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Accueil du site > Tribune Libre > « Ne raconte pas ta vie... »

« Ne raconte pas ta vie... »

"Isère : un homme de 61 ans, Michel R., cheminot à la retraite, a été happé par un train alors qu’il marchait sur la voie, ce dimanche vers 19 h 45 à hauteur de la borne kilométrique 65, vers Virieu-sur Bourbe. Il a été tué sur le coup par la motrice. Une enquête est en cours pour déterminer les causes du drame. A ce stade, la thèse du suicide est privilégiée."

"Ne raconte pas ta vie, ça n’intéresse pas les gens".

C’est Thérèse, ma grand-mère, qui me dit cela en titillant avec son tisonnier la cuisinière à charbon. Elle a les cheveux blancs bleutés par la teinture et porte une blouse acrylique sombre avec des motifs fleuris. C’est elle qui m’élève, parce que Maman est morte en couches.

J’ai 9 ans, c’est le goûter du retour de l’école et je tourne ma cuillère dans le bol de Ricorée, sur la toile cirée à carreaux jaunes et gris. Une maison de garde-barrière. Au mur, un calendrier des postes avec des montagnes enneigées, et une photo de locomotive électrique. Une BB.

Voilà, pour moi ça a commencé comme ça, sur les starting-blocks de la vie.

Un silencieux, voilà ce que je serai. Comme Papa, comme les autres.

Du reste, dans notre famille, les hommes ne restent pas. Les hommes s’en vont. Mon père à 48 ans d’une cirrhose. Mon frère sous un tracteur renversé en faisant les foins sur un coteau trop raide. Dit comme cela, ça a l’air dramatique, mais à bien y réfléchir, je ne sais pas. C’est difficile d’imaginer la vie qu’on n’a pas eue, celles qu’on aurait pu avoir. Comme dit Bernard, le fils du garde-barrière, "va savoir quand tu ne sais pas".

Et puis, je n’ai pas eu que des malheurs dans ma vie. Mais chez les R., on est des silencieux, des taiseux.

Discret, je l’étais à mon mariage avec Geneviève. A la noce, les gens riaient et parlaient fort, parce qu’ils étaient un peu saouls. Moi je ne bois pas, enfin, pas encore. Ils renversaient le vin sur la nappe blanche, dans le pré de chez les Caillot, mais, moi, je voyais pas le vin, je voyais du sang.

Taiseux, je l’étais à la naissance d’Eric, le petit. Devant tant de merveilles miniatures, on ne sait pas quoi dire. Alors on ne dit rien, c’est encore le mieux.

Silencieux, je l’étais encore huit ans plus tard, derrière le cercueil de Geneviève. Elle ne fumait pas et ne buvait pas, mais c’est bien quand même le crabe qui l’a prise, à 41 ans.

Discret, c’est ce qu’on dit de moi à la SNCF. Conducteur de train pendant vingt-cinq ans, trains de marchandises surtout. Au dépôt de Culoz, puis de Saint-André-le-Gaz. Les rails courbes qui luisent de nuit sous la lune, les gares et les passages à niveau qui défilent, irréels, comme des miniatures d’un jouet de gosse. J’aime bien.

Et puis la vue qui baisse, les lombaires écrasées par les heures sur le siège inconfortable. J’ai dû faire mes trois dernières années comme chef de gare, à Voiron. Enfin, pas vraiment chef de gare. Assistant logistique, ils disent.

Paperasses, carbones, originaux, tampons encreurs. Télex et téléphones d’un autre âge. Et puis la retraite. La retraite, elle m’a giflé, séché comme un coup de poing au plexus. Elle m’a pris Eric, mon fiston, le lendemain de ses 22 ans, le soir de mon départ à la retraite. Sa 205 s’est enroulée autour d’un pylône électrique, dans les courbes de la combe de Valfroide.

Celui qui n’a pas vu le cadavre de son fils à la morgue ne connaît rien à la vie.

Les yeux globuleux et exorbités qu’ils n’avaient même pas fermés. Ses bras raides en l’air comme des cierges. Ce rictus horrible.

C’est là que j’ai commencé à ne plus parler du tout.

J’ai mis bien du temps à rentrer de nouveau dans sa chambre, dans le petit pavillon au bord de la voie ferrée où on vivait tous les deux. Trois ans, je crois bien. Tout est resté intact. Je rentre la nuit, parce que les choses sont moins réelles, on y voit moins bien les contours de la chiennerie, et je pousse la porte. On refait connaissance. Par la musique. Je prends au hasard une cassette ou un CD dans sa pile, et je l’écoute sur son baladeur.

Ce dimanche soir, à la fraîche, j’avais bu pas mal de beaujolais. J’ai pris un vieux Bashung et je suis allé faire un tour sur la voie ferrée. Ca disait "tu vois ce qu’on voit…". Non, c’est pas cela, il y a un jeu de mots. Ah oui :

"Tu vois ce convoi,

Qui s’ébranle

Non, tu vois pas

Tu n’es pas dans l’angle

Pas dans le triangle…[1]"

En marchant sur les voies, le walkman sur les oreilles, j’ai vu, à plusieurs mètres, une vipère aspic détaler du ballast encore chaud où elle se dorait, et filer dans les hautes herbes. Les vibrations sur les traverses. J’aurais dû me douter. Au lieu de cela, j’ai continué à marcher dans la grande courbe aveugle du sous-bois, avec son ballast relevé comme dans un vélodrome, pour assurer la stabilité des trains dans le virage.

Et là, sortant de l’angle mort de la courbe, feux allumés, je l’ai vu. Une BB vieux modèle, vert d’eau délavé, qui glissait sans bruit. Une loco seule, de liaison ou de dépannage.

Elle était massive, terriblement dense et compacte. Je voyais tous les détails, sa gueule de raie, les gros tampons graisseux, le crochet central d’attelage, un essuie-glace cassé, les mouches et insectes écrasés sur la carrosserie et la pare-brise. Un instant, j’ai même cru reconnaître Robert, le barbu du dépôt de Culoz, derrière les vitres fumées de la cabine. Attention, hein, je dis pas que c’était lui.

D’autant que je sais bien qu’un soir de novembre il a pris son Mosberg 6 coups et est allé dans le champ de maïs des Guillot, pour mettre les canons jumelés dans sa bouche, et que le coup est parti tout seul.

N’empêche, on ne m’enlèvera pas de l’idée que j’ai cru voir Robert, comme s’il avait pris une loco fantôme pour refaire la route à l’envers, sans rien dire à personne.

J’aurais pu faire un ou deux pas chassés de côté, tenter quelque chose. Pas sûr que ça aurait suffi. Et puis, à présent, il n’est pas né celui qui me fera courir.

Alors, moi qui ne m’étais plus battu depuis longtemps, ni dans la vie ni dans la rue, j’ai pris la position du combattant dans les bals du samedi soir. Une jambe en avant, l’autre rempliée en arrière, le buste de profil, les avant-bras protégeant le plexus solaire et les poings fermés devant le visage.

Bien campé sur mes appuis, j’ai attendu, oui, je l’ai attendue, cette salope. Et attendre, mon Dieu, la vie n’est rien d’autre.

"Raconte pas ta vie, ça n’intéresse pas les gens"…



[1] Happe, Alain Bashung/ Jean Fauque, 1992, Barclay.

Crédit photo : Serge Barberis

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64 réactions à cet article    


  • Forest Ent Forest Ent 11 juin 2008 11:29

    Très bon style, écriture claire et précise.

    (Peut-être un tout petit peu trop homogène dans le gris et noir. Il manque une ou deux touches de rose, ça rehausserait la chute.)


    • Gül 11 juin 2008 11:33

      Et PAF !

      C’est le coup que je viens de prendre en pleine tête à la lecture de ce billet.

      Sandro, c’est un texte magnifique, qui remet les idées en place. Vraiment merci.


      • Yohan Yohan 11 juin 2008 11:51

        Bonjour Sandro,

        Ton article est très émouvant, injplacable, parfaitement écrit. Le Sandro qui se cache derrière l’humour et la dérision nous le livre ici en brut. Accroche toi Sandro, la vie distribue ses mauvais coups au hasard et le hasard sait aussi faire des cadeaux. Sache que tu as des amis ici


        • snoopy86 11 juin 2008 12:06

          Bonjour Sandro

          Magnifique...

          Et pour le commentaire Yohan a tout dit...


        • Sandro Ferretti SANDRO 12 juin 2008 11:59

          Merci de ces jolies paroles, cyber-amis.

          "Emotions censurées, j’en ai plein le container", dit Bashung dans "Volontaire".

          Je préfère parler de celles des autres. Quand la vie nous a donné un petit talent pour quelque chose, le stylo ou autre chose, il faut pas gaspiller, il faut donner et s’en servir pour ceux qui "savent pas causer".

          Eviter que tout les happe.

          "Happe", la superbe chanson de Bashung que je cite dans l’article ,continue en disant :

          "Peu à peu tout me happe

          Je me dérobe,

          Je me détache

          Sans laisser d’auréole

          Les cymbales

          Les symboles

          Collent

          Peu à peu tout me happe"...

          C’est ce qu’il faut éviter.


        • Marsupilami Marsupilami 11 juin 2008 12:12

           @ Sandro

          Très beau texte, merci. Ça réconcilie avec Agoravox.


          • Castor 11 juin 2008 13:03

            @ Sandro et à tous les autres...

             ... Je ne vois rien d’autre à ajouter si ce n’est une bonne poignée de mains ou une accolade silencieuse, au choix.


            • gaiaol 11 juin 2008 13:27

              joli texte

              j’aurai aimé lui demander de nous accompagner encore un peu... mais la détresse est un gros fardeau et dans les coeurs des taiseux, elle a sa propre vie ..

              merci sandro


              • snoopy86 11 juin 2008 13:34

                Ami Sandro

                J’ai relu ton CV...

                Tu aimes les belles lettres et tu les pratiques.....

                Tu aimes le bon vin et les bon cigares, je crois qu’il est temps d’ouvrir une bouteille et d’allumer un Monte-Cristo....

                Tony, pique-lui son Mosberg et planque-le..

                Nestor, faîtes gouter ce Palmer à notre ami.. 

                 


                • FYI FYI 11 juin 2008 14:16

                  ça résume pas mal l’état d’esprit de nos concitoyens.

                  Leur faire la remarque de butte en blanc, et ils se braquent ...

                  Votre texte est anonyme et objective, car tout le monde va s’y reconnaître avec leur propre existance ou expérience.

                  Toujours est-il, j’espère qu’un jour il y aura une personne dans les parages (un voisin, la famille, collègue etc...) pour qu’enfin cesse la souffrance de plus en plus palpable des Hommes dans une société qu’ils ne reconnaissent pas, à la bonheur.


                  • gaiaol 11 juin 2008 15:29

                    courage bodi... maximise ta vie avec ceux qui restent . ils sont importants aussi...


                  • Castor 11 juin 2008 15:56


                  • Yohan Yohan 11 juin 2008 16:21

                    @ Bodidharma

                    Eh bien si ! cette vie il faut la raconter, ne serait-ce que pour rappeler combien la vie est fragile et combien les combats que l’on mène contre les dangers routiers sont nécéssaires, même si l’on a le sentiment parfois de pédaler dans le vide.

                    La sécurité sur la route s’est améliorée quelque part grâce à ces vies gâchées, parce qu’une famille broyée par le malheur parvient à s’arracher d’elle même pour sensibiliser autour d’elle, afin d’éviter aux autres de connaître pareil malheur.

                    On ne dis jamais assez merci à ces familles là. Donc moi vous dis merci et pour les autres aussi


                  • Sandro Ferretti SANDRO 11 juin 2008 16:22

                    @ bodidharma :

                    Pas de quoi.

                    Ca devrait étre fait pour cela , Agoravox (" la voix de la foule", en latin). Le journal des sans -grades, des anonymes, de la vraie vie.

                    Ca ne devrait pas étre une resucée de Yahoo actualités ou de l’express. On perdra toujours , à ce jeu.


                  • Sandro Ferretti SANDRO 11 juin 2008 14:57

                    Merci de ce petit cadeau, Calmos.

                    Ce bon Docteur, y a que ça de vrai....


                  • Sandro Ferretti SANDRO 11 juin 2008 15:05

                    @ Tous,

                    Merci à celles et ceux qui ont apprécié cette petite musique des choses de la vie.

                    Elle vient de ma mémoire reptilienne ( d’où la vipère que j’ai glissé en loussdé dans le texte)

                    A quelques détails près, cette histoire est vraie. Elle a 26 ans.

                    Un camarade de service militaire me l’avais glissée, une nuit de garde dans un mirador sur une base aérienne près de Chambéry. C’était son Papa. Et moi, comme on est très con à 22 ans, dans l’odeur de pisse de cette guérite, j’avais pas trouvé les mots, qui me viennent si facilement aujourd’hui.( du moins par écrit)

                    Comme dit mon ami Bashung, "j’ai pas su faire, j’ai pas suffit".

                    L’année suivante, il s’est suicidé, lui aussi.

                    Caporal, je sais pas où tu es, dans la nuit des loco fantomes, mais ce billet, il est pour toi. Je sais que j’ai mis le temps, mais c’est pour toi, camarade des guérites, camarade misère....

                     


                  • Castor 11 juin 2008 15:43

                    Sandro,

                    Va savoir pourquoi je suis revenu sur ton article après avoir laissé ce mot, tout à l’heure...

                    Va savoir pourquoi j’ai parcouru ce fil...

                    Tant de choses à dire sur ce sujet si grave...

                    Il me revient sur le tapis à intervalles réguliers, comme s’il m’était besoin, inconsciemment, d’y revenir encore.

                    Peut-être n’ais-je pas réglé tous mes comptes avec celui qui m’a imposé les images si crues de son départ, mais il est si difficile, pour un fils, d’aimer son père et de le lui dire. Souvent quand on y est prêt, il est trop tard.

                    Je pensais l’affaire réglée, digérée. Elle a 5 ans révolus maintenant, mes fantômes devraient avoir cessé leur ballet ridicule et la torture de n’avoir rien vu rien fait, rien pu devrait s’être tranformée en pincement.

                    On ne peut pas rester comme ça, éternellement, dans le deuil et la souffrance.

                    Mais ces mots que tu m’as fait lire m’ont troublé le regard. Je suis allé fermer la porte de mon bureau, et moi qui suis d’ordinaire si ouvert, je me suis un peu fermé. Où va se nicher la pudeur !

                    Je ne sais si je dois te remercier ou te maudire pour cette émotion qui me prend là, d’un coup, à retardement.

                    Les deux, sans doute...et c’est peut-être pour moi l’occasion de me tourner une fois encore vers lui et de lui dire, dans un sanglot, que je ne lui en veux pas tant que ça.

                    Merci Sandro, pour cette occasion d’y revenir.

                    Grandir ne signifie pas oublier.


                  • Gül 11 juin 2008 19:47

                    Castor.... Grandir, c’est tout..... sauf oublier....

                    Sandro, j’y suis revenue moi aussi, comme si l’appel de la tristesse avait fait écho à mon oreille. Votre texte, une fois de plus, est tout simplement et j’insiste sur ce mot, magnifique.

                    Il a ce quelque chose en plus, qui laisse chacun ouvrir un petit recoin de son coeur, et que les commentaires en deviennent tout autant bouleversants pour ce qu’ils y apportent de cruellement réel.

                    Je ne me sentais pas très bien après cette lecture, je suis comme poignardée à vif en ayant lu les réactions de chacun. Nous sommes finalement tous faits du même moule, celui de l’amour comme celui de la peine....Tous, aussi minuscules, face à ce que nous donne (ou nous reprend) la vie....

                     


                  • Olga Olga 11 juin 2008 14:54

                    SANDRO

                     

                    Il y a deux minutes, j’étais en train d’allumer Sarkozy et Berlusconi (la routine quoi...) sur un article concurrent, puis je suis venue, par hasard, lire "celui qui ne raconte pas sa vie" (c’est un beau titre ça aussi). Vous êtes fou de nous balancer ça, sans prévenir.

                     

                    C’est un combat de tous les jours, pour sortir du noir absolu, que vous m’avez encore fait perdre aujourd’hui.

                    Où peut-on trouver l’envie de vivre après une telle lecture ?

                    Il n’est pas encore trois heures et la nuit s’est déjà abattue.

                    Vous les voyez mes mots qui pleurent sur vos écrans ?

                    Ils s’écoulent lentement.

                    Un adieu en silence, sans violence.

                    Que peut-on espérer, en cessant d’inspirer ?

                    Un dernier abandon, quelques pardons.

                    Je ne vous lirai plus, j’y suis résolue...


                    • ZEN ZEN 11 juin 2008 15:26

                      Merci Sandro !

                      Tout a été dit...


                      • Sahtellil Sahtellil 11 juin 2008 16:03

                        Pas mieux. Magnifique !


                        • fahraddin fahraddin 11 juin 2008 17:14

                          et pourtant elle mérite d’être racontée, ou devrais-je dire , contée, tellement le texte est beau. On ne peut rester indifférent à la lecture de ce petit chef-d’oeuvre. Ce lyrisme dans la narration de cette tragédie rapportée m’a émue au plus profond de mon âme. Qu’elle ait été vaicue ou qu’il s’agisse d’une simple fiction l’auteur mérite toute la considération vouée aux grands écrivains. En lisant ce texte, on a l’impression de revivre une partie de sa propre tragédie et on se dit que par le monde les gens souffrent de la même manière, quels qu’ils soient. Ca nous éloigne un peu des mesquineries et de l’égoïsme qui sont devenu de nos jours notre principale préoccupation. Bravo Sandro, j’aimerais lire souvent des écrits de cette facture !

                           

                           

                           


                          • Dame Jessica Dame Jessica 11 juin 2008 17:17

                            @ Sandro

                            Cette vie résumé ( ô avec quel talent !) en quelques pages, c’est celle de tant de taiseux...Des silencieux qui ont bien compris que parler c’est le propre des bavards et que quand ce que l’on a dire n’est pas plus beau que le silence il vaut mieux se taire...

                            Sandro, je ne sais comment vous dire le "bien/mal" que vous m’avez fait avec ce texte...Bien, parce que j’aime vos mots, leurs fluidité, leurs couleurs et le goût qu’ils laissent dans mon esprit bien aprés que j’ai fini de les dévorer des yeux...Mal parce que ce taiseux, qui a gardé ses lévres closes sur toute ses chagrins, sur toutes ses batailles je voudrais qu’il ne soit pas trop tard pour lui donner mes mots à moi, ceux de la compassion, de l’amour peut être... Oui vous m’avez bousculé le coeur Sandro, et pour cela je vous remercie...

                            Ô si Sandro, racontez nous encore...s’il vous plais...



                              • Sandro Ferretti SANDRO 11 juin 2008 17:46

                                @ la rédaction d’Avox.

                                 

                                Je suis plus doué pour écrire que pour me servir des bowrsers et autres copié/collé de l’espace modération.

                                Auriez vous la gentillesse d’insérer une photos de loco BB verte en vignette sous cet article, à partir de ce lien (la 4 eme photo serait la mieux)

                                http://sbarberi.club.fr/67400/Untitled-1.htm

                                Merci de citer le crédit photo de ce site.

                                Ce serait sympa.


                                • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 12 juin 2008 01:07

                                  Parfait. Non seulement le texte est parfait, mais la quatrième image est aussi celle qu’il faut. Ménalque hédoniste. Toujours le "conspirateur du bon goût".

                                  PJCA


                                • Yohan Yohan 11 juin 2008 18:02

                                  @ Sandro

                                  Pas sûr qu’ils le fassent pour toi.

                                  voilà un mode d’emploi pour ton prochain :

                                  1/ choisir une photo et enregistrer sous (elle va se loger logiquement dans de dossier "images")

                                  2/ une fois ton article validé, aller et cliquer sur "joindre un document"

                                  3/ cliquer sur "parcourir"

                                  4/ ouvrir le dossier "images" et selectionner la photo voulue

                                  5/ cliquer sur "ouvrir" 

                                  6 : revenir sur l’article et cliquer enfin sur "télécharger"

                                  et là (si tout va bene) ça doit de coller sur ton article

                                   

                                  En tout cas, c’est comme ça que le procède (en amateur)

                                  à plus et encore bravo pour cet article qui nous prend aux tripes


                                  • Olga Olga 12 juin 2008 11:31

                                    @Yohan

                                    C’est si beau... C’est du Rimbaud ?


                                  • chmoll chmoll 11 juin 2008 19:14

                                    respect ,no comment


                                    • Sandro Ferretti SANDRO 11 juin 2008 20:58

                                      La vie du rail, la vie duraille, la vie durant...

                                       

                                      Salutations ferroviaires.


                                    • finael finael 11 juin 2008 20:20

                                      Magnifique !

                                      Un tel talent d’écriture ne devrait pas s’arrêter là.

                                      "Raconte pas ta vie,

                                      Dis bonjour à la dame,

                                      Redresse to képi

                                      Soit poli vec ta femme !

                                      Raconte pas ta vie,

                                      Raconte pas ta vie ..."

                                       

                                       


                                      • Proudhon Proudhon 11 juin 2008 20:32

                                        Enfoiré, tu m’as tiré une larme.

                                        Proudhon qui chiale, qui aurait crû.


                                        • zOoO zOoO 11 juin 2008 22:16

                                          Je ne fais pas beaucoup de commentaire, et m’arreterais là car ce texte me laisse sans voix.

                                          Merci


                                          • Olga Olga 11 juin 2008 23:58

                                            J’aurais pu faire un ou deux pas chassés de côté, tenter quelque chose. Pas sûr que ça aurait suffi. Et puis, à présent, il n’est pas né celui qui me fera courir.

                                            Alors, moi qui ne m’étais plus battu depuis longtemps, ni dans la vie ni dans la rue, j’ai pris la position du combattant dans les bals du samedi soir. Une jambe en avant, l’autre rempliée en arrière, le buste de profil, les avant-bras protégeant le plexus solaire et les poings fermés devant le visage.

                                            Bien campé sur mes appuis, j’ai attendu, oui, je l’ai attendue, cette salope. Et attendre, mon Dieu, la vie n’est rien d’autre.



                                            Mon Dieu, j’ai attendu,
                                            longtemps, dans la rue,
                                            dans les bals du samedi soir.
                                            Je l’ai attendue, cette salope.
                                            Bien campé sur mes appuis,
                                            les poings fermés.
                                            J’aurais pu tenter quelque chose,
                                            ça aurait suffi.
                                            A présent j’attends la vie.
                                            Rien d’autre.


                                            • dup 12 juin 2008 07:08

                                               

                                              La vie n’est qu’une passerelle, emprunte-la, mais ne construis rien sur elle

                                               

                                               


                                              • beaquedalle beaquedalle 12 juin 2008 07:45

                                                Merci pour ça ...

                                                Vous redonnez de l’humanité à la froideur impitoyable et brute des actualités.

                                                C’est tout ce qui nous manque. Et si c’est émouvant, si ça prend aux tripes c’est ce dont nous avons tous besoin : être émus, ne plus fermer les écoutilles aux gros titres qui n’ont plus de sens à force de nous marteler les yeux, les oreilles.

                                                Oui..Si toutes les informations pouvaient nous faire revenir dans le monde des humains, du lien, du coeur....

                                                 

                                                Béatrice Parisien


                                                • Sandro Ferretti SANDRO 12 juin 2008 11:05

                                                  Au delà de l’exercice littéraire, de l’hommage aux fardeaux anonymes et de la dette dont je m’acquitte, bien des années après , auprès d’un semblable qui ne faisait que passer, il faut tout de méme rapeller que le suicide cause, en France, 11 300 décès officiellement recensés par an ( 2005), avec une estimation totale de 13. 500 environ (compte-tenu de la sous-déclaration des cas, et des suicides comptabilisés , volontairement ou non, comme accidents ou causes naturelles).

                                                  C’est près de trois fois la mortalité routière, dont on fait pourtant grand cas.


                                                • Olga Olga 12 juin 2008 11:10

                                                   

                                                  @SANDRO 

                                                  C’est gentil de nous remonter le moral , de bon matin...


                                                • orange orange 12 juin 2008 08:19

                                                  Les témoignages vécu sont toujours les plus agéables à lire, même s’ils font pleurer. Cela veux dire qu’il y a quelque part des sentiments. Rien n’est plus beau à lire que ce genre de récit, si la personne n’est pas trop émotive. 

                                                   


                                                  • jack mandon jack mandon 12 juin 2008 08:25

                                                    @ Sandro

                                                    Joli texte, magie de l’écriture, la simplicité aux allures épiques.

                                                    Beau regard sur un monde attachant.

                                                    Fresque éclatante, vibrations et luminosité des mots sur un support de noirceur absolu.

                                                    La bête humaine, lantier, Zola et la terrible condition humaine.

                                                    Une loco dans la tourmente en pleine gueule !

                                                    Merci Sandro pour le choc.

                                                    Jack

                                                     


                                                    • Deneb Deneb 12 juin 2008 08:47

                                                      Sandro, vous avez une belle plume. J’en ai les larmes aux yeux. A vous relire bientôt, j’espère.


                                                      • Sandro Ferretti SANDRO 12 juin 2008 09:46

                                                        Merci à tous, et merci aussi à la rédaction d’Avox d’avoir mis cette photo que je n’arrivais pas à faire passer dans le logiciel.

                                                        Le Caporal R. vous remercie, de là-haut.

                                                         


                                                        • douki 12 juin 2008 11:25

                                                          E mbêtant
                                                          N oir
                                                          O bscur
                                                          R omancé
                                                          M agique
                                                          E mouvant

                                                          Bravo !


                                                          • faxtronic faxtronic 12 juin 2008 11:43

                                                            Putain

                                                            En lisant ton texte, je voyais tout, et je sentais meme l’odeur de l’herbe mouillé et froide, que l’on retrouve les hivers dans les champs et aux alentours des voies ferrées, et qui donne tant le cafard


                                                            • Olga Olga 12 juin 2008 11:53

                                                              @fax

                                                              Le "Putain" était-il suffisant ? Vous l’auriez fait suivre de "de bordel de merde", la face de votre commentaire en eut été changée...


                                                            • Emile Red Emile Red 16 juin 2008 11:13

                                                              Fixant l’ambre, blanchie de larmes
                                                              Les images tournent et s’amoncellent
                                                              Les visages, flous souvenirs,
                                                              Bousculent l’étreinte enivrée.
                                                              Planent les songes d’hier.
                                                              La nostalgie douloureuse répand
                                                              Les voix d’êtres chers,
                                                              Au fil des traverses geignantes.

                                                              Et la voie s’allanguit, se baigne
                                                              De grisantes vapeurs.
                                                              Le battement sourd inonde
                                                              L’espace du temps serein.
                                                              Défilent et gémissent au verre embué,
                                                              Les volutes émeraudes d’une funeste nature.
                                                              Encore ce battement sournois
                                                              Qui éveille et endort
                                                              Assoupissant les chimères
                                                              A jamais engourdies.

                                                              Hurlant de folie,
                                                              Le claquement brutal d’un train
                                                              Qui Croise en sursaut.
                                                              Viennent les lueurs d’une gare, d’un dépôt
                                                              Le réveil est soudain, la mousse s’étire
                                                              Délaissant, solitaire, le verre de l’oubli.
                                                               

                                                              A Sandro, Merci

                                                              PS : Peux tu me laisser ton e-mail ?

                                                               


                                                              • Sandro Ferretti SANDRO 16 juin 2008 12:31

                                                                @Red,

                                                                Content et fier de voir ton avatar joint à ce fil si digne et intelligent, pour une fois.

                                                                (NB : pour ce qui est de ta question, je ne vois pas comment cela pourrait étre possible techniquement, sans la donner à tout le monde, ce que je ne souhaite pas, tu t’en doutes....)


                                                              • Emile Red Emile Red 16 juin 2008 16:12

                                                                Oui désolé je pensais qu’on pouvais passer par la section espace modérateur, mais non... 

                                                                Enfin si un reponsable d’Avox lit ceci il a toute autorisation a envoyé mon mail à Sandro. 


                                                              • claude claude 16 juin 2008 18:51

                                                                 

                                                                bonsoir sandro,

                                                                merci pour ce très beau texte émouvant...

                                                                les gens simples ont aussi une histoire...

                                                                merci aussi à red qui m’a permit de le découvrir.


                                                                • rocla (haddock) rocla (haddock) 17 juin 2008 17:15

                                                                  Salut Sandro,

                                                                   

                                                                  Tu as bien fait de me signaler ce fil , étant en ce moment en voyage . Te lis depuis un Mac-Do .

                                                                   

                                                                  Comme quoi en lisant ton bel article si bien tourné , c ’est pas des enfants de salauds qui sont venus faire des commentaires , que la vie , si ça veut pas rigoler ...elle part en c........, et pour finir SNCF , c ’est pas toujours love me " tender "

                                                                   

                                                                  Affectueusement à toi , Sandro ...

                                                                   

                                                                  Nestor , un remontant à tous ...


                                                                  • Sandro Ferretti SANDRO 17 juin 2008 17:29

                                                                    Captain , Nestor

                                                                    Merci d’étre passés.

                                                                    La loco continue sa route, "on the road again, again..."

                                                                    ("On attendait que la mort nous frole, elle nous a pris les beaux et les droles...")


                                                                    • Dancharr 26 juin 2008 08:50

                                                                       

                                                                      Bonjour Sandro,
                                                                      Vous écrivez avec le cœur et c’est un grand cœur. Vous faites parler le silence et il en dit des choses !
                                                                      Bravo et merci.

                                                                      • Sandro Ferretti SANDRO 26 juin 2008 14:00

                                                                        Merci Doc, d’étre passé sur ce beau fil, pur et fragile comme du cristal.


                                                                      • rocla (haddock) rocla (haddock) 26 juillet 2008 21:40

                                                                        Pourquoi c’ est toujours les mêmes qu’ on aime  ?


                                                                        • rocla (haddock) rocla (haddock) 5 septembre 2010 18:44

                                                                          Et pourquoi faut-il lire des millions de mots et lire tant de nigeauderies alors que des textes comme celui-ci en quelques lignes vont  si droit à l’ émotion ...

                                                                          Allez Sandro , écris ...


                                                                          • L'enfoiré L’enfoiré 12 avril 2012 12:41

                                                                            « Raconte pas ta vie, ça n’intéresse pas les gens »…
                                                                            Et bien non, pas du tout.
                                                                            La preuve vient de l’article qui m’a poussé à lire celui-ci.



                                                                              • S.B. S.B. 21 janvier 2023 18:04

                                                                                Pas tout de suite.


                                                                                • Sandro Ferretti Sandro Ferretti 22 janvier 2023 16:11

                                                                                  @S.B.
                                                                                  C’est juste que « les ombres s’échinent à me chercher des noises »...
                                                                                  https://www.youtube.com/watch?v=R98d7Q-1JrA

                                                                                  A propos d’ombres chinoises et de polysémie, vous avez sans doute compris le véritable sens, dans « Happe », de « quand je te volais dans les plumes, entre les dunes, par la porte entrebâillée ».
                                                                                  De même, dans « j’ passe pour une caravane », dans le passage sur les infidélités réciproques ( « j’passe sur mes avatars, j’passe sur tes frasques ») , le fameux « m’obnubiler pour quoi ? Pour un vasistas ? ne désigne pas le sexe féminin comme on pourrait le croire, mais »m’obnubiler pour un Was ist das", réminiscence germanique de la sémantique alsacienne de l’adolescence d’AB.
                                                                                  That’s all, folks.


                                                                                • S.B. S.B. 24 janvier 2023 18:12

                                                                                  @Sandro Ferretti
                                                                                  Je ne suis pas sûre de toujours comprendre le vrai sens chez Bashung, ni que ce soit très important. Peut-être que les histoires qu’il racontait dans ses chansons, c’est d’abord à lui-même qu’il les racontait. Elles sont (encore peut-être) l’autobiographie sensible qu’il n’a pas écrite.
                                                                                  Je ne sais plus où j’ai lu que, si les femmes aimaient Bashung, « simplement », les hommes, en plus, lui vouaient une sorte d’admiration profonde. Comme s’il avait réussi à exprimer quelque chose de la masculinité. J’ai l’intuition que c’est vrai.
                                                                                   


                                                                                • Sandro Ferretti Sandro Ferretti 24 janvier 2023 19:46

                                                                                  @S.B.
                                                                                  Ce que vous dites est plausible, voire probable. En tout cas pertinent et sensible ( je ne l’avais pas encore formulé / réalisé comme tel, mais j’en parlerai au survivant le plus crédible, qui l’a connu le plus longtemps).
                                                                                  Reste que, à mon avis, plus que tout, AB adorait surprendre, emmener son public vers les impasses, les fausses pistes, etc.( le genre « je t’ai bien eu, hein ?). Le jeu.
                                                                                  Témoin ce passage de »A perte de vue« .
                                                                                  En dehors du classique »des filles à lever, des défis à relever« , il embarque vers un mur en enchainant par »à perte de vue, des paysages désolés«  ( semble un poncif), puis intervient la césure : »de n’être pas resté...« 
                                                                                  Vous étiez partis vers des paysages hivernaux arides et neigeux, et il vous ramène à la réalité : suis désolé de n’être pas resté.
                                                                                  De méme que »des prix décernés à tes yeux " ( les yeux cernés) reste un must de l’écriture de chanson à mes yeux.

                                                                                  Combien de gens ont écouté ça sans en comprendre le tiers ?



                                                                                  • S.B. S.B. 25 janvier 2023 13:47

                                                                                    Un jeu de cache-cache. Vous (me) trouvez, vous ne (me) trouvez pas. Espérait-il que les gens le trouvent ou voulait-il rester caché...


                                                                                    • Sandro Ferretti Sandro Ferretti 25 janvier 2023 15:12

                                                                                      @S.B.
                                                                                      Yep.
                                                                                      D’autant qu’à présent, on ne saura jamais si c’était un espadon ou l’œuf d’un esturgeon...

                                                                                      PS : ca me rappelle aussi ces heures passées sur le forum officiel Universal consacré à AB ( que je co-gérais à l’époque avec 2 filles), où il y avait des débats interminables sur le sens et la phonétique de certains textes , entre autres sur « tant de nuit » ( de Joseph d’Anvers), sur le point de savoir si c’était :

                                                                                      « immondices à la nuit »
                                                                                      ou bien
                                                                                      « ils m’ont dit ça la nuit ».

                                                                                      Bon, c’est à la nuit, tout ça, c’est le cas de le dire.
                                                                                      Faites bonne route.

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