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Nicolas & Bernard-Henri partent en guerre…

La propagande étant ce qu’elle est, l’opinion publique européenne reste persuadée que l’initiative de la guerre revient au président française. Qu’il s’agirait d’un grand succès diplomatique effaçant l’opprobre du discours de Villepin de février 2003 devant le Conseil de Sécurité appelant au respect de la légalité internationale et refusant la guerre. C’est bien du contraire dont il s’agit. Villepin avait fait l’objet d’une ovation debout, quant à la prestation du triste factoton Juppé, il ne fit face qu’à des visages aussi consternés que fermés. Or il n’en est rien : la guerre en cours, car c’est bien de cela dont il s’agit, et cela ne s’annonce pas comme pas une promenade de santé, est appelée vraisemblablement à durer dans la mesure où les opérations terrestres sont interdites par la R. 1973 du Conseil de Sécurité.

Remarquons que la Résolution en question est suffisamment floue pour autoriser toutes les interprétations et tous les dérapages imaginables. À telle enseigne que la coalition trouvant que les Français ont commencé très fort, se délite déjà. Amr Moussa, ci-devant Secrétaire général de la ligue arabe, et qui postule à la présidence égyptienne, a déjà battu en retraite se ridiculisant au passage ; l’Italie pourtant aux premières loges « refuse [pour sa part] que la coalition mène une guerre contre la Libye  » ; quant à la Russie, elle vitupère par la voix de son premier Ministre, Vladimir Poutine, lequel fustigeait ce lundi une nouvelle « croisade des États-Unis  » contre le monde arabe, position aussitôt contredite par l’occidentaliste Medvedev, Président de la Fédération. Ce faisant la crise révèle des fractures au sein du pouvoir russe que la presse occidentale s’évertuait à ne pas voir. Qui plus est V. Poutine vend la mèche : Paris n’a joué dans cette affaire que le piteux rôle d’homme de paille au service d’une Amérique bien empêtrée dans deux conflits sans issue et dont l’opinion est à 60% opposée à un nouvel engagement.

Une guerre dans la quelle la France après avoir été en pointe risque par conséquent de se retrouver rapidement isolée, les É-U refusant eux aussi de couvrir les frasques de la coalition Cameron-Sarkozy-Netanyahou (représenté par son ambassadeur extraordinaire en Sarkosie, M. B-H Lévy, l’homme au débraillé le plus in de la planète médiatique). Washington s’est en effet, jusqu’au lundi 21 mars, refusé à s'impliquer directement dans une offensive qu’elle désavouait, s'opposant catégoriquement au renversement de Kadhafi. Entre temps la Maison-Blanche opportuniste et versatile tout à la fois avait changé d’avis ! Comment d’ailleurs expliquer qu’un chasseur-bombardier F-15 de l’Air Force se soit écrasé mardi en Libye ? Quelle stupéfiante hypocrisie (en langage châtié on parle de double langage) quand on sait au demeurant que ce sont eux qui justement assurent le commandement des Opération Aube de l’Odyssée et de sa filiale française franchisée « Harmattan ». Un pilotage exclusivement américain de la guerre (mais sans l’Otan où la Turquie aurait eu son mot à dire) depuis le Quartier général de l’Africom basé à Stuttgart...

« Harmattan », le vent du Sud qui rend fou l’homme à la carabine, n’est en fait que le précurseur d’Aube de l’Odyssée, dénomination assez explicite pour désigner une phase de guerre ouverte (c’est-à-dire destinée à passer moins inaperçue que d’autres telle la récente partition du Soudan qui aura pris trois décennies et commence déjà à se traduire par une amorce de guerre civile au sein du nouvel État africain né de la partition Nord-Sud) en vue du contrôle général d’un Continent africain âprement disputé à la Chine.

Car quels que soient les alibis humanitaires, c’est dans cette perspective géopolitique qu’il faut également inscrire la crise libyenne. Une interprétation qui s’applique à l’identique aux révoltes populaires arabes qui, du Yémen à la Syrie via Bahreïn, montent actuellement en puissance. Des soulèvements de la jeunesse (talon d’Achille des régimes dictatoriaux ou autoritaires musulmans) et des laissés-pour-compte des mirages de la modernité, s’inscrivant volens nolens dans un projet tout aussi vaste mais un peu oublié, celui du Greater Middle East Initiative lancé en février 2003 par G.W. Bush, un petit mois avant l’invasion de l’Irak. Un vaste dessein qui, de l’Indus à l’Atlantique, du Pakistan à la Maurétanie, vise au redécoupage des États sur des bases ethno-confessionnelles et à leur reformatage selon les normes et valeurs de la démocratie ultralibéraliste… bref la conversion de gré ou de force des peuples musulmans à la nouvelle religion dominante celle du Monothéisme du Marché avec pour idole le dieu dollar !

Notons que les bombardements sur la Libye ont débuté l’exact huitième anniversaire de l’invasion de l’Irak. L’opération « Choc et effroi  » débutait à l’aube du 20 mars 2003 et devait induire le retour de l’Irak baasiste et moderne à l’âge de pierre. Un but de guerre évidemment ignoré des GI’s américains persuadés qu’ils étaient de venir au secours de la veuve, de l’orphelin, de la démocratie gynécocratique menacés par une infâme dictature laïque qui pourtant avait assuré une liberté historiquement inégalée à ses communautés chrétiennes. Des Chrétiens qui aujourd’hui sont ethniquement épurés sans que cela émeuvent outre mesure les judéo-chrétiens de Washington, de Londres et de Paris.

Notons que cette guerre contre la Libye, une guerre non formellement déclarée (sachant que la déclaration de guerre est acte juridique prévue par les traités, les attaquants sont donc de facto hors la légalité internationale - en dépit de la R.1973 – comme à l’occasion de toutes les guerres engagées depuis vingt ans). Un conflit qui monopolise les temps d’antenne et permet très opportunément à l’État hébreu, ce 51e état américain, d’escamoter la douzaine de raids aériens que l’armée israélienne a lancé lundi 21 sur la bande de Gaza. Mais comme le remarque subtilement M. Bernard-Henri Lévy le sauvetage des tribus libyennes et autres djihadistes entrés en dissidence contre leur gouvernement central, serait outrecuidant. Le massacre des populations palestiniennes civiles enfermées dans un camp de concentration à ciel ouvert lors de l’opération Plomb durci en janvier 2009 par des forces d’une supériorité écrasante face à des hommes désarmés (il n’y a pas eu de combat faute de combattant, ce pourquoi il est abusif de qualifier du terme de guerre une vulgaire ratonnade), ne souffre aucune comparaison et encore moins la critique. L’on a vu le sort réservé au rapport des NU sur les tueries de l’hiver 2009 : la poubelle ! Avec une telle politique du deux poids deux mesures, nous ne devons plus nous étonner de l’aversion développée par le monde musulman à l’égard du modèle sociétal occidental (assortie il est vrai d’une affolante fascination pour la permissivité de nos société, une licence des mœurs confondue avec la Liberté).

Ce qui conduit à envisager qu’une fois de plus les maîtres à penser de l’intégration bon gré mal gré des nations au sein d’un marché universel unifié, jouent aux apprentis sorciers. L’enlisement en Libye comme Irak et en Afghanistan, nous pend au bout du nez, mais cette fois ce sont les frenchies qui sont en première ligne. Et même si nos soldats professionnels ne sont que des mercenaires déguisés, il sont en principe affectés à la défense de nos intérêts vitaux et non à ceux de l’hyperclasse cosmopoliticienne. Et puis au fond, la stratégie du chaos n’est-elle pas la meilleure pour la City et Wall Street dont la prospérité, à la hausse et à la baisse, se nourrit sur les décombres des nations et le fumier des peuples anéantis ? Le chaos dans cet ordre d’idée n’est-il pas la version actualisée du divide et impera ? Semons le chaos, labourons le champ de la guerre et la moisson sera belle enrichie du sang des autres…

Bref, si M. Sarkozy espérait à la veille d’élections cantonales redorer son blason, l’affaire est loupée. Les résultats affligeants pour la majorité parlementaire montrent que la grosse ficelle n’a pas marché. Suivant la voie tracée en décembre 1998 par William Clinton qui, empêtré dans la jupe maculée de Monica (Judith) Lewinski, foudroyait Bagdad sous des salves meurtrières de missiles de croisière, notre foutriquet national a fait le méchant calcul de vouloir, lui aussi sans consultation du Parlement à l’instar de Jospin en 1999 contre la Fédération yougoslave, s’embarquer dans un conflit matamoresque (littéralement pour tuer des Maures) pour regagner le cœur des Français. Mal lui en a pris, parce qu’une seule question se pose à l’heure actuelle qui est, en vertu d’une accélération vertigineuse de l’histoire, à l’époque de catastrophes diverses et variées, de savoir « ce que nous sommes allés faire dans cette galère  » ?


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11 réactions à cet article    


  • jako jako 6 avril 2011 08:48

    Bonjour, tout ce que NS approche devient de la m....., laisson le s’approprier ce fiasco qui s’annonce.
    Juppé disait il y a peu « une affaire de jours tout au plus de semaine... »


    • Kalevala 6 avril 2011 14:50

      Laurel et Hardy de la politicofinanciére en moins comique.


      • ELCHETORIX 6 avril 2011 17:44

        bonjour l’auteur , les deux personnages que vous citez sont pro-Américains , leurs soucis c’est de servir l’Empire US tout en protégeant leur pays de coeur israèl !
        Tout en détruisant les valeurs de notre République , sarkofou , engage nos troupes professionnelles dans trios pays que vous connaissez et ce , durant une crise sociale et économique qui ruine le pays , donc le locataire du palais n’agit en aucun cas pour l’intérêt général des citoyens de l’Hexagone , il agit en bon caniche des EAU et du monde Anglo-saxon en général puisqu’il
        américanise notre société à « donf » !
        RA .


        • Maître Yoda Castel 6 avril 2011 19:28

          Faudrait que Sarko soit vraiment idiot en pensant ramener des voies en faisant la guerre.


          • SAHEBJAM N 6 avril 2011 19:46

            sarko+BHL= love usa, love israel


            • furio furio 6 avril 2011 19:48

              QUelle honte pour la France cette agression sur la Libye ! Puant ! Voila le resultat d’avoir porté à la président un guignol bon à rien, un sarkygnol !


              • agent orange agent orange 6 avril 2011 19:58

                Le journaliste russe Dmitri Babitch se demande à propos de BHL : "pourquoi de telles personnes forgent-elle l’opinion publique et sont-elles considérées comme la « conscience de l’Europe » ? Et cela vaut-il la peine de les écouter" ?

                Le problème est que si BHL a perdu l’écoute des français, il n’a pas perdu celle de Sarkozy. Hélas.


                • Serpico Serpico 7 avril 2011 00:11

                  A force de se sentir coupable des exactions des nazis, la France renoue avec sa tendance historique à s’allier avec le diable.

                  Plus con, tu meurs. Brader son pays sous couvert de judéophilie hystérique, il faut être timbré.


                  • papi 7 avril 2011 01:49

                    Pas grave///

                    ON va payer et cher nos vacances forcées, !!!! ya plus d’argent pour la sécu, ya plus d’argent pour
                     rien mais il y en a pour les bombes et les missiles !!


                    • Christoff_M Christoff_M 7 avril 2011 02:54

                      Pourquoi parler sans arrêt de ces deux escrocs intellectuels grassement payés par les banques et la gouvernance mondiale pour nous vendre l’occident américanisé comme la démocratie suprême !!

                      Quitte à renverser des hommes de paille dans des pays corrompus ( hommes mis en place par l’Europe occidentale et les states) pour mettre des Karzai et Ouattara au service de la gouvernance mondiale pour nous faire croire que la démocratie progresse !!

                      On nous refait le coup du mur de Berlin, vaste mise en scène de progrès des mondialistes avec les pays du sud de la méditerranée pour créer une nouvelle entité qui se pliera aux régles de la gouvernance mondiale et du libéralisme dogmatique et imposé comme une religion à ceux qui ne marchent pas encore au pas de l’oie dicté par les mondialistes et leurs collabos locaux pantins escrocs achetés à coup de dollars et de révoltes bidons allumées de l’extérieur et bien coordonnées par les services secrets occidentaux et la Cia !!!


                      • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 7 avril 2011 08:16

                        "Et puis au fond, la stratégie du chaos n’est-elle pas la meilleure pour la City et Wall Street dont la prospérité, à la hausse et à la baisse, se nourrit sur les décombres des nations et le fumier des peuples anéantis ? Le chaos dans cet ordre d’idée n’est-il pas la version actualisée du divide et impera ? Semons le chaos, labourons le champ de la guerre et la moisson sera belle enrichie du sang des autres…"

                        Il est des raisons anthropologiques de penser que l’auteur met là le doigt sur une donnée fondamentale. La guerre est par excellence le moyen de controle des masses.
                        Le futurologue Gerald Celente parle de l’aventure lybienne comme de la première grande guerre du XXIe siècle. J’espère qu’il se trompe. Je ne sais pas où nous allons, mais il semble bien que nous soyons sur le chemin de la guerre et il n’a pas douteux que cela serve les intérêts de l’hyperclasse.
                        Il n’est que de voir l’impact financier du séisme au Japon. La destruction a fait monter la bourse car ça promet fait tourner à fond la machine productiviste. Sous ce rapport, la guerre, c’est formidable.

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