Ni frigides, ni barjots...
... Sortons de la crise par le haut !
Les premiers feux printaniers aspergeaient d’or chaud les rails rouillés. Embarqué dans mon modeste TER provençal, je m’assoupissais à loisir tandis que défilaient de part et d’autre du wagon bondé les calmes paysages de cartes postales. Tranquilles cahots, doux grincements de roues d’acier berçaient mon insouciance retrouvée – mais ça, c’était cinq minutes avant que ne surgisse, à l’entrée d’un petit village, l’affiche bleue tapageuse.
Le sourire carnassier du Front National, surmonté de lettres jaunes pétantes Marine, ça urge ! Un anchois me resta en travers de la gorge. Dans ma campagne adorée, je me croyais loin de tout ça. Loin de la haine et de ses yeux de verre style « Je suis partout ». Loin de l’autoproclamé « Printemps Français », qui prétend combattre une non-négligeable portion de notre patrie chérie. Quelques collines plus loin, les stickers Riposte Laïque – évidemment, ils n’allaient pas appeler ça « Riposte Catho intégriste » – commençaient à me harceler. Jusque dans la verdoyante cambrousse de mon enfance, le fascisme anti-homos, anti-« bobos », anti-bolcho-islamo-machin-chose me traquait.
C’est moi, ou il y a comme une odeur, dans ce pays ? C’est moi, ou les milices factieuses ressurgissent, semant la discorde, appelant à verser le sang et cassant du gay un jour sur deux ? C’est moi, ou les crânes rasés du GUD posent en rangers sur les Champs, rappelant certaines photos prises en 1941 ? Ah mais non, si j’écris ça, les trolls d’extrême-droite vont venir se foutre de ma gueule, « bien-pensance-mélenchonisée », « les heures les plus sooombres de notre histouâre » et autres éléments de langage fournis par leurs organisations. Les trolls n’aiment pas la vérité, et la vérité, c’est que les pseudo-patriotes, au même titre qu’ils trempent dans l’affaire Cahuzac, aiment bien lever le bras droit en défilant sur les Champs au pas de l’oie. Et plus si affinités.
Voir quelques photos suggestives en liens ci-dessous :
Salut hitlérien dans un défilé anti-gay, Paris 2013
Le GUD dans le même défilé anti-gay
Marion Maréchal (!) Le Pen et ses copains du GUD
Les copains du GUD dans leurs oeuvres
(Pour plus d'infos sur ces charmantes illustrations, voir ce site.)
Ils n’aiment pas la vérité alors ils déforment : l’extrême-droite devient « ni de droite ni de gauche », l’intégrisme laïcité, le racisme liberté d’expression, l’homophobie rempart des droits de l’enfance… Ils se fréquentent tous mais ne se connaissent pas, et quand ils font le salut nazi, ils démentent, affirment se gratter le front, qu’ils ont fort bas… Ce serait folklorique si ces gens-là n’étaient pas dangereux : pour l’intégrité physique des français pas assez de souche, pas assez à droite ou pas assez hétéros, pour la démocratie en servant de chiens de garde au bipartisme sans imagination, etc. Ce serait ridicule si le PS et l’UMP n’en usaient pas comme de commodes marionnettes : le PS, 1/ parce qu’on connaît désormais les liens entre un certain ministre et les groupuscules fascisants, 2/ parce que les institutions sclérosées, inchangées permettent de laisser allégrement traîner et pourrir le débat sur la légitime égalité des droits ; l’UMP, parce que jeter des passerelles entre droite-pas-trop-républicaine et droite-pas-républicaine-du-tout, c’est toujours bon à prendre pour alimenter la peur et la haine qui sont le fond de commerce de la SARL Copé-Le Pen.
Pour toutes ces raisons, il serait bigrement dommage de laisser les fachos occuper nos rues. Je ne tiens pas à ce que mes copains homosexuels finissent dans la Seine s’ils ont le malheur de se tenir la main en public, ni à ce que ma bonne vieille campagne provençale se couvre d’appels au meurtre. Rien que pour ça, je serai à la Marche Citoyenne pour une 6ème République organisée à Paris le 5 mai. Une manif’ progressiste, intelligente et pacifique au milieu des flammes alimentées par les haineux rétrogrades et leurs aigles impériaux.
Une Marche non pas pour trouver un vague second souffle, mais pour aérer franchement ce pays où, oui, ça commence à sentir grave mauvais. Aucune démocratie au monde n’a besoin, si elle tient à son statut de démocratie, d’affaires et de haine, d’inégalités et de repli sur soi ; il suffit pour s’en convaincre de regarder le film NO, et de comprendre tout ce que l’on peut faire avec, simplement, du bon air, de l’innovation, en un mot, de la joie...
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