« Ni noir ni arabe » : le racisme paranoïaque à la SNCF
Finira-t-on un jour avec le « racisme paranoïaque », c’est-à-dire le racisme qui consiste, pour des « gens normaux », à se « débarrasser », par précaution, de « leurs Noirs » et de « leurs Arabes » tout simplement parce qu’ils estiment, à tort ou à raison, qu’il vaut mieux soigner les « apparences » en prévision d’un évènement particulier ? C’est en tout cas ce qui a pu se produire dans une filiale de la SNCF en prévision de la visite du Président israélien Shimon Peres le 08 mars dernier.
Selon le syndicat Sud-Rail, relayée dimanche par le quotidien britannique Daily Mail, il y a eu un « étrange marché excluant les Noirs et les Arabes », au sein du personnel d’ITIREMIA, prestataire bagagiste pour le compte de la SNCF. Les responsables de cette société auraient réorganisé le planning du personnel dès le 6 mars en sorte qu'aucun salarié « noir » ou « musulman » ne se retrouve au contact de la délégation israélienne. Selon Zachée Lapée, représentant du personnel au conseil d'administration, « pour cette mission, les consignes ont été très claires : il ne fallait ni Noirs ni Arabes ».
Selon Bruno Vergerolle, représentant syndical, il a été décidé le 25 mars, que le choix des porteurs de bagages de la délégation israélienne devait être opéré en fonction de l’apparence des salariés. Il s’agirait, pour le Directeur d’ITIMERIA d’un simple « principe de précaution ».
Toujours selon le Syndicat Sud-Rail, les discriminations ne se sont pas cantonnées à la seule société ITIREMIA. « Un des contrôleurs du Thalys, qui est métis, s’est vu interdire de contrôler la voiture où se trouvait Shimon Peres. Enfin, un conducteur d'origine maghrébine n'a pas pu aller chercher son train en gare du Nord, car il devait traverser la zone où se trouvait Shimon Peres. »
La difficulté, c’est qu’on ne sait pas exactement qui a orchestré cette vaste opération de discrimination systématique même si de sérieux soupçons pèsent désormais sur la direction de la SNCF. Il semble en fait que ce soit bien la SNCF qui ait transmis, par courriel, des instructions aux responsables d’ITIREMIA.
Car l’ambassade d’Israël réfute catégoriquement avoir effectué une telle demande auprès de la SNCF, rappelant que Shimon Peres est venu à Paris, entre autres, pour dialoguer avec des musulmans, explique Yaron Gamburg, porte-parole de la chancellerie israélienne.
Une enquête interne est en cours pour déterminer si l’ordre est venu d’un ministère, de la SNCF, ou d’une initiative personnelle au sein de la filiale ITIREMIA. Mais quelles qu’en soient les conclusions, on est là en présence d’un racisme flagrant motivé par de simples considérations d’ordre purement « paranoïaques ».
Qui a fait croire que le Président israélien rechignerait à être en présence des Noirs ou des Arabes ? Qui a fait croire que le Président israélien serait raciste et qu’il conviendrait de prendre certaines précautions lors de sa visite en France ? Shimon Peres rencontre bien Barack Obama (Président noir, fils d’un père musulman africain), des diplomates africains et caribéens, des sportifs, des journalistes, des artistes,... du monde entier.
De nombreux recruteurs français justifient la mise à l’écart systématique des candidats noirs ou arabes par la simple précaution selon laquelle le public ou les clients ne se sentiraient pas à l’aise face aux employés arborant une certaine apparence. Ce qui explique la persistance et même la progression spectaculaire des discriminations à l’embauche, comme en témoigne l’étude de qapa.fr (75% de CV en plus pour les candidats issus des minorités visibles).
Il faut vraiment qu’on identifie les milieux dans lesquels continue de prospérer cette terrifiante mentalité et qu’on se donne les moyens de les éradiquer. Puisqu’il ne saurait y avoir une autre France que celle-ci où les gens se découvrent, tout simplement, respectant les mêmes lois, vibrant au même diapason et cultivant des affinités compatibles.
Le raisonnement, loin d’être un hymne à l’angélisme, vaut, par ailleurs, pour le reste du monde, devenu simplement un « village » pour l’humanité, toute l’humanité. Il n’y aurait jamais eu autant de « Blancs » aux quatre coins de la planète, et de « Noirs » ayant enfin trouvé « leur milieu naturel » dans ces mondes exotiques et ayant finalement décidé de ne plus revenir ni sur le Vieux Continent ni sur la « terre de leurs ancêtres ».
Boniface MUSAVULI
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