Napoléon de Ridley Scott, un honnête divertissement
La sortie du Napoléon de Ridley Scott est l'évènement cinématographique de ce début d'hiver 2023. Annoncé spectaculaire, le film est à la hauteur par ses décors, costumes et reconstitutions des cités de l'époque. Le réalisateur n'a pas lésiné sur les moyens. Marées de figurants et cascadeurs, effets numériques et tournages en extérieur sont de la partie.
J'ai visionné ce blockbuster à l'UGC du forum des Halles à Paris. Presque quinze euros la place, un public bien habillé et exclusivement européen dans la salle, un film en VOST ; le vivre-ensemble entre gens des classes moyennes aisées cultivées à haut niveau d'étude. Il ne manquait que l'historien Jean Tulard... Visiblement, les banlieues et "minorités visibles" ne se sentent pas concernées par les aventures du premier empire.
Disons-le tout de suite, cet opus n'est pas un chef-d'oeuvre. Truffé d'erreurs historiques, il est attrayant pour les jeux d'acteurs, les effets spéciaux et son côté divertissant. Les batailles d'Austerlitz et de Waterloo sont spectaculaires, les carrés de Wellington plus vrais que nature, l'incendie de Moscou fort bien reconstitué. Le mélodrame avec la peu vertueuse Joséphine est pesant, avec d'inutiles scènes de sexe.
Joaquin Phoenix incarne Napoléon avec application en restant marqué par son autre rôle impérial, celui de l'empereur Commode dans Gladiator. Mêmes postures, même austérité. Vanessa Kirby assume le rôle de Joséphine comme elle le peut, apportant une touche glamour décalée et anachronique. Les seconds rôles, comme souvent, portent le film : un Robespierre excellent, un Wellington sévère et droit, un Talleyrand convaincant. La prise du fort de Toulon est un modèle de séquence d'action. Des soldats figurants bien encadrés, à l'aise dans leur prestation.
On peut reprocher au scénario son axe batailles/vie sentimentale de Bonaparte sans aborder l'oeuvre législative impériale : le code civil, la banque de France, les lycées d'état. Dans le film, le consul devenu empereur ne gouverne pas, il combat et il courtise Joséphine (pour rester courtois) puis Marie-Louise d'Autriche qui lui donne enfin un héritier. Les questions polémiques, la dictature et les éventuels crimes de guerre, n'apparaissent pas plus. Notre empereur, qui plaisante en captivité avec des aspirants anglais puis avec les enfants du gouverneur de Ste Hélène, apparait comme un sympathique ambitieux, un peu hirsute mais finalement débonnaire et sentimental...
Il était difficile de produire un docu-fiction quand le public réclame du sensationnel, surtout aux Etats-unis. En France, c'est un public plutôt conservateur qui accrochera à l'opus de Ridley Scott, malgré les réserves des spécialistes de Bonaparte, Jean Tulard notamment qui a repéré cinq erreurs historiques en cinq minutes de film...
Allez, ne boudons pas notre plaisir de visionner une fresque de temps à autre, en attendant la sortie de la suite des Trois mousquétaires. En cette période de disette cinématographique, où des navets subventionnés par les contribuables innondent les salles pour rééduquer le public aux charmes des migrants, de l'idéologie LGBT et d'autres discriminations, un film qui présente des valeurs de courage, de conquête et de patriotisme ne peut qu'être bénéfique malgré ses imperfections. Faites-vous votre propre idée de ce Napoléon, que vous visionnerez entre gens sensés, sans bandes de jeunes dans la salle, ce qui est déjà beaucoup. Préférez la version originale sous-titrée pour plus d'authenticité...
Bande-annonce du film :
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