Ni enfermement communautaire, ni rejet identitaire : La laïcité, tout simplement !
Le 27 mai 2015 un débat laïque qui s'est tenu dans la mairie de Saint Denis a été empêché de se tenir à cause de l'action concertée de perturbateurs communautaristes.
Les initiateurs, militants laïques convaincus, membre de l'observatoire de la laïcité de Saint Denis ont voulu qu'un autre rendez vous soit pris afin qu'une conférence de la laïcité ait lieu, normalement.
Cette réunion s'est tenue le 3 décembre dans la Mairie de Saint Denis.
Le Comité laïcité et République, ainsi que le CNAFAL ont appelé avec l'observatoire de la laïcité à cette réunion.
Près de 100 personnes ont participé à cette conférence débat où plusieurs orateurs dont Guylain Chevrier se sont exprimés.
Le débat s'est très bien déroulé, à la satisfaction de tous.
Voici mon intervention.
La laïcité, ce sont des principes :
- La séparation des églises et de l’état ;
- La séparation de la sphère publique et de la sphère privée : la neutralité des services publics.
Toute autre interprétation ou lecture risque de conduire à des dérives symétriques mais aussi dangereuses l’une que l’autre :
- La xénophobie d’un côté
- Le communautarisme de l’autre
UN NAVIRE QUI DERIVE EST UN NAVIRE QUI PEUT A UN CERTAIN MOMENT REPRENDRE LA BONNE DIRECTION.
Je ne parle pas ici des intégristes ou des racistes qui eux ont choisi leurs camps mais de celles et de ceux qui sont pour l’égalité des droits, le vivre ensemble et le refus de l’exclusion sociale….
Ces personnes peuvent dériver dans une direction ou dans l’autre.
Il faut débattre et débattre encore.
Je regrette les incidents qui ont perturbé en mai 2015, ici même un débat utile et nécessaire et j’espère que nous aurons aujourd’hui une discussion sans anathème.
On peut être laïque et être pour la régularisation des sans papiers ( ce qui est mon cas) et être laïque et contre la régularisation des sans papier…..
Il y a là un débat.
Dans mon association familiale laïque, le débat sur cette question existe…..
Certains expliquant que le départ d’africains de leur pays s’avère être une catastrophe pour le développement.
Si nous avons ce débat, nous sommes tous d’accord pour que les personnes qui sont en France et qui ont leurs enfants scolarisés soient accueillis dans de bonnes conditions et non dans des hôtels sordides.
Quand il y a une menace d’expulsion d’une famille, nous sommes tous et toutes d’accord pour prendre a défense de cette famille, c’est pourquoi nous agissons avec le RESF .
Notre association familiale laïque, le CNAFAL lie le combat laïque au combat social et considère que ces deux combats sont indissociables.
Le combat laïque pour :
- La liberté de conscience, de croire ou de ne pas croire, de pratiquer ou pas une religion
- L’égalité des droits entre croyants et non croyants, entre hommes et femmes …..
- L’existence d’un espace commun organisé par l’Etat sans prendre en compte les différences de religions ou l’absence de religions.
C’est ainsi que nous intervenons.
Sur l’agglomération de Melun nous avons plus de 700 familles adhérentes, de toutes confessions.
Nous organisons des cours de français-langue étrangère gratuite, ce public accueilli est informé grâce au bouche à oreille, parce que le secours catholique et la mosquée nous en envoie…..
Nous accueillons tout le monde en fonction de nos capacités.
Evidemment nous dispensons des cours de français et présentons et faisons partager les principes républicains….sans oublier la laïcité principe inscrit dans l’article 1 de la constitution :
- Les hommes et les femmes ne sont pas séparés ;
- Nous expliquons les règles de politesse, comme la poignée de mains, c’est important pour l’inclusion sociale.
NOUS N’AVONS JAMAIS EU AUCUN PROBLEME
Un jour un mari et un frère se sont présentés pour voir ce que nous faisions, nous les avons invités à participer au cours, chacun dans le groupe correspondant à ses besoins…..
Le mari est resté, il n’était pas dans le même groupe que sa femme car celle-ci parlait moins bien…Le frère a disparu.
LE COMBAT SOCIAL
J’ai toujours pensé qu’il fallait que les associations d’éducation populaire interviennent de façon durable dans les quartiers populaires.
C’est un enjeu politique fort : la population qui y vit subit plus que toute autre l’exclusion sociale ( on y retrouve le plus haut taux de chômage) et elle est jeune….
Or les jeunes peuvent massivement se marginaliser ou s’engager.
Ce constat n’est pas théorique chez moi, mais le fruit d’un travail de terrain.
Pendant plus de 12 ans je suis intervenu comme formateur Francas dans le Val de Marne, dans des villes comme Orly, Champigny, Villejuif…..et beaucoup d’autres.
Les jeunes étaient très motivés et la plupart sont devenus des animateurs d’excellente qualité.
Tout n’était pas facile loin de là, au démarrage.
La place des filles a été à chaque fois gagnée, deux outils m’y ont aidé :
- La dynamique : les jeux
- Les débats sur la mixité
La laïcité a été à chaque fois au cœur de nos échanges : la restauration scolaire et la nécessité de ne pas séparer les enfants en fonction de leurs choix alimentaires et celle de proposer des plats différents…..
Comme me le disait la directrice du service enfance de Choisy :
Nous avons un self chez nous, nous présentons à chaque fois trois plats différents….
A MELUN, riche de l’expérience acquise, nous avons décidé d’intervenir dans les quartiers, non en extériorité mais par l’intérieur.
Nous avons un local dans le quartier Montaigu, vous savez celui qui a défrayé la chronique en août 2015
Rappel :
En août 2015, des enfants ont saccagé une école maternelle.
Je suis intervenu publiquement en demandant qu’un volet de prévention soit développé avec une action éducative
Ce positionnement m’a valu un article incendiaire d’un site dont je ne dirai pas le nom :
Jean-François Chalot vous êtes responsable du saccage de l’école maternelle !
Face à la radicalisation des propos, il fallait rappeler que ce sont des enfants qui ont fait ces dégradations et non des adultes.
Nous avons proposé que le maire réunisse les associations locales.
Aujourd’hui nous avons une association de 260 adhérents, reconnue, laïque et solidaire :
- Nous tenons des permanences surendettement
- Nous luttons contre les expulsions locatives ( nous avons créé le DAL 77)
- Nous avons créé un réseau local de solidarité.
Dans ce quartier populaire ce ne sont ni les xénophobes, ni les religieux de quelques courants que ce soit qui agissent mais une association laïque populaire qui ne cache pas son drapeau mais qui ne cherche ni à adjoindre un adjectif à laïque, ni à caresser les gens dans le sens qui leur convient ou dans le sens du vent.
NOTRE DEMARCHE EST UNE DEMARCHE D’EDUCATION POPULAIRE
RENDRE LES CITOYENS ACTEURS DANS LEUR CITE ET DANS LEUR VILLE
Jean-François CHalot
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