Nationaliser Alstom
Dans les deux cas cependant, GE ou Siemens, il apparaît que quel que soit le repreneur, au stade actuel et compte tenu des solutions proposées, Alstom sera démantelée. Or si l'Etat laissait partir les équipements énergétiques du groupe dans des mains étrangères, que ce soit GE ou Siemens, il se couperait d'une donne stratégique. La « transition énergétique » annoncée précédemment à grands coups de trompe par François Hollande, ne pourrait se concevoir. Les groupes responsables de ce programme considérable, EDF, GDF-Suez, Areva ne pourraient l'envisager sans des négociations avec un Alstom resté pleinement national. Si au contraire le capital technique d'Alstom passait dans des mains étrangères, ce serait toute la filière énergétique française, ayant exigé des années et des dizaines de milliards à mettre sur pied, qui se trouverait fragilisée.
Si l'offre de Siemens, à cet égard, pouvait être considérée comme moins dangereuse pour cette filière que celle de GE, il ne faut pas se faire d'illusion. Siemens restera avant tout Siemens, c'est-à-dire qu'il ne fera aucune concession politique à des projets encore fumeux avancés par la France sous le nom d'Airbus de l'énergie. On le comprendrait d'ailleurs. Rappelons que la France, en la personne de Valéry Giscard d'Estaing et sous la pression des intérêts industriels qu'il représentait, avait sans hésiter sabordé au début des années 70 l'entreprise Unidata, regroupant Siemens, Philips et la C2I française, alors que cette entreprise était bien partie pour concurrencer IBM. Chez Siemens, tout le monde à l'époque avait décidé de ne plus jamais rien faire avec des « pas sérieux petits Français ».
Les syndicats d'Alstom voient la chose bien plus clairement. Il faut que l'Etat entre au capital avec tout l'argent nécessaire pour satisfaire aux besoins de financement de l'entreprise. Il faut qu'il y entre avec des représentants qui recevraient mission de redresser l'entreprise plutôt qu'assister passifs aux discussions entre les autres actionnaires. Il faut aussi que l'Etat y entre pour y demeurer définitivement, et non pour revendre sa participation au plus vite comme il l'avait fait sous Sarkozy.
En fait, il faudrait faire plus. C'est-à-dire, comme le recommandent Jean-Luc Mélenchon et le PC, nationaliser Alstom comme il avait été fait de Renault et des Charbonnages à la Libération. Alors l'Etat aurait les mains libres pour négocier au plan européen les grandes politiques industrielles qui s'imposent aujourd'hui, notamment dans l'énergie et les transports ferroviaires.
Que l'on ne dise pas que les ressources budgétaires manquent. C'est faux. Ce qui manque est la volonté politique, celle consistant à remettre au pas le capital privé face aux exigences de la survie nationale. Les prochains jours montreront si la gauche au pouvoir en France mérite encore ce nom et cette charge.
1) http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=1313&r_id=
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