• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Nationaliser Alstom

Nationaliser Alstom

Dans un article un peu vif , publié sur un autre site « Alstom, il est encore temps d'éviter le scandale » 1) nous nous indignions de constater l'impuissance du gouvernement - socialiste - à éviter le démembrement d'Alstom. Toutes les bonnes raisons avancées pour ne rien faire ne tiennent pas quand il s'agit de la survie d'un groupe absolument stratégique. Les règles du capitalisme libéral ne doivent plus alors être évoquées. On peut imaginer ce que ferait Obama si une entreprise européenne voulait racheter 70% des activités de Lockheed Martin ou même de ...General Electric.
 
Or c'est le démembrement d'Alstom qui sera inévitable si le gouvernement ne fait rien. L'on a appris que le 30 avril le conseil d'administration d'Alstom avait soutenu à l'unanimité la solution de reprise de la branche énergie par General Electric. Il s'était toutefois engagé à examiner toute autre proposition qui lui serait présentée. Siemens a fait parvenir une seconde lettre d'intention dans laquelle il présenterait une proposition plus « généreuse » : en échange des actifs d'Alstom dans l'énergie, il ne proposerait plus seulement son activité en difficulté dans les trains à grande vitesse mais aussi dans les trams et les métros.

Dans les deux cas cependant, GE ou Siemens, il apparaît que quel que soit le repreneur, au stade actuel et compte tenu des solutions proposées, Alstom sera démantelée. Or si l'Etat laissait partir les équipements énergétiques du groupe dans des mains étrangères, que ce soit GE ou Siemens, il se couperait d'une donne stratégique. La « transition énergétique » annoncée précédemment à grands coups de trompe par François Hollande, ne pourrait se concevoir. Les groupes responsables de ce programme considérable, EDF, GDF-Suez, Areva ne pourraient l'envisager sans des négociations avec un Alstom resté pleinement national. Si au contraire le capital technique d'Alstom passait dans des mains étrangères, ce serait toute la filière énergétique française, ayant exigé des années et des dizaines de milliards à mettre sur pied, qui se trouverait fragilisée.

Si l'offre de Siemens, à cet égard, pouvait être considérée comme moins dangereuse pour cette filière que celle de GE, il ne faut pas se faire d'illusion. Siemens restera avant tout Siemens, c'est-à-dire qu'il ne fera aucune concession politique à des projets encore fumeux avancés par la France sous le nom d'Airbus de l'énergie. On le comprendrait d'ailleurs. Rappelons que la France, en la personne de Valéry Giscard d'Estaing et sous la pression des intérêts industriels qu'il représentait, avait sans hésiter sabordé au début des années 70 l'entreprise Unidata, regroupant Siemens, Philips et la C2I française, alors que cette entreprise était bien partie pour concurrencer IBM. Chez Siemens, tout le monde à l'époque avait décidé de ne plus jamais rien faire avec des « pas sérieux petits Français ».

Les syndicats d'Alstom voient la chose bien plus clairement. Il faut que l'Etat entre au capital avec tout l'argent nécessaire pour satisfaire aux besoins de financement de l'entreprise. Il faut qu'il y entre avec des représentants qui recevraient mission de redresser l'entreprise plutôt qu'assister passifs aux discussions entre les autres actionnaires. Il faut aussi que l'Etat y entre pour y demeurer définitivement, et non pour revendre sa participation au plus vite comme il l'avait fait sous Sarkozy.

En fait, il faudrait faire plus. C'est-à-dire, comme le recommandent Jean-Luc Mélenchon et le PC, nationaliser Alstom comme il avait été fait de Renault et des Charbonnages à la Libération. Alors l'Etat aurait les mains libres pour négocier au plan européen les grandes politiques industrielles qui s'imposent aujourd'hui, notamment dans l'énergie et les transports ferroviaires.

Que l'on ne dise pas que les ressources budgétaires manquent. C'est faux. Ce qui manque est la volonté politique, celle consistant à remettre au pas le capital privé face aux exigences de la survie nationale. Les prochains jours montreront si la gauche au pouvoir en France mérite encore ce nom et cette charge.

1) http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=1313&r_id=

 


Moyenne des avis sur cet article :  4.69/5   (13 votes)




Réagissez à l'article

8 réactions à cet article    


  • General Electric : En France le dollar permet de tout obtenir

    Pour s’en convaincre faire http://fr.wikipedia.org/wiki/Clara_Gaymard
    " À partir de février 2003, elle est nommée ambassadrice itinérante, déléguée aux investissements internationaux, présidente de l’Agence française pour les investissements internationaux (AFII)« 
     »En septembre 2006, elle rejoint l’entreprise General Electric, qui lui confie la présidence de GE en France"


    • claude-michel claude-michel 2 mai 2014 13:37

      Cela fait des années que toute notre industrie est vendue aux étrangers...reste plus que les bijouteries..le luxe (la mode)...et les putes rue St Denis... !


      • Norton Norton 2 mai 2014 15:17
        Avant,on n’entendait jamais parler de délocalisation...
        Mais avant quoi,au fait ?
        Avant l’article 63 du TFUE...
        Article 63
        (ex-article 56 TCE)
        1. Dans le cadre des dispositions du présent chapitre, toutes les restrictions aux mouvements de capitaux entre les États membres et entre les États membres et les pays tiers sont interdites.
        2. Dans le cadre des dispositions du présent chapitre, toutes les restrictions aux paiements entre les États membres et entre les États membres et les pays tiers sont interdites.
        --------------------------------------------------
        Ça vous apprendra à dire « oui » au traité de Lisbonne...



      • claude-michel claude-michel 3 mai 2014 08:14

        Par Norton.....Avant le dérèglement de l’argent par l’ultra libéralisme et la mondialisation avec cerise sur le gâteux...l’UE et l’euro... !


      • leypanou 2 mai 2014 15:30

        F Hollande et M Valls nationaliser ? Il ne faut pas rêver debout.Qu’ils re-nationalisent déjà la gestion des autoroutes cédée au privé et qui constituent un quasi-racket des automobilistes dénoncé même par la Cour des Comptes car sur une autoroute il n’y a pas de concurrence.

        Le redressement productif a l’air malin dans cette affaire.


        • paul 2 mai 2014 19:40

           Entre le dépeçage d’Alstom par GE - dont Jeff Immelt a été classé par le magazine Forbes 4 ème pire patron des États Unis (lien curieusement disparu)- et le concurrent Siemens qui veut échanger -selon Chevènement - une alouette contre un cheval, il s’agit bel et bien du coup de grâce à l’industrie française .

          Après l’acier, l’aluminium, le ciment, le PVC, il ne restera plus que les parcs d’attractions pour attirer des clients. Des industries sans usines qu’ils disaient ...
          Le ministre de l’affaissement improductif fait de la représentation stérile, au lieu de faire de l’État l’actionnaire principal dans le capital du groupe .
          Car comme le dit aussi Chevènement, « Qui tient le capital tiens la décision » .


          • herbe herbe 2 mai 2014 20:04

            « Ce qui manque est la volonté politique... »

            Je crois que tout est dit...


            • Perdre Alstom, perte irréparable
              Automates-Intelligents 02/05/2014

              Notre ami Alain Cardon, professeur des Universités en Informatique, nous écrit :

              Ce qui est effarant dans cette politique présidentielle de soumission à la prédation financière étrangère est l’incapacité à comprendre ce qu’est la valeur du niveau de compétence mondiale d’Alstom, ce que sont ses brevets exceptionnels et l’extrême compétence de ses ingénieurs français en R&D, tout cela que l’on va perdre à jamais, définitivement, pour n’avoir strictement plus rien et en se sachant donc incapable de pouvoir recréer cette compétence.

              Je me souviens de l’informatique en France dans les années 70 et 80 où nous étions des majeurs dans l’élite mondiale et nous avons été relégués comme des subalternes par des politiciens scientifiquement incultes. La France ne sait plus faire aujourd’hui, et définitivement plus, ni un processeur, ni un ordinateur, ni un OS, et ne pourra plus jamais le refaire au niveau mondial tellement les élites étrangères avancent de façon continue et organisée.

              Pourquoi ces hommes politiques de pouvoir sont-ils incapables de comprendre ce qu’est la valeur exceptionnelle de l’accumulation de la recherche scientifique appliquée à des technologies majeures, ce qui est une accumulation à la fois de connaissances et de pouvoirs. Cela donne à la France sa puissance exceptionnelle. Sait-on que perdre Alstom est la perte définitive d’un domaine de compétence, une perte absolument définitive que l’on ne pourra plus jamais retrouver ?

              J’ajoute personnellement que l’atonie du parti socialiste sur cette question est indigne. Je pèse mes mots. Qu’attendent-ils pour envoyer une pétition au PS, à Matignon et à l’Elysée. L’Elysée se bornera-t-il à ne recevoir et n’écouter sur cette question que la nommée Clara Gaymard et le président de GE-US (bien décrit par Paul ci-dessus). . Ladite Clara G. ayant comme tout le monde dans la fonction publique républicaine l’avait constaté à l’époque pour s’en indigner, scandaleusement pantouflé au profit des dollars de GE

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès