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Accueil du site > Tribune Libre > Ne dites plus « un plagiaire », mais « un macé-scaron » par antonomase (...)

Ne dites plus « un plagiaire », mais « un macé-scaron » par antonomase !

 Comment font-ils tous ces plagiaires pour piller le travail d’autrui et continuer à parader dans les médias ? On crèverait de honte à leur place, on raserait les murs, on se cacherait sous terre. Mais non, eux étale leur fatuité et courent de studios de radio en plateaux de télévision. Quel est leur truc ?

PPDA, le plagiaire pudique qui s’emploie à effacer les traces de son forfait

Jérôme Dupuis, journaliste à l’Express, vient de débusquer un nouveau plagiaire et pas n’importe qui, le directeur adjoint de la rédaction de Marianne et directeur du Magazine littéraire, un certain Joseph Macé-Scaron.

On se souvient qu’il avait déjà confondu PPDA, une autre sommité intellectuelle de notre temps, en apportant la preuve que l’animal avait copié purement et simplement des passages entiers de l’ouvrage d’un auteur américain pour nourrir la biographie qu’il publiait sur Hémingway !

On s’était soi-même amusé à analyser les exemples relevés par Jérôme Dupuis dans l’ouvrage du plagiaire, pour illustrer ses techniques de dissimulation. Car PPDA, lui au moins, avait la pudeur de copier platement en tentant d’effacer les traces de son forfait, mais pas plus que le chat ne recouvre sa crotte en frottant le sol de ses pattes d’avant en arrière. Il multipliait les leurres : les temps étaient différents, il usait de synonymes, pratiquait des inversions, faisait œuvre de création – Eh oui ! – par des ajouts redondants, ou, au contraire, par des omissions bénignes, consentait à laisser à sa victime un peu de son bien propre (1).

Macé-Scaron, le plagiaire fier de l’être

Avec Macé-Scarron, à en juger par les exemples qu’a publiés J. Dupuis, le plagiaire n’a pas ses coquetteries. Mieux, il théorise sa démarche créatrice du plagiat.

Qu’on en juge ! Un seul exemple suffira. Comme on a en horreur l’imposture du plagiaire, on se contentera d’un exemple clairement identifié comme emprunté à l’article de J. Dupuis, dans le cadre du droit de citation autorisé par la loi. Ceux qui veulent avoir d’autres exemples se reporteront au site de l’Express (2). 

Voici ce qu’on pouvait lire au fil d’un article intitulé « Catulle, le Rimbaud de Vérone  », paru dans Marianne, le 8 juillet 2006, sous la signature de Macé-Scaron : « Il se passe toujours quelque chose chez Catulle : une noce, une danse, des ragots d'alcôve et de caniveau, un copain cocu, des blagues de potaches bourrés au falerne pur. (...) Mais après la bonne fortune viennent les chagrins d'amour, la mort d'un frère, un voyage au loin pour oublier et la beauté des mythes grecs traduit avec une infinie tendresse : « Bien que le lourd chagrin qui sans trêve me ronge/Me tienne loin, mon Ortalus, des doctes vierges. » Catulle a gardé intacte sa veine sarcastique, mais il est atteint au plus profond. C'est le roman d'un homme blessé qui donne à voir ses plaies sans forfanterie. On est touché au coeur. »

Or, c’est au mot près, comme le montre J. Dupuis, ce qu’avait écrit, en juillet 2004, dans le mensuel Lire, une certaine Laurence Liban, sous le titre « La critique du Roman de Catulle  ». À la différence de son confrère plagiaire PPDA, Macé-Scaron ne déploie aucun appareil de leurres pour masquer son vol.

1- Il mise sur l’ignorance du lecteur ou son amnésie. Qui aura idée d’aller rechercher un article écrit deux ans plus tôt par quelqu’un d’autre ?

2- Mais une fois pris la main dans le sac, il se différencie encore de PPDA. Celui-ci et son éditeur Flammarion, on s’en souvient, avaient inventé tout un stratagème abaracadabrantesque pour nier la réalité du plagiat honteux : les exemplaires adressés à la presse étaient, soutenaient-ils sans rire, le résultat d’une erreur de manipulation ; une malheureuse confusion avait conduit à imprimer un document de travail et non la version définitive de l’ouvrage. Et de fait, les exemplaires mis en vente quelques jours plus tard avaient été expurgés des passages copiés. Ainsi, peut-on créditer PPDA d’une réaction saine : le plagiaire, surpris et honteux de sa déconfiture, nie farouchement son forfait comme le gosse crie, les doigts dans le pot de confiture : « C’est pas moi ! » Il ne lui vient pas à l’idée de s’en vanter.

Macé-Scaron appartient, au contraire, à la catégorie du plagiaire fier de l’être. Il a expliqué dans Le Petit Journal de Canal +, le 30 août 2011, raconte Jérôme Dupuis, les raisons de ces plagiats : ce n’est que la manifestation d’un amour débridé pour les auteurs qu’il copie servilement : « Quand on aime un auteur..., ose-t-il expliquer, si on veut faire un clin d'oeil, on prend note, on modifie plus au moins, ça dépend du degré de connivence qu'on veut établir entre l'auteur et le lecteur (…) On n'écrit pas ex-nihilo... tous les auteurs le font » ! Et il s’est aventuré à expliquer cette méthode par un procédé d’expression appelé « l’intertextualité ».

Intertextualité et intericonicité

Le problème, c’est que l’intertextualité n’a rien à voir avec la copie servile. Elle est au texte ce qu’est l’intericonicité aux images. Il est certain que, vu la masse des écrits et des images diffusés « depuis plus de sept mille ans qu’il y a des hommes et qui pensent  », comme écrit La Bruyère, un écrit nouveau ou une image nouvelle est souvent plus ou moins la citation d’un autre écrit ou d’une autre image. Il reste qu’intertextualité et intericonicité ne sont pas des procédés pour masquer ou maquiller ses vols. On en use pour au moins quatre objectifs.

1- Le premier est la captation d’attention : le lecteur est invité à reconnaître dans un texte ou une image un ancien texte ou une ancienne image. L’intention n’est donc pas de camoufler son forfait comme le plagiaire, mais au contraire de faire reconnaître son allusion, un peu comme la parodie ou le pastiche doivent faire reconnaître l’objet qu’ils visent pour atteindre leur but, la raillerie ou l’amusement.

2- Le second objectif est de rendre familier un objet inconnu en l'associant à un objet connu pour accroître la réceptivité du lecteur que l’inconnu peut intimider ou rebuter.

3- Le troisième est de flatter le lecteur pour l’amener à s’ouvrir et à accueillir le message délivré : en reconnaissant une simple ressemblance et non une copie entre textes ou images, il se prouve avec fierté sa culture, même si c’est à peu de frais.

4- Enfin le quatrième objectif est de faire bénéficier le texte nouveau ou l’image nouvelle des affects attachés au texte ou à l’image reconnus.

La publicité, par exemple, est une grande consommatrice d’intericonicités (3).

 

Macé-Scaron est donc non seulement un plagiaire qui se revendique comme tel, mais un cuistre ignorant quand il se cache derrière un mot savant, « intertextualité », dont il ne paraît pas connaître le sens, dans le seul but d’en jeter plein la vue à la populace. Comment de pareils individus qui se flattent de voler le travail d’autrui, peuvent-ils continuer à occuper des postes de responsabilités et à se pavaner dans les médias ? C’est un mystère qui en dit long sur l’état d’esprit de ces médias. Du moins l’individu vient-il d’offrir l’image du plagiaire fier de l’être à laquelle on se réfèrera à l’avenir avec ses futurs émules. Qui sait si un jour on ne dira plus «  un plagiaire » pour désigner un voleur de textes mais « un macé-scaron » comme on parle aujourd’hui d’une mobylette, d’un frigidaire, d’un ricard, d’un don juan ou d’un harpagon ? Ça s’appelle une antonomase. Paul Villach

(1) Paul Villach,

- « PPDA et son Hemingway : le dur métier de plagiaire-maquilleur  », AgoraVox, 6 janvier 2011.

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/ppda-et-son-hemingway-le-dur-86807

- « PPDA blanchi par son « nègre » ? L’interview qui tue !  » AgoraVox, 8 janvier 2011

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/ppda-blanchi-par-son-negre-l-86889

(2) Jérôme Dupuis,

- « L'autre plagiat de Joseph Macé-Scaron  », L’Express.fr, 25.08.2011

http://www.lexpress.fr/culture/livre/l-autre-plagiat-de-joseph-mace-scaron_1023881.html

- « Joseph Macé-Scaron ne plagie pas, il "intertextualise" », L’Express.fr, 30.08.2011

(3) Paul Villach, « Quel duo célèbre du cinéma saute aux yeux sur cette photo ? Une intericonicité involontaire ?  » AgoraVox, 2 avril 2009.

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/quel-duo-celebre-du-cinema-saute-53987

 


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8 réactions à cet article    


  • Line Yoblin d’Hividu 15 septembre 2011 10:15

    [ On crèverait de honte à leur place, on raserait les murs, on se cacherait sous terre. ]
    Entièrement d’accord !
    Et voir des gens comme PPDA continuer à parader comme si de rien n’était m’écœure au plus haut point.


    • Jean Eymard-Descons 15 septembre 2011 10:48

      On brocarde souvent la cupidité, mais je trouve que le cynisme est devenu le trait majeur de notre société...


      • Taverne Taverne 15 septembre 2011 11:03

        En chanson, c’est « la ronde des écrivains » smiley Pas grand chose à ajouter, tout est dit.


        • pikepeak pikepeak 15 septembre 2011 11:12

          Un type qui s’arrange à la télé pour prendre la pose et bien mettre en évidence sont tatouage ne m’inspire ni sympathie, ni confiance. 


          • dom y loulou dom y loulou 15 septembre 2011 14:28

            tous les écrivains pratiqueraient le plagiat ? 


            Ce monsieur n’est nullement habilité pour parler de TOUS les écrivains, c’est apparemment son problème de vouloir parler pour les autres. 

            Tout le contraire d’un écrivain qui souffre de ces gouttes d’eau qui font déborder son vase tous les jours et doit leur donner une forme pour ne pas pêter les plombs. Ce monsieur ne sait strictement rien de la littérature ET DE LA VIE INTERIEURE INTENSE qu’un écrivain peut traverser et des souffrances qui rendent son oeuvre fertile parce qu’il use de ce moyen pour les surmonter.

            parce que, si tous les auteurs étaient de vils copieurs, aucune littérature n’aurait pu voir le jour, on en serait resté aux récits sumériens de genèse.

            cela n’aurait pas été forcément plus mal notez puisque ce sont les seuls textes tout le temps ensevelis sous les tonnages de verbiages. 

            Notez aussi que l’ancien testament est aux textes sumeriens de la genèse l’exact accabit de ce monsieur ;)

            Il a vraiment une drôle de façon de signifier son amour à un auteur en le pillant, le plagiat n’étant rien d’autre que du vol mêlé de viol intellectuel et de l’abus contre ses lecteurs et de la falsification, de la pure fausseté en action.

            Non. AUCUN vrais écrivain ne plagie, aucun philosophe ne pompe dans la pensée des autres , car sans honnêteté, sans humilité, sans maitrise, point de littérature, mais le cirque des schizos professionels qui remplissent l’air de joyeuseries et de drôleries sans fin pour couvrir les hurlements des souffrances qui s’échappent de partout en ce monde.

            Banalisés, ils ont inventé le terme de normal. Le pire mot qui soit je crois, aplatissant, ratissant, broyant, ramenant toutes les merveilles de l’être à une cuvette de chiottes : la norme du mal. 

            Le plagiat en fait assurément partie de cette normalité babylonienne qui aime tant surfer sur la nuque de l’esprit vivant, en ne faisant pas l’effort de savoir ce que l’esprit dit EN SON PROPRE COEUR ni de faire face à sa propre conscience !!

            C’est comme les gouvernements occidentaux finalement, MAIS QUE D’AMOUR ILS ONT POUR NOUS ALORS puisqu’ils nous pillent ainsi sans vergogne et nous creusent des tombes pour le compte massacreur du common wealth,  n’est-ce pas monsieur Macon ?

            • docdory docdory 15 septembre 2011 16:34

              Cher Paul Villach 

              Je ne doute pas que la découverte de ce plagiat passera complètement inaperçue et qu’elle n’empêchera pas Macé-Scarron de dormir !
              En effet, qui, en France , connaît Joseph Macé Scarron ?
              - Il y a les auditeurs de RTL, puisqu’il fait régulièrement partie de l’émission « on refait le monde » à 19 heures, qui doit avoir quelques centaines de milliers d’auditeurs , pas plus de 1 ou 2 millions,en tous cas,
              - les acheteurs et lecteurs de « Marianne » soit 500 000 personnes environ,
              - les lecteurs du « Magazine littéraire », dont le nombre ne doit guère excéder 10 000 en France
              Donc, qui aurait intérêt à lancer cette affaire de plagiat sur la place publique ? Certainement pas RTL qui ne va pas prendre le risque d’indisposer un débateur vespéral-vedette qui lui rapporte de l’audience,, encore moins « Marianne » dont il est directeur adjoint, ni le « Magazine Littéraire » ( On imagine mal le directeur d’une publication , à moins qu’il ne soit dérangé, laisser publier dans son périodique un article le mettant gravement en cause ! ) 
              Donc , les seuls magazines qui pourraient éventuellement lancer ce plagiat sur la place publique sont les radios concurrentes de RTL ( France Inter, Europe,, et RMC ), et les périodiques concurrents de « Marianne », et du « magazine littéraire ».
              On voit mal ces divers médias concurrents tirer un quelconque profit de cette polémique, pour deux raisons :
              - Le nom de Catulle est parfaitement inconnu de 99,9 % des français , et la proportion de ceux qui, comme moi, bien qu’ils en aient vaguement entendu parler, n’ont pas la moindre idée de ce que Catulle a pu écrire, et qui ne sauraient pas, de toutes façons, trouver la librairie très spécialisée en littérature latine qui pourrait être en mesure de leur fournir ses oeuvres, doit représenter 99,999 % de la population ! 
              Par conséquent, pour les médias concurrents, lancer une polémique sur le fait qu’un journaliste de notoriété somme toute modérée, ait pu plagier tel autre au sujet d’un auteur de l’antiquité qui n’est connu que des spécialistes en littérature latine, c’est être certain de susciter l’ indifférence du lecteur ou de l’auditeur moyen ! Ça va entrer par une oreille et ressortir aussitôt par l’autre, comme on dit.
              - Par ailleurs, les médias auxquels appartient Macé-Scarron pourraient avoir envie de ressortir, par mesure de rétorsion, des affaires du même genre dont se seraient éventuellement rendus coupables les journalistes de la partie adverse ! Gare à l’effet boomerang ...
              La seule crainte que pourrait avoir Macé-Scaron serait que l’on aie quelques gloussements à son encontre dans quelques dîners en ville fréquentés par l’intelligentsia germanopratine.
              Encore faut-il ne pas surestimer ce risque. En effet, quelqu’un qui, dans ce genre de dîner, lancerait une conversation sur un sujet qu’il maîtrise mal, en l’occurrence un sujet en rapport avec l’oeuvre de Catulle, pourrait facilement voir son inculture malicieusement exposée au grand jour .
               Imaginons par exemple que l’un de ces dîneurs lance le débat ainsi : « Vous avez vu ? Il paraît que Macé-Scaron vient de plagier intégralement un article sur Catulle ! » . Il pourrait se voir répondre par un convive facétieux une réplique-piège du genre « Catulle ? Tu veux dire l’auteur des » provinciales «  ??? » . Si celui qui lance le débat ne flaire pas le piège grossier et tombe dans le panneau, il risque de se retrouver encore plus ridiculisé que Macé-Scarron ! ...

              • Paul Villach Paul Villach 15 septembre 2011 18:02

                @ Cher Docdory

                Je signale dans mon article que je ne cite qu’un exemple. Je renvoie pour les autres aux articles de Jérômes Dupuis sur L’Express.fr, car je ne suis pas un plagiaire !!! J’use seulement du droit de citation et je le signale.
                Il apparaît que ce Macé-Scaron s’est fait une spécialité du plagiat par le nombre d’exemples relevés.
                Surtout, son originalité est de justifier le plagiat et de le théoriser par un concept qu’il ignore, « l’intertextualité », ainsi que je l’explique dans mon article.
                Que cet individu se pavane dans les médias donne une idée de corruption de ces médias ! Paul Villach


              • Τυφῶν בעל Perkele Τυφῶν בעל Perkele 15 septembre 2011 19:30

                C’est vrai, plus personne ne connait Catulle, et c’est bien dommage, car sa poésie est toujours d’actualité.

                Typhon

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