les portes aux Gaulois rebelles qui s’y engouffrèrent. Si la fortune avait été favorable à vos entreprises et à celles des Eduens, si cet illustre Restaurateur de la République avait pu nous secourir comme nous lui demandions, les frères du peuple romain auraient promptement ramené le calme dans les provinces pacifiées (discours d’actions de grâces à Constantin).


                      • Emile Mourey Emile Mourey 15 janvier 2008 21:26

                        @ Dilettante

                        Rectificatif : cette traduction n’est pas de moi mais de l’abbé Landriot.

                        Il reste de lui (Eumène) quatre panégyriques, dont celui de Constance (vers 296) que l’on trouve dans la collection des latiègyriciveteres (Paris, 1643) et qui ont été traduit par l’abbé Jean-Baptiste Landriot, 1854.


                      • Antenor Antenor 18 janvier 2008 20:54

                        @ Emile

                        Un extrait de l’Atlas de la Mésopotamie et du Proche-Orient Ancien de Michael Roaf qui devrait vous interresser :

                        "Vers 1480, celles-ci (les principautés hourrites) furent unifiées par Parratarna, le suzerain du roi Idrimi. Une inscription autobiographique sur la statue d’Idrimi retrouvée à Alalah raconte comment ses frêres aînés et lui s’enfuirent d’Alep (...) et partit chercher fortune en Canaan. Il passa sept ans avec les Hapirus avant de prendre le bateau pour Mukish où il s’établit."

                        Difficile de ne pas penser à Hour allié à Moïse à la bataille de Rephidim, les dates correspondent très bien.

                         

                        Par contre, j’ai un gros doute sur la correspondance Hétiens = Hittites à l’époque d’Abraham. Les Hittites au sens classique du terme n’existaient tout simplement pas à cette période ; les Nésites ne se sont emparés d’Hattousha que vers -1700 et à ma connaissance, la zone d’influence de leurs prédecesseurs Hattis ne dépassait pas l’Anatolie. De plus Heth est fils de Canaan, il s’agit donc probablement d’un peuple cananéen autochtone. Même remarque pour Héviens = Hourrites.


                      • Emile Mourey Emile Mourey 19 janvier 2008 21:15

                        @ Antenor et @ Dilettante

                        Merci pour vos commentaires.

                        Mais, en ce moment, je passe toutes mes après-midi et soirs à l’hôpital, au chevet de mon épouse qui va mourir. Pendant ces nombreuses années, elle m’a accompagné dans mes deux combats, l’un pour rétablir la vérité archéologique et historique sur les origines de notre histoire, l’autre pour arracher à la spéculation immobilière et à la ruine ce que je considère comme le site antique de Cabillodunum dont Bibracte était la forteresse au Mont-Saint-Vincent ; site antique avec sa tour dont j’ai parlé dans un article, son château classé du XVIIème, son parc centenaire et son sous-sol d’une richesse archéologique encore inexplorée. Elle me quitte au moment où nous refaisions un plafond décorée à des pièces effondrées de l’aile sud où elle excellait dans ses fleurs peintes à l’ancienne.

                        Il y a un certain nombre d’années, elle présentait mes ouvrages au pied du mont Beuvray dans une exposition de livres, avec panneaux pour expliquer mes thèses, non loin de la table des partisans du mont Beuvray pré-cité, lesquels avaient l’audace de prétendre que je n’avais pas d’arguments. Elle a pu même s’exprimer devant le député de la circonscription qui a bien voulu s’arrêter devant sa table.

                        Aujourd’hui, ce même député se félicite d’avoir fait consacrer le site de Bibracte mont Beuvray grand site de France. Le ministre Borloo vient de le faire savoir (faire google actualités et mot clé Bibracte).

                        Comme vous voyez, la recherche de la vérité n’est pas la préoccupation de ces gens-là. La Directrice de la DRAC Bourgogne à qui nous avons offert nos livres et que nous avions invitée à voir notre chantier n’est jamais venue et n’a jamais eu un mot d’encouragement à notre égard. Elle vient de monter en grade au poste de conseillère auprès de la ministre de la Culture pour l’archéologie, et l’architecte des bâtiments de France nous boude.

                        Le magazine américain Time vient d’annoncer la mort de la Culture française. Je ne peux qu’approuver.

                        Emile Mourey

                         


                      • Emile Mourey Emile Mourey 19 janvier 2008 22:24

                        additif

                        Je dirais même : la mort de l’intelligence.


                      • Antenor Antenor 21 janvier 2008 17:06

                        Veuillez, ainsi que votre famille recevoir tout mon soutien moral dans cette épreuve.


                      • Dilettante 23 janvier 2008 02:38

                        Je vous souhaite bien du courage pour soutenir ces épreuves. 

                        Sincèrement,


                      • Dilettante 19 janvier 2008 16:26

                        @ Emile

                        A partir du moment où l’agriculture prend de l’ampleur, il n’y a pas besoin de variations climatiques pour faire évoluer le sol. C’est le phénomène bien connu de désertification qui accompagne toute agriculture mal menée : le sol s’épuise, la végétation se fait moins abondante, le labour, le vent et la pluie emmènent ce qui reste de terre féconde, et bientôt il ne reste plus que la roche nue et la caillasse. Cela peut prendre des centaines d’années, et la recolonisation du sol par la végétation est très difficile.

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